Translate

dimanche 13 février 2022

La page 193 L'escalier

 

 

photo Marine

 

Qui, que, quoi...


Il y a toujours un quelque part
Qui vous amène à découvrir,
Une route, un sentier,
Un escalier en pierre
Pris dans le lierre et la végétation...

Vers quel temple
Quel dieu
Quel manoir en ruines
Quels restes de civilisation...

Quel il était une fois
Quelle sorcière
Quelle demeure de conte de fées...

Lieu mystérieux
céder à la curiosité
En avant marche


jill bill

 

 





 

Le vieil escalier 


Que d’escaliers croisés dans ma vie. De toutes sortes. Petits, de deux ou trois marches. D’autres, immenses et très larges, dans des châteaux ou des théâtres. En colimaçons étroits et raides  tels ceux  des phares. Et puis parfois il en est un qui a le don de m’intriguer au plus haut point.

 
Entre terre et ciel-
Au pied du vieil escalier
Mon ombre, hardie

 
Un escalier de pierres envahi par mousses, feuilles et aiguilles de pins. Dont la moindre interstice a été colmatée au fil des vents et pluies orageuses. Il est si raide, si formidable. Une vraie falaise !

 
Soleil brûlant-
Une marche après l’autre
Mes questions plus encore 


 
J’y vais? j’y vais pas? Allez! Je me lance.  Lentement j’ascensionne cet Everest.  De chaque côté, du lierre a déjà escaladé nullement rebuté par le défi. Devant moi un beau lézard des murailles me sert de guide.

 
Évaluation-
Mes mollets sont au supplice
Mon cœur, lui, joyeux

 
Quand soudain, tout là-haut, éclate un aboiement féroce.  Ni une, ni deux,  je dévale en quatrième vitesse la volée de marches si péniblement avalée.  Le château des contes du jeudi? Un jardin extraordinaire? Je ne saurais jamais où mène ce chemin  vertical.

 
Objectif à terre-
Mais rien n’empêche le rêve
De continuer


Martine

 

 

 





 « Descendez l’escalier que je vous voie Juliette… »
Mais Juliette ne redescendra plus.
Elle est montée, jadis, marche après marche, jusqu’à la cour du château, puis jusqu’à la tour du donjon… N’ayant pas de sœur Anne, elle est montée, elle-même, scruter l’horizon…

« Descendez l’escalier que je vous voie Juliette, descendez l’escalier que je vous voie. »

- Arrête de t’égosiller, Roméo, Juliette ne descendra pas… 
Personne ne sait ce qu’elle a vu de là-haut. Tout le monde ignore ce qu’elle a découvert dans la tour. Le mystère est entier, les troubadours en ont fait une légende. 
La légende dit que Juliette, une nuit sans lune, a rejoint son petit coin de paradis. Elle y vit sereine, bien loin du chevalier qui l’emprisonnait d’un amour étouffant… Et que, malgré tout, chaque jour, son Roméo revient supplier au pied de l’escalier :

« Descendez l’escalier que je vous voie Juliette. Descendez l’escalier que je vous voie. Descendez l’escalier que je voie votre tête…* »



ABC
   



                                        * 









Oppède le vieux

Combien de marches à monter, de chemin escarpé à grimper se dit-elle, ce n'est pas si facile, il fait encore chaud, mais je veux y aller, je veux tout voir, admirer cette merveille du Luberon .
Le comte de Toulouse y édifia son château du XIIIème siècle, une forteresse,  en ruines à présent qui domine le Vaucluse avec son église Notre Dame d'Alidon.

 
Les pierres disjointes
s'élèvent dans la colline
nimbée de soleil

 
Oppède le Vieux boit les rayons
d'un soleil inaltérable

Au cœur des Alpilles, la cité médiévale était à découvrir, autrement qu'en lectures, je l'avais rêvé ce superbe village où Consuelo de Saint-Exupéry originaire du Salvador, s'y réfugia pendant la guerre, en 1942, avec d'autres artistes résistants, elle fréquentait à Paris les peintres de l'époque, À son retour en France Antoine  l'y rejoignit .


Perchée sur son piton
une cité en ruine
fière et imposante

 
Consuelo la découvrit
et s'en émerveilla

Elle fut si éblouie qu'elle promit à son mari Antoine de Saint Exupéry d'écrire un livre, ce qu'elle fit et Antoine de Saint-Exupéry a écrit la Préface. Je l'ai lu il y a très longtemps, d'où mon envie de découvrir ce lieu magnifique.


Ici il a aimé
Il vint le grand pilote
père du Petit prince


Marine Dussarrat


Chez Gallimard, Oppède de Consuelo de Saint-Exupéry  

 De Cesaria Evora Petit pays








De la terre au ciel

Les pierres du silence au passé tumultueux ont résisté au temps.L'histoire,
leur histoire les a pétrifiées là, au hasard d'une tour ou d'un chemin de ronde.
Oubliant les galops, les cris des assaillants, pierre à pierre, les siècles ont modelé leurs cicatrices.

Du marteau au burin
tant de mains asservies
taillaient scellaient bâtissaient

Sur les murs d'aujourd'hui où le vent mugit et court, le lierre tisse sa toile inexorable, effaçant l'empreinte d'un relief, les cendres d'une sanglante tragédie.
Seuls le ciel et la terre, témoins muets du temps ont assisté à la décadence de ces orgueilleuses forteresses.


Du donjon, la plaine à perte de vue
son calme apparent
ses sillons de poussière et d'oubli

C'est un lieu où les maux disparus ne laissent qu'une fascination pour ces
vestiges dressés vers le ciel, quelques frissons à la pensée de ceux qui y vécurent, tandis que se mêlent parfois au vent marin, douceur de l'amour courtois, chansons et poèmes des troubadours.


Balaline
10 février 2022 

 

 

 

 



L'escalier

Il fallait grimper longtemps parmi les éboulis et les ajoncs. Il lui faisait enfin l'honneur jamais partagé de l'initier à ses territoires secrets.


Les jambes griffées,
essoufflée de tant d'efforts,
ses lèvres tremblaient.


Elle était aussi malingre qu'il était robuste, son teint aussi pâle qu'il était buriné par la vie au grand air. Il leur avait fallu du temps pour s'apprivoiser.


Deux gosses singuliers,
elle de la ville lui des landes,
rencontre improbable.


Le médecin de famille les avait envoyés là, impuissant de la voir s'étioler au désespoir de ses parents. Un lointain cousin n'en finissait pas de ne pas revenir de ses courses lointaines au delà des mers et il avait convaincu son épouse, qui n'avait plus le sou, de leur louer le pavillon des gardiens en espèces sonnantes et trébuchantes.


La vieille gouvernante,
le régisseur jardinier
avaient dû partir.


Les nouveaux venus dans son domaine avaient été des intrus pour le petit garçon solitaire. La mère faisait la cuisine et leur faisaient la leçon. La gamin découvrait le français en apprenant à déchiffrer les lettres et les mots. La fillette écrivait déjà des poèmes. Le père s'était proposé pour des travaux d'entretien.


Au fil des semaines
le jardin reprenait vie
jusqu'à l'abondance.


Au pied de l'escalier il lui avait fallu de longues minutes pour reprendre son souffle. Pierrick l'avait patiemment attendue sans avoir remarqué les marches démoussées et rejointoyées.  Il restait quelques marches à gravir avant de découvrir, toujours recommencé, le spectacle dont il ne se lassait jamais. En haut de l'ancienne forteresse, s'offrirait au regard ébloui


la mer lisse et calme,
des colonies de pétrels,
toute son île intime.

De son sac en bandoulière
Louise lui tendit des jumelles.


©Jeanne Fadosi, vendredi 11 février 2022
Fadosi continue






 

Ah ! si les escaliers pouvaient parler ! Ils auraient à en raconter et nous aussi ! Monter ou descendre des escaliers de pierre ne laisse personne indifférents.

Des dalles pierreuses
le paradis ou l'enfer ?
Dédale s'y perdrait

je ne reste pas de marbre
devant l'escalier de pierre

Les escaliers de pierre sont un lieu de mémoire. Fouler leurs marches est inscrire un peu de soi-même, de son histoire.

En les gravissant
mes empreintes-souvenirs-
la fuite du temps

Une grande symbolique s'attache aux escaliers. L'escalier montant évoque l'ascension vers le ciel, et, sous-jacent, le rêve peut-être d'égaler les Dieux ou du moins, de parvenir à la connaissance des mystères divins.

Gravir l'escalier
une échelle pour l'Olympe-
le rêve d'Icare

Arrivé au sommet de l'escalier, une halte s'impose pour se remettre de ses émotions.

Monter les marches
une à une en soufflant- 
Aïe, mon genou !

Le panorama qui se dévoile sous nos yeux est souvent un pur émerveillement !

Au faîte des escaliers
"que la montagne est belle" ! -
saveur d'infini

et l'imprévu est peut-être au rendez-vous.

Arrivée au bout
D'un escalier escarpé-
le destin est là!

Peut-être le bonheur d'une rencontre !

Des empreintes d'or
l'escalier éclaboussé
de rires en cascades

L'Amour est au rendez-vous
pour un septième ciel!

L'ascension réussie, heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage.

L'homme accompli
ressent une grande ivresse-
celle des cimes

le bonheur pur de l'esprit
en symbiose avec le corps

Le 12/02/2022
Claudie Caratini

Pour Claudie, veuillez laisser un commentaire sur cette page.





 

En haut des marches


En haut il y a le soleil, c’est la logique du ciel, il semble que ce matin ce soit celle de l’escalier qui grimpe jusqu’à un mystère à découvrir.


les marches sont de pierre
invitation à monter
tout est si beau


Mais, patience ! Il est si bon de s’imaginer ce qui peut être, et que l’on ne voit pas. C’est comme une veille de fête, on se dit que ce sera merveilleux, tellement que le jour venu, c’est souvent la déception.


goûter le plaisir
de surseoir la découverte
merveilleux moment


J’entends les vieilles pierres murmurer : « Viens t’en, tu verras là-haut c’est encore plus beau, monte ! » Le pied sur la première marche j’hésite encore, et pourtant...


comme une folie
qui me prend et m’emporte
je me mets à courir

 
J’avale les marches deux à deux, je veux savoir, je dois savoir, il faut absolument que je sache ce qu’il y a là-haut, c’est impératif !


j’arrive au sommet
là, le soleil m’éblouit
je ne vois plus rien.


Adamante Donsimoni – 11 février 2022

 



 

lundi 7 février 2022

la page 193

 

 

Pour la page de lundi prochain (parution le dimanche 20 h 30)


photo Marine

 

Coucou les Brins de l'Herbier,

   J'espère que cette photo de Marine vous emmènera très loin en haïbun qui conjugue la prose poétique,  le haïku et le tanka, sans rime (même si parfois c'est tentant). 

   Mais bon, comme le dirait mon maître de Qi Gong quand on lui pose une question du style :   

"Peut-on faire ça ?"   

Il nous répond en riant :   

 "On est en France !" 

   Vous avez compris, on en fera pas une maladie car c'est parfois sacrément bien tourné !

   Merci pour toutes vos poésie de l'instant qui nous font voyager chaque  semaine avec tant de bonheur.

Pourriez-vous m'adresser vos texte sur le mail de l'Herbier le samedi -dernière limite 17 h- je n'ai pas toujours le temps de m'en occuper le dimanche. Je vous en remercie. 

Je vous rappelle de ne pas oublier de me noter vos liens à part de votre nom car cela ne passe pas toujours les différentes étapes de mise en page. 

   Je vous souhaite une excellente semaine, avec le sourire surtout, car il est ouverture de la porte du cœur. 

   Amicalement

   Adamante


dimanche 6 février 2022

La page 192

 

 

Photo Martine


Chez la mère Noëlle


 Modeste vitrine
Au bonheur des dames
Babioles diverses
A chacune de trouver sa bonne fortune
En fouillant du regard...

Poupée de chiffon, chérubin
P'tits bibelots de décoration ;
  Drelin drelin, on entre,
Hésite entre un chat, une grenouille
Un ourson, une boule à neige...


Bazar de campagne
loin du Printemps parisien
Chez la mère Noëlle


jill bill








Des poupées et des marionnettes


Des poupées et des marionnettes
Au fond d'un grenier oublié
Ces jouets rassemblés et qui ne servent plus
Où sont-ils ces enfants qui les ont tant aimés?


Des poupées et des marionnettes
Abandonnées dans un coin poussiéreux
Sur leur cœur tout transi ils enserrent très fort
Leurs si petites vies qui flanchent


Des poupées et des marionnettes
Avec pour chacun une histoire d'amour
Sur quel doux petit cœur ont-ils pu somnoler
 Rêvassant de magies et de contes de fées?


Marine Dussarrat
                                                                                 







Dans le placard de mamie se collectionnent tant de souvenirs réveillés par une lumière soudaine, comme un œil indiscret se posant sur les rives du passé…

Derrière la porte
des souvenirs endormis   
mamie en enfance

En gardien des lieux l’ours Corentin surveille son monde, l’oie Eugénie cache son humeur sous son chapeau de paille, tandis qu’en équilibre instable la poupée de chiffon attend depuis longtemps de pouvoir descendre de son perchoir…  

Vertige des ans
arrimé au passé d’une autre
son regard curieux

Mais chut ! La poupée de porcelaine dort encore, cela fait si longtemps qu’elle s’est assoupie sans qu’aucun prince charmant ne vienne l’embrasser. Ses dames de compagnie font le guet en fières gardiennes du cagibi. 



Toute une époque
quand sonnait l’heure de la dinette
sans poupée Barbie


Le chat observe, espérant en vain le passage d’une souris verte, où d’un oiseau empaillé…
Aucun son ne sort plus de la trompette de l’ange. L’horloge de ses confrères reste bloquée à midi ou à minuit, peu importe puisque chaque santon de la scène est figé en sa posture…



Étonnement
face aux sourires angéliques
d’une collection ailée



De plâtre, de peluche ou de porcelaine, les jouets attendent, patiemment, l’instant magique ou les jeux d’enfants pourraient renaître dans le film de la mémoire de celle qui les a posés là.

Porte entrebâillée
sur le plaisir de transmettre
époque révolue

Sans bruit, la fillette curieuse a ouvert le placard d’autrefois le parcourant du faisceau de sa lampe… Elle l’a refermé, et, secouant la tête d’un air entendu, a replongé dans son jeu vidéo…

 
À la mode de chez nous
la valse ludique
au gré des générations

ABC









Il était une fois

Il existe certains lieux, à certaines heures, où l'on se met à croire à la magie.
Dans la Cité*, une armada de touristes se presse, se bouscule. Partout règne un brouhaha bon enfant. Les gens sourient, s'exclament bruyamment face à une porte particulièrement ouvragée ou une maison à colombages merveilleusement restaurée. Et puis, la journée s'achève.

Au clair de la lune-
Plus personne dans les rues
Sauf un chat crâneur

Le calme retrouvé, la Cité semble reprendre sa respiration après tant de bruit, de pas claquant les pavés. Les volets sont refermés sur leurs secrets. Les boutiques  à frites, à souvenirs et autres babioles étiquetées moyen âge ont clos  à double tour  vantaux et grilles coulissantes. L’ambiance se travestit en quelque chose d’indicible. La maison hantée, le musée de l’inquisition, les histoires des tournois de chevalerie, le château comtal,  tout un caléidoscope d’invisibles tourbillonne au gré de la tramontane.

Une heure du mat’-
Au cœur de la ville haute
Fantômes en vadrouille

Mais… tout n’est pas occulté. Ici ou là, un magasin laisse sa vitrine éclairée. Il en est un au fond d’une ruelle sombre où se pressent une multitude de poupées, ours en peluche, figurines nées de contes et légendes, bibelots nacrés de fées et d’angelots…  C’est comme une fenêtre ouverte sur un autre monde.  On se prend à rêver.

Il était une fois l’heure
De déraisonner-
Abracadabra

* La Cité: il s'agit de la vieille cité de Carcassonne



Martine

 

 

 

 

 



Dans cette vieille malle

Poussière, silence de grenier
tant d'objets dorment là
à bout de souffle, à bout de vie
adulés puis bannis
dans cette vieille malle
ouverte à l'émotion
Les souvenirs bousculent
la fillette de six ans
qui serre sa poupée
comme un doudou sacré
réparant les chagrins
La jeune adolescente
y livre ses émois
en lettres parfumées
aux mots tachés de larmes
Poussières du silence, de quelques cicatrices
d'un passé dévoilé
où dorment les rivières d'un bonheur suspendu
qui resurgit soudain avec sa pointe au coeur

Dans cette vieille malle le temps s'est refermé 

Balaline

 

 

 

 

 

 


Au placard

 

Une poupée bien étonnée
a rejoint sur l'étagère
une précieuse à l'air blasé
une midinette coquette
un bon nounours bien léché
la fière cane de Jeanne
ses canetons polissons
et une minette de chiffons
à l'humeur toute chiffonnée.
Tout un petit peuple figé
aux gestes d'éternité.

Qu'ont-elles bien pu faire
pour déplaire au monde entier
sauvées de l'oubli,

exposées in extremis
tels des objets sans passé ?

©Jeanne Fadosi, samedi 5 février 2022
pour la page 192 de l'Herbier de poésies

Fadosi continue

 

 










                                        

 

 

 

 

 

 

Réminiscences d'enfance

 

Devant ce fatras de bibelots, poupées anciennes, ours en peluche, angelots, digne d'une brocante, je me remémore les poupées de mon enfance que je n'oublierai jamais, elles ont le parfum suranné, celui de l'insouciance.

De belles poupées
s'invitent dans mon enfance-
j'ai le
cœur grenadine.

Poupée de porcelaine, ours en peluche et poupon en celluloïd l'ont bercée et choyée avec tendresse. Je pose un regard attendri sur ces figures et plein d'amour.

Blotties dans ma mémoire
pelotonnées sur mon coeur-
mes poupées d'antan


Avec elles, j'ai traversé le carrousel de mon enfance, j'ai joué à la poupée avec la candeur qui s'attache à cet âge et projeté mes désirs d'amour sur elles avec émerveillement.

Poupée Bella
la bellissime m'a enchantée-
rêve de femme-femme

Elles m'ont encore attirée à l'adolescence, quand elles ont été incarnées en chanson par un jeune talent, France Gall.

Poupée de cire, de son
une chanson inoubliable-
mes quinze ans !

Les poupées ont ce charme de ne pas vouloir grandir et de rester à la hauteur de nos espérances. Je les garderai dans un recoin de mon cœur à jamais.

Poupées de porcelaine-
un pur bonheur éphémère
au charme désuet


Claudie Caratini -
le 06/02/2022

 

Pour laisser un commentaire à Claudie, c'est uniquement ici.


 

 


 

Le salon des aiguilles


La nuit, quand les portes du salon des aiguilles se sont fermées sur le public, quand la laine, sagement alignée sur les rayons des stands, dort, attendant le lendemain pour qu’une voix demande : « Je veux celle-ci » ; sur le stand des poupées de chiffon il en va tout autrement

la Mère l’Oie éructe :
 « j’ai failli être vendue
dieu que j’ai eu peur !

mais elle m’a trouvée trop laide
sale gamine insupportable ! »


La petite poupée paysanne, à ses côtés la rassure : « Tu es belle la Mère l’Oie, ne te décourage pas ! » C’est certain, la Mère l’Oie trouvera celui ou celle qu’elle espère pour partager sa vie, même si maintenant elle cache son chagrin derrière son mauvais caractère

envie de pleurer
son cœur est tout cabossé-
une fleur d’or


À la droite de la Mère l’Oie, deux pimbêches de porcelaine qui se prennent pour des ladies, les yeux au plafond, l’air hautain, soupirent avec mépris : « Le petit peuple se plaint toujours, alors la basse-cour ! » Elles ne supportent pas de se trouver au beau milieu de cette caverne d’Ali Baba, entre ces pauvresses de chiffon et ces horribles babioles en céramique.

avec l’intolérance
le regard se fait dur
et le cœur s’aigrit


Mais les poupées : Souris, Paysanne, Chat de chiffon, et même la Mère l’Oie dont la colère est retombée,  ces doudous tout mous, cousus avec soin pour dispenser des câlins qui font le bonheur des jeunes enfants, n’en n’ont cure. Ils connaissent la résilience, et rêvent déjà de ce bébé d’amour, fille ou garçon, qui les adoptera, demain peut-être, qui sait ? quand les portes du salon rouvriront. Il y a…

entre les bras d’un enfant  
tant de secrets à partager-
tendresse

les yeux des poupées-chiffon   
brillent du feu des étoiles.



Adamante Donsimoni - 31 janvier 2022 




dimanche 30 janvier 2022

Les branches de la P. 191

 

La voici, la voilà, et complète cette fois !

Si les chèvres grimpent aux arbres

j'ai bien cru le devenir samedi 😥 

Oups ! et Ouf !

 


Merci les Brins de vos magnifiques poèmes

-comme toujours-

et de vos photos

-j'en ai plein d'avance-

L'herbier est pour moi un vrai bonheur.

Encore merci !

 

Adamante

 

Photo ABC

 

Rideau d'arbres


Forêt nue, bois nu
Rideau d'arbres, trouée de bleu,
L'écureuil n'y danse plus
De branche en branche,
L'oiseau bavard s'est tu, nid vide...

Je cherche du regard
Un p'tit Chaperon rouge, mais, rien,
Voire un loup, une biche...

Barricade de troncs
retient l'hiver dans ses rangs
La ville manifeste


jill bill
 
 

 

 




Entrelacs forestier :

 
Les arbres entrelacés ont tiré leur rideau sur le secret des lieux.
Grand méchant loup, ogre, chaperon rouge ou autre petit poucet, les histoires jouent à cache-cache.

Cherchant celle qui dort
promenons-nous dans les bois
crainte et mystère

À cette heure ni hibou, ni coucou, pour accompagner la balade, juste le craquement de nos pas sur branches et feuilles mortes. Au loin, nous croyons percevoir le chant des nains partant au boulot…

Hêtres, chênes et bouleaux
s’accordent à quelques charmes
entrelacs boisés

Les histoires inscrites en nos mémoires se reflètent sur le tableau du jour. Les écorces se teintent au gré de la lumière. Admirant l’orée des bois, nous nous laissons séduire par ce chef d’œuvre naturel.

Sombres branchages
embrassant de claires ramures
masques de l’aube

Il suffirait d’un rien pour que contes et Dame Nature, en complices, s’unissent pour nous emporter dans de merveilleuses aventures.

Magie de l’instant
aux portes de l’imaginaire
il était une fois…

dans les murmures forestiers
s’ouvre le livre d’images

ABC

 

 





 

 

Matin gelé

Des nuances de gris dans la maille des arbres
L'aube rose apparaît en halo incertain
Dans l'enchevêtrement le ciel nous fait mille clins d’œil
Les chênes dénudés restent droit dans leurs  fûts
Tant d'hivers sont passés sur leur peau craquelée...


À l'horizon j'ai vu le milan qui planait
Sur la prairie au sol gelé deux chevaux gris
Dégustent les brins d'herbe que leur souffle réchauffe
Dans quelques heures royal Phebus aura fait son office
Et aura transformé le pays vivifié


Il existe des âmes qui cherchent la lumière
Qui tournent sur la vie espérant l’impossible
Et voudraient voir des signes dans les bosquets déserts

Marine Dussarrat - 27 janvier 2022

 

 

 
Johnny Clegg et Savuka - Asimbonanga (1988)






 

 

 

 

 

 

 

Balade en forêt 


En tâtonnant, Printemps,
Silence chlorophylle,
A taché de ciel bleu
Le sous-bois sec automne.

Anémones et violettes,
Hardies ballerines,
Frémissent du satin,
Éternuent leur pollen.
 
Un merle musicien,
Étincelles trilles,
Secoue coucou lointain
Au discours monotone.
 
Pin mât de misaine
Soutient branches wickiup,*
Imprégnés de fous-rires,
Jeux rusés d’apaches.
 
Nos pas roulent cailloux,
Bottent pommes de pins,
Se coulent dans l’enfance
En plumets de lichens.

* wickiup: abri primitif fait de branches et d’herbes construit par les Apaches et les Paiutes.

Martine


 

 

Seuls les arbres

 

Un silence ouaté, en gris, quelques touches de bleu dilué dans le ciel morne et bas où les corbeaux traînent leur lassitude. Plus bas la forêt dépouillée parait inhabitée, chants et pépiements envolés.
 
Seuls les arbres
serrés sur leurs mystères
semblent défier ce jour cafardeux.

 
Ces géants aux grands corps paisibles en apparence, vieux sages aux mille jours, traversent bien des tempêtes pour nous livrer demain les clés d'un autre monde.
 
Saurons-nous ouvrir les portes de l'espoir ?
 
Se blottir
au creux de cet essaim de vies
aux racines tentaculaires
aux vibrations inaudibles


Ce voyage communiquant
un appel résonnant au fin fond de notre être.


Sur les chênes, les pins où se lit encore la trace de nos ancêtres, de leurs gestes ancrés sur les écorces rugueuses, la vie a déposé sa force et ses faiblesses, cette majesté d'être, cette lutte quotidienne pour grandir, résister.

 
Seuls les arbres
unis contre l'adversité
compagnons des jours sans
offrent leur robustesse à nos fragilités.



Balaline

 

 

 

 

Le vent et les tempêtes, à défaut de la morsure d'un froid qui tardait, sont venus à bout de la toison des feuilles de l'année.

C'est l'heure indécise
entre le jour et la nuit
aube ou crépuscule.

Pendant quelques mois, la dentelle sombre des ramées nues va laisser derrière le bois se deviner le "pied du temps" comme il se disait il y a longtemps.

C'est l'heure où l'ancien
négligeant le baromètre
dit la pluie qui vient.

Blanc rosé dans la nacre grise du ciel, demain sera dans la brume et le givre. Quelques oiseaux frileux saluent le vieillard silencieux dans sa promenade solitaire.

Le soir est trompeur.
Quel sera le temps demain ?
Le doute s'insinue ...

Doucement s'en vient le soir,
griffes noires, ciel de velours.

©Jeanne Fadosi, samedi 29 janvier 2022

Fadosi continue







Tanka I


 Décembre en froidure-          
silence dans la ramure
aucun pépiement

ni même un écureuil
arbres en dormance




Tanka II


 Renaissance
dans l'entrelacs de leurs branches-
des éclats bleutés

le ciel dessille ses yeux
j'ai le blues du Printemps !

 

 

 Un haïku

 

Les rameaux nus étendus
quelques craquements sourds-
lamento de l'hiver



Claudie Caratini - le 30/01/2022





 

 

L’attente de la forêt


Ils se sont pris les branches dans l’automne les feuillus de la forêt. Plus une feuille pour échanger avec le vent

un secret de sève
une nouvelle du lointain-
reste le silence


Les feuilles désormais tapissent le sol et marquent chacun de mes pas de leur haleine froissée d’humidité

un parfum d’humus
s’élève du tapis sombre-
tout est nostalgie


Le vent se faufile entre les bras dénudés qui semblent implorer le ciel, et sa voix déchire la canopée de ses gémissements sifflants. Le costumier de l’hiver n’aime pas la couleur, il habille les sous-bois de gris et de marrons.

l’heure n’est plus aux chants
et l’espace rétrécit
invite au sommeil

Il se pourrait que demain, le blanc recouvre tout. Il me semble qu’ici tout aspire à cet intermède lumineux pour masquer un temps la tristesse, et accrocher du rêve des pieds à la cime des arbres, où une arche se dessine pour accueillir la magie. Je le pressens, le vent aussi espère la neige, il aime la faire danser

son souffle amoureux
sur la Belle immaculée
et tout s’illumine.


Adamante Donsimoni - 28 janvier 2022

LE CHANT DU SOUFFLE 


Arthur Rubinstein - Chopin Ballade No. 1 in G minor, Op. 23

 &

Nemanja Radulovic & Double Sens - Les Quatre Saisons - Hiver - A.Vivaldi