Je pense qu'il est nécessaire sur cette page de rappeler que l'herbier est réservé à des textes libres, sans rimes, des textes épurés qui reflètent l'instant dans sa simplicité fondamentale et que nous devons tendre vers la plus grande sobriété.
Je vous remercie d'y être vigilants.
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La vendeuse de fleurs Georgios Jakobides
La môme à Georgios...
De corvée
A chaque soleil
Que l'bon Dieu fait
renaître...
Hier des allumettes
Aujourd'hui vendre
des fleurs
Sur l'trottoir
Demain, ah demain...
Qui sait
De quoi est capable
Le père Georgios
Pour un franc six
sous... !
Achetez mes pensées
M'sieur, dame
Un bouquet contre une
pièce...
Les mêmes mots aux
lèvres
Les mêmes maux
Matin après matin
Pour la môme rapiécée
Morte de fatigue...
C'est vrai
Qu'elle ferait
Une bien jolie
morte...
Simplicité, abandon et retenue.
Elle porte un sarrau rapiécé aux couleurs de la forêt.
Paisible, elle s'est endormie,
Elle présente un moment les
traits poupins de l'enfance qu'elle vient tout juste de quitter.
Son corps épouse les lignes du
parvis et se réchauffe
aux derniers rayons du soleil qui
reflètent sur son visage la chaleur de la pierre.
Elle dort.
Anouch, un bien joli
prénom
Qui n'a pourtant pas
bonne réputation.
Manouche, manouche,
manouche…
Dans le village la
petite pauvrette ne fait pas ripaille
Souvent en haillon et
cheveux en bataille
Elle fait peur aux
enfants, assise devant l'église
Ses fleurs et ses
petits paniers ronds posés bien à leur guise.
On dit qu'elle est
sorcière, bohémienne de misère
Rares sont ceux qui
la regardent, qui s'arrêtent.
Et des paniers qui en
achètent?
Un jour un p'tit
garçon tout mignon
Tire la main de son
papa dans sa direction.
Le papa dit
« bonjour Anouch »
« Je voudrais
bien deux petits paniers ronds
pour aller aux
champignons. »
Anouch sourit et
donne deux petits paniers ronds.
Le papa du petit
garçon bien mignon
lui tend des euros et
une invitation.
Il a vu dans ses yeux
la bonté
le sourire et la
lumière.
Trois jours après,
c'était les 6 ans du
petit garçon bien mignon
qui a vu arriver à
son goûter d'anniversaire
la plus belle des
petites fées !
A sa main gauche un
joli panier rond
empli de bonbons
à sa main droite une
baguette.
Elle était venue de
loin à la recherche de l'Amitié
et voilà qu'elle
l'avait trouvée.
jamadrou © 24 avril
2017 (A fleur de peau)
Puissants ! Oh !
Inutiles jouisseurs !
Enfant sacrifiée, en attente de
fortune !
Porteuse de misères et de loques
fanées.
Marchande du plus beau : de
l’inutile…
Pourvoyeuse de l’éphémère, de la
nature sans profit :
Petite vendeuse de lavande,
et d’autres plus humbles fleurettes.
Lasse, tu t’es assise,
Au seuil d’un palais :
Tombée là, épuisée,
Finalement, fermée aux tristesses
du monde,
Tu dors, fillette, et tes rêves
sont loin !
On ne t’a, dans nulle de leurs
écoles, appris à penser le destin que tu vis :
Alors, d’un rayon de soleil, tu
te fais un régal ;
D’une marche, d’un mur chaud, le
plus doux des reposoirs,
Et d’une lourde chimère
affamée, le plus charmant des jeux-songes.
Libre, adossée à la pierre de
l’histoire, tu imagines le goût d’un autre monde.
Celui, où enfin règneraient pour
tes semblables,
Le droit de vivre son âge, et
celui de devenir.
Puissants ! Oh !
Inutiles jouisseurs !
A quoi bon le pouvoir qui est le
vôtre, s’il n’est celui de protéger sa vie ?
A quoi bon vos opulences, si
elles ne servent à rendre douce l’existence des enfants,
Et puis la route des ventres
creux, le sort des fragiles !
Serge De La Torre
Rien ne vaut son doux
visage
Elle baisse les yeux
Ne passes pas ton
chemin
Arrêtes là ta course
Aujourd'hui prends le
temps
Regardes la
Donnes lui un sourire
Rien ne vaut son doux
visage
Elle observe un monde
hors de portée
Seul l'oiseau est son
ami
Comme lui
Elle attend que le
soleil la réchauffe
Si le vent se lève
Il fera encore
un peu plus froid
Ne passes pas ton
chemin
Rien ne vaut son doux
visage
Oubliée l'âpreté
de sa vie de mendigote
Caresse du soleil
Se connecter au grand tout
rêver aux illusions perdues
L’enfant des fleurs
Elle ferme les yeux
Elle a quitté le gris, le froid
Elle a quitté la misère, le poids
qui plombe l’âme et la cantonne à l’ombre
Elle a quitté la rue, ses cris
Elle a oublié les affiches, les
paroles adultes où tout est duel et peur
Elle a oublié ce monde où tout
semble se résumer en deux forces opposées
Dans une autre vie, vendeuse
d’allumettes
Dans cette vie, vendeuse de
fleurs
La petite main des pavés qui
propose ses fleurs
L’enfant pauvre, oubliée, vient
de s’endormir
Le parfum des bouquets chatouille
ses narines
Son cœur se réjouit
La petite princesse des fleurs
La démunie, la va sans rien
Danse sur le rire du rêve
Belle de cette liberté qu’offre
le dénuement sans attente :
Savoir profiter de l’instant
magique qui se donne à qui n’a rien
Dans son monde, sourde un rayon
de lumière
Il traverse ses paupières
Et soudain les passants
s’arrêtent
Là, sur les marches, un petit
soleil vient de s’allumer
L’enfant
Sans défense
Leur montre le chemin
Le rire, nourriture essentielle
de la vie, prend sa source dans l’abandon
Dans la confiance
La vie ne se résume pas à ce que
l’on possède
On ne possède pas la vie, c’est
elle qui nous possède
Certains amassent en un désir
inextinguible
Piétinent, détruisent,
manigancent, se goinfrent, affament et tuent
Ignorant qu’à ses richesses se
lit la pauvreté du monde.
L’enfant des fleurs le sait
Un parfum, rien qu’un parfum
Et voilà qu’un sourire allume le
feu de son cœur
Il s’embrase en un rire
gigantesque
Et tout se métamorphose
Toi qui passes et qui la regarde
Ne sens-tu pas la nécessité de ce
rire salvateur dont ton cœur a si faim ?
Que sont ces deux rides de
désespérance qui barrent ton front ?
Ce sérieux qui te fige l’âme et
te glace ?
La vie possède en elle tout ce
qui te manque et pourtant vit en toi
L’enfant qui dort, le ventre
creux, l’œil cerné de fatigue
Là, devant toi, le sait
Ce pourrait être toi
Toi, dans la pureté de l’Être
Toi, dans un élan d’amour.
Le coin des retardataires
Dans le coin de l'église réservé aux pauvres,
une fillette, assise et tête renversée semble dormir...
Elle ne dort pas.
Un panier de fleurs en offrande sur les genoux, avec cette ferveur et cet abandon douloureux
que rien ne dérange, elle prie pour son petit frère
que les anges du ciel ont emporté au Paradis...
Chantal R. alias Tootsie
Enfance soie aux cernes bleutés
Petite âme en désespérance
Ni le froid de la pierre
Ni l'indifférence des passants
Ne sauront altérer la douceur du sourire
En attente du premier soleil
Caresse maternante sur voile de tristesse
Cette onde bienfaisante comme une mère aimante
Lentement glisse et réchauffe
Permet aux rêves de s' ouvrir
Comme la fleur s' épanouit
Moment privilégié où s' endort la misère
Quelques instants volés à l'innommable
Où l'espoir a soudain un goût de friandise
Balaline