photo Balalline |
Un certain carrosse
Roue de carrosse
Carrosse d'un conte de fée
Il était une fois Cendrillon
Fermé le livre
De mon enfance
Il a neigé depuis
J'ai le cheveu blanc
Vieille étoile en bois
Que l'hiver a habillé
Inutile
Cinquième roue de carrosse
Adossée au mur de pierres
J'ai rouvert le livre
Le livre d'un conte de fée
Il était une fois
une citrouille magique
Envers et contre tout
Une roue de charrette
Dans la poussière des jours de peine
La charrette a longtemps roulé
Elle a transporté le foin, la luzerne
Des sacs de blé pour le meunier
Des choux et des pommes de terre
Les fleurs de la jardinière
Le bois pour se chauffer l'hiver
Quel petit cheval blanc
Quel grand cheval bai
A emporté avec courage
Tant de charges et les jours de fête
Quand sur des bancs alignés
La famille endimanchée
Se pressait et riait si fort
Pour le baptême du petit dernier
Ou un office carillonné !
Jusqu'à la fin parce que tout s'use
Et qu'un jour sous la pluie, la neige
Le soleil brûlant de l'été
Elle ait terminé son ouvrage.
Contre la barrière elle atteste
Des peines et des joies du passé
Ils avançaient tirant leurs maigres biens, dans leur humble charrette.
La côte était raide, les ornières profondes, la roue n’a pas résisté.
L’abandonnant là sur le bas-côté, ils se sont chargés de leurs ballots d’infortune.
Ils ont repris le chemin vers un improbable logis.
Quand ils n’en purent plus, serrés les uns contre les autres, ils s’arrêtèrent sous un toit de branchages, à l’abri des bourrasques de vent.
C’était l’hiver
il neigeait - -
leur vie pas à pas
Les pauvres gens ignorent la roue de la fortune.
Leur seul espoir est de vivre aujourd’hui, demain, et quelques jours de plus, aux risques saisonniers…
Au jeu du hasard
tous n’ont pas la même chance –
leur roue comme vestige
Beauté et émotion
Chaque balade sur nos plateaux calcaires recèle souvent de petits trésors très émouvants.
De rares passants s'y attardent en hiver, quelques maigres troupeaux, des vols de corbeaux noirs, et partout des pierriers, des murets, des ruines d'habitat, vestiges de vies enfuies. Aujourd'hui tout est blanc, d'un pur qui adoucit le jour et accroche le regard, magnifiant tout l'espace.
Frissons de froid soudains ou de réminiscence
le passé se dévoile
sur fond de fleurs de neige
Ainsi s'ouvre une histoire, une revivance du temps pas si lointain où au milieu des pierres, courent de jeunes enfants, paissent les caussenardes sur les pelouses sèches, sous l'oeil vif du berger tout près de sa gariotte.
Beauté et émotion
ce jour en aube blanche
le silence suspendu
le passé qui surgit
Elles furent oubliées là, les vieilles roues de charrette, après avoir cahoté sur ces arpents de terre, laborieuses et grinçantes sur des milliers de mètres.
Appuyées au vieux mur, elles poursuivent leur rêve de refaire le chemin, de marquer leurs sillons, de retrouver la terre, en accueillant la paix qui s'épanche au soir.
Balaline - 02/02/2023
Par delà les apparences
Sublimés par la neige
un mur de pierres sèches,
édifice témoin d'arts millénaires,
une roue, belle dans son inutilité,
hors des temps :
Celui des jours et des siècles
de la lente érosion de mondes révolus
de l'accélération d'une fuite en avant,
d' anéantissements programmés ;
Celui des saisons erratiques,
de vortex polaires affolant les bayous
de glaciers fondant vers le grand nord,
de la neige océane sur les tourbes encore tièdes
Une roue adossée à un mur hors du temps ...
et dans son immobilité s'animent
des milliers de vies...
Et toutes les époques.
©Jeanne Fadosi, vendredi 3 février 2023
La roue enneigée
La neige à pas feutrés a enlacé le silence. Dans le jardin, ni pépiement d'oiseau, ni chat aux pattes soyeuses ! Elle était là, adossée à un mur, cette roue presque insignifiante.
Une roue engourdie.
entends ses grincements!
un passé révolu-
elle se souvient de carrosses
de ses si lointains voyages
Qui l'avait abandonnée, là ? J'entends sa triste complainte!
Cri de vie
d'une roue enneigée-
tournent ses essieux
Rouillés par le temps, ils lui donnaient un triste aspect. Avait-elle connu la fortune? Où le destin l'avait-t-elle conduit ?
La roue tourne en roue libre
ne joue pas avec les autres-
les rouages du temps
Sur la terre gelée, tournoient les flocons comme jadis les essieux de cette roue!
Ballet des flocons
au rythme perpétuel
les neiges d'antan-
le balancier du temps
fait tournoyer la vie
Tournoie aussi la roue des sentiments que le temps a effacés malgré jolies ritournelles.
"Il y a le soleil qui tourne
il y a la terre qui tourne
il y a ton visage qui tourne sur l’essieu de ton cou quand tu pleures"
Aimée CESAIRE
"Si éclairants soient les grands textes, ils donnent moins de lumière que les premiers flocons de neige". (Christian BOBIN) et la neige se pare bien vite d’une dimension métaphysique : la neige voile et surtout, dévoile, elle donne à voir l’invisible !
Mon cœur est tourmente de neige
qui fait frémir le jardin-
adieu serments de toujours!
Claudie Caratini - le 04/02/2023 - Commentaires sur ce blog
Les vieilles roues
Quelques vieilles pierres d’un ancien muret racontent une histoire d’avant le béton. Mais avec le temps, quelques-unes quittent l’empilement et tombent. Tout passe il est vrai, la ruine, immanquablement suit la jeunesse. Tout passe !
l’artisan d’antan
savait parler aux pierres
le langage des mains
un savoir faire oublié
pot de fer et pot de terre
Deux vieilles roues de tombereau, peut-être de charrette, appuient leur fatigue sur le mur en péril. Le vent est leur soupir. Comme il sont beaux tous ces laissés-pour- compte, abandonnés sous la neige qui magnifie tout. Le moindre bois vermoulue devient œuvre d’art, devant la moindre pierre poudrée de blanc, le cœur s’ouvre.
plus de grincements
plus de “hue !” envers les bœufs
juste le silence
une page déchirée
sur la campagne transie
Les bœufs eux-mêmes ont disparu, pourtant ils ont laissé leur nom sur l’étal du boucher où ne s’affiche plus que la pauvre chair des vaches. Ce qui ne sert plus est voué à disparaître, ils ont disparu
qu’avons-nous besoin
de la viande d’un castrat
bien trop inutile
charrettes et tombereaux
ont leur place au musée.
Adamante Donsimoni - 3 février 2023
Et pour finir en beauté côté folk :
le Branle du Rat par la Bamboche
En voilà de beaux textes.... bravo à Claudie aussi, et citations jointes.... bon lundi les brins, amitiés, jill
RépondreSupprimerClaudie, ta participation est très belle, dans ton imagination la roue tourne toujours, en roue libre et nous émeut tellement... Merci à tous les brins et à Adamante !
RépondreSupprimerEt oui le temps passe et chaque époque laisse sur le bas côté quelques vestiges ravivant les souvenirs en tableau symbolique des "autrefois"...
RépondreSupprimerMerci Claudie pour toutes ces évocations de la roue !
Attention Adamante, quand je clic sur ton lien, j'arrive chez moi, sur un ancien compte google et non chez toi ????
RépondreSupprimerJ'ai cliqué et je suis arrivée chez moi. Un mystère donc.
SupprimerJ'ai trouvé, cela ramenait à l'administration, ici la mienne et chez toi une ancienne peut-être. Il semble qu'il y ait quelques bugs depuis dimanche. J'ai modifié et je te remercie.
SupprimerPour Claudie, j'aime beaucoup ton dernier tanka et les belles références à Césaire et Bobin. Et merci aussi d'être passée me lire chez moi. 🙏
RépondreSupprimerUn régal chacun de vos textes qui ont fait " revivre" quelques instants ces deux vieilles roues chargées de souvenirs. Merci à toutes .
RépondreSupprimerPour Claudie
Tes mots ont rendu un peu de vie à ces vieilles roues qui reposent désormais oubliées dans un coin perdu et la page déchirée ranime le passé.
Merci pour ce beau texte.
Merci à toutes de vos participations et merci aussi pour le lien URL de l'Herbier que vous mettez sur vos pages.
RépondreSupprimerN'oubliez pas, cela peut permettre de le faire connaître et pourquoi pas inciter d'autres à nous rejoindre.
Tout comme il est normal de mettre un lien sur le blog ou sur le site du propriétaire de l'image. Vous l'avez systématiquement sur la page.
Une jolie bourrée Adamante pour donner un peu de peps ! Comme toi je pense, la viande ça ne me dit plus rien, depuis l'histoire de la vache folle ça m'a retournée toutes ces images, si on pense à cela on n'en veut plus et surtout pas de la souffrance animale...
RépondreSupprimerBonjour, Adamante et tous les Brins
RépondreSupprimerMerci pour vos belles participations ainsi que pour vos charmants commentaires!
Amitiés
Claudie