et... n'oubliez pas les règles
Bienvenue dans l'Herbier de Poésies. Vers libres, prose poétique, expression libre des profondeurs de l’instant qui se dit sans rime ni métrique imposée. Mais aussi Haïku & famille favorisant le fond plutôt que la forme.
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samedi 15 avril 2017
vendredi 14 avril 2017
Pays d'Âme pour la page 74
Le pauvre
orpailleur...
Il avait picolé
Plus que de raison
Le pauvre orpailleur
Refait le monde
Renversé son verre,
saoul,
Sur le zinc du
comptoir,
Vidé ses poches de
ses quelques sous...
Le cuivre du Cognac
En taches d'or
Cet or tant cherché
Qui rend fou...
Lavé et relavé le
sable
Des rivières,
Usé son regard au
tamis
Et sa patience,
Ressemblant à un
Robinson
Maigre et barbu...
Il avait picolé
Plus que de raison
La pauvre
orpailleur...
Il est un pays que je dis
japonisant
Il est un pays où le champ est
estampe
Il est un pays où l’homme a
disparu
Il est un pays où la gravure est
mémoire
Il est un pays où la matrice est
relief du paysage
Il est un pays où les couleurs
coulent dans les creux
Il est un pays où les cerisiers
ne sont plus en fleurs
Il est un pays où l’arbre n’est
gravé que dans le souvenir
Il est un pays que je peux
reproduire à l’infini
Ce pays se trouve autour du point
de fuite
Là juste au bout de mon pinceau.
Paysage d'âme
Quand on me demande d'où je
viens, je réponds que je viens de partout et de nulle part
Bien sûr, je suis née quelque
part et j'aime ce paysage de mon enfance et de ma jeunesse
Mais je suis avant tout du pays
de mon âme qui se trouve entre la littérature et l'art
Mon paysage est un peu là-bas, un
peu ici, un peu ailleurs et surtout dans cette œuvre
D'art que je regarde à cet
instant ou dans ce livre dont je tourne les pages et qui me situe
Partout et nulle part: je suis en
Russie avec Kandinsky, en Afrique du Sud avec Couderc
Demain, je repartirais peut-être
pour le Maroc (où j'ai vécu) avec Moa Bennani ou Chraïbi.
J'ai choisi un pays qui me
convient parce que mon âme s'y est reposée et excitée.
Taches d’encre
Rayons de miel
Au mélange des genres
S’amorce une harmonie
De dilemme en dilemme
Se compose
La mélodie de soi
Au jardin de vie
Ferme les yeux et
dans un demi rêve au-delà du réel voici qu’apparaît le matin du monde.
Un désert de sable et
un lac de mercure occupe l'espace au-dessus d'un orme pleureur.
Les larmes-feuilles
deviennent ruisseau.
Elles s'engouffrent
dans une faille sans même atteindre le lac.
Dans cette plaine aux
ombres improbables, nul animal, nul humain que cet arbre insignifiant
pour rappeler que la vie peut apparaître.
Voici ce que les "apparentes
uniformités" en noir, blanc et orange de Martiros
Hakopian m'ont inspirées.
Il est toujours difficile de
parler de l'âme des autres (et déjà assez difficile de parler de la
sienne!).
Le faire à partir d'une
"image", sans plus connaître la personne, même s'il s'agit d'une
bonne photographie de sa nature foncière, est plus complexe encore : sans
doute une gageure.
Et comment trouver des mots qui
aient quelque chance d'être juste ?
Et comment encore ne pas risquer
de blesser ?
D'ailleurs peut-être est-ce pour
beaucoup ne parler que de ses propres horizons au prétexte de ceux de
l'autre. Mais face à l'impossible, il n'y avait finalement qu'un risque,
être tenté de ne rien oser.
Au-delà de ce point, est advenu
ce qui suit :
Rousseurs
d'émotions dévoilées
Âme de contrastes floutés,
Lieu de projections
fantasmatiques,
Âme de brouillard, de brumes
flottantes et d’horizons lavés,
Âme où les plans se mêlent :
Hiers illisibles, présents
en rupture, et espaces brisés pour des lendemains imprécis.
Âme de roches,
De croûte blessée, où la
rocaille cède par pans, et avec lenteur.
Terre nue bordée de forêts
érigées en futaies incendiées,
Au loin, en ultime palissade.
Âme égale,
Qui flotte en perspective et
pente douce dans un ciel roulé d’ombres et de nuages mêlés.
Âme de failles profondes,
De crevasses, de fissures en
formation, de falaises, enfin, sans pied ni fond.
Âme de coulées sombres,
Où se dessine quelque bête bavante
qui souffle et dégouline : misérable, comme en chacun.
Âme d’encre et de nuit noire
Qui fait un front, une vague
passagère
Que suivent de près des teintes
automnales,
Celle d’un sentiment presque
caché.
Âme finement humaine,
En quête de paix, de douceurs
vernaculaires.
Quand derrière l’apparent
tourment général
Transparaissent les rousseurs
d’une émotion masquée.
©Serge De La Torre
Vision d’une beauté
fantastique
fantasmagorique
couleurs chaudes
froides
attirantes
ne pas rester à
contempler
se sauver
elle emporte tout
sur son passage
la lave
arbres
hommes
bêtes
charrettes
sont balayés
effacés de la vie
Le monde se rêve
Le demi-dieu du printemps préside
au dégel.
Il s’extirpe de la dimension des
eaux, réalise l’arbre et la pierre, cristallise l’or d’un soleil venu
réchauffer la terre, semer la vie.
Dans ce chaos de glace encore à
la dérive, dans ce chaos grinçant livré à la débâcle, des visages surgis du
néant expérimentent la forme, leurs traits sont déjà porteurs de l’esprit.
Certains, paupières closes, surgis des ténèbres intestines d’un lac sont déjà
en quête de sagesse. L’oiseau noir
se prépare à son envol vers la lumière.
De chaque fissure, on pressent le
germe d’une connaissance prête à conquérir le monde. Le ciel enfin différencié
de cette soupe primordiale, pris d’un insatiable désir d’expansion, a commencé
son évasion vers l’infini. Bientôt le premier cri accueillera le souffle et le
monde sera, pour l’instant, il se rêve.
©Adamante Donsimoni
Le coin des retardataires :
Dans l'ocre du désert, ses sables
tourmentés
Le bleu le gris le mauve d'un
ciel toujours fuyant
Les nuages qui font et défont
mille figures
J'aime à regarder se dessiner la
fin du jour
Lentement voir se diluer
Un poisson, un ourson,
Au dessus des rivières sauvages
Au dessus des arbres de cobalt
S'épanouir la beauté des espaces
inviolés
Incroyablement rares,
Occasion invoquée
D'un rêve éveillé
Et même si rien ne nous sourit
Juste pour un instant d'éternité
Juste pour le bonheur
Marine Dussarrat
Chemins d'ocre
mouvant
Où l'irréel prend
vie...
Entre l'azur métal
Et la courbe dunaire
La fuite sinueuse
D'un lézard des
sables
Froisse le silence
Englué de sommeil...
Martine
http://martinemrichard.fr/blog/
http://martinemrichard.fr/blog/
Sous l’œil du cyclone
tous aux abris
calfeutrés
Attendre, juste
attendre.
On l'avait appelé
Cook
son capitaine est le
vent
Après l'ouragan
stupeur et désolation
ou soulagement
Courage et réparation
après l'orage tropicalsamedi 8 avril 2017
Proposition 74, just for you
Voici une nouvelle œuvre de MarHak. Merci à lui.
Oui, j'aime son univers, sa quête spirituelle au travers de sa peinture et cette photo de lui qui raconte son âme.
Alors, promenons-nous dans ses espaces et qu'ils nous emportent.
Belle semaine à tous et à vendredi prochain.
AD
vendredi 7 avril 2017
Un pont enjambe la Page 73
Et si...
Et si c'était le pont
Qui en Avignon
dansait
Pris de folie
Dans une nuit
estivale
A s'éclater
En mille morceaux...
Ah si papa
Les belles dames
Et les beaux
messieurs
Savaient ça... !
Ils diraient,
Ohé ohé Rémi
Petit bonhomme
Mentir n'est pas bien
Retourne de ce pas
A ta leçon de
clarinette...
J'peux point
J'ai perdu son do...
Et sur le sol
Ne le retrouve
pas !
J’ai pensé qu‘il avait un je ne
sais quoi d’extraordinaire, comme un géant enjambant vagues et flots.
Du rayon de ma torche éclairant
l’horizon, j’ai projeté au loin les limites de son univers.
Il sortait tout droit de
l’imaginaire d’un enfant rêvant de construire un robot pour décrocher la
lune :
-
Allo la lune, de la terre ici la mer…
J’ai admiré l’enfant, jeune
pousse d’architecte.
J’appréciais son élan vers
l’astre nocturne et la légèreté de son échelle céleste ancrée sur les fonds
marins en trait d’union entre les éléments.
Le laissant à ses rêves, je
souriais à la lune lui souhaitant de rester, longtemps encore, solitaire en son
jardin étoilé.
Je vois
Je vois les « Prisons » de
Piranèse, « architecte vénitien »
Je vois ce gros livre chez
Taschen, épais et cher
Dont j’aimerais mettre
l’imaginaire qui m’inspire
Dans ma bibliothèque pour les
regarder à l’envi
Je vois Mestre en Vénétie où est
né Piranèse
Son père était tailleur de
pierre, un métier de fantasme
Piranèse apprend l’architecture,
l’ombre de Palladio
Plane, il apprend aussi la
perspective théâtrale
Je vois Tiepolo chez lequel
peut-être Piranèse a étudié
La peinture : ses œuvres admirées
religieusement à Venise.
Piranèse poursuit sa formation à
Rome : la perspective.
Je le vois encore devenir
théoricien et archéologue
Je vois Piranèse, ce
graveur-poète bâtir un univers imaginaire
De gouffres sans fond, coupés
d’escaliers et de ponts vertigineux
Dont on ne sait où ils mènent :
caprice architectural hanté par l’antique
Adoré par les néo-classiques et
gothiques, De Quincey, Nodier, Hugo.
Au-dessus de la mer
Par-delà les nuages
Prenant racine dans l'humus noir
La fleur blanche se déploie
Comme un espoir dans la nuit
Du cosmos infini
Est-ce un ballet ?
Une bataille ?
Une danse d'outre-morts ?
Dans la nuit d'encre marine
sur l'océan d'ordures obscures
des morts-vivants témoigneront.
La porte s'ouvre sur le rêveUne longue nuit sans lunepiquée de quelques voiles blanchesEn bas la mer s'est tuevagues apaiséesoffrant son ventre d'encreaux sillages d'écumeArabesques émouvantesPas de danse esquissésLe chant de nuit se glisseCette nuit est magiquepleine de force et de désirstremblant au bord des champsdu grand silenceFils dénoués cordes enlacéesL'espace en vibrationsentame la marche du nouveau monde
J'ai la boule au
ventre
Les foules ont perdu
la tête
Les politiques aussi
Ils ont chamboulé les
mots, les idées
Et semé les promesses
au vent des innocents...
Se souvenir du passé
Des horreurs faites
au nom de la Patrie
Qui prend selon les
gens
Des contours bien
divers
Péripéties et
billevesées
Ces exterminés, ces
suppliciés
Que l'histoire
voudrait effacer ?
Tournent les planètes
Je ne veux pas
oublier
Je ne veux pas d'un
monde
Empli de haine
Je n'écoute pas le
chant des sirènes
Je ne veux pas d'un
pays sans mémoire....
Elles sont fatiguées les mères nourricières.
Après avoir épuisé la terre
Allons-nous aussi épuiser la mer
Avec nos rêves fous d'inépuisables ressources?
Les limites
Comme un pont enjambe deux
mondes, l’univers déploie ses formes multidimensionnelles. Structures Gaudiennes, unijambistes,
parcourant l’océan inversé des angoisses kafkaïennes ; voiles
contemplant les abysses tandis que
des bras chimériques dressés vers l’indéfini de la matière noire tentent d’en
attraper le temps. Créations de l’Esprit luttant contre l’inconcevable mesure,
sans cesse traquée, sans cesse échappée, tandis que la lumière fusant de
l’insondable nous attire comme ces papillons de nuit fascinés et impuissants.
On pense à nous.
"Les petites pensées qui font plaisir"
« Absent toute la semaine, dans l'impossibilité de réaliser un travail sérieux pendant cette semaine, je ne participerai pas aux efforts collectifs, mais vous lirai avec plaisir dimanche prochain. Bonne semaine à tous, Bonne semaine Adamante! «
Serge De La Torre
« Absente depuis 2 semaines et sans internet, j'essaie de participer mais je n'ai pas souvent de connexion, c'est pourquoi la semaine dernière je l'ai juste mise en commentaire. »
Balalline (de son mobile) :
http:// balaline.eklablog.com (rajouté à la page)Balaline 31 mars 2017 à 14:45Merci pour ces regards tout en sensibilité!
A l'orée de l'aube
J'ai rencontré un roi
Aux couleurs d'élégance
D'un regard souverain
Épris de liberté
Il défie silence
L'espace immaculé
Et la folie des hommes
dimanche 2 avril 2017
Révélation 73 pour l'herbier
Au plaisir de découvrir vos mots et...
n'hésitez pas à revisiter les pages précédentes.
vendredi 31 mars 2017
Page 72, les gestes d'un regard
L'œil est bien netla corne altièrele regard douxY a-t-il une faille en toute chose ?un génie en toute particule ?La vie, toute vie, se nourrit des parcelles mortes.La vie, toute vie, se renouvelle de leur offrande.
Puissant ! Plein ! Vrai !
Animal, fier : oreilles
tendues, aux aguets !
Regard droit, de celui qui a tout
vu,
Et se tient prêt à toute action
pourtant. Il voit loin,
Ne ferme pas l’œil en offrant ses
naseaux au soleil.
Son territoire est son sang, la
liberté son horizon.
Il porte le manteau lourd de
l’habitant des montagnes,
Juste occupé de vivre, et parfois
même de survivre à l’hiver.
Cornes retournées : le
combat lui est tout intérieur :
Autant au moins qu'il vise le
possible rival.
L’adversaire ne lui est pas même
la mort,
C’est elle qui le révèle.
Mais aujourd’hui, il domine,
puissant, plein… Vrai.
Veni vidi, c'est
tout...
Ce printemps
Comme une envie
Viscérale
De prendre la place
Du vieux
« bouc »...
Il me toise
Me jauge
Me défie
Prêt à en découdre
De sa corne
massive...
J'exige son harem
Ni plus, ni moins...!
Moi le jeune mufle
L'insolent blanc
bec... !
Sur le sabot de
guerre
Déterminé,
Les femelles soumises
Au sperme du plus
fort...
L'expérience
Du vieux combattant
Contre la fougue
Du bleu...
Mais,
Y a pas pire aîné
Qu'un mouflon !
L'année prochaine,
Je l'aurai, je
l'aurai...
Connivence interrogative
Croisement de nos regards
La majesté s’impose
Mes yeux cherchent ta
constellation
Divinité criocéphale
Mouflon au regard
Exprimant tout son mépris
Pour l’homme
Qui s’agite vainement
Tout englué de sa suffisance
Toi
Toi le mouflon
Toi le Roi des glaciers
Aux cornes chantournées belle
parure
Niée
Tu deviens bouc
Bouc émissaire
L'autre et sa superbe
mérite la mort
Toi le bouc émissaire
Appel à la révolte
Non celle qui se noie dans le
sang
l'autre, la vraie la juste
Celle qui fait un tour dans
l'autre sens sur soi-même
<< Le premier qui dit la
vérité il doit être exécuté (Guy Béart) >>
Il revient le
printemps sur un air de romance
Un air fleurant
l’amour parfumé au jasmin
Pour que la vie soit
rose et nos cœurs pleins d’entrain
Sur un air de tango
ou de valse de Vienne
Il swingera
ici, il rapera là-bas…
Jetant des pas de
deux à dérouler sans faute
Les bancs publics
auront leur plein d’entrelacés
Les bois ont du
muguet à trousse chemiser
Le coucou vous épie
méfiez vous, il ricane
Les oiseaux font
leurs nids, prévoyants et joyeux
Vous regardez passer
des passantes divines
Vous musardez rêvant
de muses alanguies
Le Printemps est
toujours votre excuse coquine
Après tout il est
court et scande le poète
Cours y vite, cours-y
vite,
En un clin
d’œil, il a filé…
Leçon
d’un mouflon à une humaine
Quel trouble, soudain ! la
condition humaine me semble dérisoire. Ce regard plein de compassion renverse
les valeurs. L’espèce bipède brandissant la supériorité de sa conscience face
aux limites affirmées de l’animal, vanité, prétention, bêtise !
Dans ces yeux, je lis une infinie
sagesse. Même l’herbe offerte à l’instant me semble mieux comprendre ce qu’est
la vie. Il n’est aucun soupir pourtant, autre que celui qui s’échappe de mes
poumons, aucune accusation dans ce regard débordant d’amour, juste le don total
de soi.
Ma gorge se noud, je voudrais
crier : comment pouvez-vous encore nous pardonner ce que l’on a fait de la
planète ? Mais il ne m’échappe qu’un terrible silence, l’aveu de mon
impuissance et la certitude de l’erreur effroyable de mon espèce.
En commentaire :
Balaline31 mars 2017 à 14:45
Merci pour ces regards tout en sensibilité!
A l'orée de l'aube
J'ai rencontré un roi
Aux couleurs d'élégance
D'un regard souverain
Épris de liberté
Il défie silence
L'espace immaculé
Et la folie des homme.
A l'orée de l'aube
J'ai rencontré un roi
Aux couleurs d'élégance
D'un regard souverain
Épris de liberté
Il défie silence
L'espace immaculé
Et la folie des homme.
dimanche 26 mars 2017
Un regard pour la page 72, et quel regard !
Voici l'image de la semaine, j'ai hâte de lire les mots qu'elle vous inspirera. Merci à Noushka qui sait si bien capter l'âme de ses sujets.
Qu'est-ce que l'Herbier ?
La confluence entre écriture et art graphique, photographique et parfois musical, quand l'un engendre l'autre pour le partage.
Car l'un doit obligatoirement engendrer l'autre pour suivre la règle de la communauté.
Je souhaite que l'Herbier conserve sa vocation de création et ne devienne pas une vitrine où proposer des œuvres qui ne respecteraient pas cette règle.
Un grand merci. AD
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