Bienvenue dans l'Herbier de Poésies. Vers libres, prose poétique, expression libre des profondeurs de l’instant qui se dit sans rime ni métrique imposée. Mais aussi Haïku & famille favorisant le fond plutôt que la forme.
J'attendais des photos particulières (surprise) mais nous avons rivalisé de malchance, le dernier dossier que j'ai reçu ne peut être ouvert. J'attends donc un nouvel envoi qui je l'espère me permettra de vous faire rêver un peu pour la page 199.
En attendant je vous propose cette image pour la semaine prochaine, et comme il est déjà tard, je vous propose de publier la page mercredi prochain 11 mai.
Envoi comme d'habitude dans le corps du mail avec, n'oubliez pas, le lien sur votre blog.
Bug de l'administration : la page devait être publiée le 13 et je m'aperçois aujourd'hui qu'elle est restée en brouillon (???) Je la publie donc aujourd'hui.
J'étais étonnée du manque de réactions et le commentaire de Jeanne, que ai eu du mal à comprendre, m'a mis la puce à l'oreille. Veuillez me pardonner ce contretemps.
Voici vos participations sur le chant de cette magnifique Siberian lady
Yeux
clos pour s'ouvrir sur une atmosphère, une porte crissante qui donne sur un
monde étrange, vibrant de vibrations, éclairé à peine au flambeau, même nos
ombres nous terrifient...
Il
nous happe ce monde, nous assaille corps et âme, quand une louve hurle à la
mort, une chouette chuinte, inquiétante comme la faucheuse qui rôde en
ricanant...
Démon
des enfers es-tu là... ? De lugubres battements de tambour accompagnent
nos pas perdus comme d'autres cris et bruits vaguement humains...
Un
cheval fou hennit au galop avec sa cavalière, le cravachant au sang, affolée,
tentant d'échapper à dieu sait quoi...
Un
ultime hennissement, puis, plus rien, le silence,
« Je
vous invite à une chevauchée fantastique à la rencontre des esprits de la terre
dans une nuit peuplée de bêtes qui n'ont de sauvage que leur liberté"
Ainsi
a parlé la grande chamane.
Dès
le début de son « histoire » je l’ai vu lancer une passerelle entre les deux
mondes : entre humanité et esprits de la nature.
Cette
passerelle je l’ai empruntée avec curiosité et grand bonheur et ce que
j’ai découvert fut merveilleux. Assise sur un cheval fougueux j’ai galopé dans
ma nuit et j’ai traversé la couche d’incompréhension pour aller vers la
lumière, là où le rêve devient réalité.
Ici
les bêtes savaient et moi je comprenais leur langage.
Le
loup, la chouette, les oiseaux me parlaient, me guidaient
Les
arbres les herbes se penchaient sur mon passage, me caressaient,
m’encourageaient
L’eau
du ruisseau ou des cascades dévalaient dans mon cœur et délavaient les couleurs
sombres
J’ai
compris que les (plus) bêtes n’étaient pas ceux qu’on croit.
Les
humains étaient les plus bêtes, les plus arrogants les plus sots du monde
des vivants. Ils s’appropriaient et dévastaient.
Cette
chevauchée m’a ouvert les yeux, j’ai vu la vraie nature de
chacun, j’ai compris ce que bête sauvage voulait dire. J’ai compris
qui bafouait le mot liberté, ce mot qui veut dire : vivre au rythme de
Gaia mère de tous. Quand je suis revenue de cette traversée folle je savais qui
je devais respecter et qui je devais chaque matin remercier, adorer.
Mon
présent fut alors cadeau, mes amis et confidents furent les animaux,
ma nourriture se mit à réfléchir la vie et ce reflet fut respect.
...
écrire mon ressenti après avoir écouté et regardé cette vidéo .
Non.
Écrire
mon senti pendant que j'écoute et regarde l'image de cette femme
étrangement accoutré qui ... qui quoi ? qui hurle, qui hulule, qui fait du
bruit, qui, à elle seule fait vibrer l'Arctique, l'Antarctique, la forêt
amazonienne, et les steppes de l'Asie centrale.
Cette
femelle qui se veut griot en frappant sur son tambour bourin ?
Cette
Femme qui est à la fois Sauvagerie-Douceur ?
Écoute,
et Tais-toi.
Tout
d'abord un son de scie coupant de grands arbres.
Surgit
le hurlement du mâle loup, auquel répond une femelle.
Loin,
très loin, dans la moiteur profonde, le cri d'un cacatoès. A moins que ce
ne soit celui d'un dodo. Il se rapproche. L'homme l'accompagne des grelots de
son tambourin. Tous trois s'emmêlent puis se répondent. La scie continue son
ouvrage de mort.
Un
hurlement terrible.
Chacun
continue son oeuvre. .... À tout de rôle prend le dessus.
Frémissement
au premier son de la guimbarde, je suis au centre du mouvement.
Progressivement, une force surgie de mes entrailles s’élève en spirales vers le
ciel. Ce volcan hypnotique déroule sa matière jusqu’aux confins inabordables
d’un univers indéfini.Le rythme
doucement s’installe et peu à peu s’amplifie. Tous mes repères habituels
s’effacent car ici il n’est plus de norme. La vie à l’état sauvage crucifie nos
certitudes dans son immense cri de sexes et de ventres. La préexistence du
désir de création est glorifiée.
Les
cercles vibratoires de cette musique m’ensorcellent, ils tournent de plus en
plus vite et me placent au centre du tourbillon frénétique de l’oubli de soi.
Je coule sans crainte dans cet entonnoir qui m’emporte et me dépose en douceur
sur une zone de silence.
Je
vis l’appel du loup, gorge tendue vers les étoiles. Par le cri de la chouette
qui zèbre la nuit, je salue l’avènement d’un temps d’éternité.
Les
voix sont gutturales. Déchirées auxépines de la forêt elles sont l’écho du mutisme des pierres.
Je
reçois. Je suis steppe. Je vibre du souffle infernal de la terre. Les notes se
gonflent, explosent sur les lignes d’une portée d’ombres jusqu’à faire surgir
un cheval au galop. Partout le feu s’exprime dévorant et le temps bascule. Da
capo. La silhouette d’unecavalière
est inscrite sur la face argentée de la lune, les ténèbres s’illuminent. Et
voilà qu’une armée mongole déboule à sa poursuite. Pas un seul bémol, mais des
marques de sabots sur les lignes qui se cabrent. C’est l’âme de la terre qui
tremble. Je tremble. Je suis le théâtre de cette poursuite effrénée. Enfin
l’apothéose, la grande danse des cavaliers, le grand opéra des montures quand
la nature Diva pousse son airde
Valkyrie. La chamane a rejoint les territoires de l’ombre.
Partout
les cris rauques des Esprits surgis des profondeurs taillent des lambeaux
d’espace, ils ouvrent les portes des mondes interdits aux profanes. Il n’est
plus rien de connu au travers de ces territoires où le son allume l’animalité
de l’Être. Là, tous les chamans de tous les temps, de tous les mondes, unissent
leurs voix. Dans la nuit, un chant ancestral inscrit dans la mémoire du
minéral, dans l’ossature du vivant enfle jusqu’au coup de cravache final.
Le
pur-sang se cabre, un hennissement, puis le silence.
Un son comme une vibration envoûtante et porteuse,
un appel douloureux, une plainte douloureuse d'animal
blessé,
Le cri de la terre foulée.
Un chant comme une émanation de la Vie,
une vague montante,
une cavalcade fougueuse et bruyante,
une ronde folle dans des horizons déserts...
UUTai,
Cette femme est à elle seule un monde qui se raconte, une prêtresse
liée à la terre-mère, porteuse libre d'un chant de rappel pour des hommes trop
loin d'eux-mêmes, si loin de la vie qui les anime et les fait.
Serge De La Torre
https://instantsdecriture.blogspot.fr/
Dessin Adamante
Je vous invite aussi à visiter les pages parues autour des herbes
(une page par participant) et vous invite à y laisser quelques mots. Il
est toujours agréable pour les participants de voir que les autres
s'intéressent, au moins sur la page de la communauté. Une façon de nouer
le contact et de faire de cette communauté une réelle plate forme
d'échange.
D'autres pages suivront sur le sujet. Cela
fait beaucoup, surtout avec la page du vendredi qui s'y rajoute. Mais
vos visites ne sont pas limitées dans le temps. Et, merci encore de votre fidélité.
<< Une femme chaque nuit voyage en grand secret >> Paul Eluard.
<< Une femme ....
Elsa, la quarantaine, chausse ses lunettes. Elle est vêtue de son tailleur grenat en laine. Nous sommes au coeur de l'hiver ; la nuit va être froide. Soigneusement maquillée, ses cheveux châtain clair retenus sur la nuque par une large barrette d'écaille brune. Elsa saisit son répertoire téléphonique : sa mémoire lui fait parfois défaut. Il faudra que je mette ce numéro parmi mes privilégiés, se dit-elle, je gagnerai du temps en n'appuyant que sur une seule touche ! A la lueur de la lampe qui éclaire doucement sa modeste pièce de séjour, ses yeux d'un gris-bleu intense parcourent les numéros à la lettre C ... Voilà. Ses doigts experts composent 04 78 69? 58 57 ..... La voix qui coule dans son oreille amène sur ses lèvres un sourire de satisfaction. Elle enfile son manteau, se coiffe de son chapeau de feutre noir "kangoo", et s'emmitoufle dans son châle aux motifs fleuris. Elle enfile ses gants ....
<< Une femme chaque nuit .....
Elle jette un coup d'oeil à la pendule. Non, elle ne sera pas en retard. On ne l'attendra pas trop longtemps. Elle va pouvoir sauter dans le bus de 21h10, comme chaque soir Elsa se prépare à la rencontre quotidienne. Préparer son coeur se dit-elle, être attentive, complètement, oublier la journée et ses tracas. Les flocons de neige qui commencent à virevolter rafraichissent son visage, ses joues rosies par la chaleur intérieure.
<< Une femme chaque nuit voyage .....
L'autobus de 21h10, précis, s'arrête à la station Séverine. Il y a peu de monde à cette heure, et par cette saison. Elsa choisit toujours la même place. A l'avant. Près de la vitre gauche. Derrière le conducteur. Prêter toute son attention aux lumières de la ville lui permet de faire le vide dans sa tête et de mieux se préparer à la rencontre de chaque nuit. Parfois, quelque scène comique se déroule sur le trottoir que longe le véhicule. Un sourire amusé illumine alors ses traits fins. Bientôt, elle sera rendue à destination : la maison cossue, en banlieue. La grille en fer forgé quelle va pousser. Le jardin qu'elle va traverser. La porte éclairée qu'elle va ouvrir après deux coups brefs sur la sonnette, à droite.
<< Une femme chaque nuit voyage en grand secret ...
Personne, dans l'entourage d'Elsa ne connaît ce qu'Elsa va faire dans cette banlieue lointaine et déserte à cette heure. Elle ne souhaite pas en parler. C'est son jardin secret ..... Soudain elle se hâte. Quelques mètres à peine la séparent de l'arrêt où elle est descendue à la maison cossue Son coeur commence à vibrer du plaisir qu'elle éprouve à chaque rencontre. Même au coeur de cette nuit d'hiver rien n'a bougé. Au fil de chacun de ses voyages, seule la nature amène quelques changements qui rythment les déplacements d'Elsa : Il fait plus chaud, les arbres retrouvent leurs feuilles, les fleurs du jardin embaument ..... Elsa va tout à l'heure poser un baiser sur le front de la vieille dame qui l'attend, assise dans son fauteuil, sa couverture à carreaux rouges et verts couvrant ses jambes désormais inutiles. Elsa va lui raconter, par le menu, avec mille détails, la vie du dehors. Ce sera la valse des mots ... Les phrases entrecoupées de longs silences ... Rien ne bouge ...
Ce soir encore, Une femme chaque nuit voyage en grand secret.
Il y a des jours, il y a des nuits où la fenêtre de notre cœur pleure. Gouttelettes transparentes qui tracent dans le bleu nuit, des sillons vers le noir. Rides du temps qui plissent et mouillent le bleu ciel. Pastels tendres qui se diluent dans la poussière du temps. Et puis, il y a des jours il y a des nuits où l’horizon s’éclaircit, une lumière si douce si calme attire gouttelettes de pluie et fumées obscures pour lentement, un à un, effacer les barreaux de notre fenêtre, fenêtre qui s’ouvre alors, sur un monde éclairé et serein.
Sur la vitre la pluie a tracé
des crapauds griffus
au regard aveugle
derrière les barreaux veillent
des pieuvres flottantes
des vigiles masqués
armés de pieux
harnachés de lames
qui guettent leur proie
dans l'ombre bleutée de l'épouvante
Il pleut. Dans l’air froid et triste, le quotidien paraît sans saveur. Le regard, indifférent comme fixé au-dedans, retiré dans les profondeurs, accompagne les gouttes qui suivent sagement la loi de la pesanteur, se coller et glisser par la voie la plus rapide. Mais parfois, est-ce à cause du flot qui ralentit la course, une goutte hésite, dévie pour suivre un chemin parallèle, ouvrir une autre voie, explorer l’inconnu. Elle quitte le rail.
Mais déjà, dans l’univers limbique, le ballet hypnotique imprime ses images. Derrière le regard inconscient la vigilance est en éveil. Elle interprète, crée, s’abstrait de la routine, enfante la magie. Alors sur le carreau perlé de pluie, des chevaux d’écume pénètrent le champ visuel. Ce tsunami hippique exprime la métamorphose. Rêve d’une petite couseuse attendant son époux que quelques sirènes informes, à peine esquissées, retiennent par la voix dans l’univers épique d’un mythe. Là, la faim se cache, non « dans un champ pierreux » où grincer des mâchoires, mais dans un tourment d’ondes vomissant des démons prêts à dévorer le héros assoupi.
Le char des légendes Ovidiennes surgit, éclaboussant le matin. Il s’effacera au premier rayon du soleil.
Dans la chambre aveugle « Ulysse » poursuit son rêve, il dort. Il est trop tôt.
Dans la cuisine « Pénélope » attend, tout engluée de nuit. Devant son premier café, elle tente de s’extraire de ses limbes.
Un commentaire de "la vieille marmotte" que je signale, un lien à ne pas manquer si vous aimez Chopin et Georges Sand :
"À la lecture de cette riche page, à l'écoute de cette chanson de Roger Caussimon (j'aime) je me souviens des "Gouttes de pluie" de Chopin. Permettez-moi de partager un de mes articles rédigé en Juillet 2013. Belle la musique de Chopin. Intéressante la version de George Sand !"