une photo de Martine
L'or du mimosa
Que d’or! Cette année mon mimosa est extraordinaire. Quelle abondance! Quelle générosité éblouissante!
J’imagine un Harpagon minuscule dans mon jardin. Un Tom Pouce avare désirant s’accaparer et retenir le monceau d’écus du magnifique acacia* . Les yeux fermés, le nez enfoui au cœur des belles glomérules dorées, le voici sourd au monde.
« Posséder sans jouir n’est rien. »* *
Le petit personnage, bien que doté d’’invisibilité à nos yeux, attend la nuit pour sortir et s’emplir les poches de ces sequins duveteux et parfumés. Jamais rassasié, il en prend à poignées, encore et encore. Pourtant, rapidement, ses poches se révèlent trop petites. Alors, l’avorton revient avec un sac presque aussi grand que lui. Et il amasse, amasse ce trésor, un sourire béat fendant sa face d’une oreille à l’autre.
Un escargot glisse nonchalamment à deux pas de là, s’arrête pour examiner, tendant une corne après l’autre, l’étrange comportement du farfadet.
– Holà l’homme! Que fais-tu? Pourquoi tant de hâte? s’informe le gastéropode.
Surpris, le gringalet lève la tête, cherchant qui peut bien l’espionner. Et peut-être le voler? Il y a tant de malhonnêtes de nos jours!
– Qui va là? s’écrie-t-il.
– Ce n’est que moi, Hélix. J’habite ici, au pied de ce gratte-ciel. Je ne fais que passer entre deux repas rafraîchissants.
– Que me voulez-vous? réplique le myrmidon corseté d’anxiété.
– Moi? Je ne veux rien que de la tranquillité. Votre agitation gêne ma digestion. Que faites-vous? insiste le colimaçon.
– Heu… Je nettoie le sol. Le vent et la pluie ont arraché et jeté bas des milliers de… heu… boules jaunes. Ça fait désordre. Alors… heu… voilà, conclue-t-il, embarrassé.
– Ah bon? Et bien, je vous laisse à votre labeur, répond la cagouille, reprenant sa glissade interrompue.
La demi-portion s’active éperdument pour en terminer avec sa précieuse récolte, et, surtout, la mettre à l’abri.
Giboulées de mars-
le soleil du mimosa
tapis d’or fugace
.
* L’arbre appelé mimosa, originaire d’Australie, est un acacia. Ne pas confondre avec le faux acacia aux belles grappes de fleurs blanches dont le vrai nom est robinier.
* * Réplique de l’avare dans la pièce de théâtre de Molière.
En grappes
Un, deux, trois, soleil
Mi mi mignon mimosa
En mille pompons
Fils du Sud
Fleur joyeuse, dès janvier,
Ah, avoir un arbre à soie, à soi
Il réveille la butineuse
Attirée par sa lumière
Un, deux, trois, soleil
Mi mi mignon mimosa
En mille pompons
Fils du Sud
Petit Chaperon est passée par là
Cueillir un bouquet
Pour sa mère-grand
Couleur miel sur la branche
Grisant mimosa
un parfum de ma Provence
Essaim végétal
Jaune :
Jaune, couleur chaude en sa palette de dégradés.
J'ai entendu parler d'or et respiré le vent dans les épis de blé.
j’ai entre-aperçu le loriot d’Europe et contemplé le tarin des aulnes.
J'ai regardé les tournesols et découvert le colza.
J’ai vu pousser des pissenlits et renaître des jonquilles.
J’ai cueilli des topinambours et admiré des millepertuis…
Mais ce jaune resplendissant, illuminant l’hiver, c’est ailleurs que je l’ai croisé :
là-bas vers le sud
entre soleil et citron
ses fleurs mimosa
fragrance de tout parfum
à Grasse l’art d’être nez
Quelle grâce en moi étend son voile quand, marchant au bord du verger, je croise le parfum enivrant du mimosa, les chenilles du noisetier et les semis de pâquerettes. Le mois de mars est là, bien présent, entre les humeurs fantasques du vent et de la pluie...
Un oiseau de proie
perché sur un arbre sec
attend l'aubaine
petit à petit la vie
organise son ballet
Je cueillerai un bouquet de pompons jaunes qui nous embaumera et j'en déposerai autour du berceau de cet enfant, né au rives de mars.
Ce mois, troisième de l'année, cet hurluberlu qui promet tant et qui passera comme une flèche suivant la courbe du ciel et des grands oiseaux sauvages qui clament leur retour. Ils volent ensemble vers les marais accueillants, suivant la ligne de l'océan, depuis les confins de l'Afrique en un va et vient qui nous chamboule d'admiration...
Où que tu sois
l'appel intense des grues
sera un signal
vois ce V de Victoire
ouvrir un ciel de promesse
Un bouquet d'or
Un bouquet d'or dans la lumière
embaume ce matin léger
De tendres papillons de soie
aux étamines ensoleillées
dansent sous le vent doux
au grand festin des butineuses
C'est un jour d'océan
si heureux sous le bleu
un jour de terre à rêver de la paix
mêlant l'écume neigeuse au jaune mimosa
quelques instants de grâce
suspendus sur l'espoir
Balaline 14/03/2024
Le jour où Monsieur WENG faillit s'évanouir .....
C'est le jour où, nimbée d'or, Mademoiselle MIM osa.
Ce fut le plus beau jour de sa vie . Un bouquet de jonquilles
à hauteur de poitrine, et marchant résolument, à tout petits pas argentés ,
elle s'avançait
faisant pâlir le soleil
parfum envoûtant
Il n'attendait que cela
il y avait si longtemps
Déjà ! Une larme le long des vieux sillons .....
FVM. 14 mars 2024.
Vague mimosa
Tout d’abord il y eut le parfum. Au loin je pouvais entendre la mer. Comme j’aimais ces moments où je pouvais m’extraire des contingences sociales festonnées de tenues correctes et de paroles policées. Ici, je n’avais plus à surveiller mon image, mon langage, rien ne m’obligeait à donner le change, à compter jusqu’à mes respirations. L’haleine du grand large m’arrivait par bouffées iodées irisées de ce pollen aussi doré que le soleil du midi.
Je ressentais la vie jusqu’à la perception des pierrailles qui roulaient sous mes semelles. J’avais le pied heureux des dévoreurs de grand chemins. J’étais comme un explorateur débarqué d’un naufrage sur une île déserte où à n’en pas douter se cachait un trésor.
La nature ne chantait pas encore la partition ininterrompue des cigales, mais mon cœur, grand rêveur, battait déjà de leur cymbalisation et bondissait comme un cabri épris de la garrigue.
Puis m’apparut, dans l’air vibrant de senteurs enivrantes, une explosion de jaunes teintés d’ocre curcuma.
Ce fut comme au cinéma, un arrêt sur image, un instant de contemplation imposé par l’interruption brutale du temps. Étourdie de tant de beauté, il me vint à l’esprit que Van Gogh, face aux vagues déferlantes de cette lumière fauve qui m’avait stoppée dans ma course, aurait été infidèle aux tournesols
une inflorescence
sous le bleu en majesté
Vague mimosa
les pompons du dieu soleil
viennent agacer le nez
Adamante – tanka prose -10 mars 2024
Une prochaine lecture de mes livres (annonce)
Barbara L'île aux mimosas
plus qu'une fleur
RépondreSupprimerà livre grand ouvert
le sud embaume
jaune parfumé mimosa
tant d'images défilent
Une page éblouissante et odorante !!!
et il manquait un poème :
Supprimerhttps://imagesreves.blogspot.com/2024/03/lor-du-mimosa.html
Bonsoir Adamante et toutes.... Vos mots qui accompagnent cette grappe de mimosa sont autant de rayons de soleil, bravo... et au plaisir, amitiés, JB
RépondreSupprimerMerci JB, J'en suis confuse, il manquait un poème :
Supprimerhttps://imagesreves.blogspot.com/2024/03/lor-du-mimosa.html
Wahou ! Plus mieux bien qu'un Renga qui ne veut pas dire son nom ! Trop fortes les Brins de cette Herbier !
RépondreSupprimerMerci pour le lien qui remet les pendules à l'heure, ou comme diraient certains Suisses, qui remet l'Eglise au milieu du village !
Je ne sais trop, mais il manquait un poème :
Supprimerhttps://imagesreves.blogspot.com/2024/03/lor-du-mimosa.html
Bonjour Adamante et les brins,
RépondreSupprimerMagnifique page ensoleillée! Comme à l'accoutumée, merci pour ce bonheur de lecture!
Mais...
Adamante, tu as oublié d'y insérer mon haïbun. Snif!
Bravo les brins pour cette superbe inspiration
;)
J'en suis confuse, j'ai rajouté ton poème ici, mais tu le trouveras aussi là :
Supprimerhttps://imagesreves.blogspot.com/2024/03/lor-du-mimosa.html
Je ne m'explique pas et je suis vraiment, vraiment désolée. Excuse-moi, Martine. Il aurait dû se trouver sous ta superbe photo.
De FVM À MMA :
SupprimerQuelle richesse que la langue française ! Tu jongles avec bonheur et pas moins de neuf appellations pour dire : l'avare ! C'est jubilatoire ..... Merci Martine pour ce conte bucolique. Je me propose d'aller sur les terres de chacune, mais au rythme d'Helix le colimaçon !
@ Marine:
SupprimerJe trouve beaucoup de poésie, Zoupinette, dans ce poème en prose.
Je trouve de belles images qui se superposent à rêver sur celles de Martine, et celles de chacune des Brins. Mais,
de tankas, haïkus, ou autres "chinoiseries" ou "japoniaiseries" (Oh non, pitié !)
Pour moi, point ! Je m'en voudrais que ma remarque soit prise avec la moindre tonalité de reproches. Que nenni. Là n'est pas du tout la question. Et, je compatis à la discalculie dont tu m'as fait la confidence sur les terres de La Marmotte. Vieille, de surcroît 😅 🤥 ✍️ 😉
Bons moments au jardin de Titi, Marine.
Que d'or et de soleil sur vos pages printanières qui semblent avoir réveillé le bleu du ciel et nos sourires !
RépondreSupprimerMerci à tous les brins.
chaque brin de ce mimosa seront comme des petits soleils quotidiens
RépondreSupprimerMerci pour cette page particulièrement printanière
Jaune le mimosa ? Pas toujours !!!!! 🫠 🐌 🌻 🆒
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