Bienvenue dans l'Herbier de Poésies. Vers libres, prose poétique, expression libre des profondeurs de l’instant qui se dit sans rime ni métrique imposée. Mais aussi Haïku & famille favorisant le fond plutôt que la forme.
Je tiens à rappeler, puisqu'il semble qu'il y ait une petite confusion bien compréhensive, que ce blog, bien qu'il soit ouvert à mon nom, est celui spécifique de l'herbier, son grand livre où chaque page se tourne avec des écrits autour d'un thème commun. Un gros livre numérique de poésies quoi ! Et quel livre, merci à vous de l'enrichir à chaque fois.
Voici venu un temps de fêtes où je reste sur le bas-côté. Trop de blessures m'éloignent de ces liesses provoquées. Les bougies resteront à portée de main avec les allumettes. Les torches électriques ont des piles.
Madeleine au miroir
Madeleine à la veilleuse
Perdue dans la flamme
méditant depuis des siècles
par la grâce d'un peintre inspiré.
A quoi pensait Marie-Madeleine ?
Qu'est ce crâne sur ses genoux?
Sur un gâteau d'anniversaire,
en hommage de victimes innocentes,
sur les tombes des ancêtres ;
pour un dîner aux chandelles,
en rite au dernier voyage,
en objets de décoration.
Depuis quand ai-je oublié que les bougies de mon enfance étaient des éclairages d'appoint lorsque les pannes de courant étaient coutume ?
Le rideau est baissé, l'atmosphère est feutrée, il ne manque que les trois coups!
Malgré l'obscurité, j'aperçois le décor qui se fait jour dans la pièce :
Un p'tit sapin
une boule et un vase-
la simplicité-
Un décor minimaliste
pour une joie intérieure
Je me sens glisser dans un soyeux rêve, comme si j'étais conviée à jouer un rôle dans cette partition nimbée de mystère.
Tout concourt à savourer cet instant de beauté, nimbée de luminosité. Les invités vont arriver. Je suis avec joie la Lumière qui couronne ce moment de ferveur et d'intimité à partager.
Pénombre tamisée
deux bougies-flambeaux-
la lumière céleste
"C’est Noël : il est grands temps de rallumer les étoiles". ( Guillaume Apollinaire)
Mystère et douceur
une ambiance conviviale
renaît l'Espoir-
des jours meilleurs à Noël
et pour l'Avenir, j'espère!
Noël demeure une période d'attente, pas toujours facile à vivre, surtout, pour les enfants et même pour les parents...Heureusement qu'il existe le calendrier de l'Avent pour les faire patienter.
"C'est comme si on attendait quelque chose, quoi je ne sais pas exactement, mais ce que l'on attend là, c'est ce que l'on attend toute la vie, car le meilleur du temps de Noël est presque invisible, faible, et suppose une passion infinie de l'attente" (Christian BOBIN)
Claudie Caratini (message pour Claudie à dépose sur ce blog. Merci.)
Le 10/12/2022
Le silence de la lumière
Les ombres se reposent sous la lumière tremblante des bougies. Le silence accompagne la nuit, il ne faut pas déranger les songes. Rien ne presse. L’instant s’étire et baille à la manière d’un chat, c’est bon comme un sourire, je ronronne.
Désir de ne rien faire, de m’abandonner dans les eaux du sacré frémissant, dans la lueur tendre de la flamme auréolée de bleu et de vert. La beauté rayonne, m’hypnotise. Comblée, je glisse lentement vers un ailleurs sans attente. Tous les temps se conjuguent au présent méditatif, c’est l’heure de l’abandon entre les bras de l’enfance. Elle sourd du plus profond de moi, accompagnée du frisson si particulier des légendes ancestrales. Bien au chaud dans le cocon de mon cœur grand ouvert, bercée d’oubli, j’accueille l’amour.
amour de la vie
émerveillement de l’Être-
et partout la paix.
Adamante Donsimoni - 11 décembre 2022
https://le-champ-du-souffle.blogspot.com
Je vous invite à visiter le coin des retardataires de la page 209 ICI
Merci de vos participations et de vos visites, ici ainsi que sur nos blogs respectifs. J'espère que cette modeste photo vous parlera. Belle semaine et à lundi pour la page. AD
Le pinceau du peintre a figé la vieille cabane des marais. L'entrée n'a pas de porte, ses murs n'ont pas de fenêtre. La journée a été froide mais belle et lumineuse. Combien d'âmes vivent en ce logis dont on ne devine pas le sol en terre battue ? Dans la fin du jour, deux silhouettes sombres s'activent à couper les roseaux.
Au soir de décembre
quand les roseaux sont bien secs
il faut les couper
Au bord de la roselière
de l'isba traditionnelle.
Les gerbes bien drues seront collectées par leur seigneur. C'est ainsi depuis des siècles. Leur en donnera-t-il ce qu'il leur faudrait pour raccommoder le toit qui fuit ? Savent-ils que les temps ont changé ? Ici le tsar a aboli le servage. Quoique. Là-bas l'empereur a interdit les toits de chaume, trop inflammables alors. Dans un siècle ou deux peut-être les chaumières des grands bourgeois domineront de leurs hauteurs le marais Vernier ou leur taïga.
Les roseaux blonds crissent sous la faux des coupeurs, la Camargue si vivante d'oiseaux et de grouillants mammifères, poissonneuse, mystérieuse, dans la paix des troupeaux, fait silence...
Durs à l'ouvrage
ils coupent les roseaux
la lumière descend
Le soir bleu
lentement revêt sa cape
recouvrant les marais
Le temps presse
personne ne le retient
c'est un grand maître
À l'origine était le néant, vous me dites que nous sommes issus de rien, et que nous sommes peu de chose.. J'aimerais pourtant comprendre pourquoi l'homme a tant besoin de l'invisible, malgré toutes ses inconséquences, il veut réinventer son présent, lui donner un sens, nier ce qu'il ne comprend pas, se transcender...
Ne bouge plus
Le temps est impalpable
quand le ciel s'ouvre
compte chaque minute
pour la savourer à fond.
J’épluchais une pomme rouge du jardin quand j’ai soudain compris que la vie ne m’offrirait jamais qu’une suite de problèmes merveilleusement insolubles. Avec cette pensée est entré dans mon cœur l’océan d’une paix profonde.
La chaumière au bord de la lande fut le berceau de son enfance. Chaque vacances à courir, explorer, découvrir auprès de grands-parents vivant à l’année longue dans ce nid chaleureux construit par l’arrière-grand-père.
Au souffle des quatre vents
entre rosières et bruyères
ses courses folles
Son grand-père répétait les gestes ancestraux pour entretenir le cachet de son chez lui. Il avait tant appris de son propre père…
Riche transmission
en sauvegarde du patrimoine
l’affection en prime
Lui, écoutait d’une oreille distraite les conseils de son aïeul. Il aimait passionnément cet espace de loisirs et de grand air. Attiré depuis tout petit par le dessin, il préférait pourtant partir pour de belles escapades, carnet de croquis et crayons de couleurs en son sac à dos. De retour chez lui, il composait quelques tableaux qu’il donnait à la famille en remerciement pour ces moments de bonheur loin de son quotidien de citadin.
Cadeaux souvenirs
d’instants de plénitude
son p’tit paradis
Mais voilà que les grands-parents ne sont plus là. La chaumière lui reste en héritage. Le vent, la pluie, les coups de chaud, les coups de froid ont mis à rude épreuve sa toiture naturelle, sa coiffure en brosse, comme il s’en amusait bambin. Les gestes de jadis se sont perdus.
Quelques-uns de ses tableaux aideront, bon an mal an, à se remémorer la récolte des roseaux. La technique manquera faute de pratique. De toute son ardeur il développera l’énergie nécessaire pour que ce petit bijou de jeunesse garde sa beauté au bord de la lande comme au fond de son cœur.
La barque vient d’accoster. J’avance un pas hésitant sur le lit de roseaux me séparant des eaux du lac. Étrange île flottante si éloignée de la terre ferme. Ici on vit sur un plancher humide et pernicieux qui vous ronge les articulations et vous vieillit avant l’âge
lac Titicaca
le monde étrange des eaux-
impression d’ailleurs
Quelques cabanes tressées de roseaux, et sur le pas de la porte, quelques femmes flanquées de nourrissons proposent, avec un sourire édenté, quelques maigres souvenirs nés de leurs mains aux doigts déjà déformés. Ici les enfants vont à l’école en barque. Une autre île, éloignée, un voyage dans un dédale de canaux, tous semblables
avant le soleil
l’aîné attrape les rames
la journée commence
à la tombée de la nuit
le soir les ramènera
Je quitte le souvenir, ici la cabane est plantée en terre, et deux silhouettes, ombres d’une autre misère, serpe en main, s’affairent à couper la tige ligneuse. L’humide est son terrain et du corps en souffrance, racine favorable aux reins, elle en élimine l’eau. Qu’elle soit médecine, toiture en devenir, balai, fourrage, canne à pêche pour les plus gros… il semble qu’il faille, sous toutes les latitudes, payer à la plante son dû en tour de reins