Photo Adamante |
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Absent le chat les souris dansent, dans le royaume des rongeurs, au pays creusois comme en diverses campagnes…
Toit sur toit
pour grenier à foin
belle aubaine
Gouttière haute, gouttière basse, pour pluie et neige, couloir ou abreuvoir des quatre pattes et oiseaux de passage…
Porte fermée
réserves bien à l’abri
rongeurs au chaud
Un petit espace, une faille, un nid douillet pour Dame Fouine et ses petits. Monsieur chasse, à la belle étoile, perturbant le somme des habitants du logis. Course sur les tuiles, fuite dans les gouttières, bagarre si le chat s’en mêle, tapage nocturne…
Espace partagé
à chacun son étage
au gré de l’homme
Autrefois le bétail était en bas, l’homme au-dessus profitait de sa chaleur. Ici, aujourd’hui, les bestioles grouillent en haut, en bas l’homme a son confort… Au clair de lune, l’un se repose, l’autre mène sa vie, l’espace, dit-on, appartient au premier habitant…
Style distinctif
de l’habitat campagnard
signature locale
tout le charme de nos régions
leur architecture
ABC
On dit
On ne sait pas, on ne sait plus
Si quelqu'un habite-là,
Cette bâtisse fait la morte...
Alors on dit, on dit, tant de choses,
Un vieil ogre, une sorcière, des fantômes,
Aaah on dit...
Sans doute plus personne,
Mais la rumeur insiste, elle dit...
Porte de bois, lorsqu'on y frappe,
Le tout a l'air à l'abandon, mais, on dit,
Que, parfois...
Les gamins murmurent que, entre ces murs,
Tout comme leurs parents,
Il y aurait... un, une, des...
Alors, on dit que, en se faisant peur...
La mystérieuse
au fin fond du village
avec ses on dit
jill bill
La grange aux souvenirs
Un bouquet d'été blond au bleu nonchalant, d'enfance miel vanille, de joyeuses galopades dans les prés rasés de frais où sèchent les andains sous une lumière ardente. Magie des vacances campagnardes où cascadent les rires des cousins, cousines, toute notre appétence pour chaque découverte.
Liberté estivale
à plein poumons, à toutes jambes
roulés-boulés sous le soleil de juin
Le bonheur à tue tête
Derrière le vieux volet où le fenil somnole, sommeillent les souvenirs, les glissades soyeuses sur le foin juste rentré dans son odeur tenace qui entête la grange et enivre nos émois.
La vieille charrette grince
la jument impassible
docile et si câline attend la fenaison
Derrière le volet clos sur une trop longue absence, quelques toiles se balancent constellées de poussière, des images s'entassent en piles de souvenirs, des visages dilués dans leur couleur sépia, des ombres fugitives sur les murs qui ont fermé la porte, et ce merveilleux goût d'une enfance insouciante, ce trésor déposé dans un coin de grenier.
Légèreté des êtres
enfance papillon
cueillant chaque bonheur passant
je te serre très fort pour te choyer encore
Balaline
7 janvier 2022
Bonjour, Tu me regardes.
Je vais bien. Je suis encore debout.
Je marche.
J'ai calfeutré mes vieilles fenêtres de bric et de broc.
De planches mal équarries seules en ma possession.
Qu'as-tu à me regarder de travers ? Tu ne me reconnais pas ?
Il est vrai. Tu n'étais pas né(e), je vivais déjà.
Et s'enfuit le temps
Demeurent la joie l'espoir
Un deux trois deux un
Je suis la Vieille - Maison encor vaillante. Et j'abrite encor des jeux des rires des soupirs de joie et des tristesses et des mal heurts !
Du matin au soir
Et sans décompter les morts
Ma vie se construit.
Françoise, 8 janvier 2022
Un vieil original
À l'entrée du village une vieille maison tenait bon vaille que vaille sous le joug des années. Son toit, ma foi, avait l'air en assez bon état. Par contre, le crépi des murs partait en larges plaques ici et là. Surtout, côté nord, face à la forêt toute proche.
Au soleil d'hiver-
Une maison solitaire
Et les jeux du vent
Cette bicoque, aux portes et volets toujours clos, était la demeure d'un vieil original. Béret noir, vêtements noirs, mains et visage comme passés au cirage*. Tout le monde l'appelait La Mado. Je le voyais passer, véloce, lorsque je travaillais dans mon jardin. Jamais un mot. Juste un salut bref assorti d'un sourire timide.
Au bord du chemin-
Salut et bouche cousue
Courtoisie champêtre
Il partageait son logis avec deux vaches étiques. Une compagnie qui le réchauffait dans tous les sens du terme. Parfois, je l’apercevais, au loin, fauchant l'herbe débordant des champs environnants. Puis il repassait, toujours aussi pressé, disparaissant presque sous son fardeau luzerne et sainfoin.
Sourd à l'angélus
Il n'entend que ses vaches-
Vieillesse excentrique
VOLETS SCELLES
Mes pas résonnent dans la bourgade endormie, je cherche une porte ouverte, un passant qui vaque à ses occupations, l'ombre d'un chat, un potager bienveillant, l'odeur du feu de bois, vers une fenêtre je lève le regard...
Volets vermoulus
le temps a fait son œuvre
la maison est vide
Depuis longtemps elle est partie la petite mamie, oubliée de tous, la fenêtre est close et les contrevents sont fermés, plus un bruit dans l'étroite ruelle, rien ne reste des bruits familiers, des rires et des jeux d'enfants.
Comme des piafs
ils venaient en vacances
chauds d'amour
Le village entier a perdu son âme, plus de commerce, plus de travail, peu de vie, pourtant on parle de retour à la terre, de familles qui rêvent de vie simple, de calme et de campagne...
Crêpes et merveilles
embaumaient la cuisine
ravissant les petits
La vieille demeure se prend à rêver de renouveau, de courses dans les escaliers, de terrasse fleurie, de balançoires et de poules qui caquettent au jardin....
Jadis la maison
sentait la cire et la lessive
les draps repassés
- Elle se met à espérer
le retour des garnements
La garçonnière
C'était une porte pleine. Donnant sur le vide au-dessus de la cave à cidre. L'oncle y accédait par une échelle solide en fer qui pesait assez lourd à soulever pour décourager la curiosité des enfants. Quand bien même auraient-ils réussi à la hisser, ils n'en avaient pas la clé.
Objet d'hypothèses
farfelues et inquiétantes
la porte mystère.
Quand l'enfant demandait pourquoi la tante n'y allait jamais, elle répondait simplement : c'est la garçonnière. L'oncle y allait quelquefois, y entreposait ses cannes à pêche et en descendait de vieux journaux des années 30 qui finissaient leur vie de papier dans le cabinet du jardin.
La curiosité
y conduisait les enfants.
Autre porte lecture.
La garçonnière n'évoquait à la fillette que le mot garçon. La tante avait fini par lui apprendre que c'est à cette échelle, alors en bois, qu'elle était passée au travers d'un barreau vermoulu. De conversation en conversation, elle lui avait appris son accident, la perte d'un rein, son infertilité. Un jour, après la question naïve et cruelle : dis tante, pourquoi tu n'as pas eu d'enfants ?
Porte meurtrière
avait ôté des promesses
et brisé une vie.
Jamais elle ne lui dit cependant si ce terrible événement avait eu lieu avant ou après son mariage. Dans ses lecture en cachette, l'enfant grandissant avait fini par associer garçonnière à lieu de rendez-vous. Elle avait observé son oncle, entendu les rumeurs. On disait même que les deux derniers enfants de la bonne lui ressemblaient plus qu'au mari.
Porte cachotière
aurait protégé le nid
d'amours adultères ?
La tante malade, l'oncle sénile, l'adolescente accéda à la garçonnière. Elle ouvrait sur une grande pièce sans jour autre que celui filtrant entre les ardoises. Quelques lits de plume, des édredons, alignés sur un plancher brut et bien poncé. La garçonnière était la chambrée des journaliers du temps de la prospérité de l'entreprise de maçonnerie de l'oncle. Au fond, caché par des sacs de jute, un vieux poste émetteur-récepteur et un parachute.
Porte hospitalière
abrita au temps de guerre
l'aviateur tombé.
©Jeanne Fadosi, dimanche 9 janvier 2022
Porte ou volet ?
Je patiente sous le soleil de l’été, il fait trop chaud dans la salle d’attente. Mon esprit musarde au hasard de mon regard, et soudain,
au-dessus du toit
ou plutôt entre deux toits
un drôle de volet
Ce volet n’est-il pas une porte fermée sur un absurde impossible à atteindre ? Quelle Dame se trouve enfermée derrière ces planches mal jointes et brunies par le temps ?
Une sérénade
vient chanter à mon esprit
la nuit, la guitare
La Belle de Cadix a des yeux de velours… Ritournelle en sabots dans la paille piquante, la Belle arbore les joues rouges que confère la campagne aux jeunes délurées.
Et voilà qu’un rire
surgit d’un lointain passé
traverse la rue
« Vient-en sonner à ma fenêtre mon gaillard, escalade le mur et le toit, tire la chevillette et la bobinette cherra - peut-être… ou pas ! »
Rire évanoui
il n’y aura plus de loup-
juste le silence
porte et volet sont fermés
sur la campagne taiseuse.
Adamante Donsimoni - 9 janvier 2022
LE CHANT DU SOUFFLE
Bravo les brins, encore une page qui en raconte bel et bien à partir de cette photographie mystérieuse... amitiés, JB
RépondreSupprimerBonjour Adamante ainsi qu'à tous les brins,
RépondreSupprimerCe vieux volet clos a donné naissance à de belles lectures. Une diversité très appréciée.
bravo à toutes
;)
Avec le chant des partisans on passe dans une autre dimension, Adamante, l'émotion est là...
RépondreSupprimerAutant de petites scènes campagnardes que de brins de l'Herbier... Cela sent bon le foin, les souvenirs d'enfance et les aventures coquines... Une page souriante pour volet de bois... Bonne semaine à toutes !
RépondreSupprimerSous le toit en tuile
RépondreSupprimerla fenêtre garde son mystère
les pensées galopent
Que de choses se cachent derrière le vieux volet qui sentent bon l'enfance,la jeunesse et la vie ! Merci à tous les brins.
RépondreSupprimerUne vieille porte qui s'est ouverte sur bien des souvenirs et des rêves ou qui a gardé ses secrets ... merci Adamante, merci les brins
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