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mercredi 17 février 2021

Pour la P. 172 Innondation


Photo Nathalie Manaud - devant la maison

Une autre photo de Nathalie pour une page précédente

Proposition pour la page du lundi 22 février 2021


Textes à adresser jusqu'à samedi 20 midi. 

Merci et à très bientôt




Petit rappel de la forme du haïbun :


Le haïbun commence toujours par une partie en prose, et se termine par un haïku. Il peut y avoir une seule partie prose et un seul haïku, mais  la forme peut se répéter plusieurs fois.




Exemple -avec faux texte- :


Il était une fois, si vous souhaitez travailler du bois d’une super qualité et respectueux de l’environnement alors vous trouverez votre bonheur. En plus les prix sont très intéressants. Exemple comme précédemment avec la planche de sapin. Si vous souhaitez travailler votre bonheur.


un deux trois quatre cinq

un deux trois quatre cinq six sept

un deux trois quatre cinq




mercredi 10 février 2021

P.171 seconde partie

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Le marchand d'art mécène orphelin du Père d'Ubu avait-il mission de remercier le peintre qui l'avait hébergé en sa jeunesse ? A-t-il passé commande ou l'a-t-il acheté par bonté d'âme et flair de découvreur en ce début de 1910 ?


Au jardin des plantes

les ours ont les pattes dans l'eau

Les badauds accourent.


L'homme de l'art aux galeries a-t-il commandé cette femme alanguie sur un divan ? Un grand classique. L'homme de l'art aux pinceaux rêve à son amie qui rêve. Il est triste pour les trésors du Muséum d'histoire naturelle, son lieu d'exotisme. Tous n'ont pas pu être déménagés. Ses pinceaux l'emmènent dans le voyage de Madame Rêve. Lequel du poème ou du tableau a-t-il été conçu en premier ?


Un serpent furtif

dans une jungle apaisée,

des yeux étonnés


Loin de la foule et des barques que la crue du fleuve affole et attire, le peintre peaufine son grand œuvre, ignorant que c'est peut-être sa dernière, dans la douceur d'un paradis qui aurait été retrouvé ou n'aurait jamais été perdu.


Dans la ville grise

les bas quartiers inondés

créent du désespoir.


©Jeanne Fadosi, lundi 8 février 2021

 






 

 

Plongée dans les bras de Morphée, j'avance sur un sentier touffu et luxuriant, guidée par l'odeur de l'humus, la nature vierge me chatouille les narines, une profusion de fruits tropicaux me tend les bras, un gazouillis d'oiseaux se mêle aux sons harmonieux d'une flûte..


Eden perdu ou

savane accueuillante-

la pulpe d'un rêve


Pourtant, deux lions au regard ténébreux me scrutent dans un lascis de feuilles... entre vert tendre et vert olive, le Vert chavire mon coeur débordant d'espoir. Ces animaux sauvages éclairent mon chemin, je hâte le pas en quête d'un bonheur, peut-être illusoire mais bien palpable.


La voie de l'espoir

un camaieu de vert-

comme un... vertige


Je m'imagine, Tarzane, sautant de liane en liane... sur ces arbres si tortueux mais si plein de charme... Je vois Baloo, l'ours bon vivant, il me semble entendre KAA, le serpent hypnoptiseur, la faune et la flore sont un enchantement, où palpite la vie sauvage. Dame Nature me ravit sous ses rayons de miel et de soleil


le Livre de la Jungle

il en faut peu pour être heureux-

un plaisir primitif 


Et enfin, le susurrement d'une source m'invite en bas d'une cascade... L'eau frémit, je fais une halte régénérante dans un chaos bouillonnant. Je me revois si bien, emportée dans un bain de boue et glissant dans une piscine.... mon désir de cure envahit mon corps d'une douce torpeur.


Mais, soudain, frétille un poisson volant. Mon rêve me réveille, je suis nue, telle sirène!


Et, si c'était la vision d'un jardin des Plantes ? Peu importe, j'ai savouré mon rêve avec délectation.


Le bonheur existe

un rêve qui donne la pêche-

encore faut-il le saisir!


Claudie Caratini







 

Un goût de liberté


L'été nous a ouvert ses portes, nous avons filé sous le soleil brûlant. 

Un jardin luxuriant aux herbes gigantesques, fougères exubérantes, sentes moussues, cachettes exiguës, le paradis de nos jeudis audacieux où l'on venait s' aventurer, se faire peur et s' inventer un tout autre univers


Rires et frissons sur fond de toile verte

Notre écran géant au goût de liberté

de bataillons d'insectes, de criquets affamés

de serpents fluorescents et de chats tigrés aux feulements féroces


Ce rendez-vous des heures sauvageonnes où sonnait la rencontre pour une après - midi de courses et de chasse avec sa panoplie : frondes, fusils de bois, arcs, flèches et rêves à pleines gibeciéres. 


Ah ces instants - bonbons dégoulinant sur nos épaules brunies! 

Senteurs d'herbes foulées, de mûres écrabouillées, nous nagions dans un bonheur immense, nous découvrions la terre, ils étaient nos héros. On les adorait nos copains aux bras et jambes griffés, eux qui nous sacraient reines. 


Regards déterminés et courage infaillible

Ils allaient vaincre, nous sauver

nous les princesses du jour

cauchemardant les nuits


Balaline



LE COIN DES RETARDATAIRES


Détente…


Certains n'ont jamais aimé l'école, surtout quand on y allait le samedi matin. 

Dans ma classe, nous étions plutôt sages comme des images et studieuses par crainte des parents, par respect de l’enseignante ou peut-être aussi par souci d’émancipation à venir. 

Le samedi était ma matinée préférée. On commençait par une interrogation sur le cahier de contrôles. Cela ne durait pas longtemps ; il en fallait peu à madame Artys pour déceler nos lacunes. Une dictée de quelques lignes, une phrase à décomposer, quatre opérations et un mini problème ! Le tour était joué ! La matinée de détente s’offrait à nous …

Ce qui était génial c’est que madame Artys aimait nous faire des surprises.

Parfois elle mettait un chapeau melon à l’envers sur son bureau, rempli d’étiquettes ; chaque élève venait piocher un mot, l’écrivait au tableau et à nous l’imagination ! Nous avions quartier libre pour écrire un texte, dessiner ou miner à partir de mots que nous choisissions ! « Pas plus de cinq », disait-elle. « C’est comme les doigts de la main ! »

 Quel bons fou-rire ensuite à la lecture de nos récits ou à la contemplation des œuvres d’art !

 D’autres fois, c’était les exposés qu’elle nous proposait de faire sur notre thème préféré : les animaux. 

  Je me souviens de Fabienne, grande rêveuse qui imaginait des expéditions dans de grands espaces et qui trouvait toujours des choses à nous apprendre ; elle avait vraiment cherché dans les encyclopédies celle-là pour être si précise sur les espèces !

Corinne, passionnée de mammifères marins, nous en avait appris un rayon sur toutes leurs différences.

 Et Sylvie, camarade très discrète et polie, connaissait tous les noms d’oiseaux de la planète ainsi que leurs chants. On ne moquait d’elle en la nommant « Miss Volaille »

Mais, je m’égare dans tous ces bons souvenirs alors, revenons à ma surprise préférée : 

Certains samedis, une affiche ou reproduction d’art était aimantée au tableau, cachée par des morceaux de Canson de différentes couleurs.

On ôtait une à une les feuilles et apparaissait une belle toile de maître que l’on pouvait reproduite en peinture ou aux crayons de couleurs.

Quand nous avions fini notre dessin, madame Artys devenait alors conteuse. Moi, je fermais les yeux et nous buvions ces paroles :

 « Les lionnes, étonnées de ne plus rien entendre, s’étaient arrêtées dans la jungle. Elles tournaient la tête, à droite puis à gauche. Il en fallait de la patience à ces mères voraces pour attendre les proies qui nourriraient leurs lionceaux. Mais, elles le savaient, les gazelles ne tombent pas du ciel ! 

Ce matin-là, aucune proie à l’horizon, mais une odeur, une odeur particulière et inconnue. La truffe de la vielle lionne humait lentement de grandes bouffées d’air en inspirant un parfum délicieux ; ce n’était pas du numéro 5 non, ni même une eau de Cologne, c’était l’odeur d’une douce chair fraîche, le parfum délicat d’un bébé.

 Une amie de la lionne, cette Baguera légendaire qui habitait un autre continent, et dont tout le monde avait entendu parler dans la contrée avait déjà expliqué que parfois, les jeunes humains étaient abandonnés en forêt ; mais jusqu’à présent, aucune des deux lionnes n’avait fait cette surprenante rencontre… »

Elle en connaissait un rayon en œuvres d’art, madame Artys ! A croire qu’elle avait travaillé dans un musée avant d’être institutrice. Certains parents disaient même qu’elle était « peintre du dimanche » à cause de ses mains très souvent colorées le lundi matin. Je n’ai jamais osé lui demander si c’était vrai.

 Une chose était certaine, c’est que la voix de la maîtresse me berçait, me transportait, m’enchantait ; elle nous faisait voyager dans des contrées lointaines, elle décrivait les moindres détails, donnait le nom de plantes extraordinaires et tout semblait devenir réel, vivant.

Quel merveilleux rêve !

Pour nous qui n’avions jamais quitté notre quartier, quelle aubaine c’était !


Annick SB     février 2021


https://prose-poetique-avec-dix-mots.blogspot.fr


https://annicksbmesprieres.blogspot.fr



 

La première partie de la page 171



 

lundi 8 février 2021

Page 171 - Première partie

 


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Sur tes pas ( du Douanier Rousseau)


   Fatiguée, desséchée après avoir tourné en rond pendant des heures, errante, me voici perdue. le plan indiquant la petite chapelle peinte dans le style du Douanier Rousseau semble être une belle farce. Quelle nigaude! Ah! On ne m'y reprendra plus à gober les histoires du père Chappelut.

    Au début, la promenade fût agréable. L'allée cavalière était facile à suivre. Mais, insensiblement, son dessin s'estompe parmi les herbes et branches mortes. La voie royale mue en parcours d'obstacles. De vagues sentes tracées par les animaux m’entrainent Dieu sait où. Bientôt, à l'évidence, me voici égarée.

 Lorsque enfin, au fond de cette forêt, entre deux arbres noirs, là: une trouée lumineuse! Courbatue, griffée, le souffle un peu court, je hâte le pas vers cet oasis éblouissant.

 Cette clairière gazonnée abrite en son coeur un ravissant étang. Dissipée ma torpeur! Oubliée la chaleur! J'arrache mes vêtements et pénètre dans cette paix liquide. Dérobée, à l'abri du monde et de sa vaine agitation, quel délice que de se laisser flotter à la surface des choses. Hésitants et confus, grenouilles et têtards frôlent ma nudité.


Caresses et nageoires

Tapi au fond

L'inconnu


Retour aux sources, je me coule hors de mon enveloppe civilisée; redeviens primitive. Dérangée par ma nage, la vie s'approche, me frôle sans façon. De légers frissons courent sur mes cuisses. Le monde des poissons palpe la sauvage. Barbotant doucement je goûte ce délicieux supplice.


Fougères et roseaux

Paravent d'ombre mouvante

Fugue en tapinois


Immobile, me faisant discrète, j'écoute battre le coeur de Gaïa. Magie d'un autre temps, la jungle minuscule m'enveloppe d'oubli, de douceur. Cette sérénité émeraude possède un charme puissant irrésistible. 


Conciliabules

Libellules et moucherons

Mon âme en fête 


Martine Madelaine-Richard








Les yeux écarquillés, ils surveillent. Après l’au revoir, vont-ils vraiment le perdre ? Se souviendra-t-il d’eux ? Ils l’ignorent et regardent médusés. Dans leur cachette luxuriante, ils sont tapis comme à l’affut.


Un pas après l’autre

le petit d’homme s’éloigne

la jungle est figée


C’est dans ce décor de rêve qu’il a grandi, qu’ils l’ont élevé. A la porte du village, il ne se retourne pas. Surpris par sa première rencontre le voilà subjugué. L’appel de son monde semble le happer. Ils ne peuvent se résigner à partir.


Comme statufiés

dans leur cadre de verdure -

Mowgli tourne la page


L’aventure fut si belle. Ils l’ont porté à cœur de bête, le poussant à être lui-même à cœur d’humanité. L’enfant deviendra homme sans jamais oublier celles et ceux qui l’ont bercé.


D’un monde à l’autre

entre rêve et réalité

la vie en partage


ABC







Le lion



Bat le tam-tam

Cogne la vie

Frappe le djembé

Siffle l'oiseau huppé

Le rêve se cache bien

Au fin fond de la jungle

Le lion attend

Le lion veille

Sa femelle le suit

Il a choisi sa proie

Sous les hautes herbes

A l'affût

Bat le tam-tam

Fulmine son regard

Frappe le djembé

Bat le tam-tam

Le lion veille



@ marine Dussarrat

   


Écouter Traoré Boubacar - Hona










Visite au musée


Son regard léger

leurs yeux étonnés , ravis

un rêve éveillé?


Les garçons pouffent, étouffent leurs rires dans leurs mains, se poussent du coude. Les filles rosissent et regardent le bout de leurs chaussures. Le professeur est atterré. Il n'avait d'autre ambition que de leur faire découvrir l'harmonie des couleurs, la singularité de l'oeuvre, et sa constance. Ebloui par la poésie de l'artiste, il en a oublié l'aspect faussement facétieux.


Fleurs mystérieuses

une épopée rythmée

fruits défendus.


Ci-dessous, un poème du Douanier Rousseau


Yadwigha dans un rêve

S'étant endormie doucement

Entendait les sons d'une musette

Dont jouait un charmeur bien pensant.

 

Annette 

On peut trouver cette participation sur ma page FB 







 

Quelques pas furtifs dans les hautes herbes



   Quelques pas furtifs dans les hautes herbes. Tous mes sens aux aguets, je voyage sur une musique couleur terre. Je perçois les effluves de liberté de ce monde sauvage qui s’offre à moi. L’attrait de l’inconnu me pousse à vaincre mes craintes, je décide de continuer dans cet imbroglio où les chemins se perdent afin sans doute de mieux me retrouver… Acte ultime peut-être, je plonge dans ma racine primaire


que se cache-t-il

dans cette sombre forêt ?

qui peuple la nuit ?


un sommeil, enfui trop loin

quelques soupirs de rosée



 J’avance à la découverte dans ce tableau surgi du monde intérieur qu’un autre a offert à la contemplation. Je ne risque rien d’autre que ma vie à me fondre dans cette profusion de formes aussi étranges que mon aventure. Se perdre à sa dimension personnelle c’est se retrouver dans la palpitation universelle qui sans cesse nous appelle. J’arrive !

 


un feulement doux 

deux grands yeux phosphorescents 

le cœur qui s’emballe


ne pas céder à la peur-

              j’arrive, oui j’arrive.



Adamante Donsimoni

 

Rendez-vous mercredi pour les prochaines participations sur la P. 171


 





samedi 6 février 2021

Pour la P. 171 Le Rêve

 

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Le douanier Rousseau  né le 21 mai 1844 à Laval

Décédé le 2 septembre 1910, à Paris 



Le rêve, une de ses œuvres les plus emblématiques, est le dernier tableau peint par l’artiste. On y voit une femme assise sur un canapé au milieu d’une jungle luxuriante : la vie réelle est ainsi mélangée avec des éléments plus oniriques. Un tableau qui a inspiré des artistes comme Paul Delvaux ou Max Ernst pour son Jardin peuplé de chimères


Une petite visite de l'expo au Musée d'Orsay


 Pour lundi, si cela n'est trop court pour vous. 

Si vous ne pouvez pour lundi je publierai une seconde page dans la semaine. Bon week end.

dimanche 31 janvier 2021

Page 170 L'Arbre creusois

 

L'arbre creusois - adamante -


Le vieux pommier n'en pouvait plus de tant d'années à le chahuter. La grande sécheresse de 1976 avait failli le voir périr prématurément et il s'était dit qu'il avait déjà bien vécu. Ses puissantes racines avaient puisé dans la source profonde dont la sortie s'est tarie cette année-là.


Chantent les oiseaux

au vent léger des ramées

quand la fraîche venait.


On l'avait greffé avec amour et savoir-faire aux premières années de l'autre siècle. Dans le mince espoir d'y voir revenir l'enfant né hors convenance de l'enfant chassée pour déshonneur. Une enfant conçue sans violence ni surprise, juste par escroquerie aux sentiments d'un fils de patron à la soubrette.


Les parents taiseux

n'avaient jamais su lui dire

combien ils l'aimaient.


C'était sa manière au grand-père de dire de loin à cette fille jadis maudite et à sa petite fille combien elles leur manquaient. Sculpter l'arbre en renforçant et en étirant à l'horizontale une des maîtresses branches.


deux solides cordes pour l'attache

Une planche rabotée

Juste le vent à balancer.


Le temps, la distance, le tempérament fier n'avaient pas permis les retrouvailles mais la maison et son lopin était revenus à ces enfants. Et la balançoire, si elle a bercé la jeune femme devenu adulte, a surtout fait le bonheur des générations suivantes.


La vieille branche grinçait

les jeunes riaient et dansaient

aux doux jours d'été.


Par précaution il avait fallu la soutenir. Les compotes étaient toujours aussi délicieuses. Dis, Mémé Louise, ça vit longtemps un pommier ? Est-ce qu'elle souffre la branche quand elle grince ? Mémé Louise souriait. Viens. Nous allons aider ta marraine à éplucher les pommes pour faire une compote.


Longtemps le vieil arbre

traversera d'autres âges

et bien des orages.


La béquille est devenue un solide échalas. La planche et les cordes usées n'ont pas été remplacées. Un temps la maison a vécu des étés au rythme des vieilles et douces personnes qui l'avaient rachetée. Non loin la route a été élargie pour drainer la circulation vers l'autoroute en construction. La vieille dame n'est plus. Le vieux monsieur a revendu la maison. Le jardin a connu trop de tempêtes et de chaleurs et ses fruits ne régalent plus ni petits enfants ni de vieilles personnes.


Les bruits des moteurs

parviennent jusqu'à l'arbre las.

Que sent-il des mondes ?


©Jeanne Fadosi, samedi 30 janvier 2021


 








Au royaume des arbres chaque pousse a sa place à défendre, du sol au ciel, un véritable parcours du combattant.


Quelques torsions

pour rejoindre le soleil

l’arbre se sculpte


L’un droit comme un i grandit plus vite que l’autre. Le tronc du voisin, en contorsionniste, grignote sa part des rayons du soleil. L’arbre sculpte sa silhouette. L’astre du jour brille pour tous.


Courbes et révérences

leurs ramures s’entremêlent

en cousinage


Le plus fort n’est pas toujours celui que l’on pense, l’un est le chêne l’autre le roseau.  Les deux tentent de sauver leur place, en jouant des coudes, dans la hiérarchie naturelle. 


Bossu, tordu

sa vaillance le rehausse

sans lierre sur son tronc


Différent et beau par sa force de caractère. Sa simple volonté de trouer son passage l’ennoblit. Il s’incline, se redresse, pour chaque année offrir sa tendre verdure au ciel printanier. 


Toutes jeunes pousses

ne gagnent pas le gros lot

hasard et chance


d’une nature impitoyable

la faiblesse tue


ABC








P'tit Chêne



Il est un lieu, loin, très loin, où pousse une petite forêt. Parler de forêt est peut-être excessif  car les gens du coin la nomment « Le bois sans nom ». Pour y parvenir il faut traverser prairies, ruisseaux et marécages; des ronciers imposants; une mêlée inextricable d’herbes hautes et d’arbustes exubérants.


D’hiver à l’automne

Sur la carte routière

Une tache verte


Cette sylve, si difficile d’accès, est préservée des hommes et de leurs cognées; des voitures 4X4 et du hurlement des motos tout terrain.


L’ombre des arbres

Leur noirceur si effrayante

Chape de silence


Mais, ce n’est qu’une apparence, un leurre de Gaïa. Car, derrière ce rideau inquiétant, tout un monde saute, court ou rampe. Le lapin d’Alice secoue  sa montre gousset  en se lamentant bruyamment: « En retard ! Je suis en retard ! ». Alice aussi est en retard… d’une histoire. Deux gros escargots unissent leurs destins tandis que le concert des grillons couvre leurs ébats. Bambi parle à une pervenche au bleu irréel. Et l’ours Baloo  compose une berceuse pour Mowgli. C’est un autre monde où le merveilleux règne en maître. Où les arbres ont le don de parole. Tenez, justement, j’en vois un qui se penche pour mieux écouter la chanson de la vie.


Harmonie dorée-

La ronde des champignons

Celle des mouches

 

P’tit Chêne à la voix flûtée

Se joint au merle siffleur

 

Martine Madelaine-Richard





 





Dieu qu’il fait chaud.  Le soleil inonde la prairie.  L’herbe roussit. Il en tremble encore d’effroi


                                  Devant son seigneur

                               Il en tombe à la renverse

                                 Pas moi, non pas. Non.  


Mais l’autre impassible monte droit dans ses bottes, impassible dans l’enchevêtrement de tous ses bras, à droite, à gauche


                                  C’est comme un combat

                                  Silencieux  et  tout en vert

                                    Le plus fort vaincra.


Et sous cette chaleur écrasante, chacun puise en terre la force de tenir bon.


Françoise  - 29 janvier 2021.

                               



Il chante, l'arbre creusois




L'Eléphant Man

Le bancroche du p'tit bois

Pour un Caruso se prend

Vocalise tel un oiseau...


DO creusé en mode chant
RE cital oblige
MI se en scène, hors planches...
FA ble ! Me dira le bête incrédule
SOL ennel il est
LA au p'tit bois,
SI tu doutes de mes mots
DO
 ute de dame nature, aussi,


Dommage, pour ton âme d'enfant...



L'arbre mélomane

déformé dans ses dix formes

n'en veut pas aux vents



Vents qui l'ont façonné ainsi

Lui le plus faible,

Lui, le survivant, pourtant,

La fratrie, solide, a connu la hache...


Il remercie le ciel tout compte fait

De l'avoir fait chétif, malléable

Par le souffle des bises,

L'indifférence du bûcheron

Comme une grâce...



Do, ré, mi, fa, sol, la, si, do

Docile face à son sort, il chante

L'arbre creusois cambré




jill bill





 

Une graine germa ...


Naître, grandir, lutter contre l'adversité, les vagues hivernales, les vents tempétueux, les étés assoiffés, le bras du bûcheron et l'approche des heures. 


Petite graine immature

Un jour risquer un oeil

Respirer la lumière

Ouvrir son coeur au monde


Tu seras un chêne mon fils, humble maillon des grands de la chênaie où vient bramer le cerf, roucouler la palombe, folatrer le chevreuil. 


Enroulé le destin

Sur un rameau fragile

Comme un anneau sacré


Être arbre enfin

sous les pluies de joies printanières, sous les pluies de pleurs automnales

Être arbre toujours

compagnon de silence et frère de nos vies


Balaline (en parcourant les Causses Quercynois)


 




 

Puissant sous les claques du vent

Au milieu de la forêt profonde

Sous l'arbre de vie

Le chant du poème

Ne suffira pas

Nous errerons

A la recherche du sens

Tournant en rond et nous perdant

Pour trouver la paix du cœur

Une réponse à nos questions


Quel monde aurons-nous, demain ?


Tout est bruit et silence

Qui assourdissent

La pierre reflète les saisons

Elle n'a pas de mélodie

Pas de frissons


Il faut attendre des mots légers

Comme des plumes détachées

A distance des mensonges


Marine







L'absence

 

Entre terre et ciel

sa branche courbée

file au loin


Je me suis assise, à l'ombre des genêts. J'ai repris un à un tes silences et tes mots.

J'ai questionné l'azur et le vent, qui m'ont dit de patienter.

Dans les branches enchevêtrées, un oiseau s'est perdu. Ses ailes affolées ont fait tomber des feuilles. Il piaillait, s'énervait, et soudain, il s'est envolé, libéré.


Azur apaisé,

la branche a craqué.

et toi, où es-tu?


Annette





Regardez, il danse ! 



Je l’ai croisé un jour d’été. Elfe ou Farfadet ? Il m’est apparu au travers du feuillage l’arbre en forme d’arc-en-ciel. En le voyant ainsi incliné, je me suis dit : il danse.


que salue-t-il donc

l’esprit discret du feuillage

le printemps qui vient ?


Tout s’efface et s’enfuit, les vieux arbres ne sont pas éternels. Les ans ont marqué son écorce comme les rides le visage


que raconte-t-il

l’esprit qui vit dans l’arbre ?

le rien, sans mot


Si le vent porte longtemps la voix des enchanteurs, un pincement discret, cicatrice d’un passé heureux si vite disparu, serre le cœur quand on les écoute. Nous avons tant de points communs


l’esprit de l’arbre

chante sa chanson muette

au vent qui passe


il s’incline doucement

la terre et le ciel scintillent.


Adamante Donsimoni