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lundi 26 mars 2018

Pour la P 106 M. Anis




photo Joseph Eid pour AFP


"Il y a des hommes, des rêves, et des objets plus forts que la guerre, et Mohammed Mahiedine Anis, sa collection de voitures anciennes, sa pipe et son phonographe, en font partie", écrit Joseph Eid, photographe à Beyrouth, en reportage en Syrie.



Détail



Une vidéo ici :

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jeudi 22 mars 2018

Des chaussures pour mémoire - P105



L'herbier, tel que je le rêve, est une œuvre commune sur une page commune, pas une source d'idées pour des écriture individuelles, que le nom de l'herbier soit ou non référencé, car cela nie la notion du partage.
Oui, l'herbier c'est avant tout le partage, un livre virtuel où sont présents plusieurs auteurs. 
Alors merci à celles et ceux qui partagent cette vision, ils sont les bienvenus ici.    AD




Doris Salcedo  Atrabiliarios, 1992-2004, chaussures, mur, bois, fibres animales
Musée d’Art contemporain de Chicago



 
Fragilité d’une fausse douceur passagère derrière un non tissé qui fondra comme neige au soleil
Périssable être humain aux chaussures délicates
Femme meurtrie par la vie chancelante sur ses escarpins blancs
Existence vouée ou livrée au hasard ?
Horreur envers tous ces hommes immunisés contre la fragilité humaine
Ils tuent pendant que d’autres aspirent juste
Comment conserver quelque part un coin d’incertitude où seraient rangées nos fragilités et notre impuissance à dire, à voir, à entendre ?
Doit-on coucher cette fragilité dans une boîte en bois, cercueil éternel ?
Son couvercle ne serait qu’intissé hydrosoluble qui disparaîtrait sous la rivière de nos larmes 
Linceul éphémère cloué sur le cercueil de notre humanité avec des milliers d’akènes de pissenlit 
Ces pissenlits que la femme aux escarpins, chancelante, suce je ne sais où, par les racines. 





Escarpins égarés
une femme a souffert
reste la douceur
d'une exquise féminité
quand la mort est passée











Paysages de chaussures

Petite, sur les photos, je portais des bottes-chaussons qui ressemblaient  en couleurs plus vives 
A celles que portaient ma grand-mère maternelle; mes parents achetaient mes chaussures
Dans un petit magasin où on prenait tout son temps et le marchand m'offrait un ballon orange.

Quand je regarde les pieds des tout petits (et des plus grands), je ne vois que des marques
A leurs pieds mais souvent bien peu adaptés à une journée neigeuse, pluvieuse ou froide.
Certains collégiens gardent leurs "après-ski" quand la neige a fondu: inadaptation et mode.

Au collège et lycée, j'étais chez les sœurs avec uniforme, chaussettes blanches et blouse
Alors week-end et vacances étaient enfin l'occasion de s'habiller à la mode à l'adolescence.
Je rêvais d'un pantalon en velours moulant mais ma mère trouvait que j'étais trop grosse
Alors que je n'avais que des formes; les escarpins vernis noirs avec petit talon en pointe

Et nœud vert ont été plus faciles à obtenir; le pantalon était grenat et j'étais heureuse.
J'ai aimé porter des talons de vamp avec jupe et bas pour me sentir femme et désirable
Mais comme je me suis souvent senti mal dans mes pompes au figuré et au propre
Je portais plutôt des petits talons  car ma grande taille me faisait suffisamment  cible

De moqueries; j'aime mettre mes pieds à l'air même si certains trouvent ça moche.
Comme je me suis régalé pendant trois ans au Maroc en portant des tongs jusqu'en novembre
Parfois et depuis avril souvent: je les payais trois dirhams et six sous, couleurs vives
Je changeais selon mes tenues; prêtes à plonger mes pieds dans l'Atlantique 

18 mars 2018




 









Où es-tu ?


Le lendemain elle allait fêter ses cinq ans, sa mère n’avait pas encore trente ans.

Bruit de bottes
et pas dans l’escalier
sans au revoir

Au retour de l’école, il n’y a plus personne :
- Maman, où es-tu ?

Il ne lui reste d’elle qu’un vague souvenir d’une paire de chaussures qu’elle avait, comme tant d’autres petites filles, un jour, empruntée pour esquisser des pas de dame, au milieu du séjour, en essayant de ne pas se tordre les pieds.

Sa mère :

Tenant debout
en escarpins
toujours
ultime signature
de sa féminité

Au fond de son cœur une éternelle question :
- Maman, où es-tu ?













Cendrillon en fuite
abandonne sa chaussure
qui la retrouvera ?
Privée de souliers
Malmenée par les vents
Elle chevauche les nuages


Pieds nus, vulnérable
elle  a  perdu  sa  liberté
















Quand les souliers parlent ...




Fermer les yeux, 
les mettre à leurs pieds ...
Que sont ces femmes devenues ?

Comme il trottine dans ma tête
le claquement de leurs talons !

Dans un voisin pays
les folles de mai
marchent silencieuses
en talons plats.
Inlassablement.

Au grand bal tragique
de l'Histoire sans queue ni tête,
la vie vaut si peu.













J’ai longtemps vu pendre ses chaussons usés, noués au clou sur la porte de sa chambre : elle les avait tant portés.

Tulle cousu de points de suture :
Les ballerines, si fines, cachent
Moins le beau du ballet, le bonheur des artistes,
Que les souffrances endurées des danseuses !

Et chaque fois que s’ouvrait la porte, le son du bout raide des pointes, contre le panneau de bois, claquant !

Tulle cousu de points de suture :
Les ballerines, si fines, cachent
Moins le beau du ballet, le bonheur des artistes,
Que les souffrances endurées des danseuses !

Que de ballets dansés, grâce, expression et harmonie, qui manquent de dire que l’art de la danse, ce vampire, se nourrit du sang versé des ballerines.

Tulle cousu de points de suture :
Les ballerines, si fines, cachent
Moins le beau du ballet, le bonheur des artistes,
Que les souffrances endurées des danseuses !


http://decoeuretdencre.blogspot.fr/



 
 
Des chaussures pour mémoire

Chaussures exposées dans une galerie d’art,  façon organdi et papier de soie.
Un flot de silence s’élève, brise l’anonymat,
Le cri minéral de  l’absence rebondit sur le blanc des murs.

Sur la pointe, comme les chaussons d’une étoile.
Sur la pointe, comme pour se hisser vers les lumières de la nuit, immense.
Sur la pointe, pour ne pas oublier et offrir au regard un soupçon de grâce bordé d’épines,
Des escarpins se racontent.

Combien de Cendrillons ont perdu leurs souliers ?
Combien de Cendrillons  ont perdu leur visage, lacéré, un jour si différent des autres et qui n’aurait pas dû ?
Combien de  Cendrillons pour combien de souliers ?
Combien de souliers pour savoir qui ? Pour briser l’attente, insupportable ?

La terre a bu le sang,
La terre boit toujours le sang.
La terre, comme toutes les mères dans la nature lèche les plaies de ses petits,
Quand le cœur se brise en un dernier hoquet et que le corps vaincu s’effondre,
Digue rompue,  avec le sang la vie s’enfuit.
Comme il est lourd le ciel, du premier au dernier rayon du soleil, sur la terre en deuil.

Ici sur la pointe, combien de souliers ?
Ailleurs sur la terre ou bien dedans, combien de Cendrillons ?














samedi 17 mars 2018

Pour la P105

Quand les souliers parlent...





Doris Salcedo  Atrabiliarios, 1992-2004, chaussures, mur, bois, fibres animales
Musée d’Art contemporain de Chicago




Dans les années 1990 marquées par la guerre civile, des Colombiens s’opposent fermement au gouvernement corrompu et aux cartels de drogue tout-puissants. La réponse de ces derniers est glaçante : des villages entiers sont décimés.

Au cours de ses recherches, Salcedo réalise que ces meurtres violents visent bien souvent des femmes, presque toujours défigurées par leurs ravisseurs.
Leurs chaussures sont parfois le seul moyen d'identifier les corps.




Par paires, dépareillées, ou orphelines, ces chaussures témoignent avec force de ces crimes.
Salcedo a choisi de présenter des chaussures typiquement féminines, pour bien rappeler au public que les femmes n'ont pas été épargnées par le conflit.




Doris Salcedo, plasticienne, née en 1958 à Bogota, en Colombie
L'artiste  transforme les objets pour qu'ils passent de l'utilitaire au symbolique. Elle ne se montre que très peu et n'aime pas s'afficher.
“J’aimerais m’effacer”, a-t-elle expliqué lors d’une conférence donnée le 6 novembre 2006 au Musée national de Colombie. “ Cela ne m’intéresse pas d’être une figure médiatique.  Je ne raconte pas mon expérience personnelle ; ce qui m’arrive à moi est dénué d’intérêt.”



jeudi 15 mars 2018

Page 104 À l'horizon de Paul Bennet







Paul Bennet - Familiar-Ground



Un grand merci de vos participations autour de ce superbe tableau.






Il avait peint la mer


Il avait peint sa vie en bleu, un bleu profond veiné de rêves, témoin d'un été lumineux.
La mer a débordé sur le bleu, frange d'écume en robe blanche aux sonorités si étranges,
mi-bercement, mi-roucoulade, sur fond de ciel un peu blafard.
La mer a roulé sur ses flancs la mémoire du levant aux ocres empourprées dès l'aurore, la couleur de ses sillons d'argent dérobant à l'horizon bohème toutes les nuances sublimées.
Elle a frémi sous les falaises, d'effleurements en estocades, d'ombres sournoises en cordons pâles.
Sa vie n'est jamais renoncement, dans l'obscur ou dans la lumière, dans les froissements du silence ou ses écarts si tempétueux.
Il avait peint sa vie en gris, le gris de la désespérance ou peut-être celui de l'oubli.
Comme des images en noir et blanc, au parfum suranné de l'enfance, des belles histoires déjà fanées.
Bleu ou gris, c'est toujours la mer, cette musique dans la brume, ces déferlantes sur la grève, cette écriture de l'amour.
Elle chante toujours la mer, elle donne puis elle reprend, un jour, des nuits à l'écouter...

Balaline








 

"Paysages"


J’aime les paysages
Âges de la vie
Vie à vivre chaque jour
Jour qui rit, jour qui pleure
Pleure avec le soleil
Soleil en larmes
Larmes de lune
Lune de l’adolescence
Sens en éveil
Éveil de la poésie

Poésie des paysages.

Laura VANEL-COYTTE
http:://wwww.lauravanel-coytte.com








 
Ciel d’équinoxe
L’océan à l’assaut des dunes
Plage ensanglantée

Josette










Pour un dernier adieu


Devenir la vague
Plume de soie
Qui irise et transfigure
Parfois
Hurlante et dévastatrice
Ouvrir le coffre des impasses
Où nos chemins se dispersent
Où les voiles prennent le large
Le chant des bateaux t'emporte
Le sable vit et se répand
Part à la conquête de la dune
Recouvre et berce
S'ouvre sur la lumière
Des coursiers du bonheur
Des chevaux déchaînés
Saoulés d'espace et de liberté
Qui galopent sur la crête de nos rêves
Un soir, ils se retrouvent
Affalés, éreintés, éteints
Noyés
Dans la lueur turquoise
Qui a pour nom beauté
Pour un dernier adieu

© marine Dussarrat







 












Le vent, l'océan et le peintre


Le vent vocifère, glapit, invective la plage désertée.

Noroît insensible
Sur la plage aux crustacés
Ni BB*, ni touristes

Il aime ce temps, l'apprécie, le recherche. Ciel colérique+ océan bouillonnant= tableau fascinant. De quoi exalter sa créativité. L'artiste solitaire, poète à ses heures, parle aux nuages, versifie sur leur neige ourlée fumée de bois.

Au coeur du tumulte
Bousculé, tiraillé
Mais
Son coeur si serein 

Sans pinceaux, ni crayons, il peint avec ses yeux, son âme fervente. Cet amer émeraude! Et là! Là! Ce vert sapin si profond, si hermétique qu'il se heurte à ceux, mouvants, de l'océan. L'eau répond à l'appel du vent. Vague après vague, elle roule encore et encore ses mots abyssaux, ses verbes inconnus. Puis vient, hargneuse, baver son sel aux pieds du peintre indifférent.

Sur la grève
Éphémère
L'éloquence marine.
Page abstraite
Écho romantique
Celle de l'artiste
.
Martine MADELAINE-RICHARD

*référence à BB: Brigitte Bardot et sa chanson:  La Madrague
                  "Sur la plage abandonnée/Coquillage et crustacés/Qui l'eût cru déplorent la perte de l'été/
               Qui depuis s'en est allé"









Calme encore, le temps !
L’océan s’alanguit, mou,
L’horreur dans le ciel.

 ©Serge De La Torre
http://instantsdecriture.blogspot.fr
http://decoeuretdencre.blogspot.fr







Horizon marin

Dans le soir incertain, le ciel a décrété la confiscation des étoiles. La nuit bâillonnée ne sera bientôt plus que plaintes, tumulte de l’horizon épousant la vague en vagissements orgasmiques.
Le sable du rivage, maquillé d’ocres, malmené d’écume, se noie dans l’indécision entre bleus et verts. Quelque part, menace indéfinie, la bouche des abysses broie le souvenir grinçant des coques englouties et la rouille des nuées s’élève au-dessus des eaux.
L’Homme, depuis toujours, paie son tribut à la mer.

Adamante Donsimoni
https://le-champ-du-souffle.blogspot.fr/





Le coin des retardataires

 
 
En terrain connu on ne devrait avoir peur de rien
Pourtant je sens que la mer est en colère, elle se détache de la terre,
elle ne veut plus lui coller à la peau
La terre sans elle sera boue grise
L'estran ne sera plus jamais grève au sable doux et doré
le délaissé sableux de la mer ne sera  que marécage glauque
C'est alors que j'ai vu le ressac malmener une branche, la jeter, la reprendre, la faire rouler comme un noyé, sans se lasser de lui sucer la moelle.
Sous mes yeux la branche devint caïman, je le vis ramper dans la boue,  son œil méchant de prédateur prêt à me manger, moi la proie facile.
Dans cette vasière je m'enfonçais lentement incapable de voir les vagues qui voulaient en bleu et vert et en écume du temps nettoyer mes idées sombres.
Le ciel alors se mit à aspirer ces tristes visions.
Dans un bruit assourdissant il aspira la mer.
Alors sur la plage grise , la longue branche, laisse de mer,  bois flotté au bout de son voyage,  vint se poser à mes pieds.
À genoux j'ai remercier le ciel et l'océan
Dans mon atelier cette offrande deviendra œuvre:
"La bête à l'œil torve"

jamadrou © 11 mars 18  (A fleur d'image) 
jama.e-monsite.com
 
 
 
 
 
 
Tombé au creux de la vague
Sieur Soleil chavire
en un dernier bonsoir
colorant le crépuscule
des milles soucis d'un jour
que les flot borderont
dans un lit de sable...



dimanche 11 mars 2018

Proposition 104 - Paul Bennet



 
Paul Bennet - Familiar-Ground






Paul Bennet
Paul Bennet est un artiste Britanique qui peint de magnifiques paysages, plus abstraits que représentatifs, d'horizons marins, ainsi que celui que je vous propose aujourd'hui.
Il  s'est formé à l'institut de Surrey de l'art et de la conception. Il est maintenant reconnu internationalement pour son travail et a exposé ses peintures dans l'ensemble du Royaume Uni ainsi qu'à New York, USA et Hong Kong, Chine.
Il réalise aussi de superbes portraits que vous pouvez admirer ici 

 

Je lui ai demandé son accord pour nous prêter cette image, il m'a immédiatement répondu et envoyée cette photo. L'herbier nous permet de réaliser de belles rencontres et je trouve cela de plus en plus merveilleux. J'avoue que Facebook permet de bien belles découvertes.

Surtout n'oubliez pas de mettre son lien sur la photo quand vous publierez chez vous. https://www.facebook.com/Paul.Bennett.Artist/

Que l'inspiration vous accompagne (en haïbun ou prose, c'est comme vous le sentirez).

Merci à vous.

Adamante




































jeudi 8 mars 2018

Page 103 Dadd en poésie



Richard Dadd, Le coup de maître du bûcheron-magicien, 1855-1864, huile sur toile, 54 x 39 cm, 
Tate Britain, Londres

 Source ARTIPS 


 


Palette bûcheronne :

L’arbre a chu
Semant des fleurs d’avenir
La vie tourbillonne

Quatre temps
Quatre saisons
De la terre vers la mer
Petits et grands se mêlent

Vaste écheveau 
D’une comédie humaine
Se tricotant à coups de pinceau

Aucune négligence
Des regards aux plis des habits
Les histoires s’encrent
Ancrant richesse et pauvreté
Dans le grand livre
De l’aventure terrestre

Folie du détail
Précision du trait
Peints en fresque d’humanité


ABC









"Le coup de maître du bûcheron-magicien"

Le coup de maître n’est-il pas celui de l’artiste lui-même, bûcheron à la hache meurtrière !
Et pourtant magicien avec ses pinceaux, ses couleurs, son univers et ses images.
Comme mon cher Gérard de Nerval, il est parti pour l’Orient en voyage
Comme lui encore, on le dit fou ; pour Nerval, je n’y crois pas ; pour Dadd, mystère
Car je ne le connais pas, mais cette œuvre me donne envie d’en voir d’autres.
Enfermé dans un asile à une époque où cela équivalait à une prison, son âme
Pourtant s’envole pour créer : fou génial ou génial fou ? Question à poser
À propos de temps d’artistes : Camille Claudel, Séraphine de Senlis ; beaucoup de femmes
Dont l’hystérie est bien connue…. Art brut ou vrai art dégagé des entraves
De la raison ? Je termine avec le Facteur cheval, non déclaré fou mais classé
En art brut : ces cases qui ne conviennent pas à ces artistes  hors normes.
Mais l’art n’est-il pas justement celui qui se moque des normes pour écouter l’âme ?

Laura VANEL-COYTTE
http:://wwww.lauravanel-coytte.com








 

Aux portes de la nuit


Portes ouvertes sur l'étrange nuit
fantasmagorique
où les bribes de voix d'un peuple
abandonné au sombre des grands arbres
s'indignent des massacres
de la plus petite parcelle de vie.
Il n'y a pas de bûcheron magicien
devant l'anéantissement des forêts.
Son bras ne retient pas la hache
il n'entend pas les gémissements de la terre
mutilée par sa dévorante cupidité.
Où s'est donc perdue l'harmonie originelle
de ce monde fabuleux
aux paroles de sagesse
aux âmes pacifiques
à la source vivante
du sacré ?
Nous pleurons chaque jour cette désolation
ces traces indélébiles
toutes ces petites morts
noyées dans la soif de l'artificiel.

Vers quel chemin va donc l'avenir de l'homme ?

Balaline






 




Sur la toile le temps n'est pas figé
Le peintre anime ses personnages
Chacun a son rôle à jouer

Sonnez trompettes
Sonnez les cors
Oyez oyez
Le Roi et la Reine Marguerite
S'en viennent

Place place
Serfs et  Vilains
Pousse ton araire
Soigne ta vigne
Et prépare tes tonneaux


Tandis que sous la terre
Vit un peuple plein de mystères
Venant de tous les continents
Des filles déguisées en bergères
En fées ou en sorcières
Des Lilliputiens des gnomes
Aux premières loges pour l'exécution

Des conquistadors emplumés
Attendent le spectacle
Déjà le Bûcheron lève sa hache
Pour son coup de Maître

Le peintre a encore à la main
Sa palette et ses pinceaux

Josette





 








Fantasmagorie


Pas plus haut que trois marrons
Pas plus gros que trois pâquerettes
Le petit peuple des légendes n’était pas là pour rire chaque jour. Multitude de personnages affublés d’étranges atours, ils faisaient passer le temps et les époques tant bien que mal. Ils étaient surveillés par plus grands qu’eux ; méchants conquistadors venus vainqueurs d’un ailleurs incertain.
Ces petites gens, ceux d’en bas, ces moins que rien, étaient sur cette terre ils ne savaient trop pourquoi, aucun n’en connaissait la raison. Ils subissaient saisons, tristesse et grisaille. De temps en temps, à califourchon sur une boule de platane, ils devaient un peu s’amuser.
Moi, j’ai envie de leur rendre hommage, de les célébrer ces simples, ces vilains, ces déboussolés de la vie assis dans cette sinistre cour des miracles. J’ai envie de leur crier courage, je sais que vous résisterez aux époques !
Vous serez korrigans, lutins, farfadets, trolls et  compagnie…
Vous serez des légendaires, vous serez l’imaginaire qui traverse par transmission orale les générations. Vous serez légende et tradition populaire, vous serez petit peuple, créatures fantastiques et vous alimenterez les peurs et les rêves des hommes

Fantasmagorie
Pas plus haute que trois marrons
Se cache dans l’âme

Elle n’a que faire des religions, toute seule elle offre à l’homme la peur, la curiosité, l’espoir, tout le surnaturel dont il a besoin.

Jamadrou


 

L'arbre de Dadd

L'arbre s'effondre à regret
Hache ou baguette en main
Ce magicien des bois
Reçoit les compliments
La foule admire sa maîtrise
De cet être fracassé
Son exploit a fait naître
Tout un monde surgi des ténèbres
Est-ce un mirage
La sarabande
Des elfes et des esprits des bois
Les bacchanales
Du jugement dernier ?

Marine D
                                                     http://emprises-de-brises.over-blog.com/












 
J’ai longtemps cherché
À dire la beauté,
Et je l’ai finalement trouvée :
Là, aux portes de la folie,
Où toutes deux s’amusent :
En paix et si proches !


Territoire de rebus,
Terre d’humanités en surnombre,
Chemins de relations obscures
Et de regards troublés : 
Ils habitent en moi depuis si longtemps,
Habitants occupés à des tâches diverses,
Figures nobles ou figures de misères,
Familiers de mes trop personnels enfers.


Ouvrant les bras à la perle,
J’ai abandonné mon cœur à l’aiguille.


Je cherchai à ne glaner que les fleurs,
Au long des sinueux sentiers de mon âme enfiévrée.
J’y ai trouvé le vieux nain peureux, âme taciturne ;
Ici les œufs-mystères, là les bogues épineuses.
Parfois des diables vengeurs !
J’ai cru, parfois, en gainer le courroux,
 Ils n’ont fait que guider le mien.
Père, je t’ai tué ! 


Une vie pour le rachat d’une vie prise :
Une vie pour dire, en moi, ce foisonnant désordre.
Une vie, aussi, pour y dessiner un sens


J’ai connu et porté la folie de mon siècle ;
Et ce siècle, de mon pinceau, je l’ai croqué.
J’aurais voulu gérer au-dehors
Des étendues immaculées de fleurs épanouies,
Jonchées, partout, seulement de douceurs colorées,
Je n’ai goûté en moi que les marais puants,
Les landes de pierres tristes.
Je n’ai fait l’économie de rien,
J’ai regardé en face, tant les visages d’angoisses
Que les trompes bruyantes et les masques de terreurs. 


Garde patience, mon fils ! On ne naît pas homme,
Lentement, simplement on le devient !
Ainsi parlait mon père.
Alors j’ai cru qu’il était l’obstacle,
Quand il n’était que le dernier rempart.


Prophète, noble, matrone ou fée
Gnomes, contemplatifs, musiciens et capitaines :
La vie humaine est un chemin de lumière,
Sentier d’illumination des choses,
Des zones obscures de l’existence :
Échec ou victoire :  qu’importe !
La beauté est toujours un combat qui vaut !
Pour mettre un ordre à nos nuits premières !


©Serge De La Torre
             http://instantsdecriture.blogspot.fr
             http://decoeuretdencre.blogspot.fr











Expiation !


Au pays des fées, des elfes et des gnomes quelques élémentaux jouent du clairon. Est-ce en l’honneur de l’arbre abattu, invisible, ou pour saluer les retardataires venus célébrer sa mort ?
Un imbroglio de ramures innerve le paysage de Dadd. Mémoire vascularisée. Il y a là une menace. Des flèches se dressent vers l’horizon interdit, les marguerites poussent sur la pierre et des boulets de marrons jonchent le sol. Le bûcheron lève sa hache sur le vide. Expiation !
L’arbre qu’il veut abattre, n’est-ce pas ce petit vieux rabougri à la barbe blanche, assis au sol, le regard dur et qui lui fait face ?  L’abattras-tu ? semblent lui demander ceux qui sont autour et qui l’observent, en seras-tu capable ? Ils sont tellement nombreux à hanter le paysage. Il va le faire. Il va le faire, grincent des monstres sans cou, tête tassée dessus leur tronc. Fantômes tronqués, écrasés comme autant de souvenirs enfouis. Il va le faire, il doit le faire !
L’immense bûcheron refait et refait son geste dans sa tête envahie de troubles qui dégoulinent sur la toile comme pour marquer à jamais l’acte expiatoire du peintre.
Au pays des contes d’Orient ou d’Occident, la mort est toujours présente. Shéhérazade lui échappe nuit après nuit, ailleurs on fait danser les méchantes belles-mères sur des plaques chauffées à blanc pour les punir et, toujours, on mange les petits enfants.

Adamante Donsimoni