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vendredi 14 juin 2019

la page 145 Cyprès

Image Jeanne Fadosi



La verrue bleue

« De la verrue bleue
dans la cuisine de sorcière
Secret d'élixir »
Potion contre les maux
Maux de l'hiver,
On ne réveille pas le pharmacien
Dans une nuit de quintes
Il va au bois
Le bourg à l'ancienne 
En sabot frapper à la porte
De chez Esméralda...
« De la verrue bleue
et autre bouton à fièvre 
Sirop de sorcière »
Un toc toc toc
Sous la lune en blanc manteau
Contre un flacon guérisseur
Recette ancestrale
De sorcière de mère en fille
  Au vieux livre des baumes...
   « De la verrue bleue
    fruit du perlim'pin'pin
 Poudre ver'tueuse »

jill bill  (pas de lien)






Le nain devenu géant

Le grand jour est décidé. Ses yeux tristes lancent au cyprès mille lueurs comme autant de signaux. Si sa décision est ferme et définitive, elle n'en est pas moins un crève-cœur. Pourquoi n'a-t-il pas poussé le long d'une route de Provence ou en bordure d'un champ du plateau ?

D'où viennent ses ancêtres ?
Ont-ils servi de modèle
d'une nuit étoilée ?

Il avait vu la première lumière du jour dans une sorte de nurserie pour végétaux. Une main exercée à l'art du bonsaï l'avait taillé en gestes précis. Main de professionnel nourri davantage au suivi flatteur des tableaux et des courbes de rentabilité. Si du moins cette main mutilant sans pitié avait été guidé par quelque beauté !

Esthète de son art
se projetant dans son œuvre
en flattant son chien !

Jamais il n'ombrerait la tombe d'un cimetière. On l'avait replanté dans un jardinet, coincé entre un ancien muret de pierres sèches grossièrement jointoyé de mauvais ciment, le privant du soleil du matin et un pavillon le plongeant dans l'ombre de novembre au printemps. Entre le sapin de Noël et le vieux pommiers généreux des deux jardins voisins.

Ils avaient pris langue,
en réseaux fins d'entresol,
clôtures abolies.

Le vieux pommier à moitié mort avait fait place à un jeune pêcher malingre. L'arbre de Noël, griffant le toit sous les tempêtes, avait fini par être sacrifié. Le cyprès ébloui par le ciel en avait oublié son destin de bonsaï. Le nain voulait devenir géant, pour papoter avec les nuages.

D'une année à l'autre
toujours plus haut se hissait
l'ami des oiseaux.

Le grand jour est pour demain. Les esprits des arbres animent les fruits généreux, offerts en pâture aux colonies de volatiles. Tant bien que mal, le territoire s'organise au fil de la journée. Mais depuis le printemps les pies viennent y faire leur loi, depuis les branches hautes.

La lumière du soir
adoucit leur déchirure
dans les yeux mutins.



Illustration musicale
Maxime Le Forestier, Comme un arbre dans la ville







Poings gantés de bleu
petits boxeurs cyprès
tisseurs de dentelle

Même pas peur, chantait la cigale
De quoi aurais-tu peur ? Répondait le cyprès. Mes poings sont de velours, innocents, jamais ils ne frappent. Au creux de mes mains se tricote ma grandeur. Demain mon chapeau saluera les étoiles.

S’ouvrir au soleil
en camaïeu de verdure
toujours plus haut

Échelle vers le ciel, le cyprès, en bordure des tombes, élève le chant de la cigale, porteur de la complainte des hommes. Elle chante tout le jour, écoute toute la nuit. Les secrets dont elle se fait écho, unissent terre et firmament.

Silence au cimetière
respect des morts et des vivants
les cyprès veillent








Elle est allée si loin
Pour se mettre si près
et prendre une photo
pour nous dire combien
l'ombre et la lumière sont inséparables
Elle connaît leur mélodie 
trois fruits ronds
trois notes
fa do si 
Elle sait la musique
celle des mots
celle des photos
celle de la vie
Pour elle je monterai cueillir la lune
à la cime du cyprès.


















Petit peuple


Derrière la grange s'étale un grand cyprès de l'Atlas, il abrite un petit peuple de lutins bleus et ronds, qui nagent dans la verdure comme des bouchons sur l'eau
Ils s'agitent au moindre souffle, au moindre battement d'ailes, et quand croassent les corneilles ils se rassemblent face à cet oiseau de noir vêtu...



Un nid de tourterelles
dans un creux des branches
accueille un tourtereau


Le petit peuple au grand cœur , brusquement s'est rassemblé, les corneilles voulaient attaquer le nid, mais il se sont alors agités si fort que les oiseaux lugubres se sont envolés


Et voili-voilà
C'est l'histoire bien simple
que la nature m'a conté
  










Un jour, j’aurai des ailes


Les angelots du cyprès observent la prairie. Le feu allume les pistils sous les grésillements des élytres.

L’été s’installe
avec profusion de pluies
- bottes en caoutchouc

Les gens passent sans rien voir, qui regarde encore les arbres ? Ils sont bien trop occupés à courir, est-ce si important ce qu’ils ont à faire ?

Sous les œillères
le regard se tient fixe
la solitude

Une petite fille s’arrête, luxe de l’enfance que de rêver. Elle observe le cyprès et, touchant du doigts quelques épines, lui dit :

Tu sais Cyprès, moi
un jour j’aurai des ailes
comme tes anges

je m’envolerai vers toi
j’espère que tu m’attendras.




8 commentaires:

  1. Que d'inspirations autour d'un cyprès, j'aime beaucoup cette page !

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  2. tout en légende et poésie que de belles participations avec le cyprès !
    Bravo à toutes et MERCI

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  3. les "anges" ou "lutins" ou "petites graines" de la nature vous font les doux yeux pour vous dire merci

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    1. Merci à toi surtout, pour cette photo pleine de charme.

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  4. Merci à JB, et ses potions hivernales sorties du grand livre de Merlin.

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  5. Merci à toutes pour vos merveilleux poèmes et vos petits mots ici.

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