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dimanche 17 mars 2024

La page 231

 

une photo de Martine 


L'or du mimosa


Que d’or! Cette année mon mimosa est extraordinaire. Quelle abondance! Quelle générosité éblouissante!

J’imagine un  Harpagon minuscule dans mon jardin. Un Tom Pouce  avare désirant s’accaparer et retenir le monceau d’écus du magnifique acacia* . Les yeux fermés, le nez enfoui au cœur des belles glomérules dorées, le voici sourd au monde.

« Posséder sans jouir n’est rien. »* *

Le petit personnage, bien que doté d’’invisibilité à nos yeux, attend la nuit pour sortir et s’emplir les poches de ces sequins duveteux et parfumés.  Jamais rassasié, il en prend à poignées, encore et encore. Pourtant, rapidement, ses poches se révèlent trop petites. Alors, l’avorton revient avec un sac presque aussi grand que lui. Et il amasse, amasse ce trésor, un sourire béat fendant sa face d’une oreille à l’autre.

Un escargot glisse nonchalamment à deux pas de là, s’arrête pour examiner, tendant une corne après l’autre, l’étrange comportement du farfadet.

–  Holà l’homme! Que fais-tu? Pourquoi tant de hâte? s’informe le gastéropode.

Surpris, le gringalet lève la tête, cherchant qui peut bien l’espionner.  Et peut-être le voler? Il y a tant de malhonnêtes de nos jours!

– Qui va là? s’écrie-t-il.

– Ce n’est que moi, Hélix. J’habite ici, au pied de ce gratte-ciel. Je ne fais que passer entre deux repas rafraîchissants.

– Que me voulez-vous? réplique le myrmidon corseté d’anxiété.

– Moi? Je ne veux rien que de la tranquillité. Votre agitation gêne ma digestion. Que faites-vous? insiste le colimaçon.

– Heu… Je nettoie le sol. Le vent et la pluie ont arraché et jeté bas des milliers de… heu… boules jaunes. Ça fait désordre. Alors… heu… voilà, conclue-t-il, embarrassé.

– Ah bon? Et bien, je vous laisse à votre labeur, répond la cagouille, reprenant sa glissade interrompue.

La demi-portion s’active éperdument pour en terminer avec sa précieuse récolte, et, surtout, la mettre à l’abri.

Giboulées de mars-

le soleil du mimosa

tapis d’or fugace

.

* L’arbre appelé mimosa, originaire d’Australie, est un acacia. Ne pas confondre avec le faux acacia aux belles grappes de fleurs blanches dont le vrai nom est robinier.

* * Réplique de l’avare dans la pièce  de théâtre de Molière.

 

Martine  




 

En grappes


Un, deux, trois, soleil

Mi mi mignon mimosa

En mille pompons

Fils du Sud


Fleur joyeuse, dès janvier,

Ah, avoir un arbre à soie, à soi

Il réveille la butineuse

Attirée par sa lumière


Un, deux, trois, soleil

Mi mi mignon mimosa

En mille pompons

Fils du Sud


Petit Chaperon est passée par là

Cueillir un bouquet

Pour sa mère-grand

Couleur miel sur la branche


Grisant mimosa

un parfum de ma Provence

Essaim végétal


jill bill





Jaune :

 

Jaune, couleur chaude en sa palette de dégradés.

J'ai entendu parler d'or et respiré le vent dans les épis de blé.

j’ai entre-aperçu le loriot d’Europe et contemplé le tarin des aulnes.

J'ai regardé les tournesols et découvert le colza.

J’ai vu pousser des pissenlits et renaître des jonquilles.

J’ai cueilli des topinambours et admiré des millepertuis…

Mais ce jaune resplendissant, illuminant l’hiver, c’est ailleurs que je l’ai croisé :

 

là-bas vers le sud

entre soleil et citron

ses fleurs mimosa

 

fragrance de tout parfum

à Grasse l’art d’être nez

 

ABC

 


 




Quelle grâce en moi étend son voile quand, marchant au bord du verger, je croise le parfum enivrant du mimosa, les chenilles du noisetier et les semis de pâquerettes. Le mois de mars est là, bien présent, entre les humeurs fantasques du vent et de la pluie...



Un oiseau de proie

perché sur un arbre sec

attend l'aubaine

petit à petit la vie

organise son ballet



Je cueillerai un bouquet de pompons jaunes qui nous embaumera et j'en déposerai autour du berceau de cet enfant, né au rives de mars.

Ce mois, troisième de l'année, cet hurluberlu qui promet tant et qui passera comme une flèche suivant la courbe du ciel et des grands oiseaux sauvages qui clament leur retour. Ils volent ensemble vers les marais accueillants, suivant la ligne de l'océan, depuis les confins de l'Afrique en un va et vient qui nous chamboule d'admiration...



Où que tu sois

l'appel intense des grues

sera un signal

vois ce V de Victoire

ouvrir un ciel de promesse



Marine D 

 





Un bouquet d'or


Un bouquet d'or dans la lumière

embaume ce matin léger

De tendres papillons de soie

aux étamines ensoleillées

dansent sous le vent doux

au grand festin des butineuses

C'est un jour d'océan

si heureux sous le bleu

un jour de terre à rêver de la paix

mêlant l'écume neigeuse au jaune mimosa

quelques instants de grâce

suspendus sur l'espoir


Balaline    14/03/2024






Le jour où Monsieur WENG faillit s'évanouir .....



C'est le jour où, nimbée d'or, Mademoiselle MIM osa. 

Ce fut le plus beau jour de sa vie . Un bouquet de jonquilles 

à hauteur de poitrine, et marchant résolument,  à tout petits pas argentés ,


elle s'avançait 

faisant pâlir le soleil

parfum envoûtant 


Il n'attendait que cela

il y avait si longtemps 


Déjà !     Une larme le long des vieux sillons .....



FVM.   14 mars 2024.   






 


Vague mimosa


Tout d’abord il y eut le parfum. Au loin je pouvais entendre la mer. Comme j’aimais ces moments où je pouvais m’extraire des contingences sociales festonnées de tenues correctes et de paroles policées. Ici, je n’avais plus à surveiller mon image, mon langage, rien ne m’obligeait à donner le change, à compter jusqu’à mes respirations. L’haleine du grand large  m’arrivait par bouffées iodées irisées de ce pollen aussi doré que le soleil du midi. 

Je ressentais la vie jusqu’à la perception des pierrailles qui roulaient sous mes semelles. J’avais le pied heureux des dévoreurs de grand chemins. J’étais comme un explorateur débarqué d’un naufrage sur une île déserte où à n’en pas douter se cachait un trésor. 

La nature ne chantait pas encore la partition ininterrompue des cigales, mais mon cœur, grand rêveur, battait déjà de leur cymbalisation et  bondissait comme un cabri épris de la garrigue. 

Puis m’apparut, dans l’air vibrant de senteurs enivrantes, une explosion de jaunes teintés d’ocre curcuma. 

Ce fut comme au cinéma, un arrêt sur image, un instant de contemplation imposé par l’interruption brutale du temps. Étourdie de tant de beauté, il me vint à l’esprit que Van Gogh, face aux vagues déferlantes de cette lumière fauve qui m’avait stoppée dans ma course, aurait été infidèle aux tournesols


une inflorescence

sous le bleu en majesté

Vague mimosa


les pompons du dieu soleil

viennent agacer le nez



Adamante tanka prose -10 mars 2024

Une prochaine lecture de mes livres (annonce)

Barbara L'île aux mimosas










 


13 commentaires:

  1. plus qu'une fleur
    à livre grand ouvert
    le sud embaume

    jaune parfumé mimosa
    tant d'images défilent

    Une page éblouissante et odorante !!!

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    1. et il manquait un poème :
      https://imagesreves.blogspot.com/2024/03/lor-du-mimosa.html

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  2. Bonsoir Adamante et toutes.... Vos mots qui accompagnent cette grappe de mimosa sont autant de rayons de soleil, bravo... et au plaisir, amitiés, JB

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    1. Merci JB, J'en suis confuse, il manquait un poème :
      https://imagesreves.blogspot.com/2024/03/lor-du-mimosa.html

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  3. Wahou ! Plus mieux bien qu'un Renga qui ne veut pas dire son nom ! Trop fortes les Brins de cette Herbier !
    Merci pour le lien qui remet les pendules à l'heure, ou comme diraient certains Suisses, qui remet l'Eglise au milieu du village !

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    1. Je ne sais trop, mais il manquait un poème :
      https://imagesreves.blogspot.com/2024/03/lor-du-mimosa.html

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  4. Bonjour Adamante et les brins,

    Magnifique page ensoleillée! Comme à l'accoutumée, merci pour ce bonheur de lecture!
    Mais...
    Adamante, tu as oublié d'y insérer mon haïbun. Snif!

    Bravo les brins pour cette superbe inspiration
    ;)

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    1. J'en suis confuse, j'ai rajouté ton poème ici, mais tu le trouveras aussi là :
      https://imagesreves.blogspot.com/2024/03/lor-du-mimosa.html
      Je ne m'explique pas et je suis vraiment, vraiment désolée. Excuse-moi, Martine. Il aurait dû se trouver sous ta superbe photo.

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    2. De FVM À MMA :
      Quelle richesse que la langue française ! Tu jongles avec bonheur et pas moins de neuf appellations pour dire : l'avare ! C'est jubilatoire ..... Merci Martine pour ce conte bucolique. Je me propose d'aller sur les terres de chacune, mais au rythme d'Helix le colimaçon !

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    3. @ Marine:
      Je trouve beaucoup de poésie, Zoupinette, dans ce poème en prose.
      Je trouve de belles images qui se superposent à rêver sur celles de Martine, et celles de chacune des Brins. Mais,
      de tankas, haïkus, ou autres "chinoiseries" ou "japoniaiseries" (Oh non, pitié !)
      Pour moi, point ! Je m'en voudrais que ma remarque soit prise avec la moindre tonalité de reproches. Que nenni. Là n'est pas du tout la question. Et, je compatis à la discalculie dont tu m'as fait la confidence sur les terres de La Marmotte. Vieille, de surcroît 😅 🤥 ✍️ 😉
      Bons moments au jardin de Titi, Marine.

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  5. Que d'or et de soleil sur vos pages printanières qui semblent avoir réveillé le bleu du ciel et nos sourires !
    Merci à tous les brins.

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  6. chaque brin de ce mimosa seront comme des petits soleils quotidiens
    Merci pour cette page particulièrement printanière

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  7. Jaune le mimosa ? Pas toujours !!!!! 🫠 🐌 🌻 🆒

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Merci de vos commentaires, ici et sur nos blogs respectifs. Adamante