œuvre de Krist Dimo |
Relais :
L’homme bleu n’est pas givré
juste stupéfait.
Son grand-père, rouge,
aurait affirmé « de mon temps… »
son père, arc-en-ciel
aurait souri « cool, restons zen ».
Lui,
reste coi,
bouche bée.
Son fils serait plutôt vert.
Autre temps, autre saison
la roue tourne
l’homme bleu est d’hiver.
Clap de fin...
Je n'ai plus rien à te
dire
Entre nous plus que
soupir et silence
A se faire la gueule
Notre tableau
quotidien...
Je te laisse à une autre
Un autre m'aime bien,
George a mille fois
raison
Ne gravons pas nos noms
au bas d'un parchemin...
Une seconde chance
Insistes-tu
Trémolo dans la voix,
regard triste,
A me forcer la pitié
Comme on recueille un animal
perdu...
Ni de pierre, ni de
bois, ni de marbre
Je ne suis faite Pierre
Mais me satisfaire je ne
puis
De ton manque de vie en
rose
Toi uniforme tel un ciel
de grisaille
Gai comme une porte de
prison...
Et de changer tu me
jures,
Sur la tête de ta mère,
Toi qui est son portrait
craché
Aquoiboniste dans le
sang...
Casqué comme un templier
Une croix orne son front
Il reste impassible
Sans un mot, sans un cri
Bardé d'acier
Des coulées en bulles froides
Ont marqué son visage
En même temps que la pluie fine
D'un mois de décembre troublé
Il semble attendre
Des lendemains meilleurs
Comme moi
Sans y croire vraiment
L'homme accablé
L'homme à tête d'airain
pleure toutes les larmes du monde
pour ne plus rien voir.
Et coule en pointes assassines
l'encre des désillusions !
©Jeanne Fadosi
illustration musicale
Schubert, Trio op. 100 - Andante con moto
Homme-robot
Homme de labeur farouche !
Homme si froid, si dur d’apparence :
Âme sans sourire, ni expression,
Sans parole, ni rondeur !
Homme défait de larmes,
De larmes et de liens :
Homme de peines,
De peine et de souffrance !
Homme de traces,
De griffures, de blessures :
D’outrages placidement acceptés !
Homme blessé,
Homme marqué par son histoire !
Visage d’humanité à construire :
Visage où faire renaître
Un
sourire est presque un chantier.
Oh ! Homme de glaise,
De plâtre ou de pierre !
Homme presque sans arme,
Homme à faire !
Tes yeux me disent un silence
Qui s’élève comme un cri terrible,
Une absence qui sature et m’interpelle.
Forteresse à la dérive
La forteresse au regard de sphinx dérive sur la
mer comme un iceberg arraché à la banquise. Tête d’homme marquée d’une croix,
raccommodée de bleu, d’acier. Cette cousine de la créature de Frankenstein
semble dubitative.
Sensibilité
ce que l’on croit des monstres
une absurdité
L’œil à l’écoute, l’oreille au aguets,
entend-elle la folie qui agite le monde ? Vomit-elle cette eau qui
ruisselle de sa bouche sur l’ardoise de son socle, comme on se libère d’un trop
plein de désespoir ?
Colosse égaré
dans cet univers gris bleu
l’impuissance, le froid.