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vendredi 21 octobre 2016

L'herbier, page 52


 




Une fois n’est pas coutume, je vais commencer par mon texte. Quelle impolitesse me direz-vous.
C’est vrai, mais je le devais à l’héroïne de l’image, car ceci est une histoire vraie, le souvenir chaleureux d’une belle rencontre.

Alors vous me pardonnerez ?



Merci de vos participations si variées.






La petite rose rouge

Tache de sang
sur le rire des herbes
que la lumière éclabousse.


Elle rêvait d’un métier où glisseraient entre les fils de trame les mains expertes d’un lissier.

Fille d’une bouture oubliée, elle était éclose dans le massif où dominaient des rosiers de haute lisse. Elle s’épanouissait timidement, avec des allures de bouton avorté. Mais elle était tellement attirée par la lumière qu’elle avait décidé de devenir fleur. Passé sa première nuit, surprise : elle incarnait la perfection en miniature.
Des pétales jaunes, blanchis par le temps, étaient venus s’échouer à ses pieds, offrant à sa beauté un tapis de lumière.
Je m’étais arrêtée, je m’étais accroupie et, dans le silence de nos âmes, je l’avais accueillie. Puis, sachant la durée éphémère de sa vie, je l’avais « immortalisée », tout au moins le temps de ma propre durée, car il n’est aucune photo pouvant immortaliser sa prise.
Bien après qu’elle eut disparu, en regardant son image parmi la moisson de l’été, j’ai senti vibrer en moi l’écho de sa courte vie. Elle me parlait encore, elle vivait là, quelque part en moi. Alors, répondant à son appel, je me suis emparée de ses formes, de ses couleurs, j’ai tenté, avec mes modestes moyens, mais avec toute la force de mon âme, de satisfaire son attente : elle rêvait d’un métier où glisseraient, entre les fils de trame, les mains expertes d’un lissier.
J’en ai fait une image à la façon des cartonniers* et son rêve est devenu mon rêve.
Qui sait, un jour, un lissier* la regardant lui offrira un ultime hommage, une place entre les fils de trame de son métier où glisseront ses mains expertes.


*termes utilisés à Aubusson, capitale mondiale de la tapisserie où j’ai appris à dessiner.







Coup de tonnerre
Coup de sang
Coup de foudre
Coup de cœur
Un éclat de vie !









 Le personnage-machine et la rose de papier

Aléatoires roses de papier
Sur papier gaufré !

Cœur de sang,
Parmi les éclairs de façades aux blancs nuancés.
Ombres végétales floutées, illusoires ou signées,


Saisies en perspectives transparentes ou en modules compressés.

La géométrie de l’apparence est construite,
Elle imite et suggère,
Comme l’original des contes
Qui se lit dans les ogres de jardins.
Origami ! Montage composite : 

Personnage-machine d’un grand pas enlevé. 








La roumaine...

Rouge à lèvres
Appuyé
Ne voir que lui
Sur ce visage,
Œillade
Aux oiseaux de nuit,
Elle racole, muette
Sur la voie,
Plus une oie blanche
La femme
Du trottoir
Chignon en bataille
Elle te fait l'amour
Pour dix balles...

Rouge à lèvres
Appuyé,
Rose de Noël
Qu'on la nomme
La belle plante
Vendeuse de ses soleils
À minuit...










Une rose troublée
Incluse dans le magma
Dans les ruines, dans les pierres
Saccagée
Sa robe écarlate
Tâchée, repeinte
À l'unisson de ces êtres déchirés
Bombes meurtrières
Secousses et tremblements
La terre a dit non
Plus forte que les hommes
Reciselée
Diamants tranchants
Pas de pause
Dans l'horreur
Pas de quartier
Pas de paix









La Barbarie avait encore frappé aujourd'hui. Il fallait à tout prix qu'elle l'extirpe du tréfonds d'elle-même.
Elle saisit ses ciseaux, papiers, colle. Les formes sont aiguës. Sur ses lèvres affleurent les sons en un seul souffle d'Onitsura
"Mon âme plonge dans l'eau
Et ressort
Avec le cormoran"
Les formes aiguës s'ordonnent jusqu'à l'esquisse du grand oiseau .....
"L'homme est un rat pour l'homme"
disait ce matin l'artisan de l'abolition de la peine de mort
"Le rat, seul prédateur qui tue pour le plaisir de tuer."
"Mon âme plonge dans l'eau
Et ressort
Avec le cormoran"

Tu es responsable à jamais de ce que tu as apprivoisé. Et coupe et colle et taillent les ciseaux. Les formes se superposent.
Point final : la tâche rouge sang.





Nota - mon illustration sonore peut être "Le dormeur du val", poème de Rimbaud, chanté par Sapho

ou bien "Comme un p'tit coqu'licot" par Mouloudji
                 Onitsura : poète Japonnais



 



Et la danseuse danse danse
et son cœur chante chante
L'été autour du feu de joie
A l'automne dans sa roulotte
Son cœur est toujours gros comme ça.
Dans l'hiver elle fera le gros dos
En attendant le retour du printemps.








Un texte qui s'est perdu dans le flux et que je n'avais pas reçu comme je l'aurais dû, le commentaire semble être encore la meilleure solution, à moins que je ne trouve une solution pour vous communiquer mon e-mail, le voici avec un peu de retard, désolée, Jamadrou :

Ce lundi matin, il avait oublié de te dire combien il t'aimait.
Alors il a dessiné sur le grand miroir un coeur rouge.
Le lacet de son soulier était cassé
Doucement il s'est baissé
La terre s'est mise à trembler
Le miroir s'est brisé et tout d'un coup dans le silence du matin
Le plafond s'est effondré
Sa tête fut dévastée
Il a entendu ta voix qui l'appelait
Il a touché son coeur où étaient entrés les éclats de miroir de ton beau rire étoilé.


jamadrou le 16 octobre







mardi 12 avril 2016

L'herbier de poésies, page 41


  En suivant le chemin de plates-bandes gourmandes, 
une p’tite cousette, 
jolie comme un bouton de nacre 
ramasse des morceaux de vie, 
des p’tites cassures de temps, 
qu’elle colle sur un batik de Selva Veeriah. 

 Mais une odeur de café, flotte dans l’air du printemps...

"Tuit, tweete" ! Chante le merle. 

Alors elle abandonne son ouvrage 
pour une tartine de beurre. 




                                                                              Bonne lecture et belle semaine.

 






Pétales oiseaux
Petits moulins
Tournent et volent
Au vent fripon
Fleurs de pommiers
Matin d'avril
Respire à fond
Je te le dis
La vie est belle


 
 
De chemin bleu en chemin bleu, Madame Croquandise déposait, tous les matins, quelques savoureux délices pour garnir ses plates-bandes gourmandes, les fleurissant de berlingots, de sucettes, de caramels, de pistaches et autres friandises.
Chaque oiseau de passage, voletait dans ce labyrinthe exquis, vers son biscuit du jour… Sur le chemin de l’école, les enfants dévoraient la vitrine des yeux…
Le salon de thé de la pâtisserie vivait toute l’année au rythme sucré de ses confiseries.







La robe...

Au marchand d'étoffes
Jambes à son cou
P'tite cousette de vingt ans
S'en court telle une Perrette
Des rêves plein l'ciboulot
À singer à la Singer,
Corsages neufs
Dans les vitrines du Printemps
Et autre magazine Mod'elles...
Des fleurs, des oiseaux
Du rose, du bleu
Des boutons de nacre,
Les filles sont jolies
À la belle saison dit une chanson...

Drelin drelin
Et s'ouvre la porte
Du marchand d'étoffes Ali,
C'est comme une caverne
Elle en reste baba
Impressionnée
Au milieu des tissus
De toutes impressions...

Son index a choisi, sans hésiter,
Un batik Selva Veeriah
Pour une robe, pas si sage,
À faire se retourner un saint...









Dans la cour du Lycée français, les élèves tweetaient furieusement durant la pause. Seul dans son coin, assis par terre, un crayon entre les dents, son carton à dessin sur les genoux, Marco rêvassait. Ils allaient devoir tout réaliser, de A à Z ..... de la création du tissu à l'objet fini.

- Tui ... tui, tuiT ..

- Twweet tweet !

-TUIIIIIT

-Tui, tui, tui TUITUITUIT ! ....

_ ..........

- TUIiT ?

-Tuituituitui Tweete ! ..............................


Traduction :

- Salut ... tu l'as vue ...

- Je lui ai même causé !

- NON TU EXAGÈRES

- C'est MA Fleur. Ma fleur TU ENTENDS ! ....

- (Un Silence) ..... .....

- Tu m'as bien compris ?

- ..... ça va ça va cause lui tout seul à ta fleur ................

Elle se promenait dans ses plus beaux atours ! Elle était fière de son nouveau sari. La douceur des beiges et des marrons qu'atténuaient encore les vieux rose et les gris bleutés, mettait parfaitement en valeur son teint mât. Elle le savait. Encore une fois son artiste d'ami avait réussi un imprimé qui ferait fureur à l'automne.

- Ma Fleur ... il n'y a que moi qui ai le droit de lui causer !







 


Écoutez l'histoire d'arbres en automne
qui cachent des morceaux de vie en rose et en bris.
Bris, brisures ou cassures?
Vitrail du temps sur nos soucis
Transparence du verre
Éclats de rire éclats de verre
Du vert, il n'y en a pas!
Le printemps est encore loin de là.
Pourtant des oiseaux tournent,
ils sont messagers de Joie
Des oiseaux sifflent autour des branches
merles chanteurs
merlin l'enchanteur
Ils enchantent la vie des couleurs de leur mélodie
ils sont merles en mon cœur.








NAISSANCE DU "JE"


Dans ce rêve céleste traversant des profondeurs obscures sourient des Espaces de liberté qui sentent bon le vent printanier.

Partout explosent les couleurs de la vie au cœur d'une douce et chaude lumière frémissante d'amour.

Étrange transe végétale !

Efflorescences de rameaux aux formes variées, glissements fuyants de feuilles bleues au gré du vent, solitudes graciles de tulipes en rangs serrés en déroutantes balises sur un chemin tronqué...

Et comme un prétentieux langage, de curieuses marguerites qu'une main impulsive invisible aurait jetées à la volée sur ce fond végétal au dernier moment...

Sur l'une de ces marguerites est tombé comme le rire d'une grâce divine, heureuse et fraîche élue auréolée d'ivresse, née d'un souffle qui l'élève et l'émerveille...

Dans la lumière de son cœur... le "JE" se créé ! le "JE" qui fascine, comme un mystère qui domine... le "JE" comme une graine qui aurait pourrie en terre, qui aurait germée et s'épanouit enfin !

Un "JE" qui a encore besoin de l'Humilité de la Terre, si frêle en apparence, mais qui crie déjà très fort son bonheur à l'Appel qu'il n'entend pas encore...

L'élue, en sa brillante parure, entend les gémissements de ses pâles sœurs aux yeux clos encore sur leurs rêves obscurs.

Son cœur bondit de tendresse pour sa familière fratrie, et le "JE" frémissant de sa pétulante jeunesse s'inquiète soudain....

"Elles me ressemblent tant ! qui suis-je parmi elles, qui sont elles ? qui est l'autre ?"

Dans le doux refuge de sa verticalité, l'élue voudrait avoir des ailes, tant elle a besoin de ce qui est éternel afin d'exister...

La lumière lui vient alors des quatre points cardinaux en voletants petits oiseaux lumineux qui lui murmurent tout bas :

"Ne crains pas Je suis là !" dit l'un

"Ne crains ni les épaisses nuées, ni les orages violents, ni les tempêtes sournoises... ni la vastitude de la solitude..." chuchote l'autre

Ne crains pas d'y perdre tous tes repères... Car Moi, Je suis là ! "Va pas à pas ! " affirme le 3ème


Et quand ton pas sera affermi, toi, tu affirmeras le pas de tes sœurs, car de tes sœurs tu es solidaire ! Ai-je répondu à ton attente ?" lui confie le 4ème....









L’éclosion des marguerites

À l’horizon
au soleil du matin
derrière les fleurs
une porte s’ouvre
parfum de café
de tartine
de beurre
un rideau frémit
à peine une onde
la main d’une Pénélope peut-être
lasse de son ouvrage
au jardin
un oiseau appelle
juste une note de printemps
un désir de nid
la paix dans un rai de lumière
mais soudain
une Cléopâtre des champs
le front ceint d’un diadème
sourcil feuille
lèvres bleues
apparaît
la reine du printemps préside
à l’éclosion des marguerites.






Le coin des retardataires




Une page de vie étalée au soleil
odeur de fleurs séchées
des printemps envolés.
Déjà,
une ombre brune se dessine
brodant tous les regrets:
pétales fins des frissons printaniers,
légers, légers à accrocher les rêves
lignes sinueuses des amours cabossés
couleur sépia de l'étoffe du temps
mille fois déchirée,mille fois reprisée
quelques rides encore pour offrir un sourire
un nouveau chant d'automne sur le pré défleuri.


Balaline




Et puis, une fois n'est pas coutume, il y a des rimes,  une comptine qui m'a ravie :








Ma très âgée voisine bretonne
dans une veille robe en cretonne
par grand souci
d'économie
elle a cousu
au point de Jésus
un tablier fleuri
pour ce printemps qui en rit
tellement de bon cœur
que s'en est tout un bonheur...


 
Yeodi