Exhumation
Fossoyeur enterre, déterre,
C'est jour d'exhumation.
Un délabré cercueil
De planches grisâtres
Qui a fait son temps
Remonte à la surface...
Etrange, comme c'est étrange
Décrépitude dessine un sombre visage ;
Malédiction
Que de toucher aux momies ;
Y croire ou ne pas y croire
Déranger un mort
En ferait, un ennemi... !
Fossoyeur enterre, déterre
C'est jour d'exhumation.
Ouvrir le cercueil,
Un crâne aux orbites profondes
Lance un regard noir...
L'homme a l'habitude,
Les cadavres ont leur façon d'être
Ils ne lui font plus peur.
Tirés de leur nuit
froide comme un hiver
Chaux vive
jill bill
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UNE SCÈNE ÉPHÉMÈRE
Je revois cette planche craquelée, ses fibres écartées tels des arpèges oubliés. Le bois respirait encore les pas des danseurs, le frottement des semelles sur la cire usée. Chaque fissure était une ligne mélodique, un souffle d'accordéon échappé dans la nuit tiède du 14 Juillet. Les lampions tremblaient, les rires fusaient, et mes doigts, encore novices, cherchaient les bonnes notes sur un clavier qui sentait la poussière et la promesse. C'était là, sur cette estrade bancale, que les mélodies prenaient corps et s'envolaient vers le ciel étoilé de la campagne, portant avec elles l'écho d'une joie simple et d'une liberté éphémère.
Planche usée grises
Écho de bals d' Été lointains,
La musique revit .
Marie Sylvie
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La table et la feuille
Il y avait une table et sur cette table, une feuille. Pas une feuille de papier, mais une vraie, une morte, échappée d’un arbre qui ne poussait plus. Elle s’était glissée dans la fente du bois comme une lettre qu’on ne veut pas lire mais que l’on garde quand même.
Écrite dans l'ombre
la lettre reste sans réponse
la feuille s'effrite
Mona
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Lignes de vie
Apparition sauvage
Sous le flux et la vague
Routes essentielles
Dans le brouillon des voies
Traces où souffle un vent
Contraire et ambitieux
Dans la géographie du temps
Mon cheval obtiendra
Le droit de passage
Sans embûches et questions
Vers un pays d'amour
Et de sérénité
Malgré la fureur océane
Je prendrai le bon chemin
Je l'offrirai à l'Inconnu
Comme une étoile blanche
Qui apaise, régénère
Transfigure et promet
Marine
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Paréidolies
Pareidolie,
un dialogue universel
entre soi et soi
entre soi et le cosmos
entre la nature et soi
infime poussière
participant à un tout
jamais défini
un visage, un animal ?
Juste l'ombre d'une feuille.
©Jeanne Fadosi, vendredi 6 juin 2025
et voici un lien auquel ma requête paréidolies m'a conduite
Trois questions sur la paréidolie, cette capacité de notre cerveau à voir une tête d'ours sur la planète Mars
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De Quiberon au Palais, prendre le risque au-dessus des vagues. Un pari à gagner, survolant les flots, il avance poussé par le vent.
chapeauté de feuille
humant le grand air marin
il funambule
Belle-Île, la bien-nommée se mérite !
ABC
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Mathilde
Mathilde, c'est toi ? Où te caches-tu ? Je n'entends que ta voix, lointaine, lointaine ..... J'ai beau regarder de tous côtés, je ne te vois toujours pas. Serait-ce un jeu de ta part ?
A ton âge voyons, tu joues à la petite fille perdue, celle qui s'est égarée à la croisée des chemins mais je sais pourtant que tu ne quittes plus guère ton fauteuil, que tes jambes refusent les pas.
Je m'approche maintenant de ton vieux banc de bois, celui que tu aimais tant, celui qui t'a connue adolescente, écoutant tes premiers secrets, vos doux baisers, les promesses et les projets échangés.
Un feu de paille
coule le temps des amours
son soleil l'a blessée
Marchant, j'ai cru voir une ombre, légère comme un voile soyeux, un joli reflet qui soudain se pose sur le vieux bois grisé.
Ce petit signe du soir semblant deviner mes pensées m'a guidée jusque là, ton banc Mathilde !
Et là, sur cette vieille planche usée, une feuille d'automne s'est délicatement posée et devine ?
Ce n'est pas une ombre mais bien le contour d'un visage qui vient réveiller la douceur du soir.
Un petit bout de vie qui a vécu là des heures merveilleuses s'est incrusté là, narguant le destin .
Un trait à la plumesaluant un parcours de vieémotion palpable
Balaline 09/06/2025
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Elle arriva poussée par le vent,
Après avoir tourbillonné,
Se posa doucement sur les planches,
Et je vis alors un visage d'homme,
Sortir du dessous de la feuille !
Livia
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Un destin de feuille
Les feuilles mortes se ramassent à la pelle, a dit Jacques Prévert et parfois, s'envolent au vent
mauvais ou vers des destinées mystérieuses.
Il en est ainsi de cette petite feuille qui s'est retrouvée coincée entre les fentes d'une table en bois oubliée par le temps, au fond du jardin de mes grands-parents.
une feuille insoliteentre les planches fissurées -une odeur de pin
senteur d' effluves marinesme ramenant aux calanques !
Temps béni de l'été avec ses cigales et ma peau nue au soleil du midi.
Je me projette dans cette période heureuse de ma vie...
Comment cette petite feuille se posa là? Mystère de la vie...
Le temps d'un souffleelle s'ébat et étaleson ombre portée
Avec un peu d'imagination, j'y vois les ailes d'un papillon !
Une vision gracile que j'ai emportée avec moi..un joli souvenir d'été !
Claudie Caratini (commentaires sur cette page merci)
le 10/06/2025
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La messagère
Elle était venue se poser là, près de moi, à mes pieds, sans bruit. Moi, je rêvassais sous un soleil matinal encore timide que le vent, parfumé d'Océan, n'arrivait pourtant pas à rafraîchir.
Les beaux jours palpitaient déjà au cœur des herbes. Je percevais que dans cette nature bousculée par les éléments tout désirait l'amour, la tendresse, la caresse. En mon cœur aussi je ressentais l'appel mais je ne pouvais gommer cette crainte insidieuse qui frappe parfois les esprits les plus confiants. Contre toute attente j'étais ici à percevoir, à éviter de réfléchir. L'abandon est un état tellement agréable. C'est alors que je l'ai vue, curieuse, comme sortant d'une raie de ces planches burinées par la pluie et le sel marin.
l'esprit de la landepetit chapeau paysanfeuille morte messagère
tout se fane et se corromptil n'est autre que l'amour.
Adamante 10 juin 2025
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LE COIN DES RETARDATAIRES
L'intrigue pour gouvernail
Lubin et Auriane *, libérés de leur punition, profitent à plein de leur liberté retrouvée. Ce ne sont pas les idées qui manquent pour s'amuser. Face à la ferme, la vaste cour encombrée offre maint repaires, abris et refuges pour l'indémodable jeu de cache-cache. Auriane, plus souple que son frère, peut se faufiler dans les recoins minuscules lui permettant de gagner presque à tous les coups. Ce qui fait bisquer son jumeau. Quelle jubilation pour la petite fille!
- Mauvais perdant! se moque-t-elle réjouie.
- Pfft! C'est même pas vrai!, se défend-t-il, boudeur.
- Allez! Ne fais pas ta mauvaise tête! A toi de choisir maintenant.
Rasséréné, car au fond, c'est une heureuse nature, Lubin propose de jouer au ballon. Auriane approuve tout sourire. Rapide, agile, elle espère bien triompher là aussi.
L'objet est plutôt rudimentaire. Un jour particulièrement pluvieux, rendant le travail à l'extérieur impossible, leur père le fabriqua en assemblant quelques bouts d'un cuir usé. Il le bourra de foin sec, tassa le plus possible, consolida la sphère obtenue de quelques tours de ficelle, puis tendit le résultat aux enfants fous de joie. Depuis lors, cette "balle" leur permet de se défouler, de dépenser leur trop plein d'énergie. Surtout après une journée telle que celle-ci à rester sagement cloitrés dans la maison.
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Fin d'après-midi-
plus rapides que le vent
enfants déchainés
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A toi! A moi! Les jumeaux se disputent la boule aux coutures irrégulières d'où s'évadent quelques brins d'herbes. Le chien, surnommé Touffu, n'est pas en reste pour participer en sautant et aboyant. Soudain la balle fuse à une vitesse folle s'en allant heurter violemment l'arbre desséché à l'autre bout de la cour. Un AÏE! caverneux jaillit de l'être moribond. Stupéfaits et intrigués, les enfants s'approchent et examinent, perplexes, le tronc crevassé. L'intrépide Touffu vient renifler la base de ce dernier, puis, estimant le danger négligeable, l'arrose avec indifférence.
- Y-a quelqu’un là-dedans? demande hardiment Lubin.
- Oui, gronde une voix mystérieuse, en même temps qu'apparaît un étrange visage noir d'encre, coiffé d'une feuille sèche.
- Lubin, ce n'est pas prudent. Ne t'approche pas trop, murmure nerveusement sa sœur.
- Qui es-tu? Comment es-tu entré dans l'arbre? questionne le garçonnet sans se préoccuper du conseil de sa jumelle.
- Je suis victime d'un sort lancé par le sorcier Bérard le nécromant.
- Nécro... quoi?
- Nécromant. C'est trop compliqué à expliquer à un enfant. Sache seulement que cet homme est cruel et redoutable.
- Ahi!** compatit Lubin. Comment t'aider à sortir de là?
- Ce n'est pas à ta portée. Seul le vieux sage du chêne Rouvre en est capable. Le connais-tu?
- Moi, non. Mais notre père peut-être. Il sait tout. C'est le plus fort du monde! Conclut-il avec fierté.
Lassé et sceptique, l'inconnu ne répond pas.
Excités par ce tour étrange que prend leur journée, les bessons filent aussitôt quérir les bons offices de leur géniteur.
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Le soleil descend
et la tension grimpe en flèche-
jeux et tremblements
deux enfants, un chien tout fou
l'intrigue pour gouvernail
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Martine MADELAINE-RICHARD
https://martinemrichard.fr/
blog .
* Lubin et Auriane dont j'ai déjà parlé ICI et ICI
** Ahi: exclamation médiévale exprimant l’embarras ou l'empathie.
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Je trouve ta communauté épatante Adamante.... je ne peux que vous applaudir ! Merci, amitiés, jill
RépondreSupprimerMerci JB, je me joins aux applaudissements. Amitiés.
SupprimerQuelle richesse et diversité des regards, cette page est pleine de merveille à déguster sans modération sur le banc des ressentis et des souvenirs bercés par le vent marin. Quel belle reprise de l'Herbier, merci à toutes c'est pour moi comme une renaissance amicale !!!!
RépondreSupprimerJ'ai un immense plaisir à lire tes mots, la renaissance, rien n'est jamais perdu et se retrouve toujours plus beau, plus proche de l'essentiel. Merci. Amitiés
SupprimerFélicitations à toutes les participantes, cette image est vraiment très inspirante, mais...j'ai oublié de publier mon écrit, je le ferai demain.
RépondreSupprimerJ'ai bien failli oublier de publier chez moi, moi aussi. Mais ce n'est pas grave, se retrouver est un beau moment.
SupprimerL'esprit de la lande, il revient par saccades quand on ferme les yeux. Merci Adamante
RépondreSupprimerIl y a tant de nostalgie et de vent qui souffre parfois, mais la beauté est toujours là, qui vient du large.
SupprimerMerci à vous toutes, c'est un vrai bonheur que de revenir à nos échanges.
RépondreSupprimerQuelles belles retrouvailles si riches de diversité et d'émotion mêlées !
RépondreSupprimerVraiment un beau prélude à l'été , merci à toutes.
Merci à toi aussi, les racines de l'herbier semblent bien ancrées en terre, et solides.
SupprimerPour Claudie : Le souffle du large, les ailes du papillon et, bercé de soleil, le chant des cigales. Un beau voyage que tu nous offres là, les yeux mi-clos. Merci beaucoup.
RépondreSupprimerClaudie,
RépondreSupprimerMerci pour ce joli moment d'un été de soleil, de cigales où une feuille papillon ouvre le beau souvenir d'instants heureux !
MESSAGE POUR CLAUDIE CARATINI
RépondreSupprimerChère Claudie,
Ton texte est une magnifique invitation au voyage et à la rêverie !
J'ai adoré cette façon de relier une simple feuille à tant de souvenirs précieux. Ton imagination est superbe, transformant cette feuille en ailes de papillon, et c'est une très belle manière de saisir la magie des petits instants.
C'est un texte plein de douceur, de lumière et de nostalgie heureuse que tu nous offres. Bravo !
Bien amicalement, Marie Sylvie
Chère Adamante,
RépondreSupprimerJe voulais simplement te dire que j'ai pris beaucoup de plaisir à lire tous les textes inspirés par cette photographie mystère. Chaque contribution était unique et très appréciée.
Et un immense merci Adamante pour nous offrir cet atelier d'écriture créative.
C'est une magnifique initiative et un vrai bonheur de participer !
Bien amicalement, Marie Sylvie
Bonjour, Adamante et tous les Brins
RépondreSupprimerJ'ai apprécié tous ces regards différents sur cette image inspirante. Merci pour le plaisir de lecture ainsi que pour vos commentaires si gentils qui m'ont donné du baume au coeur.
Amitiés
Claudie
Bonjour Adamante ainsi qu'à tous les brins.
RépondreSupprimerLe club s’agrandit et c'est tant mieux.
Beaucoup de diversité, de regards différents sur cette image à l'ambiance étrange.j'ai lu et apprécié chaque participation avec plaisir. Bravo et merci à toutes
Navrée d'avoir raté ce joli rendez-vous.
Amitiés
Martine
" une feuille insolite
RépondreSupprimerentre les planches fissurées -
une odeur de pin
senteur d' effluves marines
me ramenant aux calanques !"
Chère Claudie,
Un plaisir renouvelé que de découvrir ta participation et ta signature musicale.
Ayant vécu 11 ans à Aix, je connais si bien toute cette région. Les cigales, lavandes et cistes, les calanques, les roches claires brûlantes sous le soleil estival. La Sainte Victoire à ma fenêtre. Et le bleu changeant de la Méditerranée m'enchantant en famille un peu partout ou avec mes amies à Cassis.. Que de souvenirs tu fais remonter avec ta superbe participation.
Bises amicales
;)