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mardi 10 octobre 2017

Les pages autour des herbes - 87ème édition

Par Adamante



 


Le journal des herbes

Sept jours de septembre 2017 à les contempler.

photo AD




Vendredi
Des perles de lumière sur les herbes.

En cette fin d’été parfumée d’automne, la pluie a maquillé les herbes. L’instant est unique, je suis sous le charme. Tout s’efface qui n’est pas lumière. Je voyage dans une pantoufle de verre* aux pays magique du strass. Je n’attends aucun prince. Et j’ai tout, absolument tout ce dont je peux rêver. Dans cette dimension, les richesses matérielles n’ont aucun sens.
Le diamant, conçu aux feux de la terre, masque sa lumière, le sage ne se répand pas.
Mais les herbes, par leurs racines, connaissent le grand dessous des choses, elles en témoignent. Je découvre la richesse de l’instant qui se donne dans cette symphonie du prisme que le vent balaie emportant avec lui une part de cet éclat d’éternité. J’ai déjà prélevé ma part. À l’éternité du diamant convoité par les Hommes, je préfère ce moment d’éblouissement fugace offert par quelques gouttes de pluie. Il vit désormais aux tréfonds de mes espaces intérieurs.
La Terre connaît trop bien la convoitise humaine. Qui porte la lumière doit la protéger des regards avides.
Voici l’enseignement des herbes ce matin et rien ne m’est plus précieux.

*et non pas vair, par choix délibéré.



Samedi

Regard

Pas de pluie à mon lever, juste la grisaille du ciel qui réduit les pensées, étrique les mouvements et pousse à la désespérance.
La sagesse serait de puiser à la source de lumière intérieure pour éviter l’écueil d’une journée maussade. De toute évidence je ne suis pas sage ce matin. Je m’assieds sur la marche du perron, regard vague et soupire.
L’herbe croît, plus verte que jamais. Je maugrée. Cet été qui n’en fut pas un, plombe mes pensées. Je pleure sur le froid qui perdure. Il manque au paysage cette touche de couleur chaude qui pourrait rasséréner le cœur le plus effondré. Blasée, j’observe. Et soudain, je vois. Je vois la diversité des formes et des verts. Mon regard éveillé brutalement par je ne sais quelle influence occulte, ne traduit plus une masse, mais une variété phénoménale de l’expression végétale que l’on qualifie d’herbe. Dire que je marche dessus à chaque instant, ignorante des formes et des noms sous le vocable générique d’herbe. Vocable réducteur, témoin du survol de la vie quand on porte des œillères. 
Les herbes ! les femmes ! les jeunes ! les étrangers ! les autres !
L’ensemble est à maudire, taillé comme un jardin français, il réduit à la masse ce que l’on croise. Qu’il soit érigé en critère esthétique ou social, il soumet, dompte, réduit, classifie, refuse, rejette.
La nature se plaît à varier les formes, l’humanité à les réduire. Peur de la différence sans doute !
Encore un enseignement des herbes, la liberté ne s’acquiert que par l’expression libre des formes. La variété est richesse, elle se tisse comme une tapisserie opposant ainsi l’art au bloc.



Dimanche

Le juste milieu

Une matinée ensoleillée ; s’élancer vers la lumière semble être le mot d’ordre du matin. Tout pointe qui se trouve au centre, mais à la périphérie on s’incline gracieusement vers la terre nourricière. Il apparaît que les plantes, et dans ce cas précis, le chiendent considéré comme une mauvaise herbe, dans leur inconscience apparente et leur mutisme, appréhendent mieux que l’Homme la notion de reconnaissance. Sur une même pousse, le centre salue le Soleil et la périphérie la Terre pour croître harmonieusement. La vie a des règles lorsqu’il s’agit de trouver l’équilibre.
Je me dis que pour progresser sur la voie de la modestie et de la compréhension de notre monde, nous avons beaucoup à apprendre du moindre brin d’herbe. À condition de se poser un instant et de se laisser glisser vers une attention sans but, toutes les sagesses nous sont enseignées, sans mot.
Cela remplit l’esprit, ouvre le cœur, apaise.
Il n’est rien de plus simple et de plus délicat à trouver que l’harmonie.


Lundi

Flash

Temps couvert, une sorte d’attentisme dense et silencieux recouvre la campagne. Sous le couvercle du ciel, l’heure est à la méditation. Les hautes herbes s’alanguissent, mélange de couleurs vert et paille, aux pieds des rosiers. Leurs flèches maternelles ont déjà rendu leurs semences et la terre a rouvert ses greniers, partout la récolte.
La pente involutive est amorcée, voici que sonne l’appel des terriers, le grand retour à la matrice. Doucement le sang s’alourdit et le mouvement s’apaise. Comme elle est douce cette contemplation des herbes ce matin.
Pendant ce temps, le monde tremble, la Corée du Nord vient d’expérimenter la bombe H… L’humanité, électron libre de la nature… Une erreur.
Une tourterelle, révélée par le bruit métallique de ses ailes, se pose non loin de moi, au pied du tilleul. On se regarde, elle n’a pas peur. Dans sa robe pastel teintée de lilas, elle incarne la douceur, la fragilité. N’est-elle pas une sorte de colombe ? Un symbole roucoulant de la paix ?

Quelques plocs se font entendre. Des oiseaux se baignent aux pierres de mesure en granit remplies d’eau. Dans ce lieu, ce fouillis, plein de vie, tout est sérénité. Ici, rien n’est à l’équerre, la vie s’exprime sans fard, sans faux-semblants.
Non ! je ne cèderai ni à la désespérance, ni à la mélancolie. Soudain un flash m’illumine, je sais, comme on sait une évidence, demain appartiendra à ceux qui auront conservé cette part de nature sauvage au plus profond de leur être.
Concours de circonstance ? Le soleil, absent depuis le lever du jour, fait brusquement son apparition. Je remercie les herbes, ma racine d’éternité vient de s’indurer encore plus profondément dans l’espoir.
Tout est clair, le temps est venu pour moi de récolter ma vie pour le partage.




Mardi

L’histoire sauvage

J’ai lu dans les empreintes des pattes d’un oiseau, là, sur le monticule de terre d’une cheminée de taupe, tout l’impossible des herbes, l’histoire sauvage. Une racine, quelques tiges, l’attachement à l’essentiel. Fragilité qui s’accroche à la source de vie, têtue et confiante.
Herbes, langues d’oiseau, porte-parole de l’amour en eau et lumière, en sève, en stigmates et pistils, en pollens-brouillard diffusant leurs gamètes en vibrations fertiles.
La vie est son, porté par le silence. Rythme lourd de la matrice accordé aux tambours des chamans.
Voilà l’enseignement des herbes révélé par une patte d’oiseau sur le sol aujourd’hui.



Mercredi

Après la pluie


Après toute cette pluie, la pomme pourrit sur l’arbre et l’herbe verdit.

L’océan végétal  s’incline en vagues harmonieuses. La chevelure de la terre pousse drue, libre, sensuelle. L’œil bercé par ce flot est aux anges, l’esprit se relâche dans la contemplation. Un paradis chatoyant de verts est descendu dans mon jardin où quelques pissenlits explosent leur dentelle, tandis que leurs cœurs palpitants espèrent en secret l’élixir du soleil.
-Silence ! l’entends-tu cette voix des mondes qui se conjuguent, s’unissent, se tissent dans l’abolition des frontières ?
-J’entends ! Je suis herbe et je danse !
-C’est toi ! l’herbe qui chante les herbes, comme une abeille chante la fleur au printemps.

Après toute cette pluie, la pomme tombée nourrit le merle et l’herbe me nourrit.



Jeudi

Danser sur les plates-bandes

Quelques touffes d’herbes s’enchevêtrent dans les premiers frimas. S’unir pour résister, chez les herbes aussi il semble que ce soit la loi. Voilà ! l’Homme découvre enfin que l’entraide et la communication font aussi partie du règne végétal*. Lui, qui dansait sur les plates-bandes sa grande gigue de la suffisance, en croyant tout savoir se trompait !
À chaque jour sa vérité en somme ! Cela nous laisserait-il quelque espoir ?

Merci les herbes de tant d’enseignements. Voilà qu’au bout de sept jours, je vous observe avec un regard neuf. N’est-il pas temps de se reposer un peu pour assimiler votre enseignement ?
À bientôt vous revoir, Mesdames, que l’hiver qui s’annonce vous soit clément.


* voir "la vie secrète des arbres, ce qu'il ressentent, comment ils communiquent" Peter Wohlleben
  Ed. Les Arènes

photo AD

lundi 9 octobre 2017

Cinq jours en herbes

  Les pages autour des herbes - 87ème édition


Photo AD


Cinq jours en herbes de Jill Bill



Le premier jour :


S'il pleut mon enfant
C'est qu'un nuage baleineau
Apeuré dans l'orage
Verse des larmes de crocodile...

Il pleut, ça mouille
C'est la fête au vendeur de parapluie
Ce faiseur de baleines
Monsieur John, as du pébroque... 






Le second


Rose dans la brume
Offrande sur une tombe fraîche
À la manière d'une pleureuse
Tête basse
Verse ses larmes, une par une
Toc,  toc,  toc,  toc...
Qui vient là, dit le macchabée



Le troisième


Rosée en perles
Piégées dans la toile d'araignée
Se fait rivière au parc,
Comme dans la vitrine
D'un joaillier parisien...
Seule une femme statue
En reste de marbre !



Le quatrième


Perles de pluie
Sur le toboggan d'une herbe
Glissent comme des gamins...




Le cinquième


Sous la feuille d'automne
Rouge parapluie
Moineau transi patiente
La fin de l'averse...
La grenouille à la fête
Danse avec son dieu Tlaloc...






Proposition 88, Uutai Olena


Tandis que les parutions se poursuivent un peu chaque jour autour de la proposition 87  "Un jour, une herbe",  je vous propose, pour vendredi prochain, d'écrire  votre ressenti après avoir écouté et regardé cette vidéo qui ne devrait pas vous laisser indifférents. J'espère que cela vous "branchera" mieux que la précédente proposition et que vous serez plus nombreux à participer.

Belle semaine à tous et à très bientôt. AD





UUTAI Olena, siberian shaman lady

Mother-Earth Song in Mariinsky Opera




Si la proposition 87 vous tente, n'hésitez pas, je pourrai intégrer votre page à tout moment.
Merci les brins de l'herbier, sans vous l'herbier n'est rien.






dimanche 8 octobre 2017

Herbes-biais de poésies

Les pages autour des herbes - 87ème édition



Après la page de Françoise Isabel,   ici   voici la deuxième participation autour des herbes, celle de Laura.
Il n'est pas trop tard pour participer. Je sais, j'ai des difficultés avec internet là où je suis actuellement, je ne peux naviguer aux heures qui me conviendraient.  Est-ce à cause de cela, il semble que l'herbier s'essouffle un peu, j'en suis désolée.
J'espère que l'expérience continuera malgré mes difficultés à gérer le blog et je tiens à remercier tous ceux et celles qui participent ou ont participé.  C'est une très belle aventure. Merci à tous. AD

 
Feuilles


Feuilles de papier
Papier - ciseau
Ciseau pour sculpter la pierre
La pierre enveloppe le papier
Le papier tombe dans le puits
Puits de lumière
Lumières du papier
Feuilles de papier
Le ciseau coupe le papier
Papiers coupés de Matisse

12 septembre 2017




Mauvaises herbes



Je me souviens de ma grand-mère et ma belle-mère courbées en deux pour arracher les mauvaises herbes.
Je me souviens de mes parents arrosant d’herbicides les allées du jardin.
De telles tâches ingrates  du jardinage m’ont coupé de ce plaisir de la vie
Avant de constater qu’aujourd’hui les paysagistes laissaient s’épanouir les mauvaises herbes.

18 septembre 2017





Herbier de  poésies



Herbes-biais de poésies
Herbier comme tableau végétal
Biais-prétextes à poésie
Herbier de poésies
Comme des feuilles de vie
Herbes-biais de poésies
Biais de mots
Sur la couture du réel
Repriser ou accentuer
Les maux de la vie
Herbes-biais de poésies

25 septembre 2017






Mes herbiers



Mon premier herbier fut  celui fait avec mon père
Je me souviens de l’énorme presse qui je crois-venait de mon oncle-
Je ne me souviens pas de tous les détails si ce n’est que la recherche
D’un végétal que je n’avais pas encore était un plaisir

Mon deuxième herbier fut celui de Colette et de celui qui me l’offrit
Comme un symbole de notre contact à nous deux à la nature:
Et de la liberté d’une femme de faire une collection d’herbes ou d’hommes
Nature et liberté intimes, intenses, intéressantes à explorer sans limite

26 septembre 2017


Laura Vanel-Coytte
http://www.lauravanel-coytte.com/


 

vendredi 6 octobre 2017

Écouter un Brin d'herbe ?

Les pages autour des herbes - 87ème édition



Dans la série des herbes    Une idée germée à la page 84   voici donc la première page, réalisée par Françoise "La Vieille Marmotte".
Un grand merci, Françoise, je rajoute le lien sur la vidéo que tu as déposée sur la page google de l'herbier, c'est de l'eau, c'est la vie, l'herbier et les brins d'herbe en ont besoin pour ne pas se dessécher. Et puis l'eau c'est l'espoir. Prends bien soin de toi.





À dimanche pour la parution de la seconde.





 Écouter un Brin d'herbe ?



Vendredi 1er septembre 2017

Avant l'ondée, Hey !
J'étais une Herbe assoiffée
Sa-tis-fac-tion-On !

Samedi 2 septembre 2017

Brin d'Herbe me dit aujourd'hui :
À moi seule je ne fais pas une prairie.

Dimanche 3 septembre

Brin d'herbe me dit aujourd'hui
J'aime la fraîcheur de ce jour. La pluie m'a ravigotée ! je me crois au printemps ! Chacun vaque à ses occupations, je lézarde au soleil !

Lundi 4 septembre

 







Brin d'herbe me dit aujourd'hui
Regarde ! parmi les feuilles déjà rousses et craquelées,   j'accueille la brillance du premier marron au sol .....




Mardi 5 septembre

Je ne sais pas encore si je pourrai sortir aujourd'hui, mais Brin d'herbe murmure : écoute voir

Berceau de l'arbre





Mercredi 6 septembre

Je n'ai pas rencontré Brin d'herbe aujourd'hui. Mais la journée n'est pas finie. Peut-être que .....




Comment ne pas se souvenir de l'interprétation de Nina Simone chantant Jacques Brel, et qui me donne la chair de poule ?
"Moi, je t'offrirai des perles de pluie, venues de pays qui n'existent pas .....
Écoute bien. Jacques Brel chante "... où l'amour sera roi, où tu seras reine" et Nina Simone chante "où JE sera reine ... " quelle farceuse !


 









Françoisela Vieille Marmotte





C'est aussi de l'eau cette dame née de gouttes sur mon lavabo.


samedi 30 septembre 2017

Page 86 une suite et les Herbes


Ces textes arrivés un peu en retard pour une suite à la page 86. Eh oui, l'herbier ne vous quitte plus.

Petit rappel  :
J'attends vos pages sur les herbes, vous vous en souvenez ? Nous avons déjà publié une page commune. Et le texte paru pourra être le premier de votre page. N'oubliez pas de le rajouter à votre envoi.
Une semaine pour savoir ce que les herbes vous racontent chaque jour (entre 5 et 7 textes selon votre choix d'une petite ou d'une grande semaine) à m'adresser en une seule fois.  
Parution dès le début octobre de la page individuelle de chaque participant tout au long de la semaine ou plus si vous êtes nombreux à participer.
La première à ouvrir le bal, parce qu'elle fut la première à m'adresser sa page est notre amie Françoise, la vieille marmotte, la seconde Laura Vanel-Coytte, qui sera le suivant ?

Alors. Quand  vos textes seront au complet, adressez les moi à l'adresse de l'herbier : 

herbierdepoesies@free.fr



Jamadrou

 
Sur les murs
Au fond des eaux troubles
Ailleurs dans le no man's land
Des rêves traversés
J'ai aperçu le museau bleu
Du petit renard
De l'autre côté du miroir
Il avait des mèches blondes
Tout s'est mélangé
Jamais oublié, jamais retrouvé
Un monde se lit dans le ressac
Il m'a cherché
Je l'ai évité
Je l'ai regretté
La biquette en rit encore
Elle a compté les points
Absurdité....

Marine D




Jamadrou



Paroles de rêves

Trois petits tours de nuit et déjà l'aube claire où le rêve décroche les couleurs de la vie.
Le jaune a le parfum des glaces à la vanille
du soleil sur la peau
de l'or de ses cheveux
des tournesols charmeurs.
Le ciel s'est dilué dans la mer aux écumes,
chevaux enfin domptés,
le bleu s'apaise
se noie dans le couchant.
Le rouge vibre au premier chant du coq
dégouline de rage sur tous les corps meurtris
hurle dans les arènes quand le taureau se meurt.
Le vert a souligné l'ombre de ses épaules
regard perdu sur l'horizon,
fuyant l'arbre blessé, la prairie asséchée.
Et le noir,la nuit épaisse, angoissante et profonde
s'étire comme un chat à la pointe du jour.
Couleur des rêves, mêlées, enlacées, presque vivantes,
charriant les angoisses,l'espoir, les petits riens,
longues étoles blanches parfois bordées de rouille
du doux et de l'amer.

Balaline





Jamadrou



La Vieille Marmotte22 septembre 2017 à 11:29

Pas pu participer ! Mais je disais, quand j'ai reçu la proposition de cette semaine - voir commentaire sur Proposition pour la P.86 - tout mon intérêt qui ne se relâche pas. De belles créations qui éclairent celle de Jamadrou de lumières complémentaires !
Je n'ai pu le mettre en mots, mais ce tableau évoque pour moi le superbe livre d'Eric-Emmanuel SCHMITT : Oscar et la Dame Rose.

Je serais ta Dame Rose petit diablotin
Et je viendrais te visiter
Je t'apporterais un tableau du grand frère Chagall
Et nous divaguerions
"Tu vois Nannie, c'est la famille NODULE
Ici c'est moi, j'ai mis une perruque orange
Et là, c'est Nannie Rigolotte.
Ma Nannie, elle me raconte toujours des histoire coquines, un peu comme toi, Nannie Rose. J'aime bien ma Nannie ....
Oscar, s'est endormi pour toujours en rêvant d'animaux de toutes les couleurs, de Prince Chevalier, de fée Mélusine, de papas et mamans qui flottent dans le ciel.... Quand on s'aime, on est sur un petit nuage !

La vieille Marmotte
https://www.blogger.com/profile/02500929543481564228




Jamadrou

vendredi 29 septembre 2017

Et voici la page 87






 
L'image de MarHak ne nous a pas laissées indifférentes et c’est bien.
Voici venue l’heure de la découverte.



Et pour ouvrir la page, je rajoute ce commentaire de Quichottine :

Il est sanguin, elle est solaire
Mais est-ce une raison pour ne pas se plaire ?
Pour ne pas s'aimer ?
Le peintre a tranché, il a dit "non".






Questionnement...


Le rêve c'est quoi au juste songea Alice haute comme trois pommes... ?
Le rêve c'est le contraire du cauchemar répondit son nounours !!
Alice, nullement étonnée de voir parler son ours, renchérit...
C'est quoi au juste un cauchemar mon Teddy... ?
C'est un pays des non merveilles peuplé d'étranges choses,
bestiaire monstrueux, ô ne tombe pas dedans, c'est, cauchemardesque !
Voilà pourquoi j'existe, pour veiller sur ton sommeil rose bonbon bienheureux.
Je suis une fillette curieuse comme le dit monsieur Carroll,
Emmène-moi, je saurai tous les apprivoiser !
Le fantôme noir comme le pélican à un oeil, Barbe Rouge, le diable gris,
la raie jaune, la cigogne vautour, la main qui coupe les petits enfants en deux, cinq et sept morceaux !
NON ! Je ne peux pas, j'ai promis à tes parents de veiller sur tes nuits !
Je vais te raconter une belle histoire, tu veux bien... ?
Bon, celle du Père Noël alors, j'ai envie d'un lapin blanc aux yeux framboise vêtu d'un pardessus avec une montre de grand-père...
Que ton rêve soit exaucé, ma jeune Alice.


jill bill







À quoi bon?


À quoi bon, chercher à reconnaître ce que le peintre a voulu représenter ?
À  quoi bon, vouloir savoir ce que l’artiste a pu vouloir dire ?
Pourquoi ne pas seulement se laisser happer  par les couleurs vives ?
Pourquoi ne pas seulement laisser les émotions intenses nous emporter ?

Apprendre, lire, regarder de tous ses yeux, observer, scruter pour comprendre
Mais aussi ressentir, aimer, détester, s’attarder ou fuir hors des modes et critiques.
Chercher à savoir plus pour mieux voir mais aussi être un œil et un corps touché
Par une œuvre qui fait réagir, vomir, pleurer, se réveiller, s’endormir, rêver

Laura VANEL-COYTTE
 http://www.lauravanel-coytte.com/



 



La planche tangue

Né de l'océan
Il a surgi avec violence
Comme un cétacé
Il veut voir le firmament
Et moi et moi
Je suis le petit canard noir
Sur ma planche qui tangue
Sur la houle qui roule
Je veux tout voir
Le noir, le rouge
Le jaune, le blanc
Et surtout le bleu
Toutes les couleurs solaires
Et celles du ciel
Admirer les gros nuages
Respirer, respirer
Le bon air du large
Comme une baleine
Comme un dauphin
Comme un cormoran
J'ai peur qu'un jour
Plus personne n'ait la chance
De s'emplir les poumons
Du frisson pur de l'espace


© Marine D




 



Il a surgi de l'onde, œil affûté sur le monde, poisson lune ou poisson chat. Ide* d'eau douce ou raie mantra*. Il aimerait vous crier les cimetières des fonds marins. Il le dit avec ses couleurs. Il le dit avec sa danse.
Il a bondi sa révérence pour épater le vidéaste.
Il a enluminé la falaise, hors de son liquide primordial.

à l'affût d'images
Qu'êtes-vous prêts à tenter,
voyeur d'agonies ?

pour sauver ce qui peut l'être
d'un sursaut d'humanité.

©Jeanne Fadosi

*les "fautes d'orthographe" sont assumées.



 



Le Cri du poisson.


Quand je suis arrivée au monde
Je venais de tomber du ciel
Chute vertigineuse
Amortie par le sable et la boue
Où j’ai glissé glissé
Pour enfin amerrir dans une eau claire
Reflet réel de mon ciel
La force de ma chute m’a fait toucher le fond
J’ai pris appui sur ce fond
Pour refaire surface
Et là, sur cette image sainte,
Vous me voyez m’éjecter de cette eau salvatrice
Expulsion
Œil étonné et bouche ouverte
Je crie à la Vie.

©Jamadrou





 

Chouette, c’est chouette,
Un hibou styliste des couleurs,
Séducteur, au clin d’œil de charme,
Invité, par sa princesse grenouille,
À la mare au diable,
Pour le bal des sorcières.

Chouette, c’est chouette,
Mais qu’en dira la chouette ?

©ABC



 

La chose

Une panique soudaine du troupeau l'avait laissé seul, loin de sa mère, au beau milieu du ventre chaud des lendemains... Il erra dans la nuit noire, l'âme en peine.
Ses cris creusaient le silence effrayant, traçant une quête sonore dans l'infini.
Tout demeurait en attente... La nuit l'écouta puis l'oublia. La vie se terra au fond de lui jusqu'au petit matin.
Dans la transparence cristalline de l'air, la lumière irradia peu à peu les êtres et les choses...
Les loups enragés l'avaient épargné et la peur desserra son étau.
C'était un petit mouton noir à peine sorti du ventre de sa mère !
Qu'ils étaient beaux les rêves d'hier ! Cheminant auprès de sa mère, tout baigné de lumière, enivré et joyeux, il possédait la terre sans y songer.
Dans ce monde sans boussole, où s'égouttaient encore des voiles de brume au-dessus des flaques d'eau, vacillait l'espoir.
Soudain surgit d'une flaque une forme immense enveloppée de bleu où rutilaient l'or et le rouge...
Une Chose à la crinière illuminée de lumière d'où émergeait une tête à cornes, se dressait devant lui, semblant prendre d'assaut l'Horizon...
Des frissons d'épouvante figèrent le petit mouton noir sur place. Il lutta pied à pied contre les forces mauvaises qui habitaient sa tête...
Une main levée semblait prête à s'abattre sur lui... Déjà son âme pulsait, tourbillonnait, voulant s'enfuir de la prison de son corps...
Il sentait la vie le quitter !

"N'aie pas peur, petit", tonna une voix mâle, "Je suis ton père et je viens te chercher"....

©Luciole



 


Monologue en forme de dialogue.


Toujours prolixe Monsieur de Mar Hack ?
Qui êtes-vous Monseigneur ?
Génie ou mystificateur ?

Les deux ma Petit' Dame.
À prendre ou à laisser, c'est vous qui décidez .....

Au Minotaure, vous me fîtes penser
Et puis au fils d'Ariane

Au fils d'Ariane petit' Madame ?

Mais non, au fil d'Ariane, vous êtes tatillon !
Peut-être à cause du rouge ? Le fil d'Ariane est toujours un fil rouge.
Mais qu'est-ce donc en bas, là ?
Ce gros pâté sur la copie ?

Pâté ? Qu'est-ce qu'un pâté ?

Eh oui ! vous ne pouvez savoir. Avec un clavier, aujourd'hui, plus de pâté !
Autrefois, écoute-moi petit
J'écrivais avec de l'encre, et une plume Sergent Major,
Si la plume était trop chargée
C'était un pâté assuré !
Pas le pâté Fouzitou, non, le pâté Gachatou.
Le pâté qui tâche,
Une grosse tâche noire, splash
Un geste d'humeur Monsieur de Mar Hack ?

©Françoise
Mardi 26 septembre 2017

P.S. Pas de lien. C'est volontaire  :-)




 



Tonitruance divine

Il surgit au-dessus des eaux, formidable, puissant.
Sa bouche grande ouverte lance un cri inaudible qui pourtant réveille les formes.
Il dégouline avec superbe sur des lambeaux de robe, plus versatiles que les nuages.
C’est la fourmilière de l’indéfini qui grouille là. Partout les eaux se cherchent pour se réinventer.
Parfaite éclaboussure d’un masque de Bali peu amène, une sorte de mouton Miro-ien, en appui sur sa queue lui fait face. À son côté, un genre de moaï au nez bleu observe l’esquisse d’un Modigliani à perruque blonde, perdu dans les plis de sa robe.
Tout ici est aux aguets pour saisir la tonitruance divine.

Mais à bien y regarder, si la bouche devient visage, ce génie des eaux, ce cétacé ubuesque évadé des grands fonds, n’est peut-être rien d’autre après tout que Ma Dalton, le colt à la main, dans sa robe bleue ouistiti, assise sur un masque Vénitien et regardant passer un mouton en gondole.

À la vision du peintre s’ajoute mon délire, j’en conclue donc, me référant à la sagesse chinoise, que « tout dépend du point de vue où l’on se place et de l’idée que l’on s’en fait ».

©Adamante Donsimoni