Photo D18 à la sorite de Maneyreaux vers La Gorce - Creuse |
Le passage
Une route, au milieu de nulle part,
Arbres verts, arbre mort
Qui conduit on ne sait où...
Un village abandonné,
Le château de Dracula...
Au bout de la sente
tout un mystère encore
La nuit va tomber
Une route, au milieu de nulle part,
Je m'imagine des choses...
Et si c'était simplement, rien,
La suite du chemin qui chemine
Dans la campagne déserte...
Il était une fois
ainsi commencent les contes
Arche intrigante
Réminiscence :
De temps en temps, je me demande si tu te souviens encore de cette route parcourue gaiement, sur le chemin de nos escapades… Nous avancions d’un bon pas, sous le ciel de la Creuse, à la découverte de nous-même plus que des lieux.
Un pied devant l’autre
des kilomètres en partage
sans carte ni boussole
La campagne était souriante. Nous gardions en ligne de mire une trouée vers l’avenir comme autant de promesses aimantant notre regard. Nous marchions sac au dos, sans soucis du lendemain. C’est à peine si les côtes ralentissaient notre cadence.
Avancer de concert
plus loin toujours plus loin
tracer notre route
Tu choisissais l’ombre, je cherchais la lumière. Assoiffés de verdure, de grand air et de silence, d’un commun accord, nous nous taisions. Nos pas scandaient l’itinéraire du jour. Derrière les haies, broutaient des limousines. Quelques rares voitures nous frôlaient sans ralentir…
Seuls au monde
avides de sérénité -
les vaches ruminaient
C’était l’été, le temps des vacances, celui des découvertes, des rencontres impromptues, de l’insouciance. Premiers pas ensemble, si loin d’imaginer ceux que nous aurions encore à parcourir. La vie les aurait-t-elle dénombrés pour nous ? Peu importe.
Aujourd’hui, le silence tombe de nouveau sur notre route. Nous communiquons du regard et à demi-mot. Le chemin se partage toujours…
S’épaulant l’un l’autre
les côtes se révèlent plus raides
- l’hiver approche
C'est au temps d'avant, les travaux d'adduction d'eau ont défoncé routes et chemins. Mais quel progrès ! Les routes reparées, goudron et graviers en trop servent à carrosser les réseaux en terre battues et même les cours de fermes et autres maisons.
l'ancien chemin creux
goudronné, privé des haies
conduit au hameau
Combien d'autos se sont engagées dans la voie sans issue pour avoir tourné trop tôt. Les plus malchanceux revenaient une minutes plus tard, par l'autre chemin.Et nous en riions !
oubliées ornières et boue
et les bottes inconfortables.
C'est tard dans la nuit. Step m'a dit, "première à droite puis encore à droite puis toujours tout droit jusqu'à l'autoroute. Des touffes d'herbe éparses ont vite formé une ligne presque continue. La route (vraiment ?) s'étrecit et l'enrobé s'amenuise.
La route sera longue
sans place pour prendre le pouls
d'une nuit étoilée
Impossible de parcourir un bon kilomètre en marche arrière ! Au milieu de nulle part j'ai fait un demi-tour compliqué entre talus et fossé vaseux. Et j'ai retrouvé, rassurée, la bonne route, reconnue comme un paysage familier. je souris de repenser aux égarés qui aboutissaient à notre barrière.
Vers où va ce chemin ?
des ruines abandonnées ?
un champ cultivé ?
Dans les lumières des phares blancs
ne danse plus aucun insecte.
©Jeanne Fadosi, vendredi 14 octobre 2022
Fadosi continue: l'herbier de poésie
Ce qu'on veut dans la vie
Le chemin se déroule, avec ses ombres et ses lumières, bordés d'arbres sous un soleil de septembre encore chaud, c'est le jour idéal pour une promenade paisible à vélo...
Un arbre mort
se détache au-dessus
des frondaisons
Au bout de la route, une arche feuillue, en forme de portique m'incite à aller plus avant... Est ce la porte de vérité et de bienfaisance, le jardin du bonheur?
J'imagines
une voie vers l'ailleurs
vers l'impossible
Une ouverture sur un monde de douceur, de paix, d'amour, sans jugements, sans bassesse... Mais je rêve, le soleil m'a chauffé la tête... Je pousse sur les pédales, pressée d'aller voir ce qui m'attend, je vacille, je perd l'équilibre, je me retrouve dans le fossé... Je n'ai pas l'air fin ! Je me dis que les lutins faiseurs de mirages sont des farceurs et qu'ils rient sous cape lorsque je découvre mes écorchures...
Ce que je voudrais
sur cette route déserte
c'est peu de chose
c'est revoir ton visage
c'est entendre ta voix
Marine DUSSARRAT - 12 oct 2022
«Tout ce qu'on veut dans la vie c'est qu'on nous aime» - Louis Chedid
Route Maneyreaux
Je chemine au gré de mes humeurs sur la route Maneyreaux, dans la campagne Creusoise, par un après-midi d'été. Des ombres sur la route obscurcissent mon regard. A l'horizon, des nuages laiteux semblent courir dans le ciel. Que présage ce temps- là, alors que la canicule sévit partout en France? Peu importe, mes doutes se dissipent : les massifs verdoyants défilent sur la route, accompagnant tout mon être et j'avance dans leur doux bruissement.
Frou-frou de feuilles
sur ma route vagabonde-
les arbres apaisent
Mon coeur est en liesse, je suis heureuse de cheminer, juste, cheminer...quant au détour de la route, j'entrevois une clairière, le soleil me fait un signe,
La vie m'appartient
Le chemin est le but-
le temps retrouvé
Une joie indicible fait vibrer mon coeur. J'ai trouvé la clé de ma traversée.
Route interminable
au bout du chemin
la quête de soi-
l'envie d'être moi-même
dans sa quintessence
Claudie Caratini - Le 15/10/2022
La pierre du Sergent
La petite route de campagne bordée de fleurs des champs, bruissante comme une ruche, se souvient de tous ces pas imprimés dans ses couches successives d’asphalte. Ô combien de nostalgie perdurent dans ces herbes qui semblent immortelles
ils allaient gaiement
suivant les bœufs attelés
au rythme de l’Homme
Comme ils étaient vieux et ridés aux yeux de l’enfant, ces paysans burinés de soleil et de grand air. Chaque année un sillon venait sculpter leurs visages. La mer est loin d’ici, mais même à la campagne, la peau, au fil des saison, se ravine avec le vent, avec les pleurs. Je me souviens…
le Sergent, assis
sur la pierre du chemin
là-bas, tout au bout
derrière la trouée du ciel
qui mène à mes souvenirs
Alors que nous rentrions de l’école, poussant nos vélos jusqu’au sommet de la côte de l’étang, il nous attendait en appui sur sa canne. Là il nous racontait la grande guerre et nous donnait des conseils que nous n’écoutions pas
détails perdus
mais permanence d’instants-
curieuse mémoire
La pierre porte désormais le nom de « la pierre du Sergent ». Les histoires se transmettent aux nouvelles générations qui imaginent et se forgent des racines. La Terre a de ces histoires qui vous touchent au plus profond
qu’est-ce qu’une pierre ?
un homme un jour s’y assoit
et l’histoire se dit.
Adamante Donsimoni - 14 octobre 2022
Différentes inspirations au rendez-vous... bravo les brins de l'Herbier, belle semaine, amitiés, JB
RépondreSupprimerUne route qui nous mène bien loin dans le souvenir et /ou l'imagination de chacun
RépondreSupprimerRêve ou réalité, conte, souvenir ou légende cette route creusoise nous promène sur le chemin de la vie. Un beau thème, merci Adamante, merci à chacune pour votre inspiration ! Bonne semaine !
RépondreSupprimerOui, l'histoire se dit et un jour survient une photo et les impressions reviennent à la mémoire, et réveillent les souvenirs enfouis...
RépondreSupprimerBonjour à tous les brins
RépondreSupprimerCette route a suscité des textes variés et intéressants et ne m'a pas laissée indifférente.
Merci à toutes pour le plaisir de lecture.
Amitiés
Claudie
Un texte touchant et spirituel, en effet, le chemin est le but, un instant qui s'étire tout au long du temps. Merci Claudie, c'est un plaisir de te lire.
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