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dimanche 17 janvier 2021

Page 168 à partir de la Lisière

Lisière, le texte qui a inspiré tous les autres : 


*

   *   * 

*

 

Lisière


Marchant sur ce chemin

de flaques et d'ombres

Le froid craque sous les pas

craquelle la peau

Un oiseau siffle quelque part

Je vais puiser loin et profond

des joies anciennes

La glace brille et enjolive

la cime des arbres

À la lisière des arabesques

griffent le ciel

en vagues brunes

Donne-moi ce petit rien

ce sourire si attendu

arc en ciel silencieux

quand rôde le doute

je regarde du côté du levant

Tout viendra un jour.


Marine D



Photo Marine D Neige sur la route de Bagnères

 

"Ce petit texte pour accompagner les Brins." Marine

 


Une rangée de peupliers enchâssés dans la neige

noires sur le blanc deux corneilles grattent le sol gelé


Paix et harmonie

une mélodie étouffée

éveil tamisé


La grâce de l'apesanteur, fusain et sanguine, glissent sous nos regards

nos souvenirs anciens refont surface, des contes et légendes oubliés


Blancheur opaline

retombée en enfance

comme un mirage


 

 ©marine D 


 



Photo 16/01/2021 adamante




Froide solitude



À l'orée du bois, au crépuscule, je marche seule,

Quand l'hiver

 Fabrique des arbres nus

À croire voir une biche au travers...


Façonne du miroir glacé

Avec une flaque de pluie

Qu'un pied fendra, tel le destin...


Rend avare en vocalises

 L'oiseau tout ébouriffé

Qui siffle deux trois notes monotones...


L'hiver est entré dans ma vie,

Froide solitude...

Je suis cet arbre, cette flaque,

Cet oiseau...


Ciel !

Que l'aube nouvelle se fasse

Étincelle, flamme, feu de bois

À sourire et rire à nouveau...

Qu'elle réchauffe mon coeur

Comme un rayon de soleil

Éclaire une pièce sombre, inhabitée...



©jill bill





Photo ABC

 


Symbiose


Aube et crépuscule

Immensité silencieuse

Sur la blancheur cristalline


Hiver des doutes

À l’orée de l’espoir

Quelques pas sur la neige

Regard fixé

Vers la transparence

D’un faible rayon de soleil

Sur les sentiers de la vie

Entendre vibrer les paysages

Au diapason de son jardin secret



©ABC




 

Photo Marine D Neige sur la route de Bagnères



Rien n'est perdu


 

Rien n'est perdu

Ni les images fanées ni les voix assoupies

Ni la trame des souvenirs s'égrenant en sourires

Sur la toile blanchie de l'hiver en chemin

Rien n'est perdu

Ni le silence de l'absence

Si prégnant

Qu'il brise de mille éclats

Les visages les regards embués

Les ombres dispersées

Sur les murs désertés

Rien n'est perdu

Puisque au bout de ce long fil de vie

Vivent de jeunes bourgeons

À la sève impatiente

De perpétuer vos rêves vos dons et nos promesses

Tout en posant leurs doigts sur les traces pérennes

De nos racines profondes


©Balaline







Photo Marine D Neige sur la route de Bagnères






Soleil transi


À la lisière cuivre de l'espoir effrité,

Là où Hiver goulu vampirise la chaleur,

J'écoute des mots neige essoufflés de gelures

Souvenirs du grand nord où dansent les flocons.

 

Ciel bleu cristal

Soleil transi

Temps indolent

 

Mélopée râpeuse évadée des hêtraies

Tout en craquements, fracas brusques et soupirs

L'harmonie sylvicole accompagne mes pas

Recueillis sur l'absence d'un bel éclat de rire

 

Mésange bleue

Champignon sec

Baies rouge vif



Foulant le cuir terni des feuilles défuntes

Mon regard suit la fuite d'un merle effarouché

Caresse la gravure bourrelée d'une écorce

Boit la sérénité sourdant  des ramures

 

©Martine Richard




 





Récréanote Adamante



 https://youtu.be/5XehPx5RG94


                   

 Un petit nuage facétieux 

 


[... ] Tout viendra un jour.

Mais tout est déjà là,

L’aurai-je oublié ?


Enchantée, Désenchantée, j’erre à  la lisière

des arabesques du temps 

des vagues brunes submergent le ciel.

Sombrerai-je ?


                       Un

                       Facétieux petit Nuage

                        Venu je ne sais d’où 

              Sauta dedans la flaque sombre

                   Ma pluie fit des claquettes

                              Sur le trottoir


            

     https://youtu.be/_u6tid9odtQ


©Françoise , la Vieille Marmotte.  12 janvier 2021.





 

Première neige - Adamante




Nous courions dans les flaques, 

Emmitouflés

Ou débraillés

Sur la route de l'école.

Il y avait des iris dans le ruisseau, 

Des nèfles dans les arbres, 

Qui nous faisaient rire. 

Les garçons bombardaient les filles,

Nous étions insouciants. 


J'ai couru tout à l'heure sur ce chemin. 

Ces rires ont soixante ans, je les entends, 

Je nous revois. 

L'avenir est passé. 

Et demain j'y retournerai. 


©Annette Gueniffey 



 


1er janvier - Jeanne Fadosi


 

1er janvier 2021, 10 heures du matin

 


Nul chant dans la campagne vide,

le givre a tout figé.

Même la serrure du portillon était bloquée.

Vers l'est, la brume s'effiloche en grands lambeaux

devant le soleil blême, comme un voile usé de mariée.

Au loin vers le nord, sur la ligne d'horizon,

les platanes de la grand route suspendent leurs points flous et réguliers.

Le temps bascule d'une année l'autre,

quelques mois imprévisibles que tous souhaitent archiver au passé,

vers un futur aussi indéchiffrable que le paysage.

Dix heures du matin ! Solitude bienvenue même si je la subis.

La lumière tremble et sublime le réel,

la mare, les champs, les éteules, les haies.


C'est dans la nuit insomniaque

que je convoque les vieux souvenirs,

ceux qui mettent du baume sur les plaies,

quand un cauchemar, aussitôt oublié,

m'ont tiré d'un somme et affole mon coeur.


Au spectacle ici et maintenant, je choisis la contemplation.

Un joggeur, qui m'aurait croisée à deux ou trois mètres,

fait un plus large détour sans décrocher une parole.

Je ravale les mots au bord des lèvres.

Un chien court à côté d'une cycliste qui, elle aussi,

répond à peine à un bonjour.

Mon "bonne année" se perd dans son sillage.

Vers l'orient d'où arrive un autre promeneur,

elle sera bien obligée de mettre pied à terre.


J'ai les doigts gourds sous les gants.

C'est le temps du retour à l'abri de chez soi.

L'air est immobile, suspendu à la lisière

entre deux âges, entre deux mondes.

En cet instant fuyant, sourire, juste sourire.

"Tous les matins du monde sont sans retour"*


©Jeanne Fadosi, jeudi 14 janvier 2021



*aphorisme complet tiré du livre de Pascal Quignard et du film de Alain Corneau « Tous les matins du monde », 1991.


 



Photo Adamante (creuse sous la neige)


 

La solitude

 

 


Craque la neige…

À chaque pas

Le souvenir

Un rire

Une parole

Quelques mots

D’enfance

 

Un oiseau chante :

« Souviens-toi ! »

  

Oui

Je me souviens

Bien plus encore, l’oiseau

Je vis l’absence en compagnie

Il est là

Frissons de joie glacée

N’est-ce pas son pas 

Qui fait écho au mien ?

C’est lui

Chantent les arbres rutilants

Reflets argents

Sous le ciel gris


Accroche cœur de lumière

Sur mon cœur orphelin

Sur l’horizon 

Il est inscrit


Bientôt nous serons réunis

Déjà ensemble

Sur ce chemin d’hiver

Tant de fois parcouru.


©Adamante Donsimoni

13 janvier 2021


 




Le coin des retardataires  


Solitude mauve 


Les ocres et le mauve du soir 

Concluent le jour 

D’un ciel,

Aux nuages colorés en son dernier éclat.

De sombres ailes déchirent le ciel :

Qu’y veulent-ils donc trouver encore 

Ces ultimes oiseaux ?

Leurs vols s’achèvent – enfin ! -  

Aux branches sinistres

De ces arbres charbons,

Qui hantent l’air froid 

De leurs lignes filasses.

Au loin,

Les badauds se hâtent

Vers des intérieurs plus chauds

Où fument des odeurs de bois,

De crémeux chocolats tièdes, 

Ou d’odorants vins chauds.  

Je reste seul, 

Dans le vent, 

Et le trop humide air du temps.


       Serge De La Torre 

                                   


"la tendresse" huile/toile 46x38 - 2010 Adamante








20 commentaires:

  1. Que dire encore... superbe page... Malgré les coups durs de la vie les beaux jours reviennent, on ne peut être dans la tristesse indéfiniment, un sourire, une main tendue, un geste, baumes sur nos cicatrices... et yallah ! Bravo les Brins, merci Adamante et Marine !

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    1. La Vieille Marmotte ose à nouveau commenter en direct sur le Blog Communautaire que nous offre Adamante.

      Quelle force dans ton texte Jill . Je la ressens dans l’ellipse, la non-répétition des mots qui entraîne la cadence du poème , en faisant un véritable chant. ....
      suite de mon com’ sur L’Herbier :
      Par exemple
      « Quand l’hiver ... fabrique, ... façonne, ... rend avare ...
      Alors,
      L’hiver est entré dans ma vie. Et je suis .... » puis : « que l’aube nouvelle ....réchauffe .... éclaire ( c’est une prière, une imploration) »
      Le Froid m’étreint. Et Tout à coup, la chaleur, puissance du contraste, sous n’importe quelle forme,
      Et la chute, superbe image, trouvaille poétique,
      « Comme un rayon de soleil éclaire une pièce sombre, inhabitée »
      J’y suis, je l’habite cette pièce sombre. Alors, ma présence l’illuminé et la réchauffe, tel le ferait un rayon de soleil.
      Merci Fabienne.

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    2. Voilà une belle critique, bien méritée. Une belle initiative, Françoise. AD

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    3. Merci à toi surtout, d'enchanter nos pages. C'est un vrai bonheur.

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  2. Merci Adamante, merci à tous les "brins" de l'Herbier, je suis émue, chacune a sa manière a su accompagner mon texte de belle manière, et puis les photos et tes illustrations (un + pour première neige) font un tout que j'apprécie beaucoup !

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    1. Je suis très heureuse que cela t'ai plu, je sais comme il est difficile de gérer l'absence parfois, mais il y a la poésie, un arc en ciel vers la lumière. Amitiés.

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  3. Bonjour Adamante ainsi qu'à tous les brins,

    Que dire? C'est d'une beauté cristalline! De magnifiques échos aux mots de Marine
    Bien amicalement

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    1. De beaux échos, en effet, au-delà de toutes mes espérances. C'est une belle aventure que cet Herbier.

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  4. L'hiver et toute la beauté qu'il emprisonne pour ses lendemains. Quels beaux textes !!!

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    1. L'hiver enceint du printemps, je le souhaite riche cette année, aussi riche que nos pages et en particulier celle-ci.

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  5. Merci les brins pour ces promenades dans vos paysages et vos souvenirs. Page douce et mélancolique avec le sourire en suspens

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    1. Comme elle est douce l'effluve d'un sourire partagé. Merci Jeanne.

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  6. Merci à vous toutes, quels merveilleux textes sur cette page, qui n'en doutons pas fait partie des plus belles de l'Herbier. Encore merci.

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  7. Les images et les photos, très belles, les couleurs et les mots se font écho. Et si l’on fait le pas de côté de lire chaque texte dans son écrin privé, le concert, la tonalité unique s’amplifient sur le chemin de la vie. C’est magique ! Merci. Merci

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  8. Des poèmes en guise de bougies d'anniversaire, des poésies pour dire merci! Des vers, des rimes peut-être et des silences aussi. Merci, oh oui la vie! Merci Adamante Donsimoni aussi!

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    1. Personne ne savait ici, shut, mais quel cadeau ce 18 janvier. Merci Serge. À très bientôt (texte retrouvé).

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  9. Merci pour cette inspiration.
    Que de beaux textes! Je suis heureuse de partager cette jolie page!

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  10. Un message de Balaline
    Depuis Lundi j'essaie de déposer un commentaire sur l'Herbier mais google refuse mon mot de passe et comme j'ai très peu de connexion, c'est impossible. Je souhaitais dire à vous toutes combien chaque poème était sensible et en phase avec celui de Marine, vraiment beaucoup d'émotion en vous lisant.
    ( J'ai pu commenter sur certains blogs qui je suppose ne sont pas sur google)
    Merci pour ce beau choix .
    Belle semaine et à bientôt pour d'autres voyages .
    Balaline


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Merci de vos commentaires, ici et sur nos blogs respectifs. Adamante