AjoRosa Bonheur, Le Marché aux chevaux, 1853, huile sur toile, 244 x 506 cm, The Metropolitan Museum of Art, New Yorkuter une légende |
Rosa Bonheur
Le
pinceau de Rosa c'est ça...
Ca,
scène de la vie paysanne
Paysanne
et paysan au champ
Et
puis le boeuf, l'âne, ou le cheval
Obéissant
comme enfant
A
l'heure des récoltes sous le brûlant soleil...
Si peu d'ombre,
Chapeau
noir pour lui
Bonnet
de coton pour elle
Le
pinceau de Rosa c'est ça,
Encore
et encore...
A
une femme artiste peintre
On
lui commande ça et ça
Mais
pas ça, le marché aux chevaux
Sa
scène virile...
Le duc de Morny lui rit au nez
A
l'idée, seul un homme en est capable...
Non,
pour l'Etat Français
La
commande ça sera ça, la fenaison en Auvergne !
Soit,
selon votre bon plaisir monsieur le Ministre
Mais...
En parallèle
Son
envie fait son chemin...
Une
année lui sera nécessaire
Pour
étudier ce marché musclé, fougueux...
Résultat,
une toile immense et triomphale...
Que
du bonheur pour Rosa Bonheur
Le
duc de Morny se ravise, il la veut !
Il
ne pourra que s'en mordre l'index,
Vendus
sont les chevaux de ce marché...
Après
la tombe son succès retombe,
La
tendance ira au modernisme
Autres génies, autres peintures...
Rosa
Bonheur 1822-1899
Le cheval
Le
cheval trépigne,
Fulmine.
Le
souffle puissant
De
ses naseaux
est
celui de l’élan qui veut bondir.
Il
frappe,
Frappe
le sol.
Son
sabot
Sonne
l’heure du départ,
Son
écho (en toi) se déverse.
Cavalier
émérite,
Que
retiens-tu ?
Ta
monture,
Bride
au cou,
Tes
mains sont des poings !
Bride
abattue,
Ta
monture
Te
réclame cavalier !
Le
cheval trépigne,
Fulmine.
Son
oeil ne connaît pas l’effroi,
Seul
le froid fige.
Il
rue devant,
Il
rue derrière.
Croire
en toi
Croire
en quoi
Mais
chevaucher Pégase !
Myriam
Roux (sans blog)
Qui es-tu Rosa Bonheur ?
Le soleil lentement s'élevait au-dessus de la brume
dans cette vallée de l'Epte que j'aimais parcourir. Du sol montait une vapeur
nacrée et c'était magique. J'imaginais quelque peintre venu(e) en bottes avec
son chevalet et son matériel au temps où des animaux paissaient tranquillement
dans les prés. Ils étaient vides maintenant et les travaux s'y faisaient au
tracteur, quelquefois même avec des outils à main. La vallée, par sa taille et
sa configuration échappait encore au gigantisme des engins agricoles.
Bordée de peupliers
la rivière se devinait
en pointillés
J'aimais cet itinéraire lors des grandes
transhumances sur la grand'route et il m'arrivait de la prendre juste pour la
beauté du paysage. Plus loin, ce serait Giverny que Monet avait fait connaître
dans le monde entier. Les prés y
étaient vides mais je les imaginais naguère avec des charrettes encore tirées
par des boeufs ou les terres arables labourées, une araire tirée par quelque
robuste cheval du Nivernais ou du Perche. Le paysage avait quelque chose
d'irréel. J'étais une intruse motorisée dans un tableau de Jean-François
Millet, Jean-Baptiste Corot ou encore François Daubigny ou Gustave Courbet.
Le cri d'un charretier
réminiscence ténue
au pays d'enfance
Un panneau indiqua "Collège Rosa Bonheur".
Était-ce la première fois que je le voyais ? Un flot d'impressions m'avaient
assailli ce jour-là ! Quel beau nom pour donner à des adolescents le goût
du bonheur d'apprendre ! Un nom de femme ! Quelle belle idée !
Là, je n'étais pas tout à fait honnête. D'autres
femmes avaient été mises au fronton de collèges et même de lycées de mon
département avec la triple devise républicaine. Anna de Noailles, Camille
Claudel, Eugénie Cotton, Irène Joliot-Curie, …
Qui es-tu Rosa Bonheur,
Inconnue d'mon p'tit Larousse ?
Une recherche sur Internet me transporta par le
réalisme de sa peinture dans son univers animalier.
Je n'en sus pas plus alors. Sa vie de femme libre,
sans scandaliser, sa notoriété l'acceptant ainsi. Je l'imaginais en vêtements
d'homme allant au petit matin sur le terrain des foires et des marchés aux
bestiaux, comme il se disait alors. Discrète et forte dans ce milieu d'hommes
rudes.
C'était pure beauté
pur mouvement sur la toile
la vie suspendue.
Inauguration du collège du Vexin Rosa Bonheur
http://vexin.over-blog.com/article-1992745.html
Une journée champêtre
Ce jour-là, le soleil s'en donnait à cœur
joie. Un Juillet, dans toute sa splendeur, dorait les nuques et les
bras. Le Jean de Marie la rousse avait décidé qu'il était temps de
faucher les prés. L'herbe grasse était magnifique. Le Jean avait hâte
craignant l'arrivée d'un orage ruineux. Son genou gauche était un excellent
baromètre. Aussi ses voisins, amis et parentelle avaient répondu présent à son
besoin d'aide.
Sous un ciel d'émail-
Le parfum des foins coupés
Rires et râtelage
Bien que le ciel soit soyeux comme une museau
d'agnelle tout le monde s'activait avec ardeur. Jeannette, la fille
au Léon, rangeait des bottes sur la charrette. Mine de rien, de là-haut,
elle surveillait son promis un peu trop aimable à son goût avec sa cousine
Gertrude.
La mouche du coche
Zonzonne autour des bœufs
Et d'un cœur jaloux
Inconscient du petit drame se jouant au dessus
de lui, le Jean menait avec douceur et fermeté ses bêtes aussi rousses
que la Marie. Cet hiver, son troupeau aurait de la bonne herbe riche en fleurs
de toutes sortes: sauge, salsifis, marguerite, trèfle, bleuets, nivéoles... et
tant d'autres dont il ne connaissait pas le nom.
Au pas lent des bêtes
Pensées tournées vers l'hiver
Le paysan calcule
Ce jour-là, le soleil s'en donnait à cœur joie.
Celui de la Jeannette battait fort en surveillant son amoureux. Celui du
Jean battait paisiblement, rassuré par cette journée placée sous les meilleures
auspices. Le Temps battait la mesure d'une journée pastorale...
Un monde d'homme
Un monde d’hommes
Ruades et gros bras
Sous un pinceau de femme
Nuances et précision
A la vente aux bestiaux
Un regard d’humanité
Oui Messieurs
Madame est capable
De vous croquer
D’un trait de plume
Applaudissez,
Plus qu’une œuvre, c’est un chef-d’œuvre !
Libres chevaux et femme entière
Et ils vont, fous ; ces chevaux,Laissés à leur intérieure vitalité,Forts et libres et puissants, beaux !De leur nombre, emballésDe leur énergie, grisés !Des maquignons et des marchandsDe toute part et en tous sens, pressés,Ils vont tous qui léger, qui pesant.Et toi, Rosa, pleine et entière,Et toi Rosa Bonheur, à travers eux, tu t’exprimes.Aujourd’hui, comme tu le fus hier,Être femme, devrait-il être un crime ?
Non ! Décidément non
Non
Décidément non
l’inspiration
n’est pas au rendez-vous
aujourd’hui.
J’admire beaucoup le talent de Rosa Bonheur qui rend formidablement présent son sujet. Mais c’est justement cette réalité qui neutralise mon émotion !
NonDécidément nonMa muse n’est pas au rendez-vous
Aujourd’hui
Rosa Bonheur je vous admire. Parce que vous avez su tenir tête à des hommes imbus d’eux-mêmes qui qualifiaient votre peinture de, je cite, nerveuse -solide - pleine de franchise - une peinture d’homme quoi !
J’admire votre puissance, votre véracité, pour avoir su vivre libre et insoumise comme si vous étiez née pour incarner ce Bonheur patronyme, paisiblement - vos peintures bucoliques en attestent, comme ce beau Tableau de la Fenaison en Auvergne. Ou avec fougue - comme en parle le magnifique Marché aux Chevaux qu’il vous tenait à cœur de réaliser.Vous avez vécu avec diplomatie puisque vous êtes toujours arrivée à vos fins. Jusqu’à cette légion d’honneur remise par une femme. Reconnue du clan des hommes, reconnue par celui des femmes. Merci Marie-Rosalie Bonheur d’avoir œuvré pour ma libération. De Femme.
Mais non,
décidément non,
Ma muse n’est pas au rendez-vous ce matin.
J’ai trop le nez dans le guidon,
Admiration.
Les Amazones
La place est noire de monde. Les
chevaux piaffent, se cabrent en hennissant. Altières créatures forçant l’admiration
au point qu’en leur rajoutant une corne on les rendit mythiques. Refuseraient-ils
cette domination des hommes venus exprès pour jauger la bête de ce regard
implacable de marchand ? Les muscles roulent sous la robe, les yeux
roulent dans les orbites, et claquent les sabots sur les pavés. La promiscuité
énerve les équidés réunis pour être vendus, marchandés.
Le cheval, ami de l’homme.
Ami !
L’homme a une bien curieuse façon
de traiter ses amis. Ne peut-être ami que le soumis, fut-il chien, cheval ou
humain. Derrière humain, je vois femme. Elle aussi il la voudrait soumise. Elle
le fut et l’est parfois encore, ou en passe de le redevenir sous l’insidieuse
pression sociale ou religieuse.
Regard de l’homme sur la
femme, tellement persuadé de sa soumission qu’il en oublie sa force, son
incroyable force et sa capacité de sacrifice. Ces héroïnes muettes se dressent un
jour pour abattre les murs de leur prison. En chaque femme se cache une
Amazone.
Il y eut, de tout temps des
femmes en marge de la soumission. Des femmes responsables, fières, les yeux
ouverts, le cœur brûlant. Rosa Bonheur, bien entendu, sa force est là émanant
des traits fermes de ses dessins. Je pense à cette autre Rosa, Rosa Luxembourg,
illuminant le monde à partir de sa prison, comme a pu l’illuminer bien après,
un homme, lui aussi rayonnant de sa cellule, Nelson Mandela, porteur de la
lumière des opprimés parce qu’ils étaient noirs. Cette force-là, c’est l’amour.
Tous ces héros, ces héroïnes nous
font considérer que nous avons fait de nos différences des inégalités, ainsi
que l’a écrit Tahar Ben Jelloun.
L’humanité n’existera que lorsque chacun de nous comprendra qu’il est un
maillon de cette grande tapisserie qu’est le monde, et que nous devons respecter
jusqu’à la moindre fourmi si nous voulons nous respecter nous-mêmes.
Merci aux Rosa, aux Madiba, merci
à ces destriers, ces amis d’une autre espèce qui en témoignent, avec ou sans
les mots, pour que nous ouvrions enfin les yeux.
Merci de vos participations
Tout sur l'histoire de ce tableau ICI
Fougueux chevaux que les hommes ont bien du mal maîtriser, Rosa a su le faire du bout de son pinceau, bravo pour le tout les Brins… au plaisir Adamante, JB
RépondreSupprimerBonjour Adamante ainsi qu'à tous les brins,
RépondreSupprimerBelle page en vérité. Les deux tableaux ont eu leur part de jolis mots. C'est aussi un hommage mérité envers cette grande artiste qu'était Rosa Bonheur.Et quelle femme aussi! Chapeau madame!
A bientôt
un "Bonheur" à voir et à lire ...
RépondreSupprimermerci l'herbier
(Désolée de ne pas avoir trouvé l'instant tranquille pour participer...j'espère que 2020 me sera moins contraignant)
Des chevaux plein d'une force qui se montre pour mieux les soumettre, une scène pastorale avec ses intrigues discrètes et la promesse de bon foin avant l'orage ... hommes et femmes travaillant de concert comme dans les campagnes il en était ainsi, plus ouvriers de la terre que hommes forts et femmes faibles ... Oui comme dit Martine une belle page dont j'ai aimé les poèmes et les histoires, où j'ai écouté un extrait de la symphonie pastorale à laquelle me renvoyait le deuxième tableau ou des steppes de l'Asie centrale que je ne conçois pas sans galops de chevaux en liberté. Sauvages ? à moitié même là-bas. Le cheval, la plus belle conquête de l'homme dit un auteur. Qui ? je ne sais plus ? Quelle aurait été l'humanité sans le cheval ?
RépondreSupprimerJe pense à Marine qui viendra peut-être ou pas, lire cette page en silence. Je pense à ses chevaux heureux dans les prés de ses chères montagnes.
Je pensais aussi à elle pour les mêmes raisons, ses chevaux, ses ânes... et aussi une pensée affectueuse pour le chemin d'absence qu'elle doit emprunter désormais. Si tu nous lit, Marine, avec toi par le cœur.
SupprimerVivre est un combat, contre des parts conformistes de soi-même et d'autres qu'une histoire ou qu'une époque renforcent. Certains et certaines naissent presque dans leur temps avec la chance de l'énergie de la mener cette lutte contre ses servitudes; d'autres moins qui ne peuvent que découvrir petit à petit l'énergie de la conduire. Nous sommes bien comme ces bêtes chevalines, rétif(ve)s et cabré(e)s, porté(e)s par l'énergie qui nous anime, le peintre, comme bien des artistes ou poètes, est un éveilleur! Rosa bonheur est un brillant exemple de lumière dans une époque où beaucoup dormaient encore sur l'habitude des conformistes apparences.
RépondreSupprimerPorter la lumière est, bien sûr,toujours un devoir et une mission individuelle.
Il faut pour y parvenir, savoir trouver en soi et laisser passer en soi, cette fougue instinctive, cette intuition de l'expérience animale et la porter au dehors comme un trait de caractère qui trace un destin, et que l'on assume.
Puissions-nous (ici et ailleurs ou partout!) dans les ténèbres de notre temps porter un peu de cette conscience, de cette force d'affirmation de la force et de la clarté de la Vie qui nous transforme, et en nous s'exprime et se matérialise.
Puissions-nous aussi garder cette confiance d'y arriver, car nous y arriverons, je n'en doute pas. Merci Serge.
SupprimerSuperbe page... merci à toi et à tous pour ce magnifique partage.
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