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jeudi 5 mai 2022

Pour la page 198

Bonjour les Brins,

J'attendais des photos particulières (surprise)  mais nous avons rivalisé de malchance, le dernier dossier que j'ai reçu ne peut être ouvert. J'attends donc un nouvel envoi qui je l'espère me permettra de vous faire rêver un peu pour la page 199.

 

En attendant je vous propose cette image pour la semaine prochaine, et comme il est déjà tard, je vous propose de publier la page mercredi prochain 11 mai.

Envoi comme d'habitude dans le corps du mail avec, n'oubliez pas, le lien sur votre blog.

Belle fin de semaine.


Photo Adamante - Ciel creusois été 2021 -


mercredi 10 janvier 2018

En retard, la page 95


Encore pardon pour ce retard et merci pour votre compréhension.
Que votre année soit belle.











Souffle de lumière
sur boules de cristal
un courant d’air

Dans l’agitation de fin d’année, entends-tu le vent qui passe ?

L’arbre ploie
tout en tenant son rôle
son étoile brille

Une  frénésie festive frappe à nos portes. Des cœurs se voilent. Les larmes n’éteindront pas le feu dévorant de leur tristesse.

Reflet sur la vitre
des décors des voisins
tourbillon du doute

Laissons la porte ouverte sur l’espoir malgré les bourrasques et les tempêtes, dans trois jours c’est Noël…

ABC






La vieille tradition


Une nuit de décembre...
Toc toc toc toc !
Il a ouvert la lourde,
C'était la vieille tradition
Dans son simple appareil vert forêt
Portée sur l'épaule du solide bûcheron
Qui se fit payer en métal blanc...

Dans la pièce
La vieille tradition
Prit place à côté de l'âtre rougeoyant
Bras en croix pour s'y réchauffer...
Haut perchée la lune jouait sa curieuse,
Son ami Pierrot ouvrant les armoires
En quête de bouts de chandelle
De boules en verre coloré
Délaissant la plume, cette nuit-là...

La vieille tradition était revenue, nue
Décembre comptait sur les bonshommes
Pour la chamarrer, une fois encore...



jill bill






                   

Hachures de couleurs
Hachures de couleurs
Accès de douleur
Envie de bonheur
Pleine d'ardeur
Soirée de danseurs
Hachures de lumières
Colorées et enflammées.
Hachures de couleurs.

17 décembre 2017
Laura VANEL-COYTTE









Sur la pente de la colline du monde, Sisyphe remonte une fois de plus son rocher. Il est rouge d'effort et de colère et la terre verte de peur.

Sisyphe inlassable
obstiné, désespéré,
gravit la montagne.

Dans la nuit pas tout à fait noire, la lune indifférente éclaire sa progression harassée.

Sisyphe inlassable
obstiné, désespéré,
gravit le volcan.

©Jeanne Fadosi, mardi 19 décembre 2017







 
Couleurs...

Rouge blanc vert
Les couleurs de Noël
Dans un ciel incertain
Planètes ou étoiles ?
Étoiles elles produiront de la lumière
Planètes elles ne reflèteront que celle qui brûle nos ailes
Je veux garder l’espoir qui efface le noir
Dans cette aube naissante
J’entends la promesse du Père noël
Rouge blanc vert
Couleurs, je vous aime.

jamadrou © 19 décembre 2017   (A fleur de pinceau)








La belle histoire


Renaître de son sang
Renaître de ses cendres
Bulles d'eau et de feux
Particules de flammes
Du fond de l'Océan
Du haut des vieux volcans
Oracles de lumières
Un jet de vie dans la nuit
Un peu de merveilleux
Dans la soupe verdâtre
Sur les trottoirs huileux
Danse de soie
Boules bulles couleurs...

Ouvre ton œil curieux
Vers le gospel des anges
Redis toi les beaux contes
Les fables oubliées
Que chantent les sirènes
Que sifflent les oiseaux
Le choeur des voix célestes
Fais briller les regards
Dis nous la belle histoire
On y croira, peut-être....

Marine D












La nuit des temps

Dans son bleu
endormi et rêveur
l’Univers respire
à peine, à peine un souffle

endormi et rêveur
l’Univers aspire
il n’est encore rien
ou presque rien
à moins qu’il ne soit tout
indéfini en somme
à peine, à peine une vibration

il se rêve des vies
il se rêve des formes
il veut être
« pluridimensionné »
« pluriformé »
« plurisexué »


et soudain tout s’embrase
du froid primordial
jaillit la première flamme
le premier feu
la première semence
brume
étincelles
eaux

l’espace se peuple
étoiles
planètes
galaxies
la vie s’exprime
la terre connaît ses premières paramécies
le temps des glissements
le temps des hoquets
puis arrivent les formes
le premier chant
le premier cri
le sang qui circule
comme l’eau des rivières
chaud
si chaud
si fragile

le noir habité
a exprimé ses couleurs
ainsi est née la vie.

Adamante (sacem)
LE CHAMP DU SOUFFLE






mardi 17 octobre 2017

Page 88 avec Uutai Olega

Bug de l'administration : la page devait être publiée le 13 et je m'aperçois aujourd'hui qu'elle est restée en brouillon (???) Je la publie donc aujourd'hui.
J'étais étonnée du manque de réactions et le commentaire de Jeanne, que ai eu du mal à comprendre,  m'a mis la puce à l'oreille. Veuillez me pardonner ce contretemps.


Voici vos participations sur le chant de cette magnifique Siberian lady

Merciiiiii !






 
Mère Gé

Il y a urgence
à entendre sa clameur
le prélude va à l'os
fortissimo
écoutez
les grandes orgues
des cathédrales de glace
aux aurores boréales
écoutez écoutez
le glissendo
torturé
violenté
des grains de sable
dans la marche des dunes
aux déserts hurlants
frissonnant
de cri en écho
d'écho en cri
la même clameur
la même plainte
des tropiques aux pôles
du ponant au levant.

La chamane en éveil
réveille 
les univers sonores
des steppes 
de l'Asie centrale
des prairies
du middle west
des forêts de l'Amazonie
ou d'Indonésie

Fermer les yeux
Écouter
le loup de Jack London
la hulotte du moulin de Fontvielle
les chevauchées sauvages
de Mongolie ou de Camargue
les plaintes muettes des peuples
pygmée
aborigène
raoni
maori

Laisser venir les visions
la mangrove
jamais vue
qu'en images
le colibri
quelquefois en cage
le médaillon
du morpho bleu*

Et en voix off "l'homme ombre"
murmurant son poème 
à l'oreille des humains.

©Jeanne Fadosi





Atmosphère...

Yeux clos pour s'ouvrir sur une atmosphère, une porte crissante qui donne sur un monde étrange, vibrant de vibrations, éclairé à peine au flambeau, même nos ombres nous terrifient...
Il nous happe ce monde, nous assaille corps et âme, quand une louve hurle à la mort, une chouette chuinte, inquiétante comme la faucheuse qui rôde en ricanant...
Démon des enfers es-tu là... ? De lugubres battements de tambour accompagnent nos pas perdus comme d'autres cris et bruits vaguement humains...
Un cheval fou hennit au galop avec sa cavalière, le cravachant au sang, affolée, tentant d'échapper à dieu sait quoi...
Un ultime hennissement, puis, plus rien, le silence,
la délivrance...
la salle rouvre les yeux, conquise !


jill bill






Excusez-moi

Excusez-moi si je pense à lui encore en écoutant UUtai Olena, la chamane sibérienne
Excusez-moi si je pense à Nerval, lui  qu’on dit fou parce qu’il promenait un homard en
Laisse. Excusez-moi si je pense à lui en entendant ce chant de la Terre-Mère ou inversement.
Pourquoi, pense-je à Nerval en écoutant cette femme en contact direct avec la nature, me
Demanderez-vous ? Parce que dans ses « Vers dorés », il proclame que « Chaque fleur est une
Âme à la nature éclose. » C’est mieux que ce disent certains écologistes d’aujourd’hui.
C’est aussi bien que les « Correspondances » de Baudelaire. C’est antique et moderne.
C’est romantique et naturaliste, réaliste et mythique. C’est Nerval qu’il faut lire
Pour y lire qu’il aime les femmes qu’elles soient filles ou mères, feu ou terre.
Excusez-moi si je pense à lui qui a perdu sa mère à l’est, du côté de la Pologne,
Pas loin de la Sibérie ; comme il a aimé cette mère morte d’être partie rejoindre son père.
Comme la chamane, l’ « Aurélia » de Nerval détient la clé de la porte d’ivoire entre le songe
Et le réel. Les Chansons du Valois- de notre génial poète maudit d’avoir été curieux du
Monde- ressemblent au chant de la Terre-Mère irriguée par les veines qui baignent le pays de l’enfance.

 Laura VANEL-COYTTE
Auteure,blogueuse,documentaliste



Uutaï – chant de la Terre-Mère


Venant de loin très loin
Lancinante la guimbarde appelle
La mélopée s’accélère

Joïk rituel
Noaidi Chaman
Médiateur entre l’Humain et l’Esprit
Sur son tambour sacré
Elle invoque la nature sauvage
La transe nous relie à l’âme
Des montagnes
Aux rochers et aux lacs
Aux trois mondes
Céleste
Terrestre
Souterrain
Du pays des Sàmis
Une course dans le temps
Jusqu’à l’essoufflement

Le cœur encore battant
Des cris d’un loup
Sous une  aurore boréale
La vision s’éloigne









Le lutin de la nuit
Remplace le lutin du jour
En chef d’orchestre
Au clair de lune
Il ouvre le bal

À plumes comme à poils
Dans les sous-bois
Dans les marais
Un boomerang vocal
Renvoie l’écho
De la vie nocturne
Au cœur d’un faux silence
Se nouent et se dénouent
Un merveilleux langage
Sans paroles

Entends-tu la forêt qui te parle ?

ABC




La chamane

« Je vous invite à une chevauchée fantastique à la rencontre des esprits de la terre dans une nuit peuplée de bêtes qui n'ont de sauvage que leur liberté"
Ainsi a parlé la grande chamane.
Dès le début de son « histoire » je l’ai vu lancer une passerelle entre les deux mondes : entre humanité et esprits de la nature.
Cette passerelle je l’ai empruntée avec curiosité et grand bonheur  et ce que j’ai découvert fut merveilleux. Assise sur un cheval fougueux j’ai galopé dans ma nuit et j’ai traversé la couche d’incompréhension pour aller vers la lumière, là où le rêve devient  réalité.
Ici les bêtes savaient et moi je comprenais leur langage.
Le loup, la chouette, les oiseaux me parlaient, me guidaient
Les arbres les herbes se penchaient sur mon passage, me caressaient, m’encourageaient
L’eau du ruisseau ou des cascades dévalaient dans mon cœur et délavaient les couleurs sombres
 J’ai compris que les (plus) bêtes n’étaient pas ceux qu’on croit.
 Les humains étaient les plus bêtes, les plus arrogants les plus sots  du monde des vivants. Ils s’appropriaient et dévastaient.
 Cette chevauchée  m’a ouvert les yeux,  j’ai vu la vraie nature de chacun,  j’ai compris ce que bête  sauvage voulait dire. J’ai compris qui bafouait le mot liberté, ce mot qui veut dire : vivre au rythme de Gaia mère de tous.
Quand je suis revenue de cette traversée folle je savais qui je devais respecter et qui je devais chaque matin remercier, adorer.
Mon présent fut alors cadeau,  mes amis et confidents furent les animaux,  ma nourriture se mit à réfléchir la vie et ce reflet  fut respect.


jamadrou




... écrire mon ressenti après avoir écouté et regardé cette vidéo .
Non.
Écrire mon  senti pendant que j'écoute et regarde l'image de cette femme étrangement accoutré qui ... qui quoi ? qui hurle, qui hulule, qui fait du bruit, qui, à elle seule fait vibrer l'Arctique, l'Antarctique, la forêt amazonienne, et les steppes de l'Asie centrale.
Cette femelle qui se veut griot en frappant sur son tambour bourin ?
Cette Femme qui est à la fois Sauvagerie-Douceur ?
Écoute, et Tais-toi.

Tout d'abord un son de scie coupant de grands arbres.
Surgit le hurlement du mâle loup, auquel répond une femelle.
Loin,       très loin, dans la moiteur profonde,  le cri d'un cacatoès. A moins que ce ne soit celui d'un dodo. Il se rapproche. L'homme l'accompagne des grelots de son tambourin. Tous trois s'emmêlent puis se répondent. La scie continue son ouvrage de mort.
Un hurlement terrible.
Chacun continue son oeuvre. .... À tout de rôle prend le dessus.
Hennissement vainqueur de l'animal domestiqué !

Françoise





UUTAI

Appel du loup dans la forêt sibérienne
Hululements, glapissements
Noire est la nuit
La terre résonne
De cris chamaniques
Le cheval de feu reste immobile
L'arbre ne respire plus
Le sang de la pierre s'est figé
Dans la falaise l'oiseau s'est tu
Frissons de glace
Stupeurs et grondements
Les âmes se sont fondues
Dans l'implacable cosmos


© marine Dussarrat






Les territoires de l'ombre

Je ferme les yeux, j’accueille.
Frémissement au premier son de la guimbarde, je suis au centre du mouvement. Progressivement, une force surgie de mes entrailles s’élève en spirales vers le ciel. Ce volcan hypnotique déroule sa matière jusqu’aux confins inabordables d’un univers indéfini.  Le rythme doucement s’installe et peu à peu s’amplifie. Tous mes repères habituels s’effacent car ici il n’est plus de norme. La vie à l’état sauvage crucifie nos certitudes dans son immense cri de sexes et de ventres. La préexistence du désir de création est glorifiée.
Les cercles vibratoires de cette musique m’ensorcellent, ils tournent de plus en plus vite et me placent au centre du tourbillon frénétique de l’oubli de soi. Je coule sans crainte dans cet entonnoir qui m’emporte et me dépose en douceur sur une zone de silence.
Je vis l’appel du loup, gorge tendue vers les étoiles. Par le cri de la chouette qui zèbre la nuit, je salue l’avènement d’un temps d’éternité.
Les voix sont gutturales. Déchirées aux  épines de la forêt elles sont l’écho du mutisme des pierres. 
Je reçois. Je suis steppe. Je vibre du souffle infernal de la terre. Les notes se gonflent, explosent sur les lignes d’une portée d’ombres jusqu’à faire surgir un cheval au galop. Partout le feu s’exprime dévorant et le temps bascule. Da capo. La silhouette d’une  cavalière est inscrite sur la face argentée de la lune, les ténèbres s’illuminent. Et voilà qu’une armée mongole déboule à sa poursuite. Pas un seul bémol, mais des marques de sabots sur les lignes qui se cabrent. C’est l’âme de la terre qui tremble. Je tremble. Je suis le théâtre de cette poursuite effrénée. Enfin l’apothéose, la grande danse des cavaliers, le grand opéra des montures quand la nature Diva pousse son air  de Valkyrie. La chamane a rejoint les territoires de l’ombre.
Partout les cris rauques des Esprits surgis des profondeurs taillent des lambeaux d’espace, ils ouvrent les portes des mondes interdits aux profanes. Il n’est plus rien de connu au travers de ces territoires où le son allume l’animalité de l’Être. Là, tous les chamans de tous les temps, de tous les mondes, unissent leurs voix. Dans la nuit, un chant ancestral inscrit dans la mémoire du minéral, dans l’ossature du vivant enfle jusqu’au coup de cravache final.
Le pur-sang se cabre, un hennissement, puis le silence.
Une porte vient de se refermer.






 
Uutai par serge


Le chant de la Terre Mère

Un son comme une vibration envoûtante et porteuse,
un appel douloureux, une plainte douloureuse d'animal blessé,
Le cri de la terre foulée.
Un chant comme une émanation de la Vie,
une vague montante,
une cavalcade fougueuse et bruyante,
une ronde folle dans des horizons déserts...

UUTai,

Cette femme est à elle seule un monde qui se raconte, une prêtresse liée à la terre-mère, porteuse libre d'un chant de rappel pour des hommes trop loin d'eux-mêmes, si loin de la vie qui les anime et les fait.

Serge De La Torre
https://instantsdecriture.blogspot.fr/
 




Dessin Adamante
Je vous invite aussi à visiter les pages parues autour des herbes (une page par participant) et vous invite à y laisser quelques mots. Il est toujours agréable pour les participants de voir que les autres s'intéressent, au moins sur la page de la communauté. Une façon de nouer le contact et de faire de cette communauté une réelle plate forme d'échange. 

D'autres pages suivront sur le sujet. Cela fait beaucoup, surtout avec la page du vendredi qui s'y rajoute. Mais vos visites ne sont pas limitées dans le temps. Et, merci encore de votre fidélité.



mardi 1 mars 2016

L'herbier page 35


Installez-vous confortablement, prenez le temps de lire et de vous laisser emporter dans des rêves de pluie. 








La pluie...

Un temps chagrin
Déverse sur la ville
Son humeur chagrine
Il pleut comme pleurent 
Des pleureuses 
Veillant un macchabée... 
Il pleut 
Comme vache qui pisse 
Il pleut des cordes, des hallebardes... 
Il pleut, dans ma maison, 
Ploc, ploc, ploc, note monocorde 
Fait la pluie au seau 
Ploc, ploc, ploc, même ton, 
Ploc, ploc, ploc... 
Par la lucarne du grenier 
Je guette l'éclaircie bleue... 
Ploc... ploc... ploc... et puis plus rien, 
La pluie lugubre se tait 
L'oiseau chante, tchip, tchip, tchip 
Et moi je siffle... 







<< Une femme chaque nuit voyage en grand secret >> Paul Eluard.



<< Une femme ....

Elsa, la quarantaine, chausse ses lunettes. Elle est vêtue de son tailleur grenat en laine. Nous sommes au coeur de l'hiver ; la nuit va être froide. Soigneusement maquillée, ses cheveux châtain clair retenus sur la nuque par une large barrette d'écaille brune. Elsa saisit son répertoire téléphonique : sa mémoire lui fait parfois défaut. Il faudra que je mette ce numéro parmi mes privilégiés, se dit-elle, je gagnerai du temps en n'appuyant que sur une seule touche ! A la lueur de la lampe qui éclaire doucement sa modeste pièce de séjour, ses yeux d'un gris-bleu intense parcourent les numéros à la lettre C ... Voilà. Ses doigts experts composent 04 78 69? 58 57 ..... La voix qui coule dans son oreille amène sur ses lèvres un sourire de satisfaction. Elle enfile son manteau, se coiffe de son chapeau de feutre noir "kangoo", et s'emmitoufle dans son châle aux motifs fleuris. Elle enfile ses gants ....

<< Une femme chaque nuit .....

Elle jette un coup d'oeil à la pendule. Non, elle ne sera pas en retard. On ne l'attendra pas trop longtemps. Elle va pouvoir sauter dans le bus de 21h10, comme chaque soir Elsa se prépare à la rencontre quotidienne. Préparer son coeur se dit-elle, être attentive, complètement, oublier la journée et ses tracas. Les flocons de neige qui commencent à virevolter rafraichissent son visage, ses joues rosies par la chaleur intérieure.

<< Une femme chaque nuit voyage .....

L'autobus de 21h10, précis, s'arrête à la station Séverine. Il y a peu de monde à cette heure, et par cette saison. Elsa choisit toujours la même place. A l'avant. Près de la vitre gauche. Derrière le conducteur. Prêter toute son attention aux lumières de la ville lui permet de faire le vide dans sa tête et de mieux se préparer à la rencontre de chaque nuit. Parfois, quelque scène comique se déroule sur le trottoir que longe le véhicule. Un sourire amusé illumine alors ses traits fins. Bientôt, elle sera rendue à destination : la maison cossue, en banlieue. La grille en fer forgé quelle va pousser. Le jardin qu'elle va traverser. La porte éclairée qu'elle va ouvrir après deux coups brefs sur la sonnette, à droite.

<< Une femme chaque nuit voyage en grand secret ...

Personne, dans l'entourage d'Elsa ne connaît ce qu'Elsa va faire dans cette banlieue lointaine et déserte à cette heure. Elle ne souhaite pas en parler. C'est son jardin secret ..... Soudain elle se hâte. Quelques mètres à peine la séparent de l'arrêt où elle est descendue à la maison cossue Son coeur commence à vibrer du plaisir qu'elle éprouve à chaque rencontre. Même au coeur de cette nuit d'hiver rien n'a bougé. Au fil de chacun de ses voyages, seule la nature amène quelques changements qui rythment les déplacements d'Elsa : Il fait plus chaud, les arbres retrouvent leurs feuilles, les fleurs du jardin embaument ..... Elsa va tout à l'heure poser un baiser sur le front de la vieille dame qui l'attend, assise dans son fauteuil, sa couverture à carreaux rouges et verts couvrant ses jambes désormais inutiles. Elsa va lui raconter, par le menu, avec mille détails, la vie du dehors. Ce sera la valse des mots ... Les phrases entrecoupées de longs silences ... Rien ne bouge ...

Ce soir encore, Une femme chaque nuit voyage en grand secret. 

La vieille marmotte










Bleu nuit. 
Il y a des jours, il y a des nuits où la fenêtre de notre cœur pleure. Gouttelettes transparentes qui tracent dans le bleu nuit, des sillons vers le noir. Rides du temps qui plissent et mouillent le bleu ciel. Pastels tendres qui se diluent dans la poussière du temps. Et puis, il y a des jours il y a des nuits où l’horizon s’éclaircit, une lumière si douce si calme attire gouttelettes de pluie et fumées obscures pour lentement, un à un, effacer les barreaux de notre fenêtre, fenêtre qui s’ouvre alors, sur un monde éclairé et serein. 
Jamadrou








La fenêtre est bleue
comme le rideau bleu
je suis au chaud
je vois des bleus
le dehors et le dedans
en fondus enchaînés
la pluie ruisselle au carreau
mon spleen s'en mêle
bleue la chambre
gris le temps
nuances subtiles
combien sont-elles ?

Le peintre a touché les couleurs
et j'admire celui qui oublie
le dehors et le dedans
pour créer une image
d'un gris qu'il cherche
qui n'est qu'en lui
clair dans sa tête
gris de Payne


et aussi : 





Sur la vitre la pluie a tracé
des crapauds griffus
au regard aveugle
derrière les barreaux veillent
des pieuvres flottantes
des vigiles masqués
armés de pieux
harnachés de lames
qui guettent leur proie
dans l'ombre bleutée de l'épouvante



Ciel haché de bleu
- si bien derrière la vitre
quand tu es là.

Josette


Quelques pleurs
sur ses dernières cigarettes -
dehors l'éclaircie

ses cendres fument encore
et se dispersent les ombres
des larmes du désir

laisser derrière soi
le mal qui ronge -
la brume se dissipe

ABC










Seul miroir de sa geôle 
là-bas, dans les douves 
pâle reflet de son ombre, 
les noirs barreaux de malheur 
et ses larmes










Métamorphoses
Il pleut. Dans l’air froid et triste, le quotidien paraît sans saveur. Le regard, indifférent comme fixé au-dedans, retiré dans les profondeurs, accompagne les gouttes qui suivent sagement la loi de la pesanteur, se coller et glisser par la voie la plus rapide. Mais parfois, est-ce à cause du flot qui ralentit la course, une goutte hésite, dévie pour suivre un chemin parallèle, ouvrir une autre voie, explorer l’inconnu. Elle quitte le rail.

Mais déjà, dans l’univers limbique, le ballet hypnotique imprime ses images. Derrière le regard inconscient la vigilance est en éveil. Elle interprète, crée, s’abstrait de la routine, enfante la magie. Alors sur le carreau perlé de pluie, des chevaux d’écume pénètrent le champ visuel. Ce tsunami hippique exprime la métamorphose. Rêve d’une petite couseuse attendant son époux que quelques sirènes informes, à peine esquissées, retiennent par la voix dans l’univers épique d’un mythe. 

Là, la faim se cache, non « dans un champ pierreux » où grincer des mâchoires, mais dans un tourment d’ondes vomissant des démons prêts à dévorer le héros assoupi.

Le char des légendes Ovidiennes surgit, éclaboussant le matin. Il s’effacera au premier rayon du soleil. 
Dans la chambre aveugle « Ulysse » poursuit son rêve, il dort. Il est trop tôt.
Dans la cuisine « Pénélope » attend, tout engluée de nuit. Devant son premier café, elle tente de s’extraire de ses limbes.
 Adamante 





Un commentaire de "la vieille marmotte" que je signale, un lien à ne pas manquer si vous aimez Chopin et Georges Sand :

"À la lecture de cette riche page, à l'écoute de cette chanson de Roger Caussimon (j'aime) je me souviens des "Gouttes de pluie" de Chopin. Permettez-moi de partager un de mes articles rédigé en Juillet 2013. Belle la musique de Chopin. Intéressante la version de George Sand !"