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jeudi 12 avril 2018

Pour la page 108


Cette semaine est infernale

Je vous ai sollicités bien trop tard

Je vous propose de remettre les réponses à Jeudi prochain

J'espère que cela vous convient

Et excusez-moi, il m'est impossible de faire mieux.


Alors, à Jeudi prochain ?

N'oubliez pas de joindre l'image  ou de copier le lien


 la page précédente

Et si pour la page 108 je vous laissais le choix d'une image ?

Vous pouvez revenir sur une ancienne que vous regarderiez différemment, ce serait amusant non ?

En haïku, haïbun ou prose du quotidien. Au choix.

Bonne récolte.



J'attends vos textes pour le jeudi midi, dernier délai et...

N'oubliez pas de joindre l'image

ou de copier le lien



Pour vous, une rose Ronsard de mon jardin creusois

mercredi 11 avril 2018

Pour la P 108 ?



Et si pour la page 108 je vous laissais le choix d'une image ?

Vous pouvez revenir sur une ancienne que vous regarderiez différemment, ce serait amusant non ?

En haïku, haïbun ou prose du quotidien. Au choix.

Bonne récolte.



J'attends vos textes pour jeudi midi, dernier délai et...

n'oubliez pas de joindre l'image ou de copier le lien



Pour vous, une rose Ronsard de mon jardin creusois

vendredi 6 avril 2018

P 107 Si la tendresse...




Women and cat Bela Kadar



 
Si la tendresse était une femme
Elle se tiendrait droite là-bas dans son irréelle demeure
Elle serait brune avec des yeux en amande
Au fond desquels tu trouverais ses bonnes intentions
Elle aurait un voile blanc et une résille de soie
Elle aurait des bijoux couleur cœur

Si la tendresse était un chat
Il serait bleu
Et ronronnerait dans les bras de cette dame

Si la tendresse était une mise en situation
Elle serait nature morte aux trois fruits
Douce trinité offerte sur une assiette
Vase bleu
Et plat blanc comme neige

C’est ainsi
La tendresse c’est tout ça
Et plus encore
Dans son ermitage 
La dame donnerait ses bras pour recevoir les peines
Bras refuge
Alors qu’elle s’est livrée toute entière
Aux nuages poussés par les vents
Et à la poésie qui ouvre la voie.


Dans l’instant se blottir
Il y a aussi le chat
Qui dort en rêvant.


©Jamadrou (À fleur d’image)









Mélancolique
Qu'imagine t elle
Cette femme au chat

Ce matin la coupe est pleine
Les pommes forment un cœur
Et le vase attend son bouquet

Blanc le tulle de la mariée
Rouge la bague au doigt
Bleu la fourrure du chat

Une dernière douceur
Avant la nuit de noce












Les enfants ont fui la maison
Le vide emplit ce matin gris
Elle attend le printemps pour orner
Le vase indigo
De fleurs jaunes et radieuses
Elle ne quittera pas son châle blanc
Il lui a fallu un effort
Pour enfiler ses bijoux
Se faire belle
Avec sa robe froufrouttante
Le chat bleu blotti contre elle
Est divinement présent
Silencieux et tendre
Il réchauffe ses bras
Et son cœur







         







Vision nocturne :

Blanche-neige
au renard zibeline
beauté diaphane

fée angélique
ou songe machiavélique
femme évanescente

de ses bijoux rubis
il rêve encore










Si en voyant ce tableau, tu penses à...

Si en voyant ce tableau Béla Kádár, tu penses à Franz Marc, moi, je pense
En regardant "Women and cat", à Marie Laurencin*  pour le portrait de femme
À cause de ses  contours flous, de ses couleurs pastels et tons fades
Que je croyais à tort associés à Berthe Morisot, à) Mary Cassatt, aux femmes

Cette douceur un peu mièvre est relevée par les bijoux, quelques couleurs vives
Le vase cubiste, un bleu cependant froid, le chat, c'est vrai ressemble
Aux animaux de Marc**; quand je regarde d'autres œuvres de lui, je remarque
Dans son "Paysage urbain »***, un petit quelque chose qui ressemble à Soutine




 

Je pense aussi aux portraits déstructurés**** comme la vie amoureuse
De Picasso, bien loin du chat et surtout de la femme
Si en voyant ce tableau, tu penses à...
Moi, je pense, et c'est ça, l'art, des œuvres diverses pour un même artiste

31 mars 2018

Portrait of Madame Paul Guillaume - Marie Laurencin







Bela Kadar - Woman with Blue Necklace





















Franz Marc chats

















La Belle


Sous l’arche cathédrale des arbres millénaires
La Belle parle au vent, au soleil, aux oiseaux
Au petit renard bleu blotti en son giron

Le Temps s’évapore
En volutes nacrées
Les secondes se figent
Sur un rêve doré

La Belle murmure, tresse ses mots d’amour
Notes éclat rubis parfumées au mystère
Flottant, iridescentes, sur la neige de son teint

Le Temps se confond
A celui des nuages
Ses aiguilles perdues
Parmi celles des pins

La Belle sous sa mantille protège le cœur du monde
L’ébène de son regard n’est que paix et absence
Tourné vers l’intime de communion secrète…


Galerie de tableaux:
http://martine-m-richard.deviantart.com/gallery/






Invitation à la tendresse

Silhouette(s) de madone
un chaton minuscule
tel un nourrisson
au creux de ses bras

Etrange synthèse
de l'universel
nourrie à l'imaginaire
des contes
épure d'éruditon

Un premier regard
des mots pour la transition
infinie douceur

Et quelques gouttes de pluie
sur la lucarne de mon insomnie.



 


 






 





Le chat, la femme, somptueux couple mythique sous la brosse d’un maître
éternité d’un air de campagne en voilette et dentelles fines
parfum de printemps pour jeune femme-fleur
la sensualité d’une fourrure bleue
sous les doigts effilés
de Leonor
Fini



Peine de cœur - Leonor Fini





vendredi 30 mars 2018

Pour la page 107, la tendresse

 
Après les chaussures à conviction,
les ruines d'Alep avec M. Anis,
comme moi, 
vous aurez sans doute envie d'un peu de tendresse 
pour pallier ce monde 
de brutes. 

Alors je vous propose aujourd’hui une toile de M. Béla Kádár.

 

Women and cat


Béla Kádár, peintre hongrois, est l'un des membres les plus célèbres de l'avant-garde hongroise du début du XXème  siècle.

 (autoportrait du peintre ? Si quelqu'un peut me le confirmer...)

De 1899 à 1903 il étudie le dessin industriel, il fréquente le Pattern Designer Institute, école de Henrik Knirr à Munich. Il a notamment utilisé l'esthétique d'un éventail de mouvements, tels que, le constructivisme, le cubisme et l'expressionnisme allemand et s'est concentré sur le folklore traditionnel hongrois pour inspirer son imagerie.  
  




 
Figures abstraites, objets, paysages ou intérieurs, ses palettes sont lumineuses.  
Né dans une famille juive ouvrière, à la mort de son père Kádár, encore très jeune, fut contraint de travailler.
Lors de son parcours, il assiste une compagnie de peinture murale avant de visiter Berlin et Paris, là il est  influencé par l'art d'avant-garde de l'époque.
Il se lie d'amitié avec le peintre hongrois Hugo Scheiber et s'installe un moment à Berlin pour exposer davantage son travail.
En 1914  il est enrôlé dans l’armée comme un caporal puis renvoyé à cause de la variole.
Durant la seconde guerre Mondiale, il perd sa femme et ses deux fils et vit dans le ghetto de Budapest.

En 1926 il participe à une exposition d’art moderne au Brooklyn Museum à New York et passe près d’un an aux États-Unis. 
En 1930 il expose aux États-Unis ainsi qu'à Budapest.

Aujourd'hui, les œuvres de Kádár font partie de la collection de la Galerie nationale hongroise à Budapest.


P.S. Certaines de ses œuvres me font penser (de loin) à celles de Frantz Marc que nous avons eu l’occasion de voir dans l’Herbier et qui pourrait bien à l’avenir susciter une nouvelle page.

Pour Frantz Marc, c’est ICI


jeudi 29 mars 2018

Page 106 M. Anis



photo Joseph Eid pour AFP




Au musée de la modernité

Parmi les gravats
à quoi rêve-t-il encore
l'homme à la bouffarde ?

Une vie à faire fortune, une autre à collectionner, une autre encore à faire marché de son art à réparer.

Près du gramophone
il est présent à l'instant
qui suspend le temps.

Ne plus penser. Déguster, humer ce précieux tabac de miel devenu si rare. Écouter, vibrer à cette voix de l'autre siècle, gravée dans la cire.

Parmi les décombres
ses chères américaines
ne rouleront plus

Protégées sous leur linceul de sable du désert, qu'en restera-t-il dans quelques milliers d'années ?

Obstinément il les restaure
ses épouses de ferraille.

Pour tous ses enfants
deux pour chacun de ses fils
une à chaque fille.

Que devineront les archéologues du futur venus d'un ailleurs sidéral ? Que leur murmurera notre Histoire humaine : des couleurs, de la douceur des coussins ou d'un thé à la menthe ? De l'opulence et de la pauvreté ?  De l'arrogance et des servitudes ?  Des inégalités de classe et de genre ? Que devineront-ils, même, du genre humain ?

Dans les décombres d'Alep
un vieil homme, sa vie, ses rêves.

©Jeanne Fadosi, jeudi 29 mars 2018





illustration sonore :

Nikolai Rimsky-Korsakov - Scheherezade Op.35, Lento Adagio







Cela ne cessera donc jamais
Les hommes ont encore fait trembler la terre
Ce territoire doit être maudit

Je cultivais des vignes
Sur les pentes des montagnes
Des agrumes dans la plaine fertile
Cette terre était un jardin
Un avant goût du paradis

Depuis des siècles et des siècles
Les peuples se sont révoltés
Tout va de mal en pire
Depuis les années soixante-dix
Quand la libanisation a commencé
Et je n'arrive pas à en imaginer la fin

De ma chambre que me reste t-il
Quelques loques, ma pipe
Et la voix d'Enrico Caruso
Qui grésille en 78 tours
Sur mon phonographe







 


Dans un  petit carton blanc

Dans un petit carton blanc,
J’ai mis un jour les disques
De mon chanteur préféré.

Dans un petit carton blanc,
J’ai calé les Œuvres Complètes
De mon écrivain tant étudié :

Trois jolies Pléiades
Et leur album : un quatuor magique,
Surtout bien protégé.

Dans un petit carton blanc,
J’ai glissé Baudelaire
Et ses « Œuvres » si décortiquées.

J’ai fermé le petit carton blanc
Et pour un jour que j’espérais proche,
Je l’ai mis de côté.

Puis nous avons pesé nos valises noires,
Pas plus de  vingt kilos à emporter,
Un choix cornélien :

Ma plaquette de pilule en cours
Et autres traitements ;
Des vêtements chauds

Pour le pays d’arrivée.
Mon livre en cours
Et quelques autres d’avance

Pour ne pas manquer.
On a compté les petites cuillères
Puis fermé la porte.

Nous avons déjeuné dehors,
Il faisait vingt degrés sous les palmiers.
Une journée sous le signe du vingt.

À l’arrivée, on nous attendait
Avec  de l’amour et des critiques.
Il avait bien gelé.
A mon coucher
Dans un nouveau lit
J’ai retrouvé mon livre en cours.

Comme à chaque nouveau paysage
Un livre est toujours là
Changeant mais rituel inchangé

Quant au petit carton blanc
Il resta là-bas seul
Plus longtemps qu’on l’aurait imaginé.

Trois ans après
Après maintes péripéties
Et moult avanies.

J’ai retrouvé mes Œuvres complètes
De Baudelaire et Nerval
Inchangées mais toujours changeant

Ma vie.



 


Si loin de tout

Syrie sacrifiée
bombes et gravats
tant que la musique résonne
au milieu des décombres
le vieil homme se veut en paix
Avec le bout de sa vie
qui ne vaut plus
une once de révolte
il écoute
il fume
il attend
patiemment
le monde lui est devenu étranger
il ne craint pas la mort
il ne voit rien autour de lui
Il n'entend plus
que la beauté des sons
qui distillent
l'Harmonie







 

Là où chaque jour vivre est un combat,

Il a tout eu M. Anis, femme, enfants, luxe, culture et volupté,
Et il a tout perdu.
Lui reste sa pipe et un méchant tourne-disque sans électricité ;
Une sérénité, aussi qu’on ne saura plus lui voler.
Comment pillerait-on les courants d’air ?
Il a goûté au pire que l’homme puisse devenir.
Il goûte aujourd’hui à la saveur du rien, du néant absolu.
Fous de Dieu ou fous tout court,
Ils tirent encore au loin, comme chaque jour.
Lui s’en fiche, il ne tire que sur sa pipe de vieux buis.
Le disque a tourné, un jour, dit longtemps le chant des houris,
Il y a entendu le sublime, les voix d’un passé mort, du temps des divas.
Il se tait maintenant :  l’absolu est ailleurs, dans ce néant,
Qui lui tient lieu de paysage, au quotidien, dans ces absences
Qui lui font un voisinage. Ce chaos après une vie écroulée,
Par la mitraille de fous, sous les bombes d’autres fous encore !
M. Anis n’attend plus rien, sinon de voir en face, la seconde à venir
Et la suivante, et la suivante encore, jusqu’à sa mort certaine.

          https://plus.google.com/+SergeDeLaTorre






 Résiste
 
 Résiste - ABC






Alep
Quand il ne reste plus rien que poussière et murs écroulés sous la voix des bombes ; que la vie se teinte du gris de la cendre quand elle se mêle au sang ; quand l’enjeu des puissants est trop important pour qu’ils laissent la vie sauve à des innocents, plus mal lotis que des rats que l’on gaze pour les éradiquer, seule la musique peut s’élever des décombres vers le ciel.

Alep
Un ange révélé par quelques notes, écrites de toute éternité pour emplir le vide et libérer l’âme, s’est envolé vers les étoiles. Espoir de renouveau. 
Il est des fleurs qui poussent sur le granit.

Alep
Sous l’œil du photographe.
Un vieil homme solitaire, impuissant, pris de musique dans son univers dévasté, témoigne au monde entier la folie et l’espoir.

Alep
Monsieur Anis, c’est vous, le symbole de la lumière du monde.



Illustration sonore : (L'expression des bombes au Vietnam)

               Jimi Hendrix - National Anthem U.S.A (Woodstock 1969)

Star Spangled Banner