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dimanche 25 février 2018

Oubli, confusion et révision



Oublier, cela arrive. D'un côté on est persuadée d'avoir envoyé une participation et puis non, c'était la précédente qui était un peu en retard. De l'autre côté, quand on compose la page, on a l'œil un peu trop rapide, on copie un texte qui, parce qu'il contient le mot neige, file immédiatement s'ajouter à une page en cours, sauf qu'il concernait celle d'avant.

Dialogue entre le  la "Petite voix de la sagesse"  et le "Grand emplumé qui gère tout" :

- Pas de Nina sur cette page là, voyons, fais un peu attention là-haut !
- Ben, c'est pas d'ma faute j'ai lu l'mot neige !
- T'as lu l'mot neige et ça t'suffit !
- Ben c'est que... à force de lire, j'ai pas tilté !

- Ben oui, c'est ça. T'as pas tilté ! Alors maintenant tu t'y colles !
Je vous invite donc à revisiter la page précédente, ce serait dommage de rater le texte de Balaline.
https://imagesreves.blogspot.fr/2018/02/un-arbre-la-neige-la-page-101-des-contes.html


J'en profite pour remettre ici un texte sur le haïbun qui dort dans un tiroir de l'Herbier :

"On réfléchit"

Le haïbun mêle prose et haïku (5/7/5) ou 17 syllabes,  parfois tanka (5/7/5-7/7) ou 31 syllabes,  qui s’enchaînent dans une suite logique de lecture, une sorte de narration. Une prose (c’est essentiel) illustrée d’une poésie avec qui elle lie relation.
Sans la prose, on ne peut parler de haïbun.
Le haïbun relate une expérience, un voyage, un moment vécu, concret (réel ou imaginaire).
Il recherche avant tout la simplicité, la concision qui convient aux choses de la nature, du quotidien ou du ressenti, ainsi que nous l’apprennent aussi les poètes chinois.
Enfin il refuse la rime et la versification et toute forme de redondance ou de maniérisme.
Il exprime un certain détachement de son auteur qui devient ainsi une sorte de chroniqueur sensé toucher son lecteur par la mise à distance de son émotion. Car c’est le lecteur qui doit vivre l’émotion. L’auteur, par la qualité de son détachement et la justesse de son ton, doit faire en sorte de la lui communiquer.
La prose est essentielle car elle est censée nous faire partager un cheminement d’idées, nous faire vivre les éventuels moments de rupture, (tant dans l’idée que dans le rythme).
Enfin, le haïbun exige d’être ciselé car la concision nécessite une certaine recherche de l’épure, c’est cela qui suscitera l’émotion chez le lecteur. Le non-dit traverse le texte et lui donne son souffle.
S’il ne faut pas céder à la redondance, il ne faut pas non plus se satisfaire d’une écriture simpliste.  Pensée orientale oblige, nous sommes sur la voie du juste milieu…
Un sacré exercice ! (un exercice sacré ?)
Le lecteur touché par l’émotion doit pouvoir trouver son chemin de liberté à la lecture pour goûter les images et la profondeur du récit. Je dirais que le lecteur doit avoir là toute liberté de créer sa propre mise en scène.
La valeur d’un haïbun est certes suggestive, ce que l’on peut dire c’est que l’exercice n’est pas simple, surtout lorsque l’on est pétri de rimes et de versification comme l’est notre civilisation occidentale.
La vraie valeur, au sein d’une communauté d’écriture comme pour soi-même, c’est principalement de s’y risquer.
Alors, s’il est une question que l’on peut se poser une fois le texte écrit, n’est-ce pas celle-ci :
« -Si je devais reprendre mon texte en me pliant à toutes ces règles, comment évoluerait-il ? »
Adamante donsimoni

PS. Si vous passez par ici, allez donc lire les commentaires, 
ils vous révèleront bien plus que ces quelques mots 
au sujet du Haïbun (et famile, haïku, tanka etc.)

samedi 24 février 2018

Pour la page 102, du bleu, du bleu avec Susi S


A day at the sea de Susi S






Eh oui, j'avais juré que jamais... mais ma participation au conseil d'administration de la fédération Union Pro Qi Gong m'a amenée à me contredire. Et voilà, j'ai ouvert une page personnelle et aujourd'hui je viens de créer un groupe.  J'espère qu'il sera plus dynamique que celui de google. 
Alors n'hésitez pas, si vous avez un compte Facebook à rejoindre l'Herbier et si vous n'en avez pas d'en créer un, pourquoi pas, car le groupe est un groupe fermé, les publications ne sont visibles que par ses membres. Vous n'êtes pas obligés de publier sur votre page mais vous pouvez toujours publier sur la communauté et avoir un regard sur les publications.

 Bon dimanche et bonne plume.




vendredi 23 février 2018

Un arbre, la neige, la page 101, des contes

Photo jean jacques Neste (les amis de la Creuse) Merci à lui




Jardin invisible

Dans la nuit, en catimini, mademoiselle Neige s'est unie à monsieur Brouillard au pied de l'arbre à palabres bien étonné du décor dans lequel il s'éveille aux lueurs du matin et s'ébroue au vent léger.

Il pleure en dentelles
sur la page nue et glacée
sentinelle sombre.

De loin au bord de ses marches, Heidi* cherche le lac des cygnes. Les pas semblent aller vers la rive, la devinant dans les plis de sa mémoire. Elle frissonne pour le cygne noir.

L'arbre dénudé
se révèle deux frères siamois
dans leur blanc royaume.

Dans la nuit, en catimini, Dame Neige et Sieur Brouillard ont gommé le paysage, mariant à l'unisson La Terre et Le ciel. Heidi, le ventre content, a sorti ses mitaines, son carnet de croquis et ses pastels. Oh qu'elle aimerait capturer sur ses feuilles le scintillement du givre vibrant dans la lumière blême.

Le silence règne
sur son jardin invisible
jusqu'à l'infini.

Là, "tout est calme et volupté", l'anti-chambre du paradis. Elle ne sent pas la morsure du froid, bien emmitouflée par son pépé, aguerrie à ces températures dans ses montagnes familières.

Comment détester
cette immensité joyeuse,
laideur effacée ?

Elle n'a jamais su, elle ne saura plus, pourquoi son amie détestait avec vigueur tout ce qui évoquait des paysages de neige, même sublimes, même nés sous les pinceaux de leurs peintres préférés.

Le crayon croque les branches,
Heidi songe à son amie.

©Jeanne Fadosi, mercredi 21 février 2018






Fausse solitude
soudés par les racines
être deux

Au plus secret de l’hiver, dans le silence désertique de la lande enneigée, la tête haute, fiers, seuls et solidaires. Vie rude d’un couple qui s’épaule en se serrant les coudes.

Au fil des ans
tous partis vers la ville
leur point d’ancrage

Ils sont nés, ici. Ils ont grandi, ici. Ils se sont connus, ici. Ils se sont mariés, ici. Ils ont construit leur famille, ici. Ils restent les derniers, ici. Ils résistent autant qu’ils aiment la vie, ici.

Leur vie s’essouffle
Ils tiennent toujours debout
tombe la neige

Rien ne les effraie. A la force de leur union, ils avancent d’une saison à l’autre. Leur hiver vient de sonner. La faucheuse peut passer, à force de semer, ils ont engrangé.

Quatre saisons
avant l’ultime au revoir
transmettre l’héritage

Le vent et les tempêtes ont eu raison d’eux-mêmes. Le courage et l’amour a raison du futur. A l’aube de la quatrième génération, entre télétravail et biodiversité, deux jeunes pousses, à la vigueur des racines familiales, assureront l’avenir.

Le printemps s’annonce
ils partent en paix
belle fécondité


©ABC








Neige


La neige est tombée
Sur le plateau embrumé
La nuit se dissipe
Un arbre nu lance
Ses bras au ciel
Cœur battant dans le froid
La raison achoppe
Tout est espoir ouaté
Sous la buée des aubes
Tout est amour chancelant
Il ne faut sutout pas croire
Aux noirceurs du monde
L'instant seul est précieux
Vérité dans les couloirs
Hasardeux et tranchants
De nos vies infimes
La vibration du jour
Nous fait cocon

©Marine D







Solitude

Une longue peau de soie, nacrée, immense de solitude. 
Ses pas de coton blanc mènent droit au jardin de l'oubli.

L'enfant aux cheveux noirs
poussé trop vite
étonné du silence

L'espace nu, engourdi au réveil, surpris de tant d'innocence. Et les notes figées, le matin blême, la lumière diluée où l'horizon s' estompe.
Un voile s' est posé, une paix retrouvée, des souvenirs d'enfance y glissent sur la place.

Les longs bras conquérants
dessinés à la plume
Lui, un phare sur la plaine

C'est le temps du frisson, d'un aller vers le pur, du grand pardon du ciel. La terre a blanchi cette nuit, candide, mère aimante, gardienne des premiers émois, des premiers cris, des premiers pleurs.
Des années de blessures gommées sous l'étoupe des nuages... un semblant de pardon, une imposture ?

Balaline






Arbre

Les pas qui t'effleurent ne sont pas ceux que tu crois
Laisse-toi approcher, laisse-toi regarder, laisse-toi aimer
L'hiver ne viendra pas au bout de toi
Toi qui croît malgré le froid
Ces pas dans la neige crois-moi sont ceux du silence
Un silence qui chaque jour 
De tes racines jusqu'à la cime de la plus haute de tes branches
Fait de ta sève le sang de vie.
Arbre, la neige a dessiné autour de toi le lieu de ton repos
Cette lumière qui respire à travers ce blanc couvre-lit
Ne peut que t'aider à t'aimer
Ne peut que nous aider à aimer.

©jamadrou © 18 février 18  (À fleur d'image)






Billet d’humeur -La neige en altitude

Il a neigé hier par chez nous, de gros (puis moins) flocons, du matin au soir. Dit comme ça, si j’étais en plaine ou au bord de la mer, ce serait un événement… exceptionnel.
Mais j’habite à Saint-Etienne qui est , « après Madrid et Sofia, Saint-Étienne est l'une des plus grandes villes d'altitude d'Europe (env. 170 000 hab. à plus de 480 m d'altitude6,7). La ville est très vallonnée et la tradition locale lui attribue sept collines8 comme Rome, Nîmes, Besançon, Lisbonne, Yaoundé et Bergen[1]. »
J’habite personnellement sur une de ces collines et hier midi, le bus qui nous dessert ne montait plus la colline et laissait ses passagers au bas de la colline.   
Bref, hier, il neigeait dans une ville d’altitude située entre le massif du Pilat et le Massif central. Bref, rien de rare par chez nous.
Personnellement, je ne suis pas très neige. J’aime le paysage enneigé  que je trouve beau mais je ne skie pas. J’aime la regarder tomber de chez moi mais si je peux éviter de me mouiller et de me geler… Ceci dit, comme c’est plus que probable (et souvent annoncé) qu’il neige entre octobre et mars, on met des pneus adéquats, on évite qu’ils soient lisses. Si on ne peut faire coucher sa voiture à l’abri (comme nous), on sort un peu plus tôt et on déneige sa voiture. De toute manière, on se lève un peu plus tôt au cas où les routes ou rues soient un peu délicates. Puis, on s’éclaire si nécessaire et on roule prudemment.
Ça, c’est la théorie, celle du code de la route et du bon sens. Eh bien, hier, une personne sur deux n’était pas éclairée et la même moitié des automobilistes roulaient comme des fous… comme sur du sec.
Sortie de la voiture, chaussée de bottes adéquates, je marche prudemment car je crains les glissages et les chutes mais la neige tombait sur un sol chaud (deux jours avant, nous mangions dehors le midi) et la neige a mis du temps à tenir un tant peu au sol  avant de se transformer en gadoue[2] sous l’effet de la pluie. Bon, je ne vais pas vous dire que c’est agréable de se mouiller les pieds, la tête et le manteau et de goutter de partout en rentrant à la maison. Mais bon, c’est quelques jours par an, non ?
Eh bien, non, les parents de nos élèves appelaient mon lycée (comme à chaque événement neigeux) pour qu’on arrête les cours vite pour qu’eux et leurs enfants ne soient pas bloqués sur la route. Quant aux collègues, ils espéraient bien sûr la même chose.
Moi-même, c’est un temps où j’aime rester sous la couette mais bon, on ne fait pas toujours ce qu’on veut, on s’adapte, on sourit et on reste poli, non ?


  
©Laura VANEL-COYTTE
http:://wwww.lauravanel-coytte.com




Halide ou Deux bouleaux sur un plateau des Monts Aladaglar

« L’horizon commence à leurs pieds,
Et rien ne le limite plus.
Neige et ciel conjuguent
En un arbre unique,
Leur ultime union. »

Elle vécut dix ans sous la tente maternelle, dix ans à jouer librement parmi ses frères, sœurs, cousins, cousines et enfants de voisins. On était pauvres dans ce village d’Anatolie, mais si riches de rires et du temps qui va sans fin.
Sa mère la nommait Halide, ce qui veut dire l’Éternelle.
Son père, lui, ne rêvait que d’honneurs et de fortune. Lorsque, souvent, lui venait une colère, il jurait: c’est Aslye ( la Rebelle) qu’il eut fallu t’appeler ! Halide riait et faisait même rire sa mère.
Il lui trouvait ce père, - peut-on comprendre pourquoi ? -  quelque frondeuse tendance.
Un jour, il l’emmena, au loin, après Sandikli, où s’ouvrent, infiniment grandes, les Portes du Sable, d’insondables déserts de pierres, d’eau bleu, de sable et de sel :

Là, l’horizon commence à tes pieds
Et rien ne limite ton regard.
Sable et ciel conjuguent chacun à leur manière
L’ardeur éperdue d’un soleil pur.

Son père lui dit alors :
« Lorsque te viendront les signes qui te feront femme, je te marierai à un homme riche, venu d’au-delà d’ici. Il est riche de bêtes et de biens. Je t’ai promise depuis longtemps, tu seras sa perle de jeunesse et ainsi, l’honneur de ta famille. »

Pendant cinq ans Halide se souviendrait de cette étendue brûlante, sans commencement ni fin ;  où s’était mêlée son âme comme la fumée le fait au vent. Béni soit son père !
 Du désert lui viendrait un cœur chaud comme l’eau et le ciel de Sandikli, un cœur où se fondre, un esprit large où mirer le sien : comme s’enamoure d’un miroir, la beauté, ; comme une eau fraîche épouse la terre brûlée.
Ses rêves, chaque soir, ramenaient la jeune Halide aux Portes de sable, et elle y voyait avancer un homme monté sur un cheval noir aux nobles caparaçons.   

Son horizon commençait à ses pieds
Et rien ne le limitait.
Sable et rêves conjuguaient
L’espoir d’Halide et les songes de sa jeunesse.

Lorsqu’elle fut, enfin, femme et devenue belle comme une grenade, son père lui présenta un homme : las, il était plus vieux que lui-même, emprunté de richesses, pour sûr. Mais surtout de poids. L’homme sentait le fumier de ses bêtes et le musc des troupeaux, il bavait gras en mangeant, riait fort et rotait en buvant.

Son rêve mourut à ses pieds.
Rien ne lui promettait plus d’ailleurs.
Larmes et désespoir inondaient
Pour cent raisons, le tendre visage d’Halide.

Alors passa par-là, Sevky, preux cavalier des Monts Aladaglar. Son allure chantait le courage et son nom, aussi. Il respirait l’amour et chantait la liberté, sa passion. Il croisa la belle Halide, éplorée au pied de la fontaine. Il lui tendit l’oreille, le cœur et la main.
Tant et si bien qu’Halide monta en croupe et partit avec lui.

Leur voyage commença à leurs pieds
Et rien ne le limiterait jamais, ni ici, ni ailleurs.
Le vent et ciel conjugueraient leurs rires
Et béniraient leur union.

Ils chevauchèrent toute une saison, vécurent heureux et libres sous le dais d’or du soleil et de bleu du ciel. Dans les rudes Monts de l’Anti-Taurus, ils parvinrent. Sevky était bien pauvre. Un cheval ne fait pas une fortune. Mais ils s’étaient rencontrés à ses pieds, s’étaient unis de même, avaient eu faim ensemble et à l’automne suivant, c’est encore là qu’ils périrent, serrés contre ses flancs chauds, enlacés.

Le père, les frères et cousins d’Halide, mêlés aux sbires du vieil homme gras, venaient de les rattraper. Ils avaient bu, les pleutres, pour se donner quelque courage, parlaient d’honneur à blanchir, criaient vengeance, hurlaient au meurtre nécessaire, oubliaient jusqu’à leur folie honteuse d’hommes devenus barbares, pour mieux perpétrer leur crime de lâches.

Les deux corps des amants embrassés reposèrent longtemps seuls, dans la plaine déserte, jusqu’à ce que ne poussent, pour leur faire un abri deux troncs pour un même bouleau.
Et, chaque hiver quand siffle le vent et que de coton emmitouflent les plateaux de la blanche Cilicie, j’entends s’élever ce chant d’infini silence :

L’horizon commence à leurs pieds
Et rien ne le limite jamais.
La neige et le ciel conjuguent
Leur si libre union ;
Rebelle Halide et preux Sevki,
En un seul arbre
 L’éternité embrasse à jamais la passion.










Le chemin de la brume


Il avait suivi le chemin de la brume vers un horizon disparu. Chacun de ses pas crissait, seul bruit pour lui rappeler le monde. Les flocons empressés de fondre ruisselaient sur son visage rougi de froid. Les pleurs sont de l’eau juste un peu plus salée.

Solitude blanche
quelques pas dans la neige
une indiscrétion

Où allait-il ainsi dans ce désert fantasmagorique ? Qui était-il ? Que fuyait-il, s’il fuyait ? Qu’allait-il donc rejoindre ? S’était-il égaré ? Était-il Elle ou Lui ?
Si les arbres pouvaient parler, ils nous diraient bien des rencontres. Mais ce soir, l’arbre est muet comme le sont les arbres.

Il offre à nos yeux
sur l’océan de brume
quelques traits au fusain


Ici, la terre s’est unie au ciel, tout se confond à tout et le géant immobile semble rêver d’envol. Le passant, arbre en mouvement, a disparu, laissant derrière lui sur le sol immaculé quelques empreintes que les flocons effaceront bientôt.

Ainsi va l’homme
quelques traces fugaces
au final, l’oubli.

©Adamante Donsimoni
LE CHAMP DU SOUFFLE 
   




samedi 17 février 2018

La page 101, sous la neige





Photo jean jacques Neste (les amis de la Creuse) Merci à lui


Il a neigé un peu partout et la Creuse aussi était sous la neige. Vous saviez que j'ai une racine maternelle là-bas. Non ? Maintenant vous le savez. Cette photo, parue sur la page facebook des amis de la Creuse, m'a parlé. J'espère qu'elle vous parlera.

Encore un  conte en haïbun ? Bon, je ne veux pas vous forcer. Mais la page 100 était tellement délectable qu'on en redemande. Vous êtes sacrément douées et douées.   Adamante


 Et puis il y a des retardataires pour la P 99 et 100, courez vite les lire.




jeudi 15 février 2018

Page 100, comme une page qui se tourne


Merci d'avoir salué avec tant d'enthousiasme cette centième parution de l'herbier. Il y a tant d'émotions au travers de vos lignes. Je vais relire et relire, m'imprégner profondément de vos mots en silence. 
Je suis très émue de tant de fidélité, de tant de talents, de tant de partages pour le bonheur de tous et de toutes, de toutes et de tous, pour notre bonheur quoi ! Un grand merci.
Un  merci tout particulier à Françoise qui nous offre aujourd'hui un texte magnifique pour nous dire : au revoir. Car nous nous reverrons, Françoise, ici ou là, je n'en doute pas.
Adamante


Illustration Adamante




... Et si nous jouions à Si j'étais riche ? lui dit Mémé.
Main dans la main, elles léchaient les vitrines, ce mercredi après-midi. Lécher les vitrines ? quelle drôle d'idée pour des humains. Les grands sont bizarres, vois-tu ! lui répondit Mémé .
Moi, si j'étais riche, je choisirais d'habiter dans cette maison-ci, enchaînait-elle déjà, et toi Mémé ?
Mazette ! celle-ci plutôt ... Avec les bottillons noirs à roses rouges que nous avons choisis tout à l'heure, je marcherais sur la prairie où mes pieds seraient des fleurs. Tu vois un peu ça, toi ?
Tu marcherais sur les fleurs sans les écraser ? Qui parle d'écraser ?
"Comme si c'est" répétait la petite chanson du matin. Comme si, c'est ... Impératif ? non, simple constatation pensa Mémé.
Main dans la main, elles rentrèrent de leur promenade, gaies comme des pinsons.
Ah ! Si j'étais .... ! mais je suis, voyons, et ce n'est plus un jeu.
... Elle saisit le livre à portée de sa main ; page 11 du dernier François Cheng.
Je ne te suivrai pas
jusqu'au bout
ô chemin
le soir me retient près du feu couleur vigne
L'horizon des oiseaux migrateurs
est trop loin
vers l'oueste j'irai où un lac a fait signe.

Françoise Isabelle (avec la participation involontaire de l'Académicien, Monsieur François Cheng)
Jeudi 15 février 2018.

P.S.
Ce texte est ma dernière participation à l'Herbier de poésies. Un Merci tout spécial à Adamante qui a initié et gère ce lieu de partage, tout plein de trouvailles et de rêve. Un grand Merci à toutes et tous les participants.es qui ont déposé là au fil du temps beaucoup de brins d'émotions, et de plaisirs ! ....
Bonne continuation à l'Herbier ! Je suis heureuse de vous avoir rencontrés. Merci. Merci beaucoup.







Le placebo...


Entre cent herbes la vieille bossue qui vit au fond des bois cueille les siennes. Des grises, contre la mauvaise mine. Des roses, contre la sinistrose. Des vertes, pour de l'espoir.

Jamais sans client
mal de vivre fait recette
Foi de sorcière

Le bélître cogne à sa porte et sous le manteau repart avec des rêves comme le pilier de comptoir refait le monde sur le zinc, une nuit.

Potion d'ivresse
un placebo pour vie belle
Parole de sorcière



jill bill





 



Au pays de ses songes
vivait un canard rose
gardien de la nuit


Fidèle au rendez-vous du soir il surveillait l’entrée des ténèbres. Lui, disait-il crânement, ne craignait pas le noir. Il se dandinait sur le seuil du crépuscule jusqu’à ce qu’elle s’endorme.

Passer la voûte verte
entre deux pervenches blanches
le rose aux joues

Pour pénétrer le pays des rêves, il lui fallait traverser le jardin des fées, vaste pré acidulé à l’ombre d’un grand charme. Il l’attendait, fidèle lui ouvrant le passage du sommeil dès que ses paupières refermaient les portes du jour.

Rite et rythme
les nuits succédant aux jours –
adieu l’enfance

Un soir, elle ne vint pas. Le canard su qu’elle avait grandi. Avec un profond soupir, il prit la pause et attendit…
Je crois qu’il attend encore, aux portes de l’obscurité. Les fées du jardin viendront-elles le relever de son poste de veilleur ?

Dernier dessin
Au seuil de l’adolescence –
tourner la page

Les doudous ne se révoltent jamais d’être délaissés. Au plus secret d’eux-mêmes ils savent que l’heure à sonner de laisser l’enfant voler de ses propres ailes.

ABC
http://jardin-des-mots.eklablog.com/












Sur l’île j’avance sur la sente étroite
Sur l’île pousse le chèvrefeuille libre et fou
J'écoute son parfum

Liane sauvage
À la lisière du chemin
Guide le passant

Sur l’île j’ai semé la coquelourde des jardins
Sur l’île un trou noir attire mon regard
Le trou bouge méchante fée à la robe noire 

Ne pas avoir peur
La coquelourde est rose
Tu n’as rien à craindre

En Finistère
Sur l’île du bout du monde
Je rêvais la vie en poésie
Un recueil de 100 feuilles

Où est cent ?
Cent est dans ce trou noir tout près de l’océan
Bouche avaleuse de vies

Ouessant
L’île où pousse le grand vent.



Petit clin d’œil à ma façon aux 100 pages de l’Herbier.
jamadrou © 12 février 18  (A fleur d'image)



 





Ce que je vais vous conter va vous paraître incroyable. 
Il neigeait 
Cela est naturel en février, cependant par ici tout s'en trouve désorganisé...

Plus de voiture
un chemin impraticable
retrouver ses marques

Dans un placard je dénichais de vieilles bottes en daim, dans un tiroir des gants et un bonnet en laine ainsi équipée je suis partie...

Toute cette blancheur
agrandissait le jardin
Féerie

Prenant le chemin de la forêt je longeais les maisons voisines et familières. Écrasant la neige crissante, je marchais en état second l'esprit libre. Seuls mes pas me guidaient et tout à coup je le vis.

Jardin des fées
neige blanche et rosée
vision irréelle

Les flocons avaient fait surgir des fleurs sur les arbres, les troncs soulignés prenaient un relief inattendu, les mousses au sol s’éclaircissaient, les elfes allaient surgir et danser.
Le petit peuple
réveillé par l'inattendu
exultait de plaisir
Immobile et subjuguée je suis restée à les contempler, rêvant de métamorphose afin de partager cette magie éternellement.


 Josette T







           
C'était son refuge,
l'avant-goût du paradis,
son jardin secret.

On disait d'elle que c'était une enfant solitaire. Timide et solitaire. Au grand désespoir de sa maman, la cheville ouvrière qui transformait leur maison en une ruche conviviale.

Ici point de rendez-vous, 
l'improviste était la loi.

Seuls les tempos marquaient leurs différences, les copains de son grand frère et de sa grande sœur le jeudi ou après les cours, les clientes de sa maman couturière dans l'après-midi,, les ouvriers de son papa à l'heure du café ou après un dépannage difficile.

Elle disparaissait
sous la table en merisier
vers sa solitude.

C'était une maison accueillante, dans une époque révolue où chacun y était le bienvenu. Elle bruissait des discussions de grandes personnes et souvent la petite Jeanne ne perdait pas une miette de ces mots qui entrouvraient les portes d'un monde plein d'énigmes et de tracas, un peu trop effrayant pour qu'elle ait hâte de le rejoindre. C'est vrai qu'elle allait peu vers les enfants de son âge, bien trop immatures. Même ceux la génération de son grand frère n'en finissaient pas de quitter l'âge bête.

Elle dégustait ces instants
qui lui étaient friandises.

Discrète, les adultes l'oubliaient auprès de son grand cerisier qu'elle avait ressuscité par la magie de l'imagination. Ce pourvoyeur de cerises juteuses et charnues tombé après l'été au champ d'honneur de la modernité pour faire place à une horrible bâtisse. Dessous, les herbes et les fleurs y poussaient en abondance et bientôt elle n'entendait plus que le murmure du vent dans les feuilles, le chant des oiseaux et le bourdonnement des abeilles qui lui faisaient u peu peur.

Loin de tout ennui,
elle serait restée des heures
dans ces parenthèses,

en compagnie des personnages de tant de livres aimés à qui elle inventait les coulisses de leurs vies de papier. Un jour d'alchimie plus intense, elle savait qu'elle pourrait même devenir lilliputienne pour être à hauteur de scarabée ou de coccinelle. Ses récréations ne duraient pas. Une voix douce bientôt l'en délogeait

Et l'heure d'un dîner
arrivant toujours trop tôt
dans son paradis

feraient taire ses rêveries :
Au revoir peuples des herbes.

©Jeanne Fadosi, jeudi 15 février 2018
https://fadosicontinue.blogspot.fr/search/label/l%27herbier%20de%20po%C3%A9sie 











Amants de brume


À mon épouse, sans qui ni ce texte, ni moi ne serions.
             

Chaque année, quand poussent au milieu des pierres et des mousses, de tendres chiffonnades de pétales mauves, alors se lèvent deux ombres étranges et incertaines. Elles vont, dans les brumes et le halo de lumière sang et or des soirs d’hiver mourant.

 Ce jardin tout ensauvagé, est-il le leur, ou ne sont-elles qu’en visite ?

Que dit donc ce vieil homme
À son octogénaire compagne ?
Il chuchote et elle lui sourit. 
Qui es-tu donc, ô sénescent poète
Qui d’un mot sait créer un soleil ?

« T’en souvient-il, ma Mie, de ce bouquet de violettes odorantes ; je te l’ai offert un pâle matin d’hiver : le froid figeait le Pont aux Marchés dans une brume ouateuse, blafarde. Le soleil ne nous offrait plus qu’un halo jaunâtre. »

Je les chéris, ces vieux tendres, quand ils vont presque planant. Noueux pourtant, et fragiles, dans cette closerie toute de murets et de pierres déchaussées.  Ils se réchauffent, dirait-on au soleil de quelque jeunesse.

 Assis sur un banc de pierre,
 Entré en vétusté depuis plus longtemps qu’eux,
 Ils demeurent, tranquilles.
Près du puits, leurs regards glissent sur la mousse, 
Vers un lit de verts tendres, semé de mouches parme. 

Les vieux amants se taisent depuis longtemps.  Ces deux-là guettent les violettes, qui dans les matins de l’hiver glacé, parsèment l’ombre mousseuse du puits séculaire et pourfendent les maigres gazons de leurs corolles froissées. 

T’en souvient-il, ma Mie, de ce bouquet de violettes odorantes ; je te l’ai offert un pâle matin d’hiver : le froid figeait le Pont aux Marchés dans une brume ouateuse, blafarde. Le soleil ne nous offrait plus qu’un halo jaunâtre

Humble, à leurs pieds, comme déposées, viennent là quelques fleurs   Qui, chaque année, signent leur histoire et saignent de leur passé.  Tendres, sur le tapis de mâche de leurs feuilles rondes,
Elles leur sourient, graciles joues violacées de givre.

L’homme, tout tourné d’arthrose et de fêlures, dans un souffle de vent, - je l’entends ! -, glisse à sa compagne : « Te souviens-tu, ce matin-là ? La brume nous faisait un cocon de gaze ! Le soleil blafard ne perçait que d’un halo de citron glacé. Mais l’hiver n’y pouvait rien, nos cœurs étaient en flammes… De quelques fleurs que je t’ai alors, offertes … Dieu, ensemble, quel chemin, nous avons fait ! Nous sommes toujours là, et je t’aime encore!».

Sa compagne, toute embellie de silence,
 Se souvient, elle aussi :
« Combien de tourmentes, d’angoisses et de colères,
Et combien, pourtant, de bonheurs ! »
Tous vécus, cœurs et corps mêlés.
Et puis, au vent dispersé
Une dynastie, née de nos flancs ! »

Soudain les deux se regardent. Leurs mains et leurs corps se cherchent, Avec la lenteur d’une infinie tendresse ; et leurs yeux brillent de pépites mouillées !  Qui sont ces silhouettes d'ouate venteuse ?

Une légende court autour du vieux puits : 
Un vieillard désespéré de voir sa compagne perdre,
Jusqu’au souvenir de son nom, y sauta avec elle.

                                                                                            
             ©SergeDe La Torre
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Avez-vous vu ces petits singes roses devant la grotte de la blanche prêtresse, les lézards de jade ont changé de look, ils veulent prendre part à la fête, faire la parade avec les zèbres de Somalie, avec le léopard des hautes herbes, avec les araignées velues de Guyane et la mygale du Guatemala, en compagnie d'une palanquée de roitelets, des oiseaux rouges de Grande Terre, des tortues géantes, des gazelles et du fourmilier, tout le monde se regroupe, ils savent que ce jour est attendu, que l'avenir de leur monde est en jeu ...


Ils se sont rassemblés
le plus beau a pris la pose
et la bonne place

conviés a une réunion
ils ont répondu présent


Il est des espaces, des jungles et des déserts que tu ne connaîtras pas, ils sont réservés à l'innocence des bêtes, l'homme n'y a pas sa place....

Marine D









Luna, petite fée de la Lune

Si vous me demandez ce qu’est pour moi la magie, je vous réponds ce soir, ce sapin, ces fleurs, les herbes qui racontent des histoires au vent à moins que ce ne soit le vent qui les raconte aux herbes.

Le vent, les herbes
les mots doux de la terre
s’envolent au ciel

La magie c’est aussi, ici dans ce décor de conte de fées, le souvenir d’un miaulement furtif, il faisait nuit noire, celui d’un chaton perdu.

Juste une plainte
enveloppée de l’ombre
et ma cécité

Le lendemain, une autre voix, plus rauque se fait entendre. Qui es-tu ? je demande. Et la voilà qui s’approche flanquée de son chaton. Ce fut comme un émerveillement. Comment a-t-on pu les abandonner ? L’humain n’est pas toujours fréquentable.

La gentillesse
brûle dans son regard
un don du ciel

Je lui parle.  Il me semble la connaître depuis toujours ? Elle se frotte contre moi, si confiante. Mon cœur fait une embardée. Son chaton indifférent ne voit qu’elle, tout comme moi. Je l’aime déjà bien trop pour la laisser errer la campagne. Ma fille l’adoptera.

Son amour offert
sans crainte ni retenue
est un don total

Elle la baptisera Luna, petite fée de la lune, Louloune.

Ce soir, les fées qui nous l’avaient confiée sont venues la reprendre.  Nos cœurs meurtris la pleurent. Mais en fermant les yeux nous savons son absence auréolée de lumière. Nous remercions l’Univers d’avoir croisé nos chemins.

Petite Luna
ce soir je chante pour toi
ce conte d’amour.

Adamante Donsimoni 



Ce 12 février 2018, jour du départ de Luna, j’ai écrit ce texte, un bien triste cadeau d’anniversaire pour ma fille.



Le coin des retardataires 





Nina s'est installée dans l'hiver, chaussons blancs et provision de laines, quelques romans d'amour et...
la fuite du temps.
Un nouvel hiver, une autre solitude qui s'égoutte sur ses vitres de brume et son ciel de cafard.
Presque le bout du monde, la plaine ensevelie sous des couches de silence.

Au bout du jour, peut-être
la consolation
des beautés ouatées du couchant

Le vent a mugi aujourd'hui, porteur de souffles vagabonds, de soupirs douloureux,de défaite.
Les heures creuses, une à une, s'enlisent.

Le rêve enfui
écouter les battements de cœur
le passeur de sourires

Où vas-tu Nina, dans ce sentier aux herbes buissonnières, déjà fanées, déshabillées de vie ?
Trouveras-tu la porte de l'oubli, l'odeur des pétales de jasmin, la respiration soyeuse d'un jour de joie ?

Un chemin de hasard
une ribambelle de cyclamens rosissants
cadeau des heures douces

Tu vois, ton pas se presse et le rose des fleurs embellit ton sourire .

Balaline
  http://balaline.eklablog.com/