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lundi 2 décembre 2019

Disparition





Pour Marine qui vient de perdre son fils, Xavier. 
C'est toujours un douloureux moment que celui de la séparation, c'en est un autre celui de l'absence avec laquelle il va falloir apprendre à vivre et continuer à avancer au quotidien à pas fragiles et hésitants. 
L'herbier est là, au travers de ses pages pour aider, partager et retrouver cet élan du cœur qui nous lie par-delà la poésie.
Pour Laura qui vient de perdre son époux,
Et pour tous ceux qui contemplent une place définitivement vide dans la dimension du quotidien, place qu'occupera désormais l'affection et l'amour. 
Mes amitiés
Adamante




Qu'est-ce que la vie ?
C'est l'éclat d'une luciole dans la nuit
C'est le souffle d'un bison en hiver,
la petite ombre qui court dans l'herbe
et se perd au coucher du soleil.

Blakfeet







jeudi 28 novembre 2019

vendredi 22 novembre 2019

les étoiles en retard 154 bis


Rien ne sert de courir, il faut partir à point... 
et arriver quand on peut. 

Le coin des "retardateux"


Vincent Van Gogh, Route avec un cyprès et une étoile, 1890, huile sur toile, 92 x 73 cm, Musée Kröller-Müller, Otterlo


La nuit étoilée

Les étoiles nous ignorent.
Pauvres hères,
Nous ne voyons que leur lumière.
Même après leur mort
Leur réminiscence luit encore.
Les étoiles nous aimantent.
Âmes de rien,
Nous ne voyons que leur éclat.
Mais tant que nous serons là,
Leur tourbillon ne sera pas vain.

Myriam Roux
(sans blog)




Bergère, dans l’immensité du désert 
Solitude mi-nuit . 
Assise,     Petite  
Auprès de Lui 
Vincent raconte-moi tes étoiles ... 
Chut ......   Je les dessine,  
Écoute,       Elles dansent ! 

Françoise Isabel






Vincent mon frère, Vincent mon ami,

Tu es allé Vincent, selon ton habitude …
Comme une étoile filante….
C’est sûr, mon ami,
Tu fus un géant. 
Tu allais à ton art 
Comme nos pères allaient à la mine : 
Le visage grave, et le regard parfois perdu, 
Et dans ta barbe hirsute,
Tu marmonnais en marchant,
Des sentences de sage, 
Que tu avais, à la dure,
Dans une si grande solitude, apprises : 

« N’oublions pas que les petites émotions 
Sont les grands capitaines de nos vies,
Et qu’à celles-ci, nous obéissons sans le savoir ».

Tu vibrais, Vincent, avec les étoiles que tu peignais,
Mais qu’aurions-nous du attendre d’autre, du génie ? 
N’est ce point toi qui m’écrivis un soir : 

« Je vis une clarté effrayante 
Au cours des moments où la nature est si belle. 
Je ne suis plus conscient de moi-même 
Et les images m’arrivent comme dans un rêve. »

Oh Vincent mon frère, oh Vincent mon ami !
Il est de doctes savants qui s’étonnent, 
Eh oui, mon frère, 
Qui s’étonnent, eh oui mon ami !
Que tu n’aies su atteindre au mystère,
 Qu’aux pires heures du chemin …
Aux pires moments, de ta vie :  
Au seul cœur des plus sombres de tes échappées,
Au plus noir du pays de ta mélancolie ? 
Oublient-ils ce que quelque jour tu nous prédis ?  

« Il faut pouvoir vivre d’un morceau de pain, 
Tout en travaillant toute la journée, 
Et en ayant encore la force de fumer,
Et de boire son verre, 
Il faut ça dans ces conditions. 
Et sentir néanmoins les étoiles 
Et l’infini en haut clairement. 
Alors la vie est tout de même presque enchantée ».

Tu vibrais ces jours-là, 
Jours de gloire et jours maudits,
Au diapason de ces constellations,
 Où ton œil comme le nôtre,
 N’était jamais encore allé ? 
Bien sûr Vincent, bien sûr mon ami ! 
L’âme humaine est un microcosme
Où se reflètent tous les infinis ?
Les alchimistes le disaient déjà, 
Et qui donc oserait, après toi, en douter ? 
Et quoi, ? Que semblable connaissance ait pu
 Te faire dépasser nos ordinaires prudences ?  
Ne nous as-tu pas dit un jour : 

« La normalité est une route pavée : 
On y marche aisément, 
Mais les fleurs n’y poussent pas. »

D’autres tout semblablement doctes s’étonnent 
Que le mystère des galaxies ait pu t’échapper,
 Lorsque tu choisissais d’être plus simplement, 
Plus heureusement des nôtres. 
Tu restais pourtant artiste, mon Vincent,
Tu ne faisais alors qu’œuvre plus humaine :  
Et tu nous confiais, alors, en quelques mots
 Ton amour maladroit, ton amour d’ homme : 

« Dans un tableau, je voudrais dire
Quelque chose de consolant comme une musique (…)
Il n'y a rien de plus réellement artistique
Que d'aimer les gens.”


Et te rends-tu compte Vincent, 
Tu voyais juste encore, mon ami , mon frère ! 
Toi qui m’envoyas un jour ce message prophétique : 

« La science – le raisonnement scientifique – 
Me parait être un instrument
Qui ira bien loin dans la suite. (…)
Des générations futures, il est probable, 
Nous éclairciront à ce sujet si intéressant ; 
Et alors la Science elle-même pourrait – 
Ne lui déplaise – arriver à des conclusions 
Plus ou moins parallèles aux dictions du Christ 
Relatives à l’autre moitié de l’existence. »


Te voici parti mon frère, rejoindre tes étoiles,
 Définitivement entré dans ta nuit.
Faut-il que je m’en étonne ?
Toi qui n’a jamais été que sur le départ,
Hasardeusement posé parmi nous :
« Cela m’intéresse infiniment, Mais une chose complète, Une perfection nous rend l’infini tangible ; Et jouir d’une telle chose, C’est comme le coït, le moment de l’infini. (…) »« On commence à saisir alors que la vie N’est qu'une espèce de période de fumage, Et que la récolte n'est pas de ce monde. »
Dans la vie du peintre peut-être la mortN’est-elle pas ce qu’il y aurait de plus difficile.Moi je déclare ne pas en savoir quoi que ce soit, Mais toujours la vue des étoiles me fait rêver Aussi simplement que me donnent à rêver Les points noirs représentant Sur la carte géographique villes et villages. »

Adieu Vincent, adieu mon frère, adieu mon ami, 
Serge De La TorreA Vincent Van Gogh
Par la voix de Théo, son frère et meilleur ami…


Et une arrivée tardive de Martine Madeleine  Richard   ICI

Et, une fois n'est pas coutume, un texte de  votre servante, qui n'est pas de l'herbier ICI

Les étoiles de Vincent - P 154




La page mère de celle-ci ? C'est ICI



Vincent Van Gogh, Route avec un cyprès et une étoile, 1890, huile sur toile, 92 x 73 cm, Musée Kröller-Müller, Otterlo


La tête dans les étoiles...


Encore à peindre, c'est fou,
Et toujours des étoiles ses toiles,
Il aurait dû être physicien,
Il n'a la tête à rien d'autre
Comme obsédé, possédé, votre mari...

Désolée madame Van Gogh
Ma galerie ne lui achètera plus
De ces é'toiles-là, sous emprise,
Laquelle, diable seul le sait...
Déjà que je reste avec ses deux fillettes
Gaies telle porte de prison !

Sa nuit étoilée fait peur,
Comme le regard de votre époux,
On dirait la fin du monde
Ces cieux tentaculaires...

Auriez-vous autre chose à me vendre... ?
Ah, cette route avec un cyprès, et une étoile...
Le retour des fossoyeurs au soleil s'éclipsant,
La calèche des lavandières sur ce chemin
Qui a tout d'une rivière sinueuse,
Séjourne t-il encore à l'asile Vincent... ?

Ah oui... ! On le voit à son pinceau vibrant et agité
Mystérieuse main que la sienne...

Revenez-moi avec, que sais-je, du verger en fleurs
Des tournesols,
Un soleil levant...
Au fait, comment va son oreille... ?







La tête dans les étoiles 


Il y a le peintre
Le scientifique
Le Petit Prince
Quand le jour tombe
Qu’une à une s’allument les étoiles
C’est de lui que je suis proche :

« Petit Prince,
Sois gentil,
Fais sonner tes grelots,
Que je sache que tu n’es pas si loin
Que tu n’as rien oublié
De ta visite parmi les hommes
Ni du renard
Ni des roses
Fais tourbillonner ton étoile au firmament
Comme un signe de la main
Comme un clin d’œil complice
Mon ciel à moi ne renie rien
De celui de l’artiste
Ou du scientifique
Chaque soir pourtant
Au moment de fermer les paupières
C’est le tien
Qu’en mon cœur je rejoins »




































La tête dans les étoiles


Sous le satin soyeux
De la nuit  provençale
Un  regard ricoche
D’un joyau à l’autre.
La tête dans les étoiles
Van Gogh se perd
Imagine, ré-invente
Ce noir sidéral
Constellé de diamants.
Son pinceau virevolte
Traduisant l’indicible
Ce vertige spatial
Où sa raison s’égare.
Les orbes lumineuses
Aux touches véhémentes
Nous emportent sur les notes
De la musique des sphères. …

                    Martine  MADELAINE-RICHARD





Vincent Van Gogh, La Nuit étoilée, 1889, huile sur toile, 73 x 92 cm,  Museum of Modern Art, New York

Le ciel de Vincent


Vincent a posé son chevalet dans la nuit étoilée. Ses admirateurs, plus tard, pensèrent que son talent visionnaire s'exprimait dans des délires sous substances. Bien au contraire les paradis artificiels consumaient son génie et il lui fallait être à jeun, la tête essorée par le vent d'autan pour atteindre l'hypersensorialité,

Son esprit lavé
de toute pensée parasite
guidant le pinceau.

L'acte de peindre était sa méditation, comme le prosateur la prose ou le bipède la marche réflexe. Méditer, c'était peindre. Devant son chevalet disparaissait le fardeau de la fuite. Lui qui, pasteur des âmes, s'était brûlé à l'impuissance à soulager les âmes et les corps des ouvriers flamands, broyés par le machinisme en essor.

Il avait senti
du capital la misère
fruit de ses entrailles

La voûte étoilée avait dessiné pour les anciens La Grande Ourse et Cassiopée, tout un bestiaire merveilleux des dieux de l'Olympe, le compas et le sextant, la lyre et le peintre. Le ciel ne pouvait être vide et la Terre seule habitée. Son oeil exercé au-delà des apparences projetait sur la toile des mondes encore invisibles. Les savants de peuples antérieurs à Galilée avaient calculé un cosmos précis et bâti des temples ou des horloges au zénith.

Du rêve au dessin
des étincelles aux couleurs
des astres au tableau.

mercredi 20 novembre 2019


virgule  visuelle et musicale






Lumière

Course folle dans le ciel indigo
Le vent sans rênes se déchaine
La lumière joue et divague
Dans l’ivresse d’une cavalcade.
Haleines sauvages
Exubérances multicolores
Une étoile éphémère
Dessine un monde à l’envers.
Tandis qu’un arbre sculpte des chimères
La sève en tourbillons, portée vers l’infini,
L’imagination enhardie
S’invente un paradis.

Sylviane Méjean     (pas de blog)


















Vincent Van Gogh, Autoportrait, 1889, 
huile sur toile, 65 x 54 cm, Musée d'Orsay, Paris










Vincent du cosmos
Van Gogh visionnaire



Sous ses brosses, l’espace tourbillonne, c’est la danse des bleus criblés d’éclats d’or. Le ciel est en révolution. Turbulences d’un peintre relié à l’univers, vertige de l’infini.

Vincent, un génie
l’œil et l’oreille du cœur
sur les étoiles

Messager du cosmos, il a peint sur la toile, une folie de vibrations et de couleurs, la vie de mondes distants de millions d’années.  La démesure d’un regard trop prégnant vous met à l’index de la société.

Ce fou de lumière
un clairvoyant sans doute
un homme blessé

La peinture fut pour lui un pont vers le bonheur. Combien faut-il d’étoiles pour apaiser, ne serait-ce qu’un instant, les cris d’une âme déchirée, la douleur d’un enfant mal aimé ?

Vincent du cosmos
égaré sur la terre –
la révélation


une oreille, c’est encore trop
pour occulter le monde.
  
          Adamante Donsimoni




Merci ARTIPS

Turbulence observée dans les gaz  et la poussière interstellaires autour de  l'étoile V838 Monocerotis, photo : NASA


lundi 18 novembre 2019

Pour la P. 154 La tête dans les étoiles


Pour vendredi prochain si le cœur vous en dit et si le ciel vous accompagne.


Vincent Van Gogh, Route avec un cyprès et une étoile, 1890, huile sur toile, 92 x 73 cm, Musée Kröller-Müller, Otterlo




"La tête dans les étoiles" avec ARTIPS
Où l’on découvre que Van Gogh est un physicien qui s’ignore.





(1)Turbulence observée dans les gaz
et la poussière interstellaires autour de
l'étoile V838 Monocerotis, photo : NASA


2004. Des astrophysiciens se grattent la tête devant les images époustouflantes que le télescope Hubble leur présente.(1)
Étrangement, l’une d’elles a un petit air familier : un nuage de gaz et de poussières stellaires leur rappelle un tableau…



Vincent Van Gogh, La Nuit étoilée, 1889, 
huile sur toile, 73 x 92 cm, 
Museum of Modern Art, New York

Lequel ? 
La Nuit étoilée de Van Gogh ! 
En effet, le ciel agité du peintre est rempli de tourbillons, tout comme le phénomène observé au télescope.

Ce dernier s’appelle une turbulence : on en trouve par exemple dans les vortex formés par l’eau ou les nuages. 






Mais il y a plus qu’une simple ressemblance entre les deux images…

Une équipe de physiciens veut en avoir le cœur net. 
Les voilà qui mesurent les propriétés des tourbillons de Van Gogh : intensité lumineuse, couleurs, répartition sur la toile…

Ils passent ces données à la moulinette de leurs équations mathématiques et les comparent aux propriétés physiques des tourbillons naturels. À leur grande surprise, cela correspond tout à fait !


Arp 273, un couple de galaxies en interaction situées à environ 300 millions d'années-lumière de la Terre, dans la constellation d'Andromède, photo : NASA


Ébahie, l’équipe examine d’autres tableaux. 
Plusieurs toiles de Van Gogh offrent des résultats similaires… En revanche, les œuvres d’autres artistes, si mouvementées soient-elles, ne donnent rien.



Vincent Van Gogh, Autoportrait, 1889, 
huile sur toile, 65 x 54 cm, Musée d'Orsay, Paris


La technique des peintures vibrantes et agitées de Van Gogh est donc unique. Pourtant, l’artiste n’avait aucune idée des lois complexes derrière les turbulences. Elles ont été énoncées bien après sa mort, et les physiciens s’arrachent encore les cheveux dessus !






Les surprises ne s’arrêtent pas là : coïncidence ou non, les turbulences presque parfaites de Van Gogh datent de ses épisodes les plus psychologiquement troublés.


La Nuit étoilée, par exemple, est peinte depuis l’asile dans lequel l’artiste décide de se faire interner après de graves crises. Rien de tel dans ses périodes paisibles.

Pourquoi ? Le mystère reste entier…



jeudi 14 novembre 2019

Voici la page 153

Didier Larive "bestiaire sur le sable et autres photos prises au lofoten - Norvège-"


Un nuage
Sur la plage, alangui
Dans la torpeur
De la nuit
Sous l’œil de la lune
Affranchie
Enlace un mirage.
Course du temps
La marée efface les traces
Et sculpte l’espace.
Le ciel
A laissé son empreinte
Sur le sable
Et dans la mer
Dilué son teint.

Sylviane Méjean
(sans blog)





Le petit mirage...


Seule sur la plage,
Soudain...

Méduse ou sirène
Sirène ou méduse
A la fois l'une et l'autre
L'autre et l'une,
En rester médusée...

Difforme, informe, dix formes
Nuances de gris
De quelle pluie est-elle tombée
De la dernière... ?

Corps
Aspect coupe de bois
Vaguement femelle
Plus éléphant man
Que Vénus...

Martienne, peut-être,
Ou, quoi au juste... !?

Une vague a repris la chose
Cette chose, indéfinissable,
Intrigante, difforme, informe, dix formes...
Le sable mouillé
Offre ses petits mirages, à marée basse,
Voilà, c'est cela, s'en était un !

    Mirage à mes pieds    
méduse allures de sirène
Bestiaire de plage




















Méduses

Dans le secret du grand nord, au bord d’une plage déserte, réunion au sommet de la gente méduse.
Grand-mère préside, la famille s’agglutine. Les petits enfants se faufilent. Chacun cherche la meilleure place pour bien entendre les conseils d’une sage…

Auréolée de gloire
l’ancêtre a la parole
famille tout ouïe

Petites et grandes s’enracinent, sous le pâle soleil d’hiver. Plus l’ancêtre s’exprime plus son aura grandit. Le souffle du vent les berce lentement, en lévitation à ras du sable en son habit d’hiver. L’attention est palpable, les yeux s’écarquillent.

Grave et songeuse
grand-mère clôt son discours
place au festin

Chaque année, le rite est immuable, après de longues échappées individuelles, le repas de famille s’impose comme une tradition.

Chacun a sa place
sur l’arbre généalogique -
photo de famille

Curieuse, de loin, je les observe. La photo serait presque trop belle. 
Grand-mère en conteuse magicienne, parle de la vie comme elle fut, comme elle est, raconte les légendes et histoires de monstres marins, du froid d'ici, de la chaleur d'ailleurs.

Silence respectueux
petites et grandes écoutent
médusées
















Bonhomme


Sur le sable du rivage glacé
Suggéré par la vague
Un bonhomme enchevêtré, échevelé
Dissous et haletant
Clame son désarroi, ses regrets, sa frayeur,
Fissuré jusqu'à la moëlle
Il réclame de l'aide
Figure d'homme en perdition
Avant que la marée ne l'ait entièrement
Effacée









 Les tournesols sur le sable,


Du néant émergent parfois d’incroyables figures,
Un dais de sable en hiver vous révèle une merveille,
Sans dessein aucun, la nature organise ses possibles,
Et fait émerger de rien, quelqu’incroyable folie.
Comme si la beauté était un hasard nécessaire,
Une préfiguration signifiante d’un invisible sans forme :
Une donnée organisée qui se dévoile par surprise
Et qui s’offre au regard s’il en est un pour la saisir.
Chevelures de sirènes, algues flottantes,
Ronds sur la glace, plages lavées à grandes eaux :
Ainsi émergent sur les Iles Lofoten de Norvège,
Des tournesols que n’auraient pas reniés Van Gogh.








Effet Mère

Créature échevelée
au visage protéiforme *
née d’une mer encrée à la roche empruntée
Tu fus
Douloureuse Mère aux mille seins
Tu fus
Jusqu'au bord de la folie
Tu fus
ô Toi Terre-Neige !



* protéiforme : qui change de forme très fréquemment (selon Le Larousse)











La fille du grand Butull


Du fond des abysses, là où l’étrange est chose courante, est remontée la fille du grand Butull.  La fille de qui me direz-vous ? Butull, le seigneur de l’obscur butyreux.  Celui épais, crémeux, où l’on s’enfonce jusqu’aux mollets. Enfin, mollets,  façon de parler. Là en bas, règnent plutôt les nageoires, épines et autres tentacules.

Nuit bitumée-
Quelques étoiles brillent
Aux crocs d'un prédateur

Univers mystérieux, glauque à souhait,  qui ignore le romantisme, les amourettes roses et les sérénades au clair de lune.  La fille du grand Butull,  prénommée tout simplement Butullette, a vaguement écouté le chant d’une sirène. Acte caractérisé de désobéissance. Car, c’est bien connu, ces êtres enjolivent et trahissent la réalité. D’où le danger à boire leurs paroles.

Ténèbres déchirées
Au bal des poissons ogres
Valse des écailles

La curiosité étant la plus forte, Butulette décide d’abandonner son corail favori et de se laisser flotter au gré des courants froids ou chauds. L’esprit d’aventure lui tient lieu de bouée et le rêve de gouvernail.

Petite fleur de l’abîme
Vêtue d’algues et de sable
La princesse divague
Sur l’humeur océane

Peu à peu, au fil des heures ou des jours, Butulette s’approche de la lumière, affleure à la surface de la mer, jouet involontaire du jeu des vagues.  C’est amusant et  magnifique ! Le soleil, les oiseaux, les petits poissons qui bécotent et chatouillent, que de découvertes enthousiasmantes ! La fille du grand Butull, épuisée de bonheur, finit par s’échouer sur une plage inconnue.

Betty Boop marine
Sur la laisse de mer
S’abandonne, ravie
Aux caprices de l’eau

Sa beauté insolite est remarquée par un photographe de passage. Le temps d’un clic, et hop! Insaisissable, la voici repartie pour un nouveau voyage ….









Le doigt de Gaïa
ou le stylet d'Ouranos
a gravé la trace

en un unique visage
des dix mille âmes errantes*

Très loin vers le nord extrême, naguère préservé de trop d'humains, la laisse de mer dépose quelques bois flottés éparpillés dans l'écume. La lueur pâle de l'aube sauve encore pour un temps de rares parenthèses virginales. Les innombrables noyés forment un tout qui s'énivre à la douceur blême d'Hélios.

Dans la chevelure
par la vague ébouriffée
mille pensées folâtres

Vingt et cent millions de spectres
y pleurent un Graal impensable.


* allusion au poème Tous les morts sont ivres, d'Oscar Venceslas de Lubicz-Milosz
https://laremisedefadosi.blogspot.com/2012/03/tous-les-morts-sont-ivres-doscar.ht


Et aussi :

 








Sous la caresse du soleil
une mère offerte, un enfant avide.

le soleil déchire le voile
des brumes lactées des Lofoten
Dans l'aurore qui s’accroche au jour.

parenthèse virginale
d'une nuit sans fin.

La main d'une déesse nourricière
a offert au nouveau-né
ivre de vivre mille vies encore
cette douce vestale de sable.

Ses tétons généreux
sont des grelots de rires
loin de la fureur
d'un monde crépusculaire.








Ami, sais-tu ?


Quel mot
Lavera l’encre de ses oripeaux ?
Quelle audace
Libèrera Ondine de ses flots ?
Quel songe
Débordera de mes rêves ?
Ami, entends-tu les chants d’espérance ?
Quel est le murmure
Qui enfle en éclats d’aube
Sur nos pages de sable ?
Quel est cet élan
Au diapason du Monde ?
Dans quelle trame
Ourdir le silence ?
Ami, sais-tu l’émerveille 

Myriam Roux
(sans blog) 





Encre

J’ai agité ma plume
Au-dessus de la page blanche.
Un mot a perlé.
Puis un autre.
L’encre jaillie a dessiné
Sur le papier
Une phrase.
D’autres ont ruisselé.
Leurs méandres ont irrigué
La feuille,
Mon coeur.
Jouer de l’éphémère,
La vague recouvre le dessin.
Jouer de l’impermanence,
La vie recouvre le dessein.

Myriam Roux 
(sans blog)







La fille d'algues


Elle est là, alanguie, bercée de vagues, façonnée de courants. Fille d’algues et sable, princesse des tourbillons, elle s’abandonne.

Une vague s’en va
comme vie se retire
jeu de l’illusion

Est-elle pythie, oracle des profondeurs ou accident, cette déesse aux multiples seins révélée par l’océan ?

Elle est, c’est un fait
là, offerte à nos regards
l’instant du rêve

Elle porte en elle des visages, esquisses nées de ses pensées qui créent dans l’instant celui d’après.

Beauté fugace
que le vent ébouriffe
avec la vague

beauté sans lendemain
reine de l’éphémère.

©Adamante Donsimoni (sacem)




Merci à tous les brins, nombreux cette semaine 
un texte et parfois deux 
une belle inspiration. 


Alors, merci à Jeanne Fadosi qui nous a proposé cette si belle photo

&

 merci à Didier Larive de nous l'avoir prêtée.




Bonne fin de semaine et à vendredi prochain.
Adamante