Photo Adamante |
La créature
Il craqua une allumette
Un soir, dans le noir
Et sa flamme
Cracha une créature
Comme par magie
Magie de l'instant
Ou celle d'un bon génie
Il ne sut qu'en penser
Il craqua une allumette
Un soir, dans le noir
Et la créature le fixa
De son oeil ténébreux
Rien qu'un instant
Le temps que se consume
Le bois de l'allumette
Et mourut
Lézard irréel
improbable bon génie
Parti en fumée
Qui es-tu ?
Tu m’intrigues, m’amuses et m’interpelles, toi en ton cadre nocturne.
Plus je te regarde et plus je m’interroge :
- Qui es-tu ? D’où viens-tu ?
Tu restes là muet et scintillant, petit animal imaginaire :
- Serais-tu à la recherche de tes lointains ancêtres ?
Je t’imagine lézard vert, en caméléon pour te confondre à l’arbre qui t’a vu naître. Ou bien têtard bientôt grenouille, sur sente rougeoyante, en quête d’un point d’eau…
- Qui es-tu ? D’où viens-tu ?
Tu me regardes sous une paupière mi-close. Impatiente de connaître tes origines, je te contemple curieuse de savoir ce que les brins de notre herbier vont faire de toi.
hâte de te connaître
en ton mystère rouge et noir -
suivre le vermillon
Peur sur la nuit
Nuit singulière, encrée d'un noir inquiétant à l'horizon rougeoyant.
L'air est saturée de chaleur, d'odeurs âcres, de sensations prémonitoires.
On s'attend à endurer un phénomène exceptionnel, une marée flamboyante,
peut-être une colère énorme déferlant sur notre vieille terre.
Une violence sourde
tramée jour après jour
la peur sur les heures
Des jours, des nuits à la redouter.
L'angoisse, la colère puis l'effroi. Ainsi notre vieille nature nourricière manifeste ce soir
ses tourments comme les cris primitifs des êtres de la nuit où les ombres chagrines
précèdent les orages, les brasiers sur la plaine, les sifflements des feux.
La bête en marche
L'enfer en robe rouge
Tant de coeurs brisés
Nuit en rouge et noir
Sur l'écran noir de mes nuits de sang
bordées de velours pourpre
je me hisse en haut de la piste
En rouge et noir, je suis Jeanne Mas
j'exorcise ma peur et chante mon idéal
En rouge et noir, je me fais du cinéma
Je suis Madame Rénal, brûlant
d'un amour incandescent pour Julien Sorel
Ce feu intérieur me ronge
Mon désir s'enfle , le coeur ardent!
Quand soudain semblant crever la nuit
Et venant d'un entonnoir
Un être doté d'yeux maléfiques
me tire de mon rêve abyssal
me jetant dans le néant le plus total.
Sur l'écran noir de mes nuits de sang
je tressaille, j'ouvre enfin les yeux,
sur mes draps froissés de satin coquelicot
quelques traces d'un rouge baiser
éclaboussent ma nuit d'une irrésistible passion.
Atmosphère, atmosphère, quelle étrange atmosphère!!
Gaston Bachelard dans l’eau et les rêves :
« La nuit est une déesse à qui rien ne résiste, qui enveloppe tout, qui cache tout ; elle est la déesse du Voile. »
Claudie Caratini - Le 25/03/2023 - Commentaires sur ce blog -
Dans le flou
Le ciel rougeoie, au jardin, la soirée s'éternise, c'est si bon de respirer les parfums et de sentir sur sa joue une petite brise printanière...
Un bruit dans la nuit
un froissement soudain
restons aux aguets
Quelle est cette bête
à la longue queue touffue
qui bouge sous le chêne ?
Est-ce un chat, un écureuil, un renard, un furet, qui cherche pitance ou est piqué par la curiosité et se délecte de ce moment de grâce ou bien, qui sait, un animal fabuleux dont je vois mal les contours?
Suspence!
Pharamine ou pas
sous les ors et l'éclat
d'une lune pleine
furtivement elle s'insinue
dans la paix nocturne
Le dragon de la nuit
Dans la nuit d’été, sur la terrasse, assise près de la table recouverte d’une nappe cirée rouge où je travaille mes sculptures, quelques branches de bois sec à la croissance tortueuse attendent que je les interprète.
Le peu de lumière qui émane des photophores rend le décor intéressant. Je prends une photo pour découvrir ce que l’objectif captera de ce que je perçois-là. Sur le cliché apparaît un dragon, la table a disparu. Devant lui, juste une langue de feu exhalée de la nappe en cadeau. Partout, tout autour, les ténèbres ont gommé l’inutile.
Le dragon de bois me regarde de son petit œil noir. C’est troublant. Que cherche-t-il à me dire ? Je ne perçois aucune menace, plutôt une invitation à comprendre quelque mystère d’écorce. Intuitivement je sais que son immobilité est un temps qui s’est figé dans la matière, et que sa forme est un enseignement.
Sans chercher, je m’abandonne à la contemplation. Doucement, les ombres me dévoilent l’essentiel, elles me recentrent.
Je comprends alors le feu, le bois, les ailes de la foudre crachant le renouveau sur la terre affaiblie
le dépouillement
superflu calciné –
un germe attend la pluie
Merci de votre visite, de votre participation, c'est toujours un plaisir.
Bonne semaine 🙏
Bonjour les Brins, ah superbes écrits autour de cette image, oui Claudie, atmosphère atmosphère.... bravo, amitiés, JB
RépondreSupprimerBonjour à tout le monde,
RépondreSupprimerUne belle page de plus à ce magnifique livre qu'est l'Herbier. L'imagination est reine et que de talents pour la servir!
Merci pour cette évasion plus qu'appréciée
:)
Bonjour Claudie,
RépondreSupprimerAux premiers mots j'ai pensé à Claude Nougaro que j'aime tant! Et cela continue de vers en vers où tu entremêles ton clin d’œil à des chansons, romans ou personnages très connus. C'est ta marque de fabrique ça! Jeanne Mas, Julien Sorel, Arletti... Et cette citation pour finir en beauté.
Quel régal! Merci Claudie pour l'évasion au Pays Imaginaire
Gros bisous
;)
Magnifiques inspirations devant cette créature étrange !
RépondreSupprimerClaudie, tu es douée pour te faire ton cinéma :-)
Tu as pu capter l'imprévisible et c'est ce qui fait le charme de ta photo Adamante !
RépondreSupprimerBonjour, Adamante et les Brins
RépondreSupprimerMerci à tous les Brins pour le plaisir de lecture ainsi que pour vos commentaires souvent savoureux.
Claudie
Pour Claudie,
RépondreSupprimerBachelard s'est invité fort à propos ici. Et oui, nous avons le monde en nous, et cette sorcière de Nuit nous le fait vivre.