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vendredi 14 septembre 2018

Page 118 le manège des étourneaux


La danse des étourneaux - Noushka



 
Mobbing...


Et tourne, tourne, tourne

Jeune étourneau

Au manège des amours,
Quatre mâles pour une femelle
A l'étourdir
A se voler dans les plumes
A s'égosiller, en pot-pourri...

La demoiselle prend peur
Et la poudre d'escampette,
A tous elle coupe le sifflet,
Bec dans l'eau, adieu la noce !

Le vieil étourneau
s'amuse de la scène au loin
Un silence de mort

Juste un vent d'ailes
un frémissement sur l'onde
Brindilles immobiles







Image
Des sons ténus apparaissent dans le silence
Frôlement d'ailes claquement de bec
Tout disparaîtra
Les minuscules "estornels" retourneront dans le silence de l'immensité 
Et ne parleront plus jamais aux hommes
Les ailes des anges n'ont jamais fait de bruit.

©jamadrou





 
Étranges ballets, Dame Nature !

Dans les profondeurs,
Vos poissons nagent en banc,
Légers et mouvants,

Effets de nuages
Géométrie volatile
Ensembles vibrants,
Au-dessus de nous,
Avancent en processions
De si dignes nuages.

Amas gris de gaze ;
Ordonnés, sans cesse changeants :
Ils vont tous, au vent

Entre les deux,
Dans la roselière
En ronde harmonieuse,
Les étourneaux se tiennent
Dansant, du bout de l’aile 
Et au ras de l’eau,

Me reviennent en mémoire,
D’autres étourneaux, sur l’arbre,
Devant l’hôpital où tu naquis, ma fille ;
À chaque entrée, chaque sortie
S’envolaient en grappes
Ou en multitudes criardes.
De polissons oiseaux,
En cour de récréation.    
 
Serge De La Torre  





















Bonsoir :

Aile à aile
ronde des étourneaux
sur radeau de brindilles
le jour se pose
dans les bras du soir
l’étang s’embrase
en un ultime feu de joie
ocre à pourpre
valse du crépuscule
en guise de bonsoir









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Éventail

Septembre
Ombre à nouveau nos jours
De sa langueur dorée
Un vol joyeux d'étourneaux
Aux reflets d'ambre
Ouvre en éventail une ronde
D'ailes victorieuses
Dans la grâce du soir
Sur les marais


























Volées d'étourneaux
aux banquets d'arbres fruitiers,
animant les plaines

ou dansant sur les étangs
aux heures douces de la baignade.

D'un clic expert, l'alliance du photographe à la maîtrise de son art et de l'outil merveille de technologie ; à la croisée des arts optiques et mécaniques et des logiciels embarqués ...
Tout le talent, la patience et la minutie d'Audubon* auraient-t-ils pu capter sans la figer cette chorégraphie aérienne au-dessus de l'eau ?
Mais combien de temps encore les oiseaux pourront-ils survivre dans le monde technologique que les humains ont inventé ?

©Jeanne Fadosi



* Jean-Jacques Audubon, 1785 - 1851, ornithologue, naturaliste et peintre américain d'origine française naturalisé en 1812 (fiche wikipedia (1)) et aussi poète, explorateur, aventurier, précurseur de l'écologie (fiche Audubon pour l'exposition "Les oiseaux d'Amérique de Jean-Jacques Audubon" en 2006 par l'Ecomusée de la Crau (2))



National Audubon Society

illustration sonore :
Jean Boucault et Johnny Rasse, Chanteurs d'oiseaux 
                                                           (~3 min)


 

Vol au-dessus des eaux



Au-dessus des eaux, on dirait qu’ils dansent, mais quelle danse ? Celle d’oiseaux heureux de vivre, goûtant du bec l’instant présent en le saluant d’un vol, une danse d’amour peut-être, comme une offrande.

Quelques étourneaux
s’égaillent au petit matin
le rire du soleil

Les hommes ont inventé la danse pour s’accorder la protection des Dieux et s’attirer la faveur des Esprits. Danse de la pluie, danse de la guerre, danse de la chasse… Tout est à eux, ils croissent, se multiplient et portent la mort.

La poudre à canon
le fusil en bandoulière
et l’odeur du sang

Les oiseaux n’ont que faire de la protection des Dieux et de la faveur des Esprits, ils sont de ceux de la nature que l’humain foudroie.
A-t-on jamais vu un oiseau chamane ? Ils n’ont pas inventé la danse pour se protéger des maléfices de la nature humaine. Doit-on le regretter ? Ils ont la force des petits, celle de l’abandon, en confiance, à cette vie qui ne cesse de leur être disputée.

Enfants de la terre
les oiseaux caressent le ciel
quelle joie de la vie !






La danse des étourneaux - Noushka




vendredi 7 septembre 2018

Pour la page 118 - Les étourneaux de Noushka



La danse des étourneaux - Noushka





Je vais être très occupée cette année, mais, grâce à vous, 
je tiens énormément à l'herbier, 
alors je vous propose -pour le moment-
de publier la page le vendredi soir.

Ne tardez pas, adressez-moi les textes, le plus tôt possible.


Un grand merci à vous tous
et à Noushka pour cette merveilleuse photo. AD








 

La page 117 avec le peintre Foujita

 




Merci, merci, merci, les herbes n'ont pas séché,
l'herbier ronronne.   Mais... il faudrait réviser les règles de transmission, l'usage du tambour est dépassé ainsi que les signaux de fumée pour communiquer, les liens par exemple  ;-) . 










Léonard Tsuguharu Foujita, Femme allongée, Youki, 1923, huile sur toile, 50 x 61cm, collection particulière © Fondation Foujita / ADAGP, Paris, 2018


Dans sa nudité
encore pâle la jeune accouchée
- Solitude

Ses yeux noirs grand ouverts
traduisent un déni de vie








Sieste 

Ses heures d’attente, d’un profond sommeil, qui l’envelopperait de plénitude, se tressent le long de sa nudité

Sa sieste se berce
des pensées translucides
d’un rêve éveillé

ses yeux fixés sur l’horizon
explorent l'infini

Lentement, le temps s’écoule, elle s’abandonne…







Vénus, hors du bain...

Sensuelle lascivité, un soir ardent,
Pour la belle en blanc de lait

Sur sa couche de blanc satin
Sous la lune en Blanc d'Espagne...

Mélange de blancheurs
sur fond Noir de Mars limpide
Vénus, hors du bain
















Comment poser des mots sur une image travaillée jusqu'à l'épure pour atteindre à l'universel ?
A l'opposé de la légende des yeux noirs (1), je ne vois en ce visage nulle passion, nulle colère. Une invitation à vivre.
Et à se passer d'adjectifs.

Sous la chevelure
de grands yeux qui interpellent
curieux et sereins

Nul écran entre l'esprit et le regard éveillé, sérieux sans tension ni crainte. La simplicité apparente du trait ne laisse place à aucune émotion et pourtant la présence est intense.

Peau blanche sur draps blancs
telle reposant sur la neige
une blanche Ophélie (2).

Non, tout est douceur ici : elle est si vivante ! L'incarnation du rêve de Baudelaire. Sans les larmes.

"Là tout n'est qu'ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté." (3)

©Jeanne Fadosi





(1) Les yeux noirs, légende et chant russe



(2) Ophélie, Arthur Rimbaud, 1870


(3) L'invitation au voyage, Baudelaire, Les Fleurs du mal, 1857




illustration sonore (facultatif, je crois qu'ici je préfère le silence)
les yeux noirs par Django Reinhardt







 










La terre en partage


Je ne voulais plus peindre
Je ne voulais plus écrire
Je voulais tisser mes émotions
Je suis allée au fond de mon jardin chercher l’inspiration
Et j’y ai trouvé les couleurs de mes sentiments.
Pour tisser ma vie
Des émotions en couleur
Et tant de fils blancs

J’ai pris la gaude pour teindre des fils en jaune
J’ai pris la garance pour teindre des fils en rouge
J’ai pris le pastel pour teindre des fils en bleu*
J’ai, en diluant, en mélangeant ces colorants végétaux, pu obtenir tant de nouvelles couleurs aux nuances variées et subtiles qu’impatiente, sur mon métier, je me suis mis à tisser du matin jusqu’au soir.
J’ai vu se poser sur mon métier, ma colère, ma désillusion, mon amour, mon espoir, ma lumière, ma noirceur, mon empathie, mes ombres, mon impuissance…
Quand j’ai voulu tisser mes longs silences, mes absences, mes longs temps de méditation loin de tout loin de tous, le blanc m’a cruellement fait défaut !
Je voulais un blanc absolu, je voulais cette blancheur qu’on dit laiteuse, proche de la nacre.
Je voulais le blanc « Foujita »
J’ai su alors que toutes les Herbes du Grand Herbier ne pourraient plus rien pour moi.
C’est ainsi que je me suis tournée vers le minéral.
Et seul **le talc facilement sécable et très mou, qui dans son éclat gras et nacré passe du translucide à l’opaque, m’offrit la poudre magique: le blanc de mes rêves.
Eau de source et poudre blanche dans lesquelles j’ai mis mon fil de lin à tremper des jours et des jours avant de pouvoir réussir enfin à tisser mes silences.

Terre offre en partage
Minéral et végétal
Œuvrons avec elle
Jamadrou
 
« Ciseler, polir ne vaut pas laisser agir la nature. » Tchouang-Tseu
 
*Renseignement trouvés dans un texte de Pierre Bouet et François Neveux (Université de Caen) à propos de la Tapisserie de Bayeux

** Trouvé sur Wikipédia



 









Caresser le mutisme de son pinceau

Comment dire sur ma toile l’essence où baignent tes poses le matin, ce vide qui sépare nos âmes et qui de même les lie? Comment crier en couleurs, la merveille de la Vie derrière l’ordinaire des choses ? Comment hurler en aplat cette souffrance qui se vit et nous embrasse, ma muse !
Comment rendre aussi ce vertige, lorsque s’ouvrent enfin grandes les portes closes :  la chute en figuration qui s’amorce est autant ce qui me brûle, que ce qui me fera grandir.
Allons !

Hurle fort le blanc !
Tendresse pâle qui signe
Ce qui, nu, s’expose.

Comment peindre le lumineux lait de ta peau, sur la soie écrue du drap froissé, sur le moelleux pâle de l’oreiller blessé ? Comment souligner son regard de biche amoureuse, sous mon œil meurtrier d’amant-chasseur ! Mon pinceau, beauté, te couche sur ma toile, t’aime d’un trait, d’un contraste, et peine à rendre l’amour dont, entière, il t’entoure et te couvre.
Allons…

Blanc ! Caresse-la!
Immaculée douceur, 
Cette âme entière. 
                 

 
NEOU


Mon petit chat de deux mois
Est couleur blanc et lilas
J'ai cherché un petit nom
A son image
Snow ou fumée
Flocon ou smooth
Doux comme lui
Alors ce sera Neù
Qui se prononce Néoù
Avec un accent tonique
Comme une plume-virgule
En occitan
Cela veut dire neige
Passé au talc comme la belle dame
Alanguie, éthérée
Dans les rêves de Foujita
Et sous son pinceau...

  

Léonard Foujita
De la blancheur laiteuse
faisait son miel
femmes et chats sublimés
en poussières d'étoiles

  












Dérive de blanc

Dans son regard de ciel, dans cette immensité de temps sans début ni fin, une histoire à peine esquissée pour nous laisser le temps du rêve.

Le retirement
le profond des abysses
un cri d’absence

La femme nuages, peut-être une chimère, nous livre par ses yeux la parole sans tain du silence. Impossible de s’exfiltrer, tout est poids dans cette légèreté.

Une colombe
l’esprit insaisissable
dérive dans le blanc



Je vous propose de finir la lecture par une écoute  : un enregistrement plein d'humour de Marcel Amont.









dimanche 2 septembre 2018

Page 117 avec le peintre Foujita




Un long, un si long silence...

En France, malgré les promesses de qui nous savons et tairons le nom, il est encore des lieux dits "blancs" avec internet façon Shadoks :


 
La pauvre bête (vous voyez de qui je parle ?) a décidé de ne pas pomper et de se mettre au vert entre végétaux et qi gong.


"A existait plus pour le web"


(là un petit clin d'œil à Jean Tardieu, mais si le propos reste obscur, facile : y a qu'à d'mander)


Enfin, pour ceux qui conservent une racine bien endurée dans l'Herbier de poésies et qui n'ont rien à redire d'un Shadok, voici une œuvre du peintre japonais Léonard Tsuguharu Foujita, (ci-dessous).

Et pour célébrer un peintre Japonais, que faut-il donc ?  

Un ou plusieurs : Haïku, tanka, haïbun






Léonard Tsuguharu Foujita, Femme allongée, Youki, 1923, huile sur toile, 50 x 61cm, collection particulière © Fondation Foujita / ADAGP, Paris, 2018




"Années 1930. Les toiles du peintre japonais Foujita rencontrent un franc succès.

Ce sont surtout ses grands nus féminins qui fascinent et impressionnent : leur blancheur un peu laiteuse est proche de la nacre…
Comment l'artiste obtient-il ce blanc si particulier ? C’est top secret !
Foujita n’est pourtant pas chimiste. Déjà tout petit, au Japon, il rêve de devenir peintre. Et pas n’importe où : en France ! Un souhait exaucé dès 1913, alors que le jeune Japonais pose ses valises à Paris.
Entre son talent et son allure de dandy identifiable entre tous, Foujita ne tarde pas à se faire un nom.  Et ce nom est immédiatement associé à sa curieuse coupe au bol, à ses délicats dessins, et à ses fameux fonds blancs…
Malgré les questions du public et de la critique, Foujita se garde bien de divulguer la recette de son mystérieux blanc. Au point de l’emporter dans la tombe, en 1968."



Jean Agélou, Foujita dans son atelier, 1917


Mais...


"Après moult analyses scientifiques, les spécialistes sont enfin en mesure d’en révéler le secret. Celui-ci repose sur un ingrédient mystère : du talc, tout simplement !
L’artiste en mélangeait à de la peinture très diluée, qu’il superposait en de multiples couches pour obtenir ce rendu à la fois transparent et nacré.
Comme quoi, un ingrédient ordinaire suffit pour changer la vie d’un artiste et pimenter celle d’un restaurateur !"

Léonard Tsuguharu Foujita, Autoportrait au chat, 1928, huile et gouache sur toile, 35 x 27 cm, Centre Pompidou-Musée national d’art moderne, Paris © Fondation Foujita / ADAGP, Paris, 2018



Alors, à vendredi prochain ?