Bienvenue dans l'Herbier de Poésies. Vers libres, prose poétique, expression libre des profondeurs de l’instant qui se dit sans rime ni métrique imposée. Mais aussi Haïku & famille favorisant le fond plutôt que la forme.
Ne mettez pas de PJ pour le texte, laissez-le dans le corps du mail, Pas de mise en page particulière.
Titre en minuscules.
Afin que la présentation dans la page soit identique pour tous les textes, et pour me faciliter la mise en page -je ne peux pas diminuer les interlignes- ne faites qu'un seul passage à la ligne entre chaque vers du haïku et deux après si c'est un tanka.
De temps en temps, je me demande si tu te souviens encore de cette route parcourue gaiement, sur le chemin de nos escapades… Nous avancions d’un bon pas, sous le ciel de la Creuse, à la découverte de nous-même plus que des lieux.
Un pied devant l’autre des kilomètres en partage sans carte ni boussole La campagne était souriante. Nous gardions en ligne de mire une trouée vers l’avenir comme autant de promesses aimantant notre regard. Nous marchions sac au dos, sans soucis du lendemain. C’est à peine si les côtes ralentissaient notre cadence. Avancer de concert plus loin toujours plus loin tracer notre route Tu choisissais l’ombre, je cherchais la lumière. Assoiffés de verdure, de grand air et de silence, d’un commun accord, nous nous taisions. Nos pas scandaient l’itinéraire du jour. Derrière les haies, broutaient des limousines. Quelques rares voitures nous frôlaient sans ralentir… Seuls au monde avides de sérénité - les vaches ruminaient
C’était l’été, le temps des vacances, celui des découvertes, des rencontres impromptues, de l’insouciance. Premiers pas ensemble, si loin d’imaginer ceux que nous aurions encore à parcourir. La vie les aurait-t-elle dénombrés pour nous ? Peu importe.
Aujourd’hui, le silence tombe de nouveau sur notre route. Nous communiquons du regard et à demi-mot. Le chemin se partage toujours…
C'est au temps d'avant, les travaux d'adduction d'eau ont défoncé routes et chemins. Mais quel progrès ! Les routes reparées, goudron et graviers en trop servent à carrosser les réseaux en terre battues et même les cours de fermes et autres maisons.
l'ancien chemin creux
goudronné, privé des haies
conduit au hameau
Combien d'autos se sont engagées dans la voie sans issue pour avoir tourné trop tôt. Les plus malchanceux revenaient une minutes plus tard, par l'autre chemin.Et nous en riions !
oubliées ornières et boue
et les bottes inconfortables.
C'est tard dans la nuit. Step m'a dit, "première à droite puis encore à droite puis toujours tout droit jusqu'à l'autoroute. Des touffes d'herbe éparses ont vite formé une ligne presque continue. La route (vraiment ?) s'étrecit et l'enrobé s'amenuise.
La route sera longue
sans place pour prendre le pouls
d'une nuit étoilée
Impossible de parcourir un bon kilomètre en marche arrière ! Au milieu de nulle part j'ai fait un demi-tour compliqué entre talus et fossé vaseux. Et j'ai retrouvé, rassurée, la bonne route, reconnue comme un paysage familier. je souris de repenser aux égarés qui aboutissaient à notre barrière.
Le chemin se déroule, avec ses ombres et ses lumières, bordés d'arbres sous un soleil de septembre encore chaud, c'est le jour idéal pour une promenade paisible à vélo...
Un arbre mort
se détache au-dessus
des frondaisons
Au bout de la route, une arche feuillue, en forme de portique m'incite à aller plus avant... Est ce la porte de vérité et de bienfaisance, le jardin du bonheur?
J'imagines
une voie vers l'ailleurs
vers l'impossible
Une ouverture sur un monde de douceur, de paix, d'amour, sans jugements, sans bassesse... Mais je rêve, le soleil m'a chauffé la tête... Je pousse sur les pédales, pressée d'aller voir ce qui m'attend, je vacille, je perd l'équilibre, je me retrouve dans le fossé... Je n'ai pas l'air fin ! Je me dis que les lutins faiseurs de mirages sont des farceurs et qu'ils rient sous cape lorsque je découvre mes écorchures...
«Tout ce qu'on veut dans la vie c'est qu'on nous aime» - Louis Chedid
Route Maneyreaux
Je chemine au gré de mes humeurs sur la route Maneyreaux, dans la campagne Creusoise, par un après-midi d'été. Des ombres sur la route obscurcissent mon regard. A l'horizon, des nuages laiteux semblent courir dans le ciel. Que présage ce temps- là, alors que la canicule sévit partout en France? Peu importe, mes doutes se dissipent : les massifs verdoyants défilent sur la route, accompagnant tout mon être et j'avance dans leur doux bruissement.
Frou-frou de feuilles
sur ma route vagabonde-
les arbres apaisent
Mon coeur est en liesse, je suis heureuse de cheminer, juste, cheminer...quant au détour de la route, j'entrevois une clairière, le soleil me fait un signe,
La vie m'appartient
Le chemin est le but-
le temps retrouvé
Une joie indicible fait vibrer mon coeur. J'ai trouvé la clé de ma traversée.
Route interminable
au bout du chemin
la quête de soi-
l'envie d'être moi-même
dans sa quintessence
Claudie Caratini - Le 15/10/2022
La pierre du Sergent
La petite route de campagne bordée de fleurs des champs, bruissante comme une ruche, se souvient de tous ces pas imprimés dans ses couches successives d’asphalte. Ô combien de nostalgie perdurent dans ces herbes qui semblent immortelles
ils allaient gaiement
suivant les bœufs attelés
au rythme de l’Homme
Comme ils étaient vieux et ridés aux yeux de l’enfant, ces paysans burinés de soleil et de grand air. Chaque année un sillon venait sculpter leurs visages. La mer est loin d’ici, mais même à la campagne, la peau, au fil des saison, se ravine avec le vent, avec les pleurs. Je me souviens…
le Sergent, assis
sur la pierre du chemin
là-bas, tout au bout
derrière la trouée du ciel
qui mène à mes souvenirs
Alors que nous rentrions de l’école, poussant nos vélos jusqu’au sommet de la côte de l’étang, il nous attendait en appui sur sa canne. Là il nous racontait la grande guerre et nous donnait des conseils que nous n’écoutions pas
détails perdus
mais permanence d’instants-
curieuse mémoire
La pierre porte désormais le nom de « la pierre du Sergent ». Les histoires se transmettent aux nouvelles générations qui imaginent et se forgent des racines. La Terre a de ces histoires qui vous touchent au plus profond
Tandis que se soulève lentement son étole de brume, le plateau se dévoile. Chaque hêtre, en être magicien, s’accorde un instant de pause, avant le grand spectacle du jour.
Hêtres en suspens
entre trac et envie d’être
le rideau se lève
La chorégraphie des fayards ouvre le bal. Racines, troncs, branches et feuillages ondulent au rythme des instruments à vent.
Tenir sa place
sans annihiler l’autre
instant féérique
Silencieux devant tant de beauté, chaque spectateur retient son souffle. Dame Nature, s’abreuvant à sa terre mère expose la force unie à la grâce de sa création.
Aucune fausse note
sous la caresse des vents
harmonie scénique
La contemplation s’ouvrant sur la méditation, chaque tableau enchante. Chef d’œuvre d’une artiste qui nous surpasse pour le plus grand bonheur des regards affutés.
Dans la brume, au lointain, quelques-uns se tortillent et semblent discuter. Se racontent-ils une histoire de loup ou de bête fantastique, celle du Gévaudan ? Les arbres ont la mémoire des contes et dans cette poix tout paraît possible. Le temps y trace ses parallèles quantiques sur lesquelles, comme sur une portée de musique contemporaine, mon imagination virevolte dans les branches volubiles.
voici les Cévennes
et dans ce bois de Fayards
les feuilles - humides
Le promeneur de l’imaginaire, s’il a l’oreille de la Terre, en avançant parmi ces troncs lisses et bombés, torturés comme d’énormes lierres, imagine-t-il mettre ses pas dans ceux de l’Homme de Cro-Magnon qui avant lui parcourut le pays ? Rien ne disparaît vraiment à ce que l’on dit au pays des castagnes et du pélardou*.
Il est beau ce silence des matins où la brume glisse sur les corps nus.
Son écharpe soyeuse vient à peine d'effleurer le jour qu'un océan laiteux chasse peu à peu les ombres nocturnes,
réveillant les couleurs, les senteurs, chaque respiration du vivant.
Les hêtres fébriles appellent le soleil
Leurs peaux blanches ourlées de gris
frémissent sous le vent doux
J'aimerais tant les voir danser, onduler sous la lumière, des racines à la cime, étirant leurs bras noueux pour enlacer leurs semblables, retrouvant leur fête originelle, loin des hommes et de leurs dérives.
Cette magie née à l'aube ou peut-être au coeur de la nuit lorsque les fées se penchent afin de sacrer chaque parcelle de vie.