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vendredi 19 mai 2017

Pour la page 77 de l'Herbier







À votre inspiration, belle fin de semaine et à vendredi prochain

ici pour la page de notre précieux livre
(notre anthologie)

ailleurs dans le  décors personnalisé de chacun
(ça change parfois beaucoup notre regard)

pour la découverte des textes
(une petite visite, un petit mot, ça fait toujours plaisir, non ?) 


N'oubliez pas, envoyez vos textes avant la dernière limite, le jeudi midi
herbierdepoesies@free.fr

AD 











vendredi 17 mars 2017

Page 70, l'herbier est au bal







  "Au bal" de Berthe Morisot -  musée Marmottan-Monet 



 
Berthe fait tapisserie ce soir.

Chez elle, la beauté n’a rien du frivole,
La retenue, la pudeur, rien de prude.
Il y a dans sa pose quelque chose de plein,
Quelque chose d’une maîtrise, de quelque force secrète .
Femme de silence, et femme d’écoute,
Elle est femme d’expérience, être de vécu.
Elle a le regard soucieux de celles qui voient 
Plus loin que la frivolité de l’éphémère,
Elle a le souci de l’ordre du monde,  
Et puis de ceux qui l’entourent.
Son apprêt n’a rien d’une surcharge,
Juste une élégance de l’allure qui parle de soin,
Qui parle d’attention à soi, et de douceur...
Pour mieux s’offrir le droit à cette rêverie
Que masquerait presque cet éventail.

Qu’elle s’en protège, qu’elle s’y cache ?
Non, c’est un filtre pour que le monde
Ne lui vienne pas trop vite - et fort - la blesser.
C’est une autorisation à regarder autrement la vie.







Berthe...

Au bal
Faire tapisserie
C'est affaire de laideron...
Berthe est jolie fille,
A marier...
On la remarquera !
On...
C'est le fils du banquier
Du notaire
De monsieur le Comte,
Ces on qui en ont
Dorés sur tranche
Qu'importe le profil ingrat...
Parents veillent au grain,
Et sur leur graine... !

Pauvre demoiselle Morisot
Ah si mère savait... !
Elle est amoureuse
Du jeune curé
Beau tel un dieu...
Berthe est de toutes ses messes,
Ca fait jaser les grenouilles
Qui elles ne sont ni aveugles
Ni avares en sucre cassé !

M'accordez-vous cette danse
Mademoiselle... Mademoiselle ??

Perdue dans ses pensées
Elle laisse filer une occasion...
Une occasion, de faire son malheur,
Elle en aime aucun, fils de...











 

Carnet de bal vide
les yeux de la belle valsent
derrière un éventail









Printemps et renouveau
Arbres en bourgeons
Jeune fille en fleur
Ce soir ira au bal
Danser la valse
Au bras d’un prince
Prince charmant
Qu’elle attendra
Assise sagement

Sans chaperon
Moue et déception
Demoiselle mise en pot
Attendra le prochain bal
Rêvant secrètement
De sourires furtifs
De frissons amoureux
Et de la corde au cou
D’un beau collier de femme

Refus et dérision
Brisant la potiche
Seule au milieu de la piste
Au bras d’un cavalier imaginaire
Elle valse, valse, valse
À en perdre haleine
Regards courroucés
Des douairières
Fini le carnet de bal
Se prenant par la main
Elle tracera son destin









Elle a deux roses dans ses cheveux
Noirs de jais la belle oiselle
Avec soin elle a revêtu une robe vaporeuse
Elle affiche un air très agacé
Elle agite un éventail coloré...
Elle comptait sur son cavalier préféré
Las, une accorte gourgandine
S'en est emparé
Je sens se dit-elle que je vais passer
Une fort mauvaise soirée...












 


Tenue de fête, blanche et fraîche
Regard lointain dans l'à venir
           Tristesse










Encore timide dans sa robe vaporeuse 
Elle n'ose regarder
Le visage dissimulé
Elle tient son éventail tel un jeu de cartes 
Un accroche-cœur
peint de scènes galantes
Elle hésite 

Qu'a t- elle vu qui la rend sérieuse
Entend-elle les conseils de sa mère

Son expression volontaire et sérieuse occulte ses traits encore juvéniles 
Elle sait
qu'à ce bal que se joue son destin










Attrapées par distraction, la voix de Guillaume Gallienne dans le poste de radio dans "ça n'peut pas faire de mal"*, celle de Dominique Blanc lisant la première phrase de la dernière page du livre de Annie Ernaux Les années (à partir de la minute 43'00) :
"Le petit bal de Bazoches-sur-Hoesne avec ses autotamponneuses"

Grande plongée dans ces soirs de fête où j'allais à ce bal jeunette, petite dernière chaperonnée gentiment par mes aînées et mes aînés.
Après la retraite aux flambeaux et le feu d'artifice. 
Avant les heures de la nuit, vers trois ou quatre heures, quand les danseurs cédaient la place aux bandes et aux risques de bagarres.
De trop rares occasions d'entendre maman raconter ses bals du Trocadéro, les recommandations de Mémé Louise, mon étonnement de la grande liberté dont elle disposait au même âge que le mien dans les années 1925.
Son carnet de bal qui rendait concret mes lectures romanesques, longtemps précieusement archivé à l'abri de la jalousie de mon père supportant mal qu'elle ait eu une vie sentimentale avant lui. En tout bien tout honneur précisait-elle les yeux brillants.
Un carnet où elle notait la qualité de danseur de ses cavaliers, où un nom exotique revenait souvent. Il dansait si bien ...

Collision de deux mémoires, intrusion d'un grand livre d'écrivain dans le souvenir vrai de mon adolescence ...
Pour "sauver le temps, le mien, celui des autres" (Annie Ernaux dans l'entretien en lien à l'INA)


*(à partir du point 43'00 pour la citation)



                                        illustration musicale, Sidney Béchet Si tu vois ma mère









Au bal du "conte moi fleurette"

Au bal du "conte moi fleurette"
elle semble sage la dame
et pourtant moi je la sens coquine!
Pas chassés, pas de côté
ronds de jambe et courbettes
œillades et badinage
émoustillent ses sens.
Est-elle  indifférente, jalouse, excitée ou dédaigneuse?
Regardez-la bien,  la belle brunette
avec son instrument de séduction subtil mais quelque peu provocateur:
son éventail.
Dans ce langage codé que lui fait-elle dire ?
Elle se couvre l'oreille gauche avec son éventail ouvert !
Au soupirant du jour en catimini elle dit :
"Ne révèle à personne notre secret"
Mais son secret, quel est-il ?
Je me plais à croire
que sur son  éventail,  des cartes à jouer sont dessinées
et qu'elle montre à l'Homme combien le jeu lui plaît !
Car au jeu de l'amour et du hasard, elle se sait reine,
l'éventail n'est-il pas, comme le plaisir,
synonyme d'imagination féminine ?







 
Un long moment de solitude

Oh la! la! Ce qu’il fait chaud! Où est-il passé? Je meurs de soif! Il en avait soi-disant pour une grosse minute… gros soupir… Tiens, elle est là celle-là? Vraiment, on accepte n’importe qui dans ce bal.
«Oh, bonjour Mlle Germaine, je ne vous avais pas vue. (tu parles!) Il faut dire qu’avec tout ce monde n’est-ce pas… Vous êtes très en beauté ce soir (on dirait un gros sac rose et vert. Beurk!). Vous êtes venue avec votre frère? (qui est bête à manger du foin soit dit en passant) très bien, très bien. Moi? Oh non, je ne suis pas seule. Jean-Charles de Méricourt est mon cavalier. Il est allé chercher de quoi nous rafraîchir. Oui, merci. Très aimable. Bonne soirée à vous également… »
Ouf! Bon débarras. Quel pot de colle! … gros soupir exaspéré… Cette chaleur va me liquéfier. Je n’en peux plus. Mais où est-il donc passé? Et ces gants qui n’arrangent rien. C’est peut-être le signe que l’on est une dame de qualité mais question confort, tu repasseras. Voilà l ’orchestre qui joue notre valse à présent. C’est insupportable à la fin! Ai-je une tête à tenir la chandelle? Ah, il va m'entendre. Doux Jésus, le vicomte de Trinqueville. Pourvu qu’il ne me voit pas… Aïe! aïe, il va se retourner... .
« Chérie, navrée pour le retard mais il y avait foule au buffet. Voici votre limonade bien fraîche. Vous ne m’en voulez pas trop?»
« Mais pas du tout  Jean-Charles. On ne s’ennuie pas une seconde. ( grrrrr) Ce bal est fort divertissant. ( mis à part les parvenus et autres vieux fossiles)»
« Vous êtes un amour ma très tendre. Venez, je crois que c’est notre valse…»
Trali la la la …la la …..







Au bal
Ici sans être là


Derrière mon éventail
En tarot de Marseille
J’écoute.

Qui distribuera les cartes ce soir ?
Quelle lame sortira ?
Quel avenir se dessine
Sur l’horizon qui gronde ?

Regard au loin
Derrière les apparences
Par-delà les mondanités
J’observe un autre paysage
Caché

Jeu des archets
Quelques notes
Quelques frottements de tissus
De pieds glissant sur le parquet
Bruissements du bal
Compliments et murmures indistincts
Sourires gênés
Quand une main se fait pressante

J’observe sans voir
L’infini m’emporte
Je suis ici sans être là

Assise, dans cette robe de lumière,
Qui voyez-vous ?
Qui croyez-vous donc voir ?




Le coin des retardataires


Des roses blanches
pour un regard noir
et l'éventail déplie les songes
Tristesse ou mélancolie
les fragments solitaires
se noient
dans la musique du bal

©Balaline 

vendredi 3 mars 2017

Voici la page 68 de l'Herbier de poésies



Il y a toujours plus de brins pour la page, 
douze ce vendredi, 
un arc en ciel de poésies en couleur. 
Et toujours bien entendu les éventuels retardataires... 
à suivre donc. 

Merci à tous, 
l'herbier va bon train.



 ORLANDOBOFILARTE



 
P'tit Koffi...


P'tit Koffi
A pois soleil
Yeux corail
A la kermesse
Pêche aux canards
A gagné
Un, deux, trois poissons
Contre son sou...
Il en est tout joyeux
Mais eux, broient du noir
Dans un verre d'eau...
P'tit Koffi soupire,
Chez Jean et sa fontaine
Ami des bêtes
Se rend au galop...

Plouf... et plouf... et plouf
Plus de vague à l'âme
Pour le trio
Et le p'tit Koffi... !
















Je suis poisson,
Je suis Chat lune,
Noir, yeux rouges.

Je suis jongleur,
Poète à mes heures,
Artiste sans filet.

Rectiligne,
En ma sphère,
Je suis géométrique

Droit dans mes bottes
Je flotte sur la vague
De ma rythmique

Je suis poisson-chat,
En jeu de quilles,
Et chamboule tout…











Dans sa tête ronde
Tournaient des idées noires
A la fête foraine
Sur le manège enchanté
Il a enfourché Pégase
Pour attraper l’oiseau
À la pèche aux canards
Il a gagné des poissons
Un rouge pour le bocal
Un bleu pour le ruisseau
Un gris pour le bassin
Au placard les idées noires
De la fête foraine
Il est revenu guilleret










Le citadin, pêcheur d’hommes en boites

Peindre, comme écrire, peut devenir recherche du réduit,  quête des éléments simples.
Alors pourquoi ne pas oser l’épure, céder à la tentation de l’apparent simple ? 
Alors, parfois, la forme devient ce qu’elle désigne, et la couleur se structure en fleuron : 
Nette jusque dans l’épaisseur du trait gras qui compte, qui souligne, 
Signifie limites et puis aussi bordures. 
Le fin filigrane bleu, donne l’ombre et la ligne humaine dernière,  
A ce disque de nuit qui parle l’apparence générale, la trop simpliste figure grossière.
La goutte, quant à elle, ne rêve rien ; endroit ou envers,  ne prétend goutte, 
Juste elle fait point, couvre et transpire ou peut-être s’exclame ! Hébétude bruyante !
Et les poissons, tête-bêche - comme en leur boite -, révèlent le pêcheur 
Ou parle du destin de l’homme, qui dans la ville se retrouve entassé,
Trop serré, et pourtant dans son élément : dans la folie douce de ses choix et constructs.  













Sa bouille de lune noire
fait mine d'accrocher ses rêves
à des poissons lune

Les petits poissons naïfs
ignorent l'hameçon sous l'appât












J'étais un pêcheur de lumière,
celle qui souffle sur la vie
la réchauffe, la câline,la dorlote.
Jour après jour
une ombre a envahi la Terre
salissant plaines et montagnes
torrents et rivières
dérobant même le parfum des fleurs.
J'erre sur les chemins déserts
dans le silence de nos bois
à la recherche
d'une autre naissance
d'un autre souffle
d'un autre éveil
prête à cueillir les fruits de cet amour.






 





L'art en couleur

Noir comme Soulages dont j'ai pu admirer dans son musée de Rodez, la lumière réelle
Noir comme le Château de Cézanne suivi à Aix-en-Provence vers la Sainte Victoire
Noir comme le profil de Fernand Léger, le chat de Marguerite de Matisse

Bleu comme les nus de Matisse que j'ai aimés au Cateau-Cambrésis, à Lyon, à Nice
Bleu comme la blouse du fermier de Paul Cézanne, l'oiseau de Braque
Bleu comme les monochromes de Klein, les danseuses de Degas, bleu comme la femme lisant Une lettre de Vermeer, bleu comme le violoniste de Chagall, bleu comme le cheval de Marc
Bleu comme la femme au chapeau de Picasso, bleu comme le ruban de la jeune fille de Renoir

Rouge comme les poissons de Matisse dans leur bocal
Rouge comme mon poisson dans ma chambre de bonne
Rouge comme la route près de Menton de Monet, le chapeau de la fille de Vermeer
Rouge comme la jupe de Picasso, rouge comme l'harmonie de Matisse
Rouge comme le béret de la femme de Picasso, rouge comme les toits de Pissarro

Blanc comme le chapeau de la femme de Renoir

Gris comme la chanson de Goldman, gris comme Juan l'artiste 

Jaune comme les danseuses de Degas,  la maison de Van Gogh à Arles
Jaune comme le turban de la femme de Renoir, les vaches de Franz Marc
Jaune comme le fauteuil de la femme de Picasso, la ferme du Pouldu de Sérusier
Jaune comme l'harmonie de Matisse, l'œuf soleil de Vladimir Kush
Jaune comme les iris de Monet, la ville de Schiele, le vase de tournesols de David Hockney

Noir, bleu, rouge, blanc, gris, jaune comme ORLANDOBOFIL ARTE
Noir, bleu,rouge,blanc,gris, jaune comme l'art en couleur











Soleil noir    
Pour ne plus jamais vous parler de désespoir
Je suis partie là-bas de l’autre côté du miroir
Pour ne plus jamais vous conter de bien tristes histoires
Pour ne plus jamais vous parler de la pluie du soir
Celle qui a des larmes  blanches grises et noires
Je suis partie là-bas juste pour voir
Mais là-bas il faut me croire
Le soleil était noir
Il avait les yeux rouges du poisson
Il a les yeux gris du poisson
Il aura les yeux bleus du poisson
J’ai su que voir le soleil noir
C’était garder comme le poisson les yeux toujours grand ouverts
C’était vouloir s’éveiller  et aller au fond des choses
Là où le sable n’est que boule lumineuse
Là où la connaissance n’est qu’intuition
Là où au plus profond de l’eau tu retrouves la source
Mais quand on revient de là-bas
On ne peut plus parler aux hommes
Et voilà pourquoi on prend ses couleurs ses pinceaux
Et qu’inlassablement on peint le soleil  et des poissons au dessus de l’eau .









 



Ce soir je serai la plus belle pour aller danser !
La journée finie, je dépose les poissons recueillis dans la nasse,
J'oublie le labeur du jour.
Je suis si heureuse ! ....

Je me parfumerai
Je vêtirai ma jolie robe à festons, et mettrai ma plus belle écharpe
de soie
celle à pois

Et pendant  qu' Elodie chantonnait, je la regardais
Sa petite bouille de Fille du Sud reflétait la lumière. La couleur et l'argent des poissons qui tressautaient encore au creux de ses mains.
Les traits de son visage à peine sorti de l'enfance laissaient présager
l'adulte qu'elle serait demain, douce, mais ferme et sans concessions.






 





Me voici me voilou
J'ai la bobine ronde
Des yeux couleur rubis
Des pieds en pâquerettes
Bouche fermée à clé
Sur mes courroux secrets
La bulle de mes idées
S'envole et je reste coi
Avec une aile qui palpite
Petits pois, petits pois
Jaunes comme yellow
Créature bofilisée
A mon épaule s'incrustent
Des poissons bien au chaud
Bien au doux, bien partout
Je me trouve très beau
Au printemps je serai le roi
Des maquereaux et des sardines !



  








L'enfant des profondeurs


Au plus fort de l’été
Courtisée par Zéphyr
La houle, indolente
Balance l'énigmatique

.

Poupard, poudré ébène
Curiosité corail
De son regard tout rond
L’étrange naît à la vie

.

Salé aux tempêtes
Sucré aux oursins
L’enfant des profondeurs
Joue avec les poissons.
Martine MADELAINE-RICHARD





Un rêve entre eau et ciel

Elle aurait pu rencontrer Folon, la Dame Lune noire, et s’envoler par-dessus les montagnes pour emporter nos songes un peu plus haut que d’habitude. Les rendre un peu plus libres, un peu plus détachés, comme ces ballons qui fusent vers le ciel sous le regard émerveillé des enfants qui leur confient leurs vœux. Mais la Dame n’est pas que Lune, elle est océan cravaté de trois points jaunes, personnage double, voguant entre Miro et Cocteau, entre « la Plus Belle* » et « la Bête ».
Et que lui murmure ce point, souligné d’une larme soutenue par trois poissons, qu’Elle-il porte sur l’épaule ? Un secret de marée, de soupe primordiale ? Un secret de vide tout rempli de possibles ? À moins que ce ne soit un secret d’infini que contemple son regard retiré.
Qu’est-ce donc que la vie ? Un murmure, à l’oreille des quêteurs peut-être, à peine un murmure.
Un rêve, entre l’eau et le ciel.


*« La plus belle » sculpture de J. Miro que j’ai tant admirée au Grand Palais, il y a trop longtemps et que je n’ai pas retrouvée sur le web.

















herbierdepoesies@free.fr