Coucou les Brins,
Voici une photo de Marine pour vous envoler vers les hauteurs. Atterrissage lundi.
Belle semaine à vous.
Photo Marine Dussarrat |
Bienvenue dans l'Herbier de Poésies. Vers libres, prose poétique, expression libre des profondeurs de l’instant qui se dit sans rime ni métrique imposée. Mais aussi Haïku & famille favorisant le fond plutôt que la forme.
Coucou les Brins,
Voici une photo de Marine pour vous envoler vers les hauteurs. Atterrissage lundi.
Belle semaine à vous.
Photo Marine Dussarrat |
Reflets
Reflets en miroir
Doubles troubles lueurs
Fenêtre ouverte sur les collines
Arbres qui fusent sous les nues
Léger, un fin rideau ondule...
Un matin comme un autre
Que les rayons ténus éveillent
Sous verre des enluminures
Soiries fondues sur un mur nu
Le coucou et la tourterelle
Symphonisent le printemps
Une odeur de café
Un air de clarinette
Subliment le présent
Effet d'optique
Vision fantomatique
Où des esprits dansent
Légers comme bulles de savon
Derrière une vitre
Et des lutins
En mode farandole
Leurs ombres chinoises
Au cadre vietnamien
Mirage,
réalité ou illusion
Alcool de riz
Fenêtre ouverte
sur un autre monde
vision d’ailleurs
Ici, maintenant encadré sur le mur de son salon, entre réalité et fiction, le voile du souvenir d’une longue et rude période…
Flou artistique
sur les routes de la soie
sa mémoire s’égare
C’était si beau là-bas mais la réalité si dure !
Il n’a voulu en sa mémoire ne garder que l’esthétique, cette soierie, une ombrelle pour chacune de ses filles et une impressionnante collection de photos… II évitait avec soin de raconter la guerre. Il a toujours vanté la beauté des lieux et la richesse des rencontres…
Dernier coup d’œil
ses souvenirs s’estompent -
Il n’est plus là
La sentence a été annoncée sans ménagement. De l'autre côté de son bureau, entre dialogue avec l'ordinateur et regards neutres autant que furtifs, Monsieur Lucien avait l'impression d'être transparent au médecin.
Aussi transparent
que les sensations visuelles
de ces derniers mois.
Depuis ces derniers mois, oui. Car avec la nouvelle que son cher confrère et docteur es vue depuis tant d'années avait enfin pris sa retraite sans successeur il lui avait fallu tout ce temps pour obtenir d'être accepté comme nouveau patient et avoir un rendez-vous.
De jours en semaines
la brume avait envahi
son monde familier
Outre son attention captive à ses appareils, les gestes et les mots étaient techniques et efficaces. Le jeune diplômé avait certes des connaissances et des compétences précises alimentées par les disciplines scientifiques et numériques.
Les humanités !
Qui se souvenait encore
de leur primauté.
Monsieur Lucien était d'une autre époque. Il était parmi les rares boursiers à avoir passé son bac quand les camarades de sa "classe d'âge" avaient quitté les bancs de l'école dès douze treize ans avec ou sans certificat d'études.
Il tait au blanc bec
ses journées et ses années
médecin de campagne.
DMLA stade 3. Vous auriez dû venir consulter beaucoup plus tôt. Là, il n'y a plus rien à faire. D'ici quelques mois, ce sera le flou complet. Les mots sont précis. Nets et coupants comme des sabres. Monsieur Lucien s'attendait à ce diagnostic. Et à plus de tact.
Un étourdissement
un reflet sur un tableau
lui déchire l'âme.
Réalité ? Illusion ?
Humaine modernité !
©Jeanne Fadosi, samedi 16 avril 2022
ou
À ne pas prendre trop vite au premier degré et me classer parmi les vieux croûtons qui pensent que "c'était mieux avant"
En illustration sonore, en contrepoint, un extrait du film Knock (celui de 1951) tiré de la pièce Knock ou le triomphe de la médecine, de Jules Romain, 1923-24
Knock ou le Triomphe de la médecine — Wikipédia (wikipedia.org)
Derrière le dragon
Derrière le dragon
un arbre s’est élancé
vers le ciel
Une fenêtre se reflète sur une vitre, là un arbre de vie se dessine, un ciel se réplique, deux réalités se croisent. Deux que je vois, que j’aperçois
souvenir brodé
du napalm, sur un carré
de soie… le Vietnam
Quelque part dans la brume invisible de mes souvenirs, j’entends l’écho des bombes défoliantes… une réalité si vite oubliée. Et voilà que les assassins d’alors condamnent ceux d’aujourd’hui.
folie meurtrière
au nom d’un dieu : le profit
Le même intérêt
L’avidité empoisonne la vie des peuples. Qui livre les armes aurait-il les mains propres ? Et du côté des peuples, je me demande : certains martyrs le seraient-ils plus que d’autres parce qu’ils nous ressemblent ?
L’hydre à quelques têtes
pense la mort en milliards
et le peuple en sang.
Réalité ? Illusion ?
Pour la page de lundi 18 avril 2022 - en Haïbun si possible -
Envoi des textes dans le corps du courriel à l'adresse de l'Herbier
(évitez les mises en pages compliquées, double colonnes etc.)
Photo Adamante |
Au jardin papillon Au jardin des rêves
Le printemps batifole Les esprits batifolent
Akènes et pétales Espoirs et doutes
Valsent sous la bise Dansent au vent des tempêtes
Rêvant des fruits Imaginant un bel avenir
D’un amour innocent Dans un monde serein
Leurs larmes de joie Leurs semences de paix
Sèment au petit bonheur Égrènent au petit bonheur
Des notes colorées Des pousses colorées
Sous la baguette magique Sous la baguette magique
D’un lierre en fête D’un rameau d’olivier
Au-dessus de leur tête Au-dessus de leur tête
Tournoient des hirondelles S’envolent les colombes
ABC
http://jardin-des-mots.eklablog.com/un-zeste-de-printemps-a130433132
LES AUTRES TEXTES DES BRINS ICI :
Doris Salcedo Atrabillarios, 1992-2004, chaussures, mur, bois, fibres animales.
Musée d'Art contemporain de Chicago - Détail.
Ils allaient se marier à l'été. Pour la robe, elle devait la confectionner avec sa mère au printemps. Allez savoir pourquoi un coup de cœur lui avait fait acheter dès janvier les escarpins de ses rêves.
Telles ses ballerines
des talons pour la grandir
le jour de leur vie.
La folie des puissants en a décidé autrement. Elle a dû rejoindre sa grand-mère impotente pour tant bien que mal s'occuper d'elle. Il s'est enrôlé dans l'armée pour défendre son pays.
Si leur vie survit
un long dimanche de fiançailles
les fera attendre.
D'autres souliers, d'autres histoires. Renoncement aux bals et aux banquets. Sans habits de cérémonie. Des maires en gilets pare-balles prononcent des unions dans la sobriété et la précipitation. En est-il de même de l'autre côté ?
Unis pour la vie
séparés dans l'engagement
Maudite soit la guerre.
©Jeanne Fadosi, jeudi 24 mars 2022
et en guise d'illustration sonore j'ai pensé à Roméo et Juliette,
la marche des chevaliers
Choix de vie...
Jour de noces
Lune de miel
Comme d'autres englobent
Leur bouquet de mariée
Elle aurait conservé ses escarpins...
Seulement voilà
Elle a pris le voile
Celui de religieuse...
Adieu les escarpins d'un jour
La robe qui va avec
Sa vie vouée à son Dieu
Au couvent...
Les pieds du silence
Qui se souvient des pieds qui un jour ont dansé au temps de la joie de vivre ? Voilà que les chaussons s’exposent en souvenir de femmes oubliées, que la terre, quelque part, n’a pas encore toutes rendues.
les pieds du silence-
quelques notes envolées
un peu de poussière
La violence n’a pas de pays, la haine pas de frontière, et le germe du crime est toujours enduré dans le désir de domination, d’appropriation. Il est si facile d’écraser, de contraindre, de mépriser, lorsque l’on se sent fort…
gros nuages noirs
l’avidité est une pluie
acide
Le féminin sacré, si souvent éhonté, bafoué, violé est un hymne à la vie, une ode à la résistance, un exemple de résilience et de combat. C’est cela le corps des femmes, un temple profané, mais à chaque pas de l’Être, à chaque chausson vide, l’inéluctable avancée.
toute liberté
-le sang des peuples trahis-
croît sur des charniers.
Adamante Donsimoni
D'autres textes - page 105 ICI
HISTOIRE :
Dans les années 1990 marquées par la guerre civile, des Colombiens s’opposent fermement au gouvernement corrompu et aux cartels de drogue tout-puissants. La réponse de ces derniers est glaçante : des villages entiers sont décimés.Au cours de ses recherches, Salcedo réalise que ces meurtres violents visent bien souvent des femmes, presque toujours défigurées par leurs ravisseurs.Leurs chaussures sont parfois le seul moyen d'identifier les corps.
Par paires, dépareillées, ou orphelines, ces chaussures témoignent avec force de ces crimes.Salcedo a choisi de présenter des chaussures typiquement féminines, pour bien rappeler au public que les femmes n'ont pas été épargnées par le conflit.
Doris Salcedo, plasticienne, née en 1958 à Bogota, en Colombie
L'artiste transforme les objets pour qu'ils passent de l'utilitaire au symbolique. Elle ne se montre que très peu et n'aime pas s'afficher.
“J’aimerais m’effacer”, a-t-elle expliqué lors d’une conférence donnée le 6 novembre 2006 au Musée national de Colombie. “ Cela ne m’intéresse pas d’être une figure médiatique. Je ne raconte pas mon expérience personnelle ; ce qui m’arrive à moi est dénué d’intérêt.”
Article : ARTIPS, Chaussures à conviction
Bonjour les Brins,
En attendant que l'ordinateur ait retrouvé tout son allant (surtout tous ses logiciels) je vous propose un petit retour en arrière, un moment fort, les explications ici (sur mon blog car je ne retrouve pas sur l'Herbier la proposition de la page et les explications, désolée).
Si cela vous tente, vous pouvez écrire de nouveau et, peut-être par la suite, relire vos textes ici :
Envoyez moi désormais vos textes dans le corps du mail
à l'adresse de l'Herbier.