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jeudi 12 décembre 2019

La page 156 Rosa, les chevaux, un ministre

AjoRosa Bonheur, Le Marché aux chevaux, 1853, huile sur toile, 244 x 506 cm, The Metropolitan Museum of Art, New Yorkuter une légende

Rosa Bonheur



Le pinceau de Rosa c'est ça...
Ca, scène de la vie paysanne
Paysanne et paysan au champ
Et puis le boeuf, l'âne, ou le cheval
Obéissant comme enfant
A l'heure des récoltes sous le brûlant soleil... 

 Si peu d'ombre,
Chapeau noir pour lui
Bonnet de coton pour elle
Le pinceau de Rosa c'est ça,
Encore et encore...

A une femme artiste peintre
On lui commande ça et ça
Mais pas ça, le marché aux chevaux
Sa scène virile...

 Le duc de Morny lui rit au nez
A l'idée, seul un homme en est capable...
Non, pour l'Etat Français
La commande ça sera ça, la fenaison en Auvergne !

Soit, selon votre bon plaisir monsieur le Ministre
Mais... En parallèle
Son envie fait son chemin...

Une année lui sera nécessaire
Pour étudier ce marché musclé, fougueux...

Résultat, une toile immense et triomphale...
Que du bonheur pour Rosa Bonheur

Le duc de Morny se ravise, il la veut !
Il ne pourra que s'en mordre l'index,
Vendus sont les chevaux de ce marché...

Après la tombe son succès retombe,
La tendance ira au modernisme
 Autres génies, autres peintures...

Rosa Bonheur 1822-1899










Le cheval


Le cheval trépigne,
Fulmine.
Le souffle puissant
De ses naseaux
est celui de l’élan qui veut bondir.
Il frappe,
Frappe le sol.
Son sabot
Sonne l’heure du départ,
Son écho (en toi) se déverse.
Cavalier émérite,
Que retiens-tu ?
Ta monture,
Bride au cou,
Tes mains sont des poings !
Bride abattue,
Ta monture
Te réclame cavalier !
Le cheval trépigne,
Fulmine.
Son oeil ne connaît pas l’effroi,
Seul le froid fige.
Il rue devant,
Il rue derrière.
Croire en toi
Croire en quoi
Mais chevaucher Pégase !

Myriam Roux (sans blog)










Qui es-tu Rosa Bonheur ?


Le soleil lentement s'élevait au-dessus de la brume dans cette vallée de l'Epte que j'aimais parcourir. Du sol montait une vapeur nacrée et c'était magique. J'imaginais quelque peintre venu(e) en bottes avec son chevalet et son matériel au temps où des animaux paissaient tranquillement dans les prés. Ils étaient vides maintenant et les travaux s'y faisaient au tracteur, quelquefois même avec des outils à main. La vallée, par sa taille et sa configuration échappait encore au gigantisme des engins agricoles.

Bordée de peupliers
la rivière se devinait
en pointillés

J'aimais cet itinéraire lors des grandes transhumances sur la grand'route et il m'arrivait de la prendre juste pour la beauté du paysage. Plus loin, ce serait Giverny que Monet avait fait connaître dans le monde entier.  Les prés y étaient vides mais je les imaginais naguère avec des charrettes encore tirées par des boeufs ou les terres arables labourées, une araire tirée par quelque robuste cheval du Nivernais ou du Perche. Le paysage avait quelque chose d'irréel. J'étais une intruse motorisée dans un tableau de Jean-François Millet, Jean-Baptiste Corot ou encore François Daubigny ou Gustave Courbet.

Le cri d'un charretier
réminiscence ténue
au pays d'enfance

Un panneau indiqua "Collège Rosa Bonheur". Était-ce la première fois que je le voyais ? Un flot d'impressions m'avaient assailli ce jour-là ! Quel beau nom pour donner à des adolescents le goût du bonheur d'apprendre ! Un nom de femme ! Quelle belle idée !
Là, je n'étais pas tout à fait honnête. D'autres femmes avaient été mises au fronton de collèges et même de lycées de mon département avec la triple devise républicaine. Anna de Noailles, Camille Claudel, Eugénie Cotton, Irène Joliot-Curie, …

Qui es-tu Rosa Bonheur,
Inconnue d'mon p'tit Larousse ?

Une recherche sur Internet me transporta par le réalisme de sa peinture dans son univers animalier.
Je n'en sus pas plus alors. Sa vie de femme libre, sans scandaliser, sa notoriété l'acceptant ainsi. Je l'imaginais en vêtements d'homme allant au petit matin sur le terrain des foires et des marchés aux bestiaux, comme il se disait alors. Discrète et forte dans ce milieu d'hommes rudes.

C'était pure beauté
pur mouvement sur la toile
la vie suspendue.

    
Liens complémentaires : 
Inauguration du collège du Vexin Rosa Bonheur
http://vexin.over-blog.com/article-1992745.html










Une journée champêtre



Ce jour-là, le soleil s'en donnait à cœur joie.  Un Juillet, dans toute sa splendeur, dorait les nuques et les bras.  Le Jean de Marie la rousse avait décidé qu'il était temps de faucher les prés. L'herbe grasse était magnifique.  Le Jean avait hâte craignant l'arrivée d'un orage ruineux. Son genou gauche était un excellent baromètre. Aussi ses voisins, amis et parentelle avaient répondu présent à son besoin d'aide.

Sous un ciel d'émail-
Le parfum des foins coupés
Rires et râtelage

Bien que le ciel soit soyeux comme une museau d'agnelle tout le monde s'activait  avec ardeur.  Jeannette, la fille au Léon, rangeait des bottes  sur la charrette. Mine de rien, de là-haut, elle surveillait son promis un peu trop aimable à son goût avec sa cousine Gertrude.

La mouche du coche
Zonzonne autour des bœufs
Et d'un cœur jaloux

Inconscient du petit drame se jouant au dessus de lui, le Jean menait avec douceur et fermeté ses bêtes aussi rousses  que la Marie. Cet hiver, son troupeau aurait de la bonne herbe riche en fleurs de toutes sortes: sauge, salsifis, marguerite, trèfle, bleuets, nivéoles... et tant d'autres dont il ne connaissait pas le nom.

Au pas lent des bêtes
Pensées tournées vers l'hiver
Le paysan calcule

Ce jour-là, le soleil s'en donnait à cœur joie. Celui de  la Jeannette battait fort en surveillant son amoureux. Celui du Jean battait paisiblement, rassuré par cette journée placée sous les meilleures auspices.   Le Temps battait la mesure d'une journée pastorale...















Un monde d'homme


Un monde d’hommes
Ruades et gros bras
Sous un pinceau de femme
Nuances et précision
A la vente aux bestiaux
Un regard d’humanité

Oui Messieurs
Madame est capable
De vous croquer
D’un trait de plume

Applaudissez,
Plus qu’une œuvre, c’est un chef-d’œuvre !









Libres chevaux et femme entière


Et ils vont, fous ; ces chevaux,
Laissés à leur intérieure vitalité,
Forts et libres et puissants, beaux !
De leur nombre, emballés
De leur énergie, grisés !
Des maquignons et des marchands
De toute part et en tous sens, pressés,
Ils vont tous qui léger, qui pesant.
Et toi, Rosa, pleine et entière,
Et toi Rosa Bonheur, à travers eux, tu t’exprimes.
Aujourd’hui, comme tu le fus hier,
Être femme, devrait-il être un crime ?
  







Non ! Décidément non




Non
Décidément non
l’inspiration
n’est pas au rendez-vous
aujourd’hui.

J’admire beaucoup le talent de Rosa Bonheur qui rend formidablement présent son sujet. Mais c’est justement cette réalité qui neutralise mon émotion !
Non
Décidément nonMa muse n’est pas au rendez-vous
Aujourd’hui
Rosa Bonheur je vous admire. Parce que vous avez su tenir tête à des hommes imbus d’eux-mêmes qui qualifiaient votre peinture de,  je cite,  nerveuse -solide - pleine de franchise - une peinture d’homme quoi !

J’admire votre puissance, votre véracité, pour avoir su vivre libre et insoumise comme si vous étiez née pour incarner ce Bonheur patronyme, paisiblement - vos peintures bucoliques en attestent, comme ce beau Tableau de la Fenaison en Auvergne. Ou avec fougue - comme en parle le magnifique Marché aux Chevaux qu’il vous tenait à cœur de réaliser.
Vous avez vécu avec diplomatie puisque vous êtes toujours arrivée à vos fins. Jusqu’à cette légion d’honneur remise par une femme. Reconnue du clan des hommes, reconnue par celui des femmes. Merci Marie-Rosalie Bonheur d’avoir œuvré pour ma libération. De Femme.

Mais non,
décidément non,
Ma muse n’est pas au rendez-vous ce matin.
J’ai trop le nez dans le guidon,
Admiration.

Françoise La Vieille Marmotte 11 décembre 2019   









            Les Amazones


   La place est noire de monde. Les chevaux piaffent, se cabrent en hennissant. Altières créatures forçant l’admiration au point qu’en leur rajoutant une corne on les rendit mythiques. Refuseraient-ils cette domination des hommes venus exprès pour jauger la bête de ce regard implacable de marchand ? Les muscles roulent sous la robe, les yeux roulent dans les orbites, et claquent les sabots sur les pavés. La promiscuité énerve les équidés réunis pour être vendus, marchandés.
   Le cheval, ami de l’homme. Ami !
   L’homme a une bien curieuse façon de traiter ses amis. Ne peut-être ami que le soumis, fut-il chien, cheval ou humain. Derrière humain, je vois femme. Elle aussi il la voudrait soumise. Elle le fut et l’est parfois encore, ou en passe de le redevenir sous l’insidieuse pression sociale ou religieuse.
Regard de l’homme sur la femme, tellement persuadé de sa soumission qu’il en oublie sa force, son incroyable force et sa capacité de sacrifice. Ces héroïnes muettes se dressent un jour pour abattre les murs de leur prison. En chaque femme se cache une Amazone.
   Il y eut, de tout temps des femmes en marge de la soumission. Des femmes responsables, fières, les yeux ouverts, le cœur brûlant. Rosa Bonheur, bien entendu, sa force est là émanant des traits fermes de ses dessins. Je pense à cette autre Rosa, Rosa Luxembourg, illuminant le monde à partir de sa prison, comme a pu l’illuminer bien après, un homme, lui aussi rayonnant de sa cellule, Nelson Mandela, porteur de la lumière des opprimés parce qu’ils étaient noirs. Cette force-là, c’est l’amour.
   Tous ces héros, ces héroïnes nous font considérer que nous avons fait de nos différences des inégalités, ainsi que l’a écrit Tahar Ben Jelloun.
   L’humanité n’existera que lorsque chacun de nous comprendra qu’il est un maillon de cette grande tapisserie qu’est le monde, et que nous devons respecter jusqu’à la moindre fourmi si nous voulons nous respecter nous-mêmes.
   Merci aux Rosa, aux Madiba, merci à ces destriers, ces amis d’une autre espèce qui en témoignent, avec ou sans les mots, pour que nous ouvrions enfin les yeux.





Merci de vos participations

Tout sur l'histoire de ce tableau ICI


         

lundi 9 décembre 2019

pour la page 156

Rosa Bonheur, Le Marché aux chevaux, 1853, huile sur toile, 244 x 506 cm, 
The Metropolitan Museum of Art, New York



1852, Paris. L’artiste Rosa Bonheur est attendue chez le ministre de l’Intérieur, le duc de Morny. L’enjeu est de taille : ce dernier souhaite lui commander un tableau au nom de l’État français. Le ministre ignore encore qu’il va regretter son choix…

En attendant, Rosa Bonheur est ravie de la commande. Elle a justement en tête de peindre le marché aux chevaux de Paris. Ce serait pour elle l’occasion de s’attaquer à une scène pleine de fougue et bien de son époque.



Mais quand elle lui propose l’idée,
 le duc de Morny n’est pas emballé. Jusqu’alors Rosa Bonheur a surtout peint de paisibles scènes de campagne. Il ne lui fait guère confiance pour réussir une telle œuvre... 
L’artiste a beau insister, il lui commande plutôt une toile représentant le travail des champs.





Rosa Bonheur, La Fenaison en Auvergne, 1855, huile sur toile, 213 x 422 cm, Château de Fontainebleau, Fontainebleau, photo : © RMN-Grand Palais (Château de Fontainebleau) / Jean-Pierre Lagiewski,


Petite réflexion de l'Herbier :

le ministre :
"Ben voyons, une femme peindre le marché aux chevaux, je rêve !"

l'herbier :
Ah ! si vous saviez, Ministre... 




Tant pis. La peintre, en parallèle du tableau pour Morny, 
se lance tout de même dans son projet personnel. Pendant un an, elle parcourt la foire aux chevaux et dessine tout ce qu’elle voit.

La mode féminine de l’époque n’étant pas très pratique, elle s’habille en homme. En plus, c’est parfait pour ne pas attirer l’attention !


Petite réflexion de l'Herbier :


Parfaite Rosa ! 
Mise en doute par un Ministre, 
Elle s'accroche et se bat 
Et quel résultat !


Rosa Bonheur, Huit études de jambes de cheval, XIXe siècle, mine de plomb sur papier, 29 x 43 cm, Musée du Louvre, Paris, photo : © RMN-Grand Palais (musée d'Orsay) / Thierry Le Mage






Et en 1853, elle présente sa toile immense de 2,5 sur 5 mètres. C’est un triomphe ! Rosa Bonheur a parfaitement retranscrit l’énergie et le tumulte du marché. Un critique a même l’impression que les chevaux se précipitent sur lui pour l’écraser.




Face au succès, le duc de Morny change d’avis : finalement, il veut Le Marché aux chevaux ! Trop tard, le tableau est déjà vendu. Il part même en tournée triomphale en Grande-Bretagne et aux États-Unis. 

Partout où il se rend, on se bouscule pour le voir, jusqu’à la reine d’Angleterre en personne. Le ministre a de quoi s’en mordre les doigts !


Petite réflexion de l'Herbier :

Bisque, bisque, rage !



Encore une fois, merci à ARTIPS 

et puis, si vous avez l'esprit joueur voilà une suite qui vous plaira peut-être :


https://artips.fr/jeu-concours/t/artips/id/Bonheur_Chevaux/response?email=gb.ad@free.fr&uiad=ab5acea499

samedi 7 décembre 2019

la 155 bis est arrivée !


LE COIN DES RETARDATAIRES









Or et beu
Elle aimait cette image 
Mirage
Sa cadette la déchira. Jeu d’enfant ?

Enfant ?    IL est son Roi.
ELLE, elle est SA Reine. Ainsi va la vie, elle, elle se construit.


Azur et Richesse
Font-ils bon ménage 
Elle enrage
S’engage
Déménage
Et dégage 
Et puis reprend courage .....

Sous des étoiles ayant perdu leur éclat il la regardait.
Son regard à elle portait ailleurs.
Y a t-il au loin des roses sans épines .....

Françoise 




Un amour de "rend-contre" 
"- Bonjour mon ami
Je suis venue vers toi et je te rends l’écharpe d'or, celle que tu m'avais prêtée  
- Merci mon amie mais maintenant tu vas avoir froid 
- Si je me love contre toi je n’aurai plus jamais froid ? 
- Tu as raison, plus jamais." 
jamadrou© 




Et une nouvelle participante, JAK, à qui nous souhaitons la BIENVENUE ! 



Il est venu frapper à sa porte. 
AussitôtUn vent de colère s’immisce entre eux. 
 Elle supporte, impassible les foudres de son amant 
qui lui reproche de ne pas être dans le vent, 
de n’aimer courir le guilledou, 
de rester une immuable pantouflarde. 
Mais elle, 
Ce qu’elle aime c’est d’être à l’abri de la tempête,  
Faire cuire des crêpes, les déguster devant la cheminée, 
avec justement, de chaudes  charentaises .   
 C’est décidé, ils se séparent, 
 Eros n’a plus de pouvoir sur eux 
& 
Eole les expédie aux antipodes 
JAK



 Suite au message de Françoise : 

"Maintes fois j’ai laissé un com. sur différentes pages de l’Herbier . Ils n’ont pas été publiés. Et tout récemment suite au décès de Xavier. ..... Comme je ne te soupçonne pas de censure, je me demande où est le problème - ?? - Aurais-tu une petite idée ?" 

Non, pas d'idée, car :
Pas de spam, pas de commentaire en attente, et bien entendu pas de censure, (a existe pas chez l'Herbier la censure) 

Auriez-vous rencontré la même difficulté ?




vendredi 6 décembre 2019

Page 155 Rencontre



          




Joseph et Maria


Il s'appelle Joseph
Elle se prénomme Maria
Le monde d'en bas, ouvrier
Le monde d'en haut, rentière...

Il n'a qu'une mule
En carrosse elle roule
Il a tout d'un laid paysan
Elle d'une belle lady
Il n'a qu'une étable
Elle a tout un royaume...

A les réunir un écrivain s'amusa
Voire même à les unir
Un nuit de décembre
Sur terre, quelque part...

Entre étable et royaume
Entre royaume et étable
Nuit à la belle étoile
Et étoilé l'hôtel
La vie va en mule et carrosse
Chemin à bosse, chemin carrossable
Partageant leurs avoirs
A en être ainsi bienheureux...

Dans l'histoire, manquait un fils,
Alors naquit le p'tit Jésus...













Face à face
pour leur première rencontre
timidité

Ainsi allait la vie. C’était la guerre, ils avaient rendez-vous de l’autre côté de la ligne de démarcation. La grand-tante les connaissait tous les deux et avait suggéré de les marier. Entre perplexité et obéissance, une opportunité à saisir.

Face à face
tenter cette aventure
faire confiance

Accepter le mariage, sous le regard de Marie. Entre force et faiblesse, entre jeunesse et incertitude, se dire oui et fonder une famille.

Face à face
en des temps difficiles
tenir le cap

Ramer avec et contre le courant. Tenir fermement les rênes. Éduquer de nombreux minots. Garder le cap. Jour après jour, la vie trace son sillon. La récolte murit de petits enfants en petits enfants.

Face à face
pendant soixante-huit ans
beaucoup de tendresse

Passer le relais à une belle descendance, puis un jour, sans crier gare, partir sur la pointe des pieds comme pour ne pas déranger.












C'était LA légende familiale. Ceux qui avaient l'âge d'avoir connu cette époque disaient tous que c'était la réalité.

Eté 1928. Les années folles n'en ont guère pour plus d'un an à écouler ses jours dans l'enthousiasme et l'insouciance qui ont suivi la Der des Der. Et par amour,

Elle allait bientôt
laisser aux autres cousettes
les soies de Chanel

Les fenaisons avant les moissons, les fêtes villageoises, de comices agricoles en concours de pêche, généraient d'improbables rencontres. Proximités éphémères, frôlements sur pas de danse, ouvriers et  patrons, ruraux de la terre et artisans du bourg, payses et urbains en vacances.

Il était venu
quelques mois tirer les fils
des lignes électriques

Une pluie soudaine. Elle avait un parapluie. Il n'en avait pas. C'est elle qui lui avait proposé un coin d'abri. La fin de l'été consacra leurs fiancailles. L'été suivant ferait de leur noce une fête citadine.

La jeune parisienne
pour des chemins de campagne
a quitté la ville

L'espoir revenu après la Grande Dépression et la Guerre d'après, des voix chantaient dans le poste de tsf plaqué d'acajou. Des voix pour "Un jardin extraordinaire", "La chasse aux papillons", "Le petit chemin qui sent la noisette", ... Ils se souvenaient du premier poste à galène monté dans les débuts de leur mariage. Ils y écouteraient radio Londres, en cachette dans le grenier. Et bien plus encore.

"un p'tit coin d'paradis
contre un coin d'parapluie
elle avait quelque chose d'un ange"*

Cet été s'annonçait joyeux enfin, avec leur petite dernière et leurs deux petits enfants pour fêter en famille leurs noces d'argent. "Le parapluie" de Georges Brassens était depuis deux ans leur hymne familial et ils se disaient tendrement qu'ils auraient pu reprendre chacun d'autres routes, comme dans la chanson.

Il y eut d'autres écueils
surmontés ensemble
jusqu'au jour inévitable.

Depuis plus de quarante ans pour lui, vingt ans pour elle, ils me manquent.

©Jeanne Fadosi, mercredi 20 novembre 2019


* Refrain de Le parapluie, de Georges Brassens, enregistré en 1952











 
Le couple moderne :

-          Bonjour Monsieur !
-          Bonjour Madame !

Ils vivent ensemble depuis des années et viennent juste de se rencontrer.

 Serge de la Torre











Miroir aux alouettes


Duo sous la lune, mais la lune s’est cachée. Les étoiles filent vers l’inconnu sidéral de la voûte gravide. Attention !

Le loup est sorti
hurle le ciel à la nuit
fuyez pauvres fous

Elle, accroche un cœur à ses cheveux, c’est tellement glamour. Avec son foulard qui vole au vent elle se sent comme une star, tout devient fou quand il souffle. Elle est folle.

Inclinée vers lui
elle l’écoute murmurer
quelque fadaise

C’est alors qu’une diablesse de comète vient à fuser tout là-haut. Sa fracassante entrée en scène passe pourtant inaperçue. Regardez-moi,  leur crie-t-elle, je porte bonheur !

Mais son cri est vain
aveuglés par le désir
les voilà sourds

Faute de se voir vraiment, chacun invente l’autre. Alors la bête de la nuit qui dans l’ombre les guettait vient s’attacher à eux. Elle hantera désormais les ornières de leur chemin, jusqu’à la chute.

Fuyez pauvres fous
mais il est déjà trop tard
pas de miracle.

Adamante Donsimoni


Marie Laforêt - Sous les palétuviers - Alain Weill