Bienvenue dans l'Herbier de Poésies. Vers libres, prose poétique, expression libre des profondeurs de l’instant qui se dit sans rime ni métrique imposée. Mais aussi Haïku & famille favorisant le fond plutôt que la forme.
Si
parfois, le soir, tu sens le poids des ans peser sur tes larges épaules, tu
résistes à l’envie de baisser les bras. Tu tiens en ton ramage l’histoire de la
vie, ses racines, sa sève, ses lumières et ses ombres. Embrassant de toute ton
envergure le passé et le présent, tu crois toujours vaillamment nourrissant
sans cesse ton tronc de mémoire…
Géant
des forêts
devant
toi on s’incline
respect
pour l’ancêtre
Chaque
nœud de ton tronc enferme une blessure ou un secret de vie, chaque feuille de
tes branches respire la jeunesse. En mariant les ans avec leur renaissance tu
imposes le respect. Passant sous tes branches, qui n’entendrait pas les ondes
de ta sagesse ?
Isolé
sur son promontoire fixé par des oyats, l'Arbre de sagesse navigue sur l'océan
terrestre et la Légende des Siècles. Il apparaît aux égarés tel un Être
Surnaturel. On dit que l'épreuve soude les groupes dans la détresse. Rien n'est
moins vrai quand ne reste que le désespoir.
L'astre
de midi
auréole
de lumière
la
toison de feuilles.
Au
bout de tant de jours de marche affamée, asséchée, le patriarche rêve d'un
signe qui apaiserait ce troupeau d'errants. Quelque formule magique pour
survivre ensemble. Dix commandements, Sept Piliers de Sagesse, Quatre Accords
Toltèques ...
Le
printemps tarde à venir. Pas un bruit dans les cimes, sous les branches. Où
sont donc passés les oiseaux?
Sur
le gazon tendre-
Chat,
queue interrogative
La
faim pour compagne
Le
vieux sage pense et pense encore. D’ailleurs il passe son temps à ça. Que faire
d’autre lorsque l’on est arbre? Et vieux, si vieux que sa mémoire se dilue dans
la course des nuages et du vent.
Parfum
menthe fraîche-
Le
vol d’un bourdon errant
Meuble
le silence
L’ancêtre
en a tant vu qu’il en aurait des histoires à raconter. Mais qui passe encore
dans ce coin reculé du parc, mis à part le jardinier? Le platane tend ses bras
comme pour serrer une main amie. Son tronc se penche à l’écoute d’une
musique intérieure connue de lui seul. Ses racines enjambent la barrière
délimitant la pelouse.
Quoi ?
D’une clôture, on voudrait me contraindre ?
Je
ne suis pas de ceux-là, Madame. Je ne suis pas de ceux-ci, Monsieur. Immobile
en tout point, je vais pourtant mon chemin, jeune fille ; mon beau jeune
homme, je déroule tranquillement ma vie.
Ans
et saisons passent
Et
je pousse, m’étends
Je
m’impose et m’étale.
Oui,
plus de cent coudées en hauteur, plus de vingt, bientôt trente de tour de
taille, j’en impose Ma Dame, je dispose d’arguments, Monsieur. Voyez ma ramure,
cette volupté boursouflée de mon tronc.
Ma
vie est aisance
Et
plaisir aussi.
Je
croîs, plein épanoui.
Dans
mes branches et ma ramée, divers, bigarré : tout un peuple. Oiseaux, vers
et fourmis ! Tout un chacun trouve en moi le gîte, et la plupart jusqu’au
couvert. Pas un que je rejette, pas un que je renie. Et moi, moi, je suis leur
roi, je suis leur toit, je suis moi. Ans et saisons passent, les gens aussi. Et
moi, je demeure et vous salue d’un souffle d’ombre Ma Belle, d’un simple bruit
Mon Joli.
Et
deux cents ans d’âge
Dit
d’Orient, je suis :
Vieux
sage au Bois Monceau.
Mais
qu’entends-je ? Quel est ce bruit ? Grincement de dents métalliques
et bruits de chaîne glacée. Odieuse odeur d’une huile brûlée et chant de mort
de l’autre qu’on assassine, oui, cri de silence de l’arbre qu’on abat et qui
meurt.
Qui
sera le suivant ?
Ne
serait-il pas pour moi ?
Ce
crissement de fer ?
Grondement
de mort :
Tronçonneuse
qu’on affûte,
Outil
maudit qui, sadique, par avance et dans la fureur jouit !
Sauvez
le Platane, sauvez le Platane du Parc Monceau ! Qu’on me protège, et qu’on
m’enferme, s’il vous plait Mesdames ! D’un grillage, d’une barrière, d’un
haut mur s’il le faut, mes amis ! Je suis trop jeune encore, je suis si
beau !
Il était une fois une légende qui comme toutes les légendes doit sa survie à tous les gens qui un jour y ont cru.
Et qui le lendemain l’ont racontée à leur entourage.
C’est l’histoire d’un arbre qui un jour, c’est ce que dit la légende, est devenu Siva sans le savoir.
Et croyez-moi, si vous le méritez, cet arbre, un jour vous embrassera avec ses grandes branches.
Il est le bienfaisant, celui qui porte bonheur, celui qui réorganise le monde.
Sur son tronc, son troisième œil foudroie tout ce qui tourne mal, aussi, ce troisième œil il le garde souvent fermé, comme ici en ce 30 avril 2019 veille du premier mai.
Cet arbre doucement est devenu le patron des sages, qui souvent le soir quand tous les parisiens sont rentrés dans leur case, viennent, avec leur seau de sagesse en offrande, méditer à ses pieds. (Encore une fois, croyez-moi, on doit souvent le nom des parcs aux légendes qui circulent librement à travers les temps)
Si vous passez par ce parc pour vénérer ce vieil arbre prenez le temps de lui parler ; devant lui, toutes les barrières s’ouvrent, tous les préjugés, toutes les inhibitions tombent. Oui, les barrières s’ouvrent, et le vent comme le moindre courant d’air peuvent facilement et librement favoriser la circulation des énergies et honorer ainsi le vieil arbre.
Et pour la troisième fois croyez-moi, j’ai entendu j’ai vu tout ça, ce jour.
J’ai vu oui j’ai vu l’arbre du parc mon seau recevoir des hommes en quête de bonheur suprême. Ils ont fait la ronde, tels des enfants joyeux, autour de ce grand sage.
Demain, premier mai, je compte sur vous pour que la légende vive.
Je suis en avance à mon
rendez-vous, le parc m’invite à entrer. Des écoliers vont et viennent, heureux
bénéficiaires d’une école si bien placée.
mes pas nonchalants
crissement des graviers
je goûte l’instant
Quel bonheur que de flâner ainsi,
je me sens l’âme parisienne. Je baguenaude et soudain je l’aperçois. Sa
présence s’impose.
Il me regarde
subjuguée, je m’arrête
et je l’accueille
Quel trouble ! L’échange est
au-delà des mots. Suis-je encore dans cette dimension où les enfants crient en
jouant tandis que des promeneurs aveugles le croisent sans le voir ? Tout
ce qui il y a un instant me semblait être la vie s’est éloigné, il n’y a plus
que lui et moi.
Une bouffée d’avant
monte de mes racines
je pénètre l’écorce
Aujourd’hui, en parlant de lui,
je le sens vivre en moi. Il est des échanges de mémoires qui ressemblent à des
retrouvailles. Sa voix, tu te souviens ?
Je vous invite à vous abonner et à devenir membre de la communauté,
nous ne sommes que quatre jusqu'à présent.
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herbierdepoesies@free.fr
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Bon week-end !
Le coin des retardataires
Désolée, mais le temps ne m'a pas permis de publier plus tôt les textes arrivés en retard. Mais voici qui est fait désormais.
J'ai laissé les impressions de notre "Marmotte essoufflée" (c'est elle qui le dit !) car j'ai apprécié "la boutade" sans trouver la Germaine. Si vous la voyez...
T'es où la Germaine ?
La Marmotte :
"Ton
magnifique cliché du platane du Parc Monceau m’a tout de suite inspiré une
boutade, mais malgré des essais répétés elle n’est pas parvenue à destination !"
Le
vieux Sage n’est pas tout seul, regarde bien.
Moi : J'ai cherché, je cherche, mais je ne trouve pas !
Où c'est-y qu'elle est la Germaine, La Marmotte ?
Dialogue au Parc Monceau
:
-
... Germaine ! Quelle surprise ! .... dans mes bras je te veux !
-
J’arrive ... (Essoufflée) j’ a rri ve ... Créon ... ch’fais c’que j’peux
....
"Bises
aux brins ... (Marmotte essoufflée) ... de L’Herbier que je n’oublie pas."
Un peu chahutée par des problèmes de santé en ce moment, je dois garder la chambre.
Alors, je joue ! Je joue à « Pie vole » avec mes deux copines : Rondouillette et Queue de pie
Ici, elles attendent Vert galant. Il n’est pas du tout vert , mais c’est ainsi que je le nomme. Rondouillette m’appelle.
Mais Vert Galant est très malin. Toutes les fois que je veux le photographier, il disparaît . Il comprend même si seulement je désire le photographier, et il ne vient pas. Mais je suis plus maligne que lui, surtout plus patiente,
peut-être,
et j’ ai réussi tout de même.
À suivre...
Françoise Isabel
le coin des retardataires pour la page précédente c'est ICI
En
embuscade à l'écart de la sente, la dame de deuil et sa corneille observent les
butineuses. Quelle forfaiture conspire-t-elle ? Le printemps dans sa course du
temps indispose ses projets funestes.
Sous
les grands troncs nus
chauffées
au soleil d'avril
elles
sont offrande pure.
Sur
la sente elles grappillent des fleurs de vie pour quelque remède, quelque
infusion, quelque crème de beauté, quelque onguent quelque philtre de douceur.
Sans
rien dérégler
de
l'horloge de l'univers
avec
gratitude.
La
dame noire se résigne à céder la place à la sève prête à l'assaut des fûts
séculaires pour aller là-haut, tout là-haut, nourrir les canopées et, dans
l'éclatement silencieux des bourgeons, épanouir les feuilles en mille éclats de
lumière.
Symphonie
en blanc illuminant le tableau d'un Printemps fleuri tout empreint de beauté.
Même les arbres de la forêt scintillent, et y serpente un chemin où s'éclot le
renouveau de Dame Nature dans ses habits tout neufs.
un chemin
parsemé
d'anémones
virginales-
renouveau
Deux
jeunes filles cueillent des fleurs, un couple se promène dans ce bois rayonnant
où tout respire la sérénité
Bois
enchanté
ou forêt
primesautière
-zénitude
De cette
peinture, se dessinent la douceur de vivre, la communion des cœurs, et se
dégage une certaine philosophie de la vie basée sur l'optimisme, la foi dans la
Nature
Bucolisme
et
arborescence
sublimée-
Nature
magnifiée
Chantons
cette nature
et
préservons la Planète
Claudie
Chansons pour les cueilleuses d’anémones.
Dans cette forêt des merveilles
Tout est calme et pourtant
Des promeneurs tout de noir vêtus
Semblent sous leur parapluie noir ne rien
vouloir voir
Tout est calme et pourtant
De belles dames à genoux
Ne sont pas là pour prier ni même pour
s’amuser
Tout est calme l’air embaume et pourtant
En prêtant l’oreille
Dans ce silence parfumé
J’entends les cris des anémones sauvages
Et croyez-moi percevoir le cri de
l’anémone sauvage
Le soir au fond des bois me fend le cœur
Ce cri vient mourir au bas de la colline
Parmi la bise errant en courts abois
L’anémone sauvage pleure
Et dans ce cri qui monte alors que le
soleil décline
Je vois son agonie
Qu’on aurait pu croire câline
Mais qui dans le beau vase du salon
Sera lente et navrante à la fois
Il fait doux en ce soir printanier
Où se dorlote un paysage lent
Moi à travers ce couchant couvert d’un
bleu à l’âme
J’entends comme un long soupir triste de
dame nature
Ne cueillons pas les fleurs sauvages
Elles aiment tant avoir la liberté
D’offrir aux promeneurs une surprise
enchantée.
(PS : Il y a du Verlaine dans
l’air de cette chanson. « Le son du cor s’afflige vers les bois »
Verlaine dans son recueil Sagesse en 1881)
Le bois s’est éclairé de blanc.
Partout le printemps éveille la vie. Dans les branches, dans les terriers, en
haut des herbes, jusqu’au moindre bruissement des feuilles sous la brise, le
parfum de l’air nouveau s’insinue. Tout se met à chanter, à danser, à fleurir.
Les cœurs reçoivent un appel impérieux à s’ouvrir.
Les
anémones
explosent
leurs corolles
sur
la mousse
Dames du temps jadis, courbées
avec élégance vers le parterre fleuri, le peintre vous a cueillies dans le
secret espoir de vous déflorer. Image d’Épinal où tout est à sa place, de la
grâce féminine à la fleur d’ornement. Le tableau se veut idyllique pour masquer
l’ignominie d’un monde phallocrate mettant en exergue faiblesse et fragilité, afin
de bien marquer sa supériorité.