Bienvenue dans l'Herbier de Poésies. Vers libres, prose poétique, expression libre des profondeurs de l’instant qui se dit sans rime ni métrique imposée. Mais aussi Haïku & famille favorisant le fond plutôt que la forme.
Un mini retard bien involontaire, vite réparé, nous sommes lundi n'est-ce-pas ? 😂🙏
Poésiement vôtre
Adamante
Divagation sur une image de la Creuse.
- " Toi le mort tu n’as qu’à bien te tenir.
- " ça va ça va grommelle -t-il. Tu ne me fais pas peur. Tu es plus grosse, oui. Je suis plus droit. …. Tu n’as rien compris . Juste je voulais te dire …..
Le 25 août 2021 j'ai reçu de Françoise ce mail. À vous de choisir si vous avez envie de poser quelques mots sur cette image pour en faire une page 179.
Voici les siens :
Divagation sur une image de la Creuse.
- " Toi le mort tu n’as qu’à bien te tenir.
- " ça va ça va grommelle -t-il. Tu ne me fais pas peur. Tu es plus grosse, oui. Je suis plus droit. …. Tu n’as rien compris . Juste je voulais te dire …..
Le vieux pommier n'en pouvait plus de tant d'années à le chahuter. La grande sécheresse de 1976 avait failli le voir périr prématurément et il s'était dit qu'il avait déjà bien vécu. Ses puissantes racines avaient puisé dans la source profonde dont la sortie s'est tarie cette année-là.
Chantent les oiseaux
au vent léger des ramées
quand la fraîche venait.
On l'avait greffé avec amour et savoir-faire aux premières années de l'autre siècle. Dans le mince espoir d'y voir revenir l'enfant né hors convenance de l'enfant chassée pour déshonneur. Une enfant conçue sans violence ni surprise, juste par escroquerie aux sentiments d'un fils de patron à la soubrette.
Les parents taiseux
n'avaient jamais su lui dire
combien ils l'aimaient.
C'était sa manière au grand-père de dire de loin à cette fille jadis maudite et à sa petite fille combien elles leur manquaient. Sculpter l'arbre en renforçant et en étirant à l'horizontale une des maîtresses branches.
deux solides cordes pour l'attache
Une planche rabotée
Juste le vent à balancer.
Le temps, la distance, le tempérament fier n'avaient pas permis les retrouvailles mais la maison et son lopin était revenus à ces enfants. Et la balançoire, si elle a bercé la jeune femme devenu adulte, a surtout fait le bonheur des générations suivantes.
La vieille branche grinçait
les jeunes riaient et dansaient
aux doux jours d'été.
Par précaution il avait fallu la soutenir. Les compotes étaient toujours aussi délicieuses. Dis, Mémé Louise, ça vit longtemps un pommier ? Est-ce qu'elle souffre la branche quand elle grince ? Mémé Louise souriait. Viens. Nous allons aider ta marraine à éplucher les pommes pour faire une compote.
Longtemps le vieil arbre
traversera d'autres âges
et bien des orages.
La béquille est devenue un solide échalas. La planche et les cordes usées n'ont pas été remplacées. Un temps la maison a vécu des étés au rythme des vieilles et douces personnes qui l'avaient rachetée. Non loin la route a été élargie pour drainer la circulation vers l'autoroute en construction. La vieille dame n'est plus. Le vieux monsieur a revendu la maison. Le jardin a connu trop de tempêtes et de chaleurs et ses fruits ne régalent plus ni petits enfants ni de vieilles personnes.
Au royaume des arbres chaque pousse a sa place à défendre, du sol au ciel, un véritable parcours du combattant.
Quelques torsions
pour rejoindre le soleil
l’arbre se sculpte
L’un droit comme un i grandit plus vite que l’autre. Le tronc du voisin, en contorsionniste, grignote sa part des rayons du soleil. L’arbre sculpte sa silhouette. L’astre du jour brille pour tous.
Courbes et révérences
leurs ramures s’entremêlent
en cousinage
Le plus fort n’est pas toujours celui que l’on pense, l’un est le chêne l’autre le roseau.Les deux tentent de sauver leur place, en jouant des coudes, dans la hiérarchie naturelle.
Bossu, tordu
sa vaillance le rehausse
sans lierre sur son tronc
Différent et beau par sa force de caractère. Sa simple volonté de trouer son passage l’ennoblit. Il s’incline, se redresse, pour chaque année offrir sa tendre verdure au ciel printanier.
Il est un lieu, loin, très loin, où pousse une petite forêt. Parler de forêt est peut-être excessif car les gens du coin la nomment « Le bois sans nom ». Pour y parvenir il faut traverser prairies, ruisseaux et marécages; des ronciers imposants; une mêlée inextricable d’herbes hautes et d’arbustes exubérants.
D’hiver à l’automne
Sur la carte routière
Une tache verte
Cette sylve, si difficile d’accès, est préservée des hommes et de leurs cognées; des voitures 4X4 et du hurlement des motos tout terrain.
L’ombre des arbres
Leur noirceur si effrayante
Chape de silence
Mais, ce n’est qu’une apparence, un leurre de Gaïa. Car, derrière ce rideau inquiétant, tout un monde saute, court ou rampe. Le lapin d’Alice secoue sa montre gousset en se lamentant bruyamment: « En retard ! Je suis en retard ! ». Alice aussi est en retard… d’une histoire. Deux gros escargots unissent leurs destins tandis que le concert des grillons couvre leurs ébats. Bambi parle à une pervenche au bleu irréel. Et l’ours Baloo compose une berceuse pour Mowgli. C’est un autre monde où le merveilleux règne en maître. Où les arbres ont le don de parole. Tenez, justement, j’en vois un qui se penche pour mieux écouter la chanson de la vie.
DO creusé en mode chant RE cital oblige MI se en scène, hors planches... FA ble ! Me dira le bête incrédule SOL ennel il est LA au p'tit bois, SI tu doutes de mes mots DO ute de dame nature, aussi,
Naître, grandir, lutter contre l'adversité, les vagues hivernales, les vents tempétueux, les étés assoiffés, le bras du bûcheron et l'approche des heures.
Petite graine immature
Un jour risquer un oeil
Respirer la lumière
Ouvrir son coeur au monde
Tu seras un chêne mon fils, humble maillon des grands de la chênaie où vient bramer le cerf, roucouler la palombe, folatrer le chevreuil.
Enroulé le destin
Sur un rameau fragile
Comme un anneau sacré
Être arbre enfin
sous les pluies de joies printanières, sous les pluies de pleurs automnales
Je me suis assise, à l'ombre des genêts. J'ai repris un à un tes silences et tes mots.
J'ai questionné l'azur et le vent, qui m'ont dit de patienter.
Dans les branches enchevêtrées, un oiseau s'est perdu. Ses ailes affolées ont fait tomber des feuilles. Il piaillait, s'énervait, et soudain, il s'est envolé, libéré.
Azur apaisé,
la branche a craqué.
et toi, où es-tu?
Annette
Regardez, il danse !
Je l’ai croisé un jour d’été. Elfe ou Farfadet ? Il m’est apparu au travers du feuillage l’arbre en forme d’arc-en-ciel. En le voyant ainsi incliné, je me suis dit : il danse.
que salue-t-il donc
l’esprit discret du feuillage
le printemps qui vient ?
Tout s’efface et s’enfuit, les vieux arbres ne sont pas éternels. Les ans ont marqué son écorce comme les rides le visage
que raconte-t-il
l’esprit qui vit dans l’arbre ?
le rien, sans mot
Si le vent porte longtemps la voix des enchanteurs, un pincement discret, cicatrice d’un passé heureux si vite disparu, serre le cœur quand on les écoute. Nous avons tant de points communs