Translate

lundi 13 octobre 2025

La page 248

 

Bonjour à vous, Brins de l'Herbier, visiteurs passionnés de poésies de la famille des haïkus (ici on favorise un peu le Haïbun ou le tanka-prose)

   J'ai rencontré beaucoup de difficultés pour la mise en page qui ne cessait de bouger. Je ne suis pas certaine du résultat. L'IA est un peu toquée et s'amuse. Impossible non plus d'accéder à YouTube. 😟

   Si quelqu'un connait une plateforme plus ouverte que blogger qui pose de plus en plus de problèmes, je suis preneuse.

   Bonne lecture à vous et bienvenue sur tous nos blogs personnels.

Adamante


P.S. La photo était celle d'un verre de Spritz au sureau (bien meilleur que l'orange entre nous soit dit ) et puis non, même s'il y avait des bulles, ce n'était pas une bière, 😉 mais bravo à Mona 👋 qui brûlait).

Photo prise sur fond de pull noir. Verre dans lequel se reflétait des guirlandes de lumières.  Voilà ! Belle semaine !


 



Les lucioles


   Elles avaient décliné de plus en plus, gênées par la pollution lumineuse nocturne et par les pesticides qui les intoxiquaient autant qu'ils détruisaient leurs proies. Dans ces temps désordonnés, entre inondations et sècheresse, leur survie était de plus en plus précaire. Depuis combien de nuits, d'étés, d'années, n'en avez-vous plus découvert avec bonheur dans l'herbe au gré de vos promenades du soir ? Dix ans ? vingt ans ? trente ans peut-être ...

     Elles ont déserté
     l'herbe sèche du plateau
     grimpé la montagne 

   Je les imagine à l'assaut de contrées encore préservées de l'occupation des humains, encore préservées de la lumière urbaine, de la chaleur, des dérèglements. Mais les glaciers reculent inexorablement. Les roches s'effritent quand elles ne provoquent pas des éboulements tragiques. Des lacs et des torrents se forment, haut dans l'Himalaya. Combien de temps encore préserveront-elles leurs espèces ?

     Depuis le sentier,   
     une montagne s'illumine,
     magie de l'instant.

     Dans ce moment suspendu,
     l'illusion que tout va bien.


©Jeanne Fadosi, mercredi 8 octobre 2025





💚💛💚


  Euterpe

   

Sous la coupole, au Musée des Beaux arts de Paris et en bien d’autres endroits où l’on montre les arts, les dieux et déesses antiques et leurs représentations en peintures ou sculptures, on peut découvrir Euterpe. C’est une déesse grecque, la muse de la musique (eh oui), symbole de joie et de plaisirs.

   La nuit venue une aura de lumières tamisées veille sur leur image et le rêve commence, si vous avez de la chance et de l’audace, faites vous enfermer dans l’édifice quand plus personne n’est présent et profitez de cette magie quasi éternelle et qui vous fera voyager dans le temps !

Couronnée de fleurs

la jeune-fille à la flûte

joue avec grâce

tout doucement la musique

s’emparera de votre âme 


    Marine




Knockin' On Heaven's Door

https://youtu.be/f8OHybVhQwc?si=qgOy8BMV3kEuR3GL




💚💛💚




Sous les voûtes de pierres 


   Sous les voûtes de pierres, seul le silence envahit tout l'espace, glisse sous quelques rayons soyeux. 
   Instants magiques en attente d'un écho, de murmures, de bruissements de l'air, de voix unies dans la prière, de chant choral. 
Juste un moment de paix, d'effleurements des sons, de frissons partagés, regards happés par la lumière dans cet écrin lunaire. 



Tant de sérénité 
Est-ce le temps du rêve 
Des ombres enfin gommées 


   Pourtant là-bas où patiente le temps, le vent de mer porte le chant des vagues, un souffle sans paroles dans cette immensité. L'appel bouleversant toujours recommencé, celui d'offrir à apaiser les âmes où se blottit la vie. 


En suspension 
Ces mots qui voudraient palpiter 
Au rendez-vous des jours

Balaline 10/10/2025




💚💛💚




Une certaine nuit


La pluie résonne sur le pavé, en rue,

À l'heure sombre d'un soir sans lune

À ne plus discerner grand chose

Comme en plein jour...


C'est la nuit d'Halloween,

Les mômes vont en cortège macabre

Avec leur air hideux, leur masque de circonstance...


Ahuri, un chat noctambule s'enfuit ;

Surpris dans sa poubelle !


Les horribles frappent aux portes

« Des bonbons, ou un sort !! » Compris !


Il faut se soulager, suivre les recommandations,

Alors, les gens donnent... jouent le jeu !


On sonne, chez une vieille,

Par la fenêtre sans volet on y voit... on y devine,

Comme c'est étrange, des, des fantômes !?


Elle ouvre, déguisée en sorcière...

NON, mais si, s'en est une !!


    « Ô nuit ténébreuse

    rendez-vous avec la peur

    Sourire de fantoche »


Jill bill

💚💛💚



Cent fleurs étincelles

Cent fleurs étincelles
Piquées de lucioles

La Sorgue, obligeante,
Tend au Maître du feu
Un parchemin occulte
Frémissant d’impatience.

À lui d’ensemencer
Dans un berceau argent
Cent fleurs étincelles
Piquées de lucioles.





💚💛💚



Pèlerins du soir

Pèlerins du soir
À la lumière de leur cierge –
sentier escarpé
 
sur les chemins de la vie
s’éclairer les uns les autres

 


💚💛💚



Sous les lampadaires



La ville respire lorsque les hommes se taisent ...



Lorsque le jour s'efface, elle se déshabille lentement. 

Les néons s'allument comme des confidences, 

Les pavés brillent sous les pas des âmes fatiguées. 

Les murs suintent des histoires que l'on n'a pas osé vivre. 

Les cafés ferment mais les silences s'ouvrent. 

Et dans les ruelles, les lampadaires deviennent des poètes.

Ils éclairent juste assez pour que l'on devine

Jamais pour que l'on comprenne. 



Il y a des regards qui se croient sans se chercher, 

Des mains qui tremblent dans les poches trouées,

Des rires qui sonnent faux mais qui sauvent la nuit. 



Et puis, il y a toi, là, debout, à écouter les murmures des trottoirs. 

Tu n'attends rien mais tu espères tout.

Tu marche comme on écrit un poème:

Sans savoir où ça finit mais l'envie que ça dise autre chose. 



La ville la nuit c'est un cœur battant sous un manteau de béton.

C'est l'endroit où les fêlures deviennent des fenêtres.

Où les solitudes se frôlent sans se heurter. 

Où l'on peut être vrai parce que personne ne regarde vraiment. 



Et lorsque tu rentres un peu plus vivant que la veille 

Tu sais que tu as vu la beauté 

Pas celle des cartes postales 

Mais celle qui cache des ombres 

Celle qui brille pour ceux qui osent la nuit.



Il faut aimer les silences qui parlent.

Ce sont eux qui racontent le mieux

Les villes endormies.


Marie-Sylvie


💚💛💚



Entre-deux



Observation initiale

forme floue

indéterminée dans l’espace

 

Émergence

progressive d’une structure

née de la vitrification

feu souffle sable

 

L’intérieur du verre

scintille

variations de réfraction lumineuse

tel un cortège de photons

dans un volume confiné

 

Stabilité

inertie

lumière filtrée

état quasi stationnaire

comme un verre au repos

 

Sur le fluide ambré

mousse dense mais légère

oui c'est bien ma bière


Mona



💚💛💚



Lumières indécises


C’était un soir d’orage,

Le tonnerre grondait, les éclairs zébraient le ciel,

La pluie cinglait les vitraux.

Dans un silence sépulcrale, nous étions plongés dans le noir,

Et puis le tonnerre s’éloigna en ronchonnant.

La lumière revint, indécise, en petites touches éparses.

Les chants s’élevèrent à nouveau,

L’église doucement a reprit vie.


Livia





💚💛💚





Une étrange chapelle


"Un soir en chemin, j'ai poussé la porte d'une étrange chapelle.
Ou bien d'un refuge, d'une grange, je ne me souviens plus, et j'ai vu...

Comme un vol d'hirondelles
Dans un ciel étoilé,
traînée irréelle,
Fantasme ou rêve éveillé.
Un léger tremblement,
un souffle,
évanescent, subtil,
peut-être un présage.

Ma rétine fatiguée a peut-être rêvé
mais la photo est restée"

Annette (commentaire ici)



💚💛💚



Au travers du brouillard

  
    Les lumières de la ville transpercent le brouillard. Décor fantomatique qui laisse apercevoir, dans un flou ténébreux, une muraille aux paupières closes et quelques trouées de vie en quête d’horizon. 
    Le ciel cherche à s’éclairer mais la grisaille a cette force de voiler les énergies des plus téméraires, on ne peut que le discerner, le rêver au travers de la nuit humide. On imagine les pavés glissants, le souffle court d’un passant et la menace, tapie dans l’ombre d’une ruelle mal famée, suintant de portes vermoulues que l’on croise sans s’arrêter.
     Il semble se livrer là l’éternel combat du bien et du mal, couple antédiluvien opposé et pourtant si complémentaire, unité contrariée de ce qui va par deux et souvent le refuse. 
    L’ombre et la lumière ne peuvent aller l’une sans l’autre dans la dimension humaine

                dans l’écrin de l’ombre
                
des diamants sont cachés-
                la quête du cœur

A.Donsimoni - 9 octobre 2025





   💚💛💚 💚💛💚 💚💛💚 💚💛💚 💚💛💚💚💛💚💚💛💚💚💛💚



 

mardi 7 octobre 2025

Proposition 248

   

 

    Après un long moment d'absence, de silence -le temps serpentant entre aléas et nécessités diverses qui éloignent sans que ce soit désintérêt- je vous propose, si le cœur vous en dit, de reprendre nos partages autour du haïbun et famille.

   Pour cela voici une photo quelque peu insolite dont je vous livrerai le secret lors de la parution de la page le lundi 13 octobre prochain. 

   Merci pour tout ce qui fut et je l'espère sera.  AD



 







lundi 23 juin 2025

Page 247

 


Songerie



Un coursier qui se cabre

Se rebelle

Contre quelconque dressage

Liberté sacrée

Sauvage dans le sang...


Cheval de l'île de Sable

Crinière au vent

Dune et mer pour paysage...


C'est beau grand-père

L'imagination !


Tu vois petit

C'est ainsi que naît un conte

Il était une fois, dans un morceau de papier...


Emballage froissé

donne vie à une historiette

Grand-papa gâteau


jill bill




*

*    💚    *

*


Et voilà


 

On m’a dit d’écrire un poème sur cette tache

Une salissure nichée dans le creux d’un mur fissuré

Je l’ai regardée longtemps, très longtemps

Puis j’ai vu des mots qui voulaient sortir, sans savoir comment

Je les ai saisis, grattés, poncés jusqu’à l’os

J’ai badigeonné mon poème sur la tache

 

Six vers pour si peu

Une éponge aurait fait mieux

mais moins joliment.



Mona



*

*    💚    *

*


Au bord de la falaise



Nez en l'air, souriceau hésite à piéger ses poursuivants :

la branche entamée semble bien fragile à sa base.

Tiendra-t-elle même sous son tout petit poids ?

Il sent le souffle de ses prédateurs dans son dos.


Face au précipice,

à sa poursuite deux matous

frêle rameau sauveur


L'un a vu le gouffre. Il recule, stoppant l'autre.

Qui murmure dans un discret miaulement

- Ce n'est pas l'heure d'un câlin !

- Non ! juste notre dernière heure.


Et nos deux compères

qui ne sont pas téméraires

reculent prudemment.


©Jeanne Fadosi, mardi 17 juin 2025

Fadosi



En bonus musical grinçant et impertinent (ma belle-mère détestait ...)

Steve Waring - Le matou revient - chanson pour enfants



*

*    💚    *

* 



Vagabond :

    

   Depuis toujours les gens l’appelaient la plage du vagabond, vieille histoire d’autrefois qui au fil de l’eau et du roulement de la marée, sur le sable, est devenue légende, au gré des souvenirs des anciens.

   J’ai toujours entendu dire que personne ne savait comment il était arrivé là à cheval, comme un cow-boy solitaire, son vieux chapeau fixé sur la tête. Chaque soir à la tombée de la nuit il parcourait la plage sur sa monture en fixant l’horizon, puis il disparaissait pour revenir le lendemain.

 

l’intrus de la plage

son cheval et son chapeau –

les langues vont bon train

 

   Un beau matin d’été, sur la plage déserte et le sable chaud, il ne restait que son chapeau et couché sur le flan sa monture regard tourné vers le grand large. Lui avait disparu avec la marée et le souffle du vent. Jusqu’à son dernier soupir son cheval est resté là en perdition. Personne ne sut jamais d’où il venait, ni pourquoi il s’était comme évaporé, les gens usèrent beaucoup de salive pour lui inventer une histoire. On dit que sur le sable restèrent toujours gravées son empreinte et celle de son canasson.

Adieu vagabond
tout au long de la plage
ta légende galope

 

ABC


*

*    💚    *

*



Séisme


Le sol a tremblé,

Le roc est fissuré,

La montagne est ébranlée.


Au bord de l'à pic,

Quelques fragments de roche restent en suspend...

Tombera, tombera pas ?


Livia



*

*    💚    *

*



L’élégance bafouée



Le marbre, vision de Adamante 

Promet un sol froid 

Puis chaleur diffuse

Mais le mien est un écran opaque. 


   Ici sous nos pieds, la pierre rêvée, veine  sombre et claire comme des rivières de passé, se transforme en farce. Un lino, vulgaire toile de navire échoué, masque un chauffage au sol qui rêve de réchauffer. Oh, l'économie de pacotille ! Matériau non conforme, barrière thermique, ma douce chaleur s'étouffe avant même de naître. L'immeuble soupire,  vieil homme cacochyme, ses murs fardés de misère, tandis que je grelotte, riant jaune de cette absurdité. Le collectif s'écroule, les promesses s'évanouissent, et le marbre de mes songes ne sera jamais qu'une image, lointaine et moqueuse.


Hiver sans fin

Sous mes pieds, le chaud s'éteint, 

Lino, quel blague  ! 


Marie Sylvie



*

*    💚    *

*


La fée Aconit



   Le soleil a déchiré les voiles de la nuit. Phébus impose sa marque, cisèle de son glaive brûlant l’armée immobile des buissons épineux, efface les ombres, débusque les secrets de la sorgue*



Matin estival-

merles, grillons et criquets

concert impromptu



   La lumière révèle la trace sinueuse de P’tit gris  en quête de douce salade, une touffe de thym grignotée par Lapin, quelques cistes meurtris par la fuite d’un chevreuil.

   Et puis… et puis… imprimée dans le granit du Roc du Castel, entre deux fissures, l’empreinte charbonneuse de la fée Aconit retient l’attention. Cette magicienne sonde les cœurs de tous ceux qui s’approchent des ruines de son château. Aussi promeneur, prends garde! Seules les âmes vaillantes et charitables peuvent passer sans danger A bon entendeur, salut!



conte du dimanche

que racontait  grand-maman-

Souvenir d’enfance

.

Martine Madelaine-Richard

*Sorgue: autre nom pour désigner la nuit


 

*

*    💚    *

*

 

Ma poule couleur ardoise



   Je découvre Blackotte qui picore un gros morceau sur la barrière en bois. Intriguée, je m'approche, quelle proie a-t-elle déniché ?

 

Un gros insecte

au ventre rebondi

est à son menu

 

   Elle cherche sans arrêt quelque chose à se mettre dans le bec, quelques vers qui font ses délices, elle gratte, soulève, grignote, nettoie avec ses pattes, furieusement et avec plaisir, tout ce qu'elle trouve au jardin…


Une fois rassasiée

tu me donneras un œuf

et moi des graines


@ marine Dussarrat


*

*    💚    *

*



Saisir le temps

 

    Ils marchaient dans la rue sans regarder autour d’eux, soucieux d’idées occupant leurs esprits agités. Certains sautillaient, oublieux de l’ancrage, stressés, déracinés, fragiles ; d’autres traînaient leurs semelles comme s’ils voulaient en abandonner une partie au bitume, ceux-là sans doute, épuisés par leur vie, eussent voulu ramper, tracer leur chemin en sous-sol pour se faire oublier ; les enfants quant à eux piaillaient en agitant les bras comme pour chasser ces boisseaux d’ombres émanant de l’univers adulte polluant l’espace. 

   Moi j’observais la rue, j’en captais les moindres détails. C’est alors qu’une femme tirant un lourd caddie, perdue dans ses pensées, et sans doute pressée de regagner son foyer, me frôla. Elle s’excusa. Nous échangeâmes un sourire puis elle s’éloigna. 

   Cette halte, à moins que ce ne soit ce sourire, m’entraîna dans une dimension parallèle.

   Face à moi, sur le mur d’un ancien garage désaffecté, je le vis surgir. Mais qu’était-il ? Je découvrais un cheval à tête de dragon accompagné d’un moine, sans tête, dont le bras semblait lui interdire mon approche. Je percevais la fougue, voire la rage, lorsque je crus entendre claquer les dents de cet étrange destrier, des dents qui semblaient désireuses de dévorer le monde qui était le mien, ce monde arrivé à épuisement à force de destructions, à force de mépris du naturel. 

   Je restais là, interdite, ne sachant plus où moi-même je me situais. Avais-je passé une frontière interdimensionnelle ? Et cette vibration exaspérée, face à notre comportement irresponsable, n’indiquait-elle pas, plutôt qu’une menace, le désespoir d’une autre forme de vie plus empreinte de sagesse ? 

   Étrange sensation que de se perdre dans un espace aussi incertain que celui-ci.


Le vrai le faux - le flou 

l’indéfini du temps

vérités multiples


au cœur des no man’s land

tout parait si insaisissable. 



Adamante Donsimoni - 20 juin 2025



*

*    💚    *

*