Image Adamante |
Il pleut...
La pluie
Telle un chagrin
d'enfant
Gros sur la pomme,
Larmes qui coulent
Sur la joue
Gouttes qui perlent
Sur la vitre,
Ni la mère ni les
dieux
N'y font rien,
Il pleure
Il pleut...
Il pleut, averse
Ballet de pébroc
Sur le pavé flaqué...
La pluie dégringole
Sur la vitre,
Fait son cinéma...
J'y vois un bœuf
Qui rumine
Sa mauvaise humeur...
Ah il pleut, il pleut
En pomme d'arrosoir,
L'heure est au
pépin...
Sur une feuille aux lignes pures
dessine quelque chose de joli
quelque chose de simple
ta vie.
Tu le sais
pour grandir et s’épanouir
le vivant a besoin de pluie.
Alors ton travail fini
pose ta feuille sous la pluie
Tu verras
des gouttes vont illuminer
ton dessin
véritables parures de diamants
véritables notes de musique
posées juste là
sur la portée de ta vie.
C’est ainsi que tu n’auras plus
jamais besoin de parapluie.
Poisson de lune
Ombre fantomatique
De nageoires ailées
De bulles et de
remous
De fluides zébrures
Le poisson-lune
Accompagne la musique
En lentes
chorégraphies
Entre deux eaux
Poursuit son manège
Sa danse
interrompue...
Peut-être une chimère
À tête d'éléphant
Surgira des abysses
Accusant l'homme
Sa prédation
Son aveuglement
Honte à ceux qui ont
tout
Et qui prennent
encore
La nature a des
droits
Elle réclamera
Quelques gouttes
Quelques gouttes qui coulent sur
ton visage
Gouttes de pluie ou larmes dans
le paysage ?
Quelques gouttes qui brouillent
le ciel de Baudelaire[1]
Larmes de pluie que j’essuie avec
ma tendresse
Quelques gouttes de sang à donner
aux autres
Un peu de soi, un peu de temps
qui peut faire la différence
Quelques gouttes qui coulent de
ton corps moins jeune
Mais qui peut encore servir,
aimer, s’ouvrir à l’autre
Quelques gouttes de sperme qui
lavent mon angoisse
Un peu de toi, de sexe qui régénère
à chaque acte
L’amour comme les mots et
les lèvres qui disent
La douceur et la violence d’un
désir qui excite et apaise
Quelques gouttes de sueur qui
rafraîchissent la douleur
De vieillir, le corps qui étouffe
ou respire la souffrance
Quelques gouttes de parfum pour
réchauffer mon âme
D’un poème des « Fleurs du
Mal[2] » au charme vénéneux.
Laura VANEL-COYTTE
Chants de vie
En gouttes d'ombre
lentement
transcendées
par la lumière des
aubes,
une vie se dessine:
l'image un peu
floutée
aux formes
imparfaites
où bat un coeur
d'amour.
Le miroir d'eau
frissonne
aux sons ténus
de ce chant prénatal.
Dans la quiétude
des matins silencieux
où somnole le rêve,
pas à pas,
mûrit le fruit.
Cette journée avait été
ensoleillée et douce.
Un aller à Paris par le RER sans
fausse note. Train à l'heure. A l'heure à mon rendez-vous. Déjeuner sympathique
et savoureux.
Une visite au musée Guimet à la
découverte de merveilleux kimonos.
Avec une interrogation restée
sans réponse. Comment était-on dessous (nu ou avec d'autres vêtements et
lesquels ?)
Au retour, le train s'est enfoncé
dans le mauvais temps.
Aussi vaillant que le petit
cheval de Paul Fort, il m'a mené à bon port.
Me laissant juste apercevoir
entre les gouttes, le quotidien morose des millions de voyageurs qui subissent
ces trajets tous les jours et par tous les temps.
Georges Brassens et Nana
Mouskouri Complainte du petit cheval blanc - Paul Fort
Derrière la vitre
L’ombre d’un menhir
Le noir souriceau s’abrite
Des larmes du jour
Les gouttes s’accumulent
En grise mine
Oserais-je encore
Rêver au soleil nouveau
D’un jour sans chagrin
Détestables fumées
Sur la vitre éclaboussée de
pluie,
Des gouttes faisaient d’étranges
bavures.
Dans l’air vicié de nos
hallucinatoires effluves,
Sous un ciel noir, encore, de
l’orage enfin passé
Un dernier grêlon à demi fondu,
Libérait son jus sale et morveux.
Dans une soudaine éblouissante
lumière,
Sur fond d’une prairie de hautes
herbes,
Deux bêtes diaboliques prenaient
chair,
Elles étaient jetées sur un
corps de femme,
L’embrassaient de leurs gueules
affalées et voraces.
La pauvresse nue, déjà trépassée,
Levait au ciel un regard sans
vouloir.
Alors que ses cheveux ondulés
Se mêlaient à la lande inondée.
Maudit déluge, maudite
fumée !
Bad trip !
Pour nous, le cauchemar ne
faisait que commencer.
La pluie avait essayé d'effacer
sa trace,
Vainement.
L'ombre du chien veillait encore
sur la maison vide.
Un conte de perles d’eau
Apparitions aquatiques sur le
bord de l’évier. Un conte de perles d’eau.
Une femme élancée, sorte de
rémanence d’une cité interdite, glisse doucement vers l’oubli ; tant
oubliée déjà et pourtant si présente. Seule avec les fantômes à peine esquissés
de sa solitude, un doigt sur le menton, elle semble méditer. Elle passe. Elle
ne fait que passer, elle ne sait que passer.
Dans les plis de sa robe,
quelques ébauches de silhouettes hésitent à se montrer, la crainte les
contraint bien plus que la lumière, mais elles l’ignorent.
- « Tu ne seras point.»
Il en faut du courage pour
bousculer un tel précepte ! C’est écrit si profondément en soi. Comment s’en
départir sans perdre ses repères et risquer de se dissoudre dans un néant supposé
pire que la prison dont on connaît chaque mur ?
Le profil d’un Moaï, dans la
certitude de sa solidité, domine ces chimères. Le poids est sa puissance. Il
méprise la force de l’eau, cette patience qui un jour le couchera
irrémédiablement.
Ici, tout n’est que silence. Rien
pour troubler la paix d’ombre de l’horizon incertain vers lequel les herbes, bercées
par le courant, s’inclinent.
Tout se dessine dans l’instant,
l’instant qui n’en finit pas d’être et de se transformer.
D'une goutte en voici que naissent d'autres, imagées... bravo encore à cet Herbier, merci Adamante, bonne nuit... jill
RépondreSupprimerMerci Jill, et oups j'avais oublié un texte que j'ai rajouté après ton passage.
SupprimerDes propositions magnifiques que je reviendrai relire, merci Adamante ton image a bien agité les neurones...
RépondreSupprimerTrès bonne journée d'été, cette eau ruisselante donne du bonheur ou fait réfléchir...
Si la pluie et ses suites n'avaient pas encore trouvé leur justification, voilà qui est fait. Elle méritait bien, dans ses facéties et les mirages qu'elle crée que nous lui donnions encore quelques poèmes. Bravo à tout le monde
RépondreSupprimerTant de gouttes pour quelques mots ressentis à fleur de peau. Au fil de l'eau, sensation et inspiration se croisent pour faire grandir l'herbier... C'est toujours un plaisir que de découvrir la diversité de cette page ouverte au vent de la poésie.
RépondreSupprimeroui encore merci à toi pour ces images qui suggèrent en laissant largement la place à de multiples errances
RépondreSupprimerRêves d'eau.
RépondreSupprimerL'Herbier fait toujours déposer de belles images.
Oups moi aussi ! J'ai encore oublié le jour. Dommage mon texte restera sans support imagé et ne sortira certainement pas. Qu'importe.
Bonne soirée Adamante.
Des textes où les états d'âme sont des fluides déformables à souhait...
RépondreSupprimerUne belle page.
Merci à tous pour votre passage ici. Pas encore eu le temps de vous visiter... Mais le cœur est avec vous, profondément. Merci.
RépondreSupprimerMerci à tous pour cette nouvelle page de l'herbier.
RépondreSupprimerJ'ai aimé la lire et découvrir la variété des participations.
Merci, Adamante.
Gouttes de pluie, de larmes ou de vie,quels beaux voyages!
RépondreSupprimerMerci à tous.