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jeudi 3 mai 2018

P 110 Radio insoumise, Radio folle à lier




 
In sou mission

C’est comme ça. Aujourd’hui pas de haïbun pour moi, de la proooooooooose et des veeeeeerrrrrs ! 
Alors les brins, permettez que j’ouvre le bal. 



Comme un pivert s’échine à creuser le bois pour atteindre le ver qui fera sa pitance, l’herbier rame à grand flot pour épurer les siens, d’une tout autre espèce.
Il se veut révolutionnaire et pourtant, comme le ver dans le fruit, se voit parfois rattrapé par la rime, frappé par la rythmique, dépassé par l’inversion de l’adjectif gourmand de redondance. Il est comme paysage que couvre

« un blanc manteau d’étincelante neige »,
lui qui rêve
« d’un manteau blanc de neige étincelante »…


In sou mission. 

Face à un haïbun, une tribu de réfractaires s’insurge, décide de dévier.
Certains éludent, d’autres riment, sans autre raison que de déclarer ne pas connaître et il souffle alors un grand vent sur la bougie des espoirs déçus d’un herbier déconfit.
Oups !




Mais l’herbier ne se démonte pas, tu veux rimer, ben rime ! Et profites-en bien car demain, retour à la forme qu’on se le dise, et pas en rime, en vers, en procession* (oups ! voilà qu’il chante à présent !)                                      * on écoute Jean Ferrat


 

Non ! Demain, fini la débandade, la débauche, le bazar, la déconfiture du libre. Demain on quitte le carré pour retrouver le cercle.
Ensemble nous débusquerons du nouveau afin de bouleverser l’ordre des règles établies et de s’affranchir, dans la joie et la bonne humeur tant qu’à faire, pour partir à la découverte des grands espaces.
L’insoumission sera de dépoussiérer, si possible et en fonction de nos moyens, la phrase de tous ses maniérismes afin de toucher l’instant simple du quotidien sans fioriture.
Il se dira, l’instant, comme on salue le jour, en s’étirant sur le pas de sa porte avec un sourire vers le ciel.

Non pas avec un poème ainsi tourné qui convient à la fleur de lys :

Beauté du jour nouveau
Tout resplendissant soleil
Dans ce matin si beau
Émue, mon âme s’émerveille.

Mais plutôt avec ce qui convient à la mine enchifrenée du pékin tout juste sorti du lit :

Il fait beau !
sur le pas de ma porte, je m’étire
pour saluer le jour.


Je ne sais trop pourquoi il me vient soudain une envie de café. Pas vous ?
C’est l’heure !  Je lève ma tasse à votre santé.

Faites un heureux jour, les brins, la gardienne de la porte de l’herbier vous salue !


 
En groupe, en ligue, en procession



Radio insoumise à radio libre, je répète radio insoumise à radio libre, mes électrons s’agitent en ondes positives. Le vent souffle sur l’herbe des prés, rien ne semble pouvoir l’arrêter.

 


Quelques brins d’herbes
secouées par le vent du jour –
leurs vers délirent





Radio insoumise à radio libre, aucune consigne ne s’impose, les rebelles prennent la parole, écoutez-les, je répète écoutez-les.

La bride sur le coup
en toute décontraction
les mots s’expriment

Les brins d’herbe occupent le studio, je répète, les brins d’herbes occupent le studio. Adamante confiante, contrôle ses troupes en les défiant.

Studio en fête
toute consigne envolée –
pas de panique

Des bruits étranges résonnent ici et là, des clics et des déclics, les doigts s’agitent, les lèvres remuent. Avec ardeur, chacun s’applique. La révolte s’estompe, je répète la révolte s’estompe.

Poésie insoumise
échauffant les claviers
sans compassion

Adamante jongle avec les pousses réfractaires qui occupent le terrain, en les amadouant. Les vers s’arrosent dans les verres, et chacun trinque à la santé de son herbier préféré.

À la vôtre
au plaisir du partage -
herbier je t’aime


 




Poésie insoumise
Poésie insoumise
La fantaisie est de mise
Enlève ta chemise
Et joue à la soumise
Pour avoir la mainmise
Sur ceux qui s’économisent.

L’information est émise
Et bientôt transmise
Par delà la Tamise :
Poésie insoumise
Vive la paillardise
Et les caresses exquises

Au diable la couardise,
La jalousie, la convoitise
Rimes ivres et grises
Seront nos devises
Pour chasser la crise
Des biens qu’on commercialise

Poésie insoumise
Rime avec  folle emprise,
Réussite et libre entreprise
Je lance mon expertise
En toute franchise :
Envie d’une  friandise.

Qui mène à la gaillardise
Un baiser, une gourmandise
Retiens-toi et maîtrise
Puis claque une bise
Laisse fondre la banquise
Poésie insoumise

2 mai 2018

Laura VANEL-COYTTE


 
   Poésie insoumise

Si se soumettre c’est se mettre sous la pile pour passer le dernier
Et si la consigne c’est celle, un peu con, qui signe pour accepter
JE suis cet électron libre
Électre étant la fille d’Agamemnon, on sait  comment elle cacha son frère sous sa robe
(Bien sûr tous les trois avaient le même nom)
Et, JE portant robe ou pantalon écrirait sous deux noms :

Si la soumission
N’est que fine acceptation
La liberté brille

Et ON me direz-vous 
Eon chevalier sans peur et sans reproche avait ce don d’ambiguïté qui fit de son nom un joli mot à mots croisés mais son épée il ou elle ne l’a jamais croisée.
Paix à son âme

Un don s’entretient
Sur le chemin avançons
En ambiguïté

Ce pouvoir d’être deux et à deux endroits à la fois, ubiquité je crois, m’a donc été donné sans ambiguïté et me voilà doublement propulsée dans mes écritures. Ce don d’écrire n’importe où, n’importe quoi, n’importe quand, par qui m’a-t-il été offert ? Père ou mère ? Les deux mon général sinon l’insoutenable ambiguïté du don comme de l’âme serait invivable.
Et moi je soutiens que ma vie va bien.
Soutenir mon monde est chose aisée, Google a remplacé Atlas et je navigue à perte de vue entre deux mondes.
Perdre la vue serait triste histoire car les couleurs sont mon moteur.
Dans un monde qui s’écroule avancer aux couleurs ne pollue en rien l’air qu’on respire.
Allez les verts, allez les verts,  l’écologie c’est pour deux mains, celle de la plume et celle du pinceau.

Oui la poésie
Et notre avenir heureux
Liberté du simple

Et si l'écho de mes mots ouvre une brèche dans vos logis bien clos
Cette écologie là me va droit au cœur tel la flèche de cupidon.
Cupide je ne le serai jamais, mon don me suffit.
Heureux les simples d’esprit le royaume de la poésie est à eux

jamadrou © 28 avril 18  (A fleur de mots)






Écoutez, amis blogueurs !
Il était une fois un blog devenu le réceptacle d'un atelier d'écriture poétique. La règle du jeu et du Je est annoncée à l'entrée :
« Bienvenue dans l'Herbier de Poésies. Vers libres, prose poétique, expression libre des profondeurs de l’instant qui se dit sans rime ni métrique imposée. Mais aussi Haïku & famille favorisant le fond plutôt que la forme. »

Ici pas de rime
pas de pieds à décompter
une image, des mots.

Des mots pressés ou hésitants, indociles ou trop soumis. La rime vient malgré soi, vieux réflexe d'une pratique régulière, par effraction. Elle réussit même quelquefois à échapper à la vigilance de l'instant, s'associe au rythme, en découd avec la mesure. Les règles apprises s'insinuent dans l'écriture que l'on croit spontanée. Le texte est raboté, vite relu pour l'envoyer, au risque de malmener la syntaxe ou l'orthographe.

Au fil des semaines
un rendez-vous attendu
une page de l'Herbier

Chaque page est une nouvelle découverte. Les mots tissés par chacun font seuls vêtement ou simple capeline. Réunis ils habillent l'image de pied en cape, sans rien imposer, avec ce petit plus qui ne les fait pas seulement tenir ensemble.

L'alchimie opère
évidente synergie
de pensées croisées

La poésie par essence
n'est-elle pas insoumission ?

©Jeanne Fadosi, mercredi 2 mai 2018




 



Contribution de la semaine "Poésie insoumise"


La loi intérieure:
Elle est poésie et sagesse,
La plus insoumise. 

Pas assez de bras
Pour s’étreindre. Ni de larmes
                               D’amour pour oublier.

Une goutte d’eau
Creuse un trou, bâtit colonne,
Où tombent mille autres.

                           
                                Terre ronde pour tous
                                Elle est injuste pour beaucoup
                                Les hommes en abusent.  

Résistance de la chaîne
N'est égale qu’à la faiblesse 
Du moindre maillon.
       
                                  Seul, nul ne boira.
                                  En nombre et avec patience
                                  On assèche lagon; 


     Voici ce que diffusait ce matin, Radio "Autonomie" en direct de l’émission "Poésie insoumise", à l'adresse de tous les électrons libres du monde. Je pense que certains de ces haïkus sont d'origine gabonaise et se retrouveront - d'une façon ou d'une autre- sur la page de mon blog personnel consacré au conte : " Ousmi, Bouna et Koissy ", lisible dans sa version la plus récente -mais non définitive-, dès demain, en suivant ce lien

Amicalement, 
Serge 



Dessin Adamante

Le coin des retardataires




Des nouvelles



                                       Nous avons cueilli le muguet de mai,  lala-lère, sous la pluie, comme l'escargot on a eu les pieds mouillés, puis le soleil est revenu,
                                       il faut oublier les manifestations, les casseurs,  la fumée et les insultes, un instant, devant un café noir... 




Je cherche un abri
Il se passe des choses
dans ce jardin

La pluie et le soleil jouent à cache-cache, le mulot a squatté l'azalée, l'oiseau s'est planqué,  
toutes les nouvelles sans exception sont mauvaises,  chacun y met son grain de sel, 
nos concitoyens ont perdu tout optimisme et le gout du bonheur

Les pavés volent
c'est la chienlit dans la ville
une fois de plus
  



Je sais vous allez me dire que rien n'est perdu, qu'il suffit de garder espoir,
que le ciel gaulois a une grande réserve de bleu, qu'il faut y croire...

Poète insoumis
vas respirer l'azur
sors de ta cage



 

 

 

 



jeudi 26 avril 2018

P 109 Haï Boum !!!




Avertissement au lecteur égaré sur cette page.

Il était une fois un haïbun qui rêvait d’être un oiseau, un Eulecte à croupion jaune immortalisé par Carine Noushka.        C'est lui, juste en dessous.


 Photo Carine Nouska (toutes les photos de son journal facebook dont cette série sur l'Euplecte à croupion jaune)

Pauvre Eulecte ! Voilà que l’Herbier allait le retrouver en France avec des vers comme seulement là on sait les faire, brandissant son croupion jaune comme un bouclier face à l’adversité qui frappait la page.

« Le défi : on se lance en commençant par « il était une fois » et en poursuivant par un blablaïbun digne de Basho. »

« Ben voyons ! »

Un calvaire pour de pauvres brins pris en otage ?

 « Tu rigoles ! »

Ici on a l’esprit rebelle, le goût de la liberté et de l’arrangement.
On le revendique.
« On est en France » comme le dirait mon maître de Qi Gong quand on lui demande si l’on peut faire ci ou ça.  
Un peu qu’on est en France ! Non mais !

Allez c’est parti pour une lecture garantie  haïbounbadaboum.

Big sourire, je vous adore.




Donc, il était une fois…


Enfin presque… avec notre «Vieille marmotte»  
« Transfuge et transgressive  (juste en hommage aux œuvres de NOUSHKA que j'admire beaucoup (ses oeuvres, pas Noushka que je n'ai jamais eu le bon heur de rencontrer !) »   a-t-elle écrit, mais tellement bienvenue sur la page que, sans haïbun et sur une autre photo de Noushka, elle a trouvé sa place ici.

Ah, les françaises !


Les ailes camarguaises

 
 









Ce matin,
Je vais
Me déposer, très délicatement
Sur les ailes camarguaises
Et me laisser porter par la Vie,
Jusqu'au Ballet final

Voir tout en bas, le haïbun qui s'est posé, comme un oiseau, sur un commentaire.







Avec Laura, on assume jusque dans le corps du poème. 
Et alors ! qui trouvera à redire ? Certainement pas l'Herbier, il roucoule.


Il était une fois un Euplecte à croupion jaune

Il était une fois un Euplecte à croupion jaune photographié par Carine Noushka au Kénya en février.   

Noir et jaune
Comme un merle
Un petit merle
Noir et jaune



Il était une fois un chouette atelier d’écriture qui me demandait d’écrire un haïbun ; je ne sais pas le faire ; alors j’ai encore écrit :

Noir et jaune
Comme un pinson
Noir et jaune
Un pinson de Buffon

Il était une fois un Euplecte à croupion jaune
Un Euplecte
Qui flatte les esthètes
Un croupion
Pour la position
Jaune
Pour la lumière







 
 
Avec Jama, on s’approche doucement, sur la pointe des pieds, sans faire de bruit pour ne pas effrayer les oiseaux… et on fait un joli clin d’œil à la fable pour ponctuer en un haïku final plein de philosophie.

  
Il était une fois au pays des oiseaux un chef qui se croyait mieux emplumé que les autres  et qui voulait recenser ses sujets.
Il organisa le concours du plus beau croupion. L’heureux élu gagnerait la plume d’or
Chacun arriva pour montrer son arrière-train.
Rien d’intéressant ; tous n’étaient que petit trou du cul.
Mais un jour un discret au plumage simplement noir, au regard un peu perdu et au bec court mais solide arriva pour se présenter.
Le chef le trouva à la fois timide, benêt et laid: insignifiant.

« Tourne toi mon ami que je te regarde de près. »

Petit noir tremblait en pensant que ce chef devait être porté sur la chose.
Mais le chef fut fort étonné et appela tout son monde

« Regardez comme son croupion est beau ! »

Ces plumes jaunes sont merveille et font si bien ressortir son plumage noir et moiré.

« Mon ami si ton ramage se rapporte à ton plumage, tu es le gagnant du concours de ces bois. » 

Euplecte le petit noir n’avait pas pour habitude de piailler pour ne rien dire.
Il ne chanta pas et demanda simplement un miroir.
C’est  alors qu’il vit, bien plantées sur son croupion,  de magnifiques plumes jaunes.
Il comprit alors combien il était beau et combien il avait d’importance.
Il ne réclama pas sa plume d’or, mais s’envola dans le firmament à la rencontre de ses pairs.

Se reconnaître
N’est pas toujours chose aisée
Savoir s’aimer


jamadrou© 22 avril 18  (A fleur d'image)


 



Avec Marine, l’Euplecte flirte avec une biche sur une musique Manouche.  

La musique est à écouter en lisant.





La musique manouche c'est ici :





Haibun de l'Euplecte

Il était une fois un drôle d'oiseau noir
J'ai cru l'apercevoir posé sur une branche basse, un oiseau bizarre tout noir ponctué de jaune,
je crois bien que j'ai imaginé sa présence dans la fenêtre mouvante des feuilles du marronnier,
mais on m'a dit « tu as rêvé »

Il se nomme
l'Euplecte à croupion
il a un bec blanc

Une nuit d'été, il y a longtemps, j'avais vu (l'avais-je imaginée ?) au milieu de la route bordant la Garonne, qui montait vers les côteaux de Pech David, une biche qui me regardait

La guitare module
j'ai arrêté ma voiture
en pleine nuit

Nous avions fait la fête, j'écoutais des airs manouche qui résonnaient dans l'habitacle, tout était noir autour de moi,
étais-je un peu grise ?

J'en ai parlé
personne ne m'a cru
mais je la vois encore

Cette apparition délicate aux yeux d'ambre ne me quittera plus jamais...





 




Enfin, avec 
ABC, Jeanne et moi-même, un brin de nostalgie pour chanter un Eulecte tout à la fois Petit Prince, Point Virgule et Spectateur.



Il était une fois, un petit prince mélancolique,

Aile jaune bec blanc
ses yeux fixés sur l’infini
dans sa bulle

Tête en l’air disait sa mère, fainéant grondait son père, avait-il peur de s’envoler ?

Ni rêveur, ni fainéant
barrière de la différence -
dur regard d’autrui

Il était une fois, un petit prince mélancolique,

Ouvrez les yeux
voyez comme il est petit
demain peut-être

Il était une fois, un prince qui avait grandi,

Force de caractère
et envie d’être
traçant son chemin de vie

Bravo, souriait sa mère, j’en suis fier, clamait son père, au fil des jours, le prince a lâché la branche et s’est épanoui.







 À la manière d'Aimé Césaire*, vienne l'Euplecte** noir d'ébène au fondement d'or ou de soleil chanter l'histoire se son continent. Vienne l'oiseau chanter l'histoire du monde et pas seulement celle des humains.
Une histoire du monde ?
Vraiment ?

Une nuit du conte
pour narrer l'histoire du monde
n'y suffirait pas

Celle de l'humanité est minuscule point-virgule à l'extrême fin de celle de la terre qui dans l'univers ne représente guère qu'une saison d'enfer ou de paradis.

Vienne l'oiseau sédentaire
chanter ses prairies africaines

la douceur du vent
la beauté de son ciel clair
ses buissons sensibles.

©Jeanne Fadosi, jeudi 26 avril 2018


 





Le marionnettiste


Il était une fois, l’autre côté du miroir.
Les herbes poudrées de rose, de violet m’avaient entraînée ce jour-là, jusqu’au ravissement. J’avais perdu tout sens commun, je découvrais l’invisible.

Un elfe d’herbier
dansait pour un oiseau noir,
leçon de charme

L’oiseau s’était arrêté comme s’arrêtent les oiseaux quand ils sont fatigués de voler, sur la tige d’une plante sèche. Très concentré, il regardait l’elfe d’un œil attentif.

Dialogue muet
entre la terre et le ciel,
une vibration

Ces deux-là me semblaient complices, comme peuvent être complices ceux qui échappent à la menace humaine, du moins pour un instant.

Un instant, un seul
et le temps s’éternise,
tout est si léger.

Le souffle chaud du vent que l’on devine balaye les certitudes. Il ne reste plus rien que l’imaginaire en action, les profondeurs créatrices d’un cœur ouvert sur l’oubli de soi.

Là, derrière l’oiseau,
une silhouette d’enfant,
une apparition.

C’est le marionnettiste des hautes herbes. Penché vers le sol, il fait danser les elfes du grand herbier de la Terre quand les oiseaux sont tristes. Quelle nostalgie dans l’œil de ce petit oiseau marqué de jaune sur le dos.

Sur sa livrée noire
est inscrit le doigt du Soleil,
la distinction d’un Dieu.

Tout en lui est tendresse. Il rayonne d’un amour dont l’unique et impérieux besoin est de se donner, sans attente, sans espoir de retour, nécessité de célébrer la vie tout simplement.  Et, pensant à la dérive humaine de ne donner d’importance qu’à l’économie et aux marchés financiers, en le regardant, je me demande si pour la Terre l’espoir nous est encore permis.

L’amour d’un oiseau
le doux murmure des herbes,
un souffle, la vie.






 
Il nous manquait Serge, arrivé tard ce jeudi ou tôt ce vendredi, mais...
bien français lui aussi, disant : 


« La consigne (le bel Euplecte à plastron jaune de Nouchka) m'a inspiré un conte en « bonne et due forme » (et donc sensiblement plus long que nos productions ordinaires): sans doute rien à voir avec ce qui était attendu ». 



Tiens !  Tiens ! Voyons donc !



Koissi, Ousmi et Bouna

Il était une fois, comme on dit toujours quand on veut raconter les choses sans détours, quelque part sur les terres assoiffées du Gabon, un couple de jeunes gens qui s’aimaient d’amour pourtant véritable tant et si bien que leurs nuits d’amour leur paraissaient toujours trop courtes.
Ils vivaient à l’écart du village, dans une case fraichement bâtie de boue et de paille. Lui s’appelait Ousmi et elle, Bouna. 
Bien qu’ils n’aient pas encore tout à fait la tête à cela, le griot avait, en effet, à peine eu le temps de ranger les instruments de leur noce, Ousmi et Bouna cultivaient déjà leur petit lopin de terre avec le soin requis et le souci de ne fâcher ni les Dieux, ni aucun homme.
Tout de prévenance et de droiture, les mois passaient. Vite, si vite.
ils s’attendaient tous les deux à ce que la vie les gâte, et notamment de quelque enfant, et même pourquoi pas d’une marmaille qu’il nourriraient du fruit de leur peine, de la pulpe de leur courage, du pur jus de leur bonheur.

         Ennemis intimes : Hommes,
         Ce par quoi ils aiment,
         Les fait aussi souffrir.

Sous les chaumes du toit de leur case, ou dans quelque buisson voisin - ma pauvre mémoire l’a oublié ! -, un Euplecte à croupion jaune avait élu domicile.
Ousmi et Bouna le connaissaient bien, l’avaient nommé, comme on fait d’un ami cher : Koissi serait son nom !
Et ensemble, tous les soirs, ils observaient son manège.

On entrait dans la saison des amours volatiles de cette espèce.
L’oiseau en robe noir et pagne citron s’était trouvé une moinelle au goût de son cœur, et comme Ousmi et Bouna il filait une romance.

         Vois-le ma douce Bouna
         Koissi et sa dame
         Sont comme toi, et puis moi.

Tout dévoué à sa femelle en robe alouette, Koissi ne tarda pas à se trouver entouré de becs ouverts : qui criaient « à nourrir, à nourrir », obligé de voler de ci, chargé de longues herbes, de voleter de là, tout encombré de fils trouvés, pour enrichir le trousseau de sa belle, garnir le bec des petits et consolider son nid en forme de coquille ovale et dominée au sommet d’une discrète entrée.

         Et que s’insinue l’envie,
         Le paradis perd 
         Beauté, tendresse et douceur.

Alors, encore trop jeune et sans doute trop fou, Ousmi, un de ces jours où sur la terre d’Afrique la sécheresse court en brûlant tout, trouva à fâcher Bouna ; à moins que ce ne fut elle qui se mit en courroux ? 
Qui sait comment commence les disputes, sait comme naissent les vents !
Comme on fait souvent, en pareil cas, ils se dirent des mots, des mots qu’ils ne pensaient ni l’un ni l’autre, des mots surtout qu’ils ne voulaient pas dire.

Ne reste pas à regarder le ciel, il n’en tombera pas plus de pluie. La terre n’est jamais grosse que de ce que tu la travailles.

Crois-tu, folle, que je sois comme Koissi et que d’un simple fil ou d’une herbe tu puisses m’attacher à cette case.
Crois-tu qu’à cette terre, je ne donne pas déjà tout mon sang et notre eau. Tu ne m’y attacheras pas même d’une autre bouche à nourrir : oui, pas même d’un marmot !
Je m’en irais voir le grand monde, moi ! Je m’envolerai à l’aventure en quête d’une terre où il pleut du lait où coulent des rivières d’or et de miel, crois-moi !
Par malheur, les mots des hommes font plus de mal que les faibles 'siiiip''siiiip''siiiip' ou les petits 'tsip''tsip' des Euplectes.
Ils ne se dirent pas plus ce jour-là. Mais hélas, quand le ver est au fruit, bien malin qui sait en chasser la bête, et ôter à temps la pourriture qui y prospère. Eux ne surent, en tout cas, le faire.

         Nos deux amants voient l’oiseau
         Leurs mots sont entre eux
         En fait, ils ne voient plus rien.

Bouna regarda l’ouvrage de Koissi, le courage de sa moinelle, les cris de leurs petits, becs ouverts à attendre que tous deux les remplissent.
Ousmi, c’est sûr m’aime moins, Ousmi ne m’aime plus. Ousmi m’a peut-être finalement jamais aimé, c’est cela, c’est même certain. Ainsi va l’esprit de Bouna, ainsi vont nos folies !
Heureux Koissi, tu sais au moins pourquoi tu vis. Moi, je ne sais pas. Bouna m’en veut, c’est sûr ! De ne pas lui donner les enfants qu’elle attend. De ne pas savoir faire la pluie, de ce que la récolte est mauvaise, je le sais ! Et le travail est si dur, et les plats de millet si vide qu’ils n’en nourrissent plus personne, fussent-ils voleurs ou gens de bien.
Elle n’attend sans doute rien de mieux que je m’en aille, et trouve ailleurs ce que je ne peux lui donner en restant. Je partirai donc et chercherai quelque pays de pluie, où goutte du ciel des perles de lait et coulent des rivières de miel, où se trouve peut-être un homme médecine qui me fasse aussi fécond que Koissi. Je téterai du lait du ciel, et de l’or des rivières. Alors Bouna m’aimera, et je lui offrirai tous les boubous qu’elle mérite.

Comme l’Euplecte à croupion
Quand finit, d’amours,
la saison, Ousmi s’en fut. 

Un beau matin, en s’éveillant, Bouna trouva vide sa couche et sa houe oubliée contre le mur, alors elle sut. Il était parti.
Et, bête, attendant la bonne heure, elle ne lui avait rien dit, rien dit de cet enfant à naitre. Inutile maintenant l’enfant qui gonflait lentement ses flancs. Inutile, tout !  Puisqu’Ousmi n’était plus là !
Sous les chaumes du toit, les petits sortis du nid, Koissi lui aussi était parti. La moinelle seule était restée, laborieuse comme toujours.
Que deviendraient-elles, toutes deux, solitaires ? Que deviendrait-elle, Bouna ? Et Ousmi, vers où le guideraient ses pas ?

                  Serge De La Torre
Pour lire la suite de ce conte, retrouvez dès vendredi 4 Avril , Koissi, Ousmi et Bouna, en suivant le lien vers :
https://instantsdecriture.blogspot.fr/




Voulez-vous que je vous dise ?  J'ai adoré cette page, j'en zig zag encore entre rire et tendresse, entre humour et sagesse (qui sont synonymes n'en doutons pas). 
On s'approche du Haïbun, non ? Et la prochaine fois vous allez voir ce que vous allez voir (lire). 


Haï boun, boum ! splach ! wizzzzz !


Bon week-end 

 
Il était une fois une Vieille
mot qui n'a rien de péjoratif dans ma langue, *
une Vieille qui avait chopé un virus !
que buvait-elle de l'eau contaminée d'abord ?
Ce matin-là, ça l'a démangé très fort ce truc en "ite", cette terminaison des mots qui signifie la présence d'une inflammation aigüe. Comme par exemple : gingivite, conjonctivite, flemmingite .. et coetera.
Clique donc Copine
Et sur ton ordinateur
Haïbun créeras
Elle fit donc tout bien comme on le lui avait expliqué, regarda longuement le petit passereau au croupion jaune. Certes, il ne s'agissait pas d'un euplecte monseigneur, ni même d'un euplecte franciscain. Pas même d'un euplecte longue queue ou bien celui des montagnes. Mais tant pis.
D'un petit moineau
Taché de jaune au croupion
jaillit un soleil
Et toute la journée en fut illuminée !

©FrançoiseIsabel