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vendredi 20 octobre 2017

Les pages autour des herbes - 87 par Serge de la Torre


Les pages autour des herbes - 87ème édition
Serge de la Torre

 


Herbes sèches, arrière-saison brûlée



Sèches sous les pieds, cassantes et rousses, les herbes brûlent cet automne.
Racines trop courtes dans la terre si sèche, elles appellent une rosée, un brouillard, une seule goutte d’eau.

Elles pleurent la fin des saisons,
La brûlure sans fards des ardeurs incandescentes,

Et, pire que tout, la frénésie des inconsciences humaines.


Aphones depuis longtemps, les verts remisés dans la galerie des heureux souvenirs, ou aux vapeurs  lointaines d’un avenir sans certitude, leurs tiges mortes font un pauvre foin dans l’air qui vibre de trop grandes sècheresses.


Elles pleurent la fin des saisons,
La brûlure sans fards des ardeurs incandescentes,

Et, pire que tout, l’Homme et sa gabegie des ressources.


Ne reste que l’attente, le désert lui-même ne fleurit-il certains matins ?
Quelque part,  au cœur du cœur de leur nature, elles gardent mémoire de leur essence, et concentre leur fierté.
L’échine courbée, mais le cœur fier, leur larme sont des appels à la conscience.



Elles pleurent la fin des saisons,
La brûlure sans fards des ardeurs incandescentes,

Et, pire que tout, la folie dépensière des activités humaines.



Un jour, peut-être,- qu’il est lointain le temps qui ne se conjugue qu’au passé, qui ne se pare que d’espoir sans horizons mesurés! -, elles me diront à nouveau leurs odeurs mouillées, des silences de lendemain de déluge. Elles exhaleront alors sous mes mains des relents de femmes aimées,  à la toison desquelles les doigts qui les parcourent s’emmêlent

Elles pleurent, les herbes, la fin des saisons,
Les brûlures de hasards et les accablantes chaleurs,

Et, pire que tout, dans la douloureuse fournaise, nos  inconsciences débonnaires.



Le 18 Octobre 2017



Grande soif  et petits matins de pluie !


Elles respirent, ce matin, mes herbes mourantes ;
Sèches et cassantes, jusque-là, 
Elles crissaient de soif sous le pas.

Ce matin, au contraire, elles jubilent,
Abreuvées, enfin !


Le brin plaqué comme le cheveu au sortir du bain,
Vaillantes, elles ont traversé l’été si sec,
En leur cœur sans plus de vitalité. 
Toutes recroquevillées.
Réduites à leur essence, 
Elles concentraient jusqu’à leurs odeurs.


Ce matin, elles respirent, mes herbes!
Enfin, il pleut à verse.


Serge De La Torre




Vous n'avez pas participé ? Vous pouvez encore, tout reste ouvert
mais adressez-moi vos textes en une seule fois.  
Un grand merci
AD

jeudi 19 octobre 2017

Les pages autour des herbes - 87 par Jamadrou



Les pages autour des herbes - 87ème édition
Jamadrou



 

Pluie froide d'automne
feuilles et herbes se consolent
d'une mort annoncée.





Herbes en larmes
compatissante est la feuille
chagrin partagé.




 
 






Pas de tapis dans votre intérieur ?
Tissé, noué par des petites mains
Tapis Persan, tapis d’Iran, d’Inde, du Pakistan
Du Tibet de Turquie, du Maroc ?

Boucharouette aux mille couleurs ?
Même pas une toute petite carpette ?



 
- Non, moi, mon tapis est à l’extérieur
 il est vert
tissé avec amour par la pluie le soleil et la terre

Brins de vie et de lumière

Un tapis doux et frais sous mes pieds nus

Un tapis qui aime à être tondu

N’a jamais de poussière

Mais renferme tant de vies

Mon tapis vert c’est ma prairie!





2. un vendredi 13
 






Cueillir la chance
C'est voir par-delà le temps
Quat'feuilles rirent aux larmes.











4
 







Tisser sa toile
Enfiler des perles rares
Se rire du temps.







Jamadrou




Demain la page de Serge de la Torre



Et si vous avez des textes, l'herbier ne ferme pas la page des herbes (ce serait un comble ! non ?)


mardi 17 octobre 2017

Page 88 avec Uutai Olega

Bug de l'administration : la page devait être publiée le 13 et je m'aperçois aujourd'hui qu'elle est restée en brouillon (???) Je la publie donc aujourd'hui.
J'étais étonnée du manque de réactions et le commentaire de Jeanne, que ai eu du mal à comprendre,  m'a mis la puce à l'oreille. Veuillez me pardonner ce contretemps.


Voici vos participations sur le chant de cette magnifique Siberian lady

Merciiiiii !






 
Mère Gé

Il y a urgence
à entendre sa clameur
le prélude va à l'os
fortissimo
écoutez
les grandes orgues
des cathédrales de glace
aux aurores boréales
écoutez écoutez
le glissendo
torturé
violenté
des grains de sable
dans la marche des dunes
aux déserts hurlants
frissonnant
de cri en écho
d'écho en cri
la même clameur
la même plainte
des tropiques aux pôles
du ponant au levant.

La chamane en éveil
réveille 
les univers sonores
des steppes 
de l'Asie centrale
des prairies
du middle west
des forêts de l'Amazonie
ou d'Indonésie

Fermer les yeux
Écouter
le loup de Jack London
la hulotte du moulin de Fontvielle
les chevauchées sauvages
de Mongolie ou de Camargue
les plaintes muettes des peuples
pygmée
aborigène
raoni
maori

Laisser venir les visions
la mangrove
jamais vue
qu'en images
le colibri
quelquefois en cage
le médaillon
du morpho bleu*

Et en voix off "l'homme ombre"
murmurant son poème 
à l'oreille des humains.

©Jeanne Fadosi





Atmosphère...

Yeux clos pour s'ouvrir sur une atmosphère, une porte crissante qui donne sur un monde étrange, vibrant de vibrations, éclairé à peine au flambeau, même nos ombres nous terrifient...
Il nous happe ce monde, nous assaille corps et âme, quand une louve hurle à la mort, une chouette chuinte, inquiétante comme la faucheuse qui rôde en ricanant...
Démon des enfers es-tu là... ? De lugubres battements de tambour accompagnent nos pas perdus comme d'autres cris et bruits vaguement humains...
Un cheval fou hennit au galop avec sa cavalière, le cravachant au sang, affolée, tentant d'échapper à dieu sait quoi...
Un ultime hennissement, puis, plus rien, le silence,
la délivrance...
la salle rouvre les yeux, conquise !


jill bill






Excusez-moi

Excusez-moi si je pense à lui encore en écoutant UUtai Olena, la chamane sibérienne
Excusez-moi si je pense à Nerval, lui  qu’on dit fou parce qu’il promenait un homard en
Laisse. Excusez-moi si je pense à lui en entendant ce chant de la Terre-Mère ou inversement.
Pourquoi, pense-je à Nerval en écoutant cette femme en contact direct avec la nature, me
Demanderez-vous ? Parce que dans ses « Vers dorés », il proclame que « Chaque fleur est une
Âme à la nature éclose. » C’est mieux que ce disent certains écologistes d’aujourd’hui.
C’est aussi bien que les « Correspondances » de Baudelaire. C’est antique et moderne.
C’est romantique et naturaliste, réaliste et mythique. C’est Nerval qu’il faut lire
Pour y lire qu’il aime les femmes qu’elles soient filles ou mères, feu ou terre.
Excusez-moi si je pense à lui qui a perdu sa mère à l’est, du côté de la Pologne,
Pas loin de la Sibérie ; comme il a aimé cette mère morte d’être partie rejoindre son père.
Comme la chamane, l’ « Aurélia » de Nerval détient la clé de la porte d’ivoire entre le songe
Et le réel. Les Chansons du Valois- de notre génial poète maudit d’avoir été curieux du
Monde- ressemblent au chant de la Terre-Mère irriguée par les veines qui baignent le pays de l’enfance.

 Laura VANEL-COYTTE
Auteure,blogueuse,documentaliste



Uutaï – chant de la Terre-Mère


Venant de loin très loin
Lancinante la guimbarde appelle
La mélopée s’accélère

Joïk rituel
Noaidi Chaman
Médiateur entre l’Humain et l’Esprit
Sur son tambour sacré
Elle invoque la nature sauvage
La transe nous relie à l’âme
Des montagnes
Aux rochers et aux lacs
Aux trois mondes
Céleste
Terrestre
Souterrain
Du pays des Sàmis
Une course dans le temps
Jusqu’à l’essoufflement

Le cœur encore battant
Des cris d’un loup
Sous une  aurore boréale
La vision s’éloigne









Le lutin de la nuit
Remplace le lutin du jour
En chef d’orchestre
Au clair de lune
Il ouvre le bal

À plumes comme à poils
Dans les sous-bois
Dans les marais
Un boomerang vocal
Renvoie l’écho
De la vie nocturne
Au cœur d’un faux silence
Se nouent et se dénouent
Un merveilleux langage
Sans paroles

Entends-tu la forêt qui te parle ?

ABC




La chamane

« Je vous invite à une chevauchée fantastique à la rencontre des esprits de la terre dans une nuit peuplée de bêtes qui n'ont de sauvage que leur liberté"
Ainsi a parlé la grande chamane.
Dès le début de son « histoire » je l’ai vu lancer une passerelle entre les deux mondes : entre humanité et esprits de la nature.
Cette passerelle je l’ai empruntée avec curiosité et grand bonheur  et ce que j’ai découvert fut merveilleux. Assise sur un cheval fougueux j’ai galopé dans ma nuit et j’ai traversé la couche d’incompréhension pour aller vers la lumière, là où le rêve devient  réalité.
Ici les bêtes savaient et moi je comprenais leur langage.
Le loup, la chouette, les oiseaux me parlaient, me guidaient
Les arbres les herbes se penchaient sur mon passage, me caressaient, m’encourageaient
L’eau du ruisseau ou des cascades dévalaient dans mon cœur et délavaient les couleurs sombres
 J’ai compris que les (plus) bêtes n’étaient pas ceux qu’on croit.
 Les humains étaient les plus bêtes, les plus arrogants les plus sots  du monde des vivants. Ils s’appropriaient et dévastaient.
 Cette chevauchée  m’a ouvert les yeux,  j’ai vu la vraie nature de chacun,  j’ai compris ce que bête  sauvage voulait dire. J’ai compris qui bafouait le mot liberté, ce mot qui veut dire : vivre au rythme de Gaia mère de tous.
Quand je suis revenue de cette traversée folle je savais qui je devais respecter et qui je devais chaque matin remercier, adorer.
Mon présent fut alors cadeau,  mes amis et confidents furent les animaux,  ma nourriture se mit à réfléchir la vie et ce reflet  fut respect.


jamadrou




... écrire mon ressenti après avoir écouté et regardé cette vidéo .
Non.
Écrire mon  senti pendant que j'écoute et regarde l'image de cette femme étrangement accoutré qui ... qui quoi ? qui hurle, qui hulule, qui fait du bruit, qui, à elle seule fait vibrer l'Arctique, l'Antarctique, la forêt amazonienne, et les steppes de l'Asie centrale.
Cette femelle qui se veut griot en frappant sur son tambour bourin ?
Cette Femme qui est à la fois Sauvagerie-Douceur ?
Écoute, et Tais-toi.

Tout d'abord un son de scie coupant de grands arbres.
Surgit le hurlement du mâle loup, auquel répond une femelle.
Loin,       très loin, dans la moiteur profonde,  le cri d'un cacatoès. A moins que ce ne soit celui d'un dodo. Il se rapproche. L'homme l'accompagne des grelots de son tambourin. Tous trois s'emmêlent puis se répondent. La scie continue son ouvrage de mort.
Un hurlement terrible.
Chacun continue son oeuvre. .... À tout de rôle prend le dessus.
Hennissement vainqueur de l'animal domestiqué !

Françoise





UUTAI

Appel du loup dans la forêt sibérienne
Hululements, glapissements
Noire est la nuit
La terre résonne
De cris chamaniques
Le cheval de feu reste immobile
L'arbre ne respire plus
Le sang de la pierre s'est figé
Dans la falaise l'oiseau s'est tu
Frissons de glace
Stupeurs et grondements
Les âmes se sont fondues
Dans l'implacable cosmos


© marine Dussarrat






Les territoires de l'ombre

Je ferme les yeux, j’accueille.
Frémissement au premier son de la guimbarde, je suis au centre du mouvement. Progressivement, une force surgie de mes entrailles s’élève en spirales vers le ciel. Ce volcan hypnotique déroule sa matière jusqu’aux confins inabordables d’un univers indéfini.  Le rythme doucement s’installe et peu à peu s’amplifie. Tous mes repères habituels s’effacent car ici il n’est plus de norme. La vie à l’état sauvage crucifie nos certitudes dans son immense cri de sexes et de ventres. La préexistence du désir de création est glorifiée.
Les cercles vibratoires de cette musique m’ensorcellent, ils tournent de plus en plus vite et me placent au centre du tourbillon frénétique de l’oubli de soi. Je coule sans crainte dans cet entonnoir qui m’emporte et me dépose en douceur sur une zone de silence.
Je vis l’appel du loup, gorge tendue vers les étoiles. Par le cri de la chouette qui zèbre la nuit, je salue l’avènement d’un temps d’éternité.
Les voix sont gutturales. Déchirées aux  épines de la forêt elles sont l’écho du mutisme des pierres. 
Je reçois. Je suis steppe. Je vibre du souffle infernal de la terre. Les notes se gonflent, explosent sur les lignes d’une portée d’ombres jusqu’à faire surgir un cheval au galop. Partout le feu s’exprime dévorant et le temps bascule. Da capo. La silhouette d’une  cavalière est inscrite sur la face argentée de la lune, les ténèbres s’illuminent. Et voilà qu’une armée mongole déboule à sa poursuite. Pas un seul bémol, mais des marques de sabots sur les lignes qui se cabrent. C’est l’âme de la terre qui tremble. Je tremble. Je suis le théâtre de cette poursuite effrénée. Enfin l’apothéose, la grande danse des cavaliers, le grand opéra des montures quand la nature Diva pousse son air  de Valkyrie. La chamane a rejoint les territoires de l’ombre.
Partout les cris rauques des Esprits surgis des profondeurs taillent des lambeaux d’espace, ils ouvrent les portes des mondes interdits aux profanes. Il n’est plus rien de connu au travers de ces territoires où le son allume l’animalité de l’Être. Là, tous les chamans de tous les temps, de tous les mondes, unissent leurs voix. Dans la nuit, un chant ancestral inscrit dans la mémoire du minéral, dans l’ossature du vivant enfle jusqu’au coup de cravache final.
Le pur-sang se cabre, un hennissement, puis le silence.
Une porte vient de se refermer.






 
Uutai par serge


Le chant de la Terre Mère

Un son comme une vibration envoûtante et porteuse,
un appel douloureux, une plainte douloureuse d'animal blessé,
Le cri de la terre foulée.
Un chant comme une émanation de la Vie,
une vague montante,
une cavalcade fougueuse et bruyante,
une ronde folle dans des horizons déserts...

UUTai,

Cette femme est à elle seule un monde qui se raconte, une prêtresse liée à la terre-mère, porteuse libre d'un chant de rappel pour des hommes trop loin d'eux-mêmes, si loin de la vie qui les anime et les fait.

Serge De La Torre
https://instantsdecriture.blogspot.fr/
 




Dessin Adamante
Je vous invite aussi à visiter les pages parues autour des herbes (une page par participant) et vous invite à y laisser quelques mots. Il est toujours agréable pour les participants de voir que les autres s'intéressent, au moins sur la page de la communauté. Une façon de nouer le contact et de faire de cette communauté une réelle plate forme d'échange. 

D'autres pages suivront sur le sujet. Cela fait beaucoup, surtout avec la page du vendredi qui s'y rajoute. Mais vos visites ne sont pas limitées dans le temps. Et, merci encore de votre fidélité.



jeudi 12 octobre 2017

Herbes mouillées

  Les pages autour des herbes - 87ème édition




Herbes mouillées de Marine






Regarder un nuage
qui flotte sur fond bleu
fouler l'herbe drue
  
Tapis odorant
offerte et constellée
- folle avoine


Herbe attractive
veloutée sous nos pas
toujours renouvelée



Des herbes moussues
moustaches dégoulinantes
toilette de rosée


La pluie encore
repulpe la pelouse
qui avait séché



Tombée du ciel
l'eau a ravivé les herbes
et les ruisseaux




MarineD


mercredi 11 octobre 2017

Heures de hasard, herbes de pluie, par Jeanne Fadosi




 

Les pages autour des herbes - 87ème édition

par Jeanne Fadosi



Trèfle À Quatre Feuilles, Trèfle, ChanceHeures de hasard, herbes de pluie




dimanche 3 septembre, onze heures


Après les pluies de chaleur
les panicules du maïs

caressent le voile
estompant le soleil
pour le déchirer.




lundi 4 septembre, en début d'après-midi


Vaine quête de hasard
ils cherchent fortune
dans un trèfle à quatre feuilles

Les brins emperlés
scintillent dans la lumière
trésor d'abondance



mercredi 6 septembre, en début de soirée


Chronique vespérale

Le linge est lavé
Le soleil encourageant
Le vent polisson

Le faire sécher sur le fil
comme pour prolonger l'été ...




samedi 9 septembre, dix heures du matin


Soudaine et brutale
la rincée drue de l'orage
a fait fuir l'abeille




lundi 9 octobre, onze heures du matin


Pluies douces de la nuit
soleil tiède des journées
l'herbe est à la fête

en début de soirée

Petit peuple des herbes folles
gardez-vous de la tondeuse

onze heures du soir

Que fais-tu dans ma maison
jeune crapaud étourdi ?

Ignores-tu que le confort des gîtes humains est un piège mortel pour tes frères ? Le chat en a retrouvé un, il y a quelques semaines, dans les outils de jardin. Fuyait-il la canicule ? La nature, bonne fille, l'avait momifié.

Je te rends ta liberté
dans l'herbe fraîche des pierres.




mardi 10 octobre, dix heures du matin


Pluie et soleil au rendez-vous
de l'autre côté de la vitre
festin de roi pour le verdier.