Bienvenue dans l'Herbier de Poésies. Vers libres, prose poétique, expression libre des profondeurs de l’instant qui se dit sans rime ni métrique imposée. Mais aussi Haïku & famille favorisant le fond plutôt que la forme.
D'un clic expert, l'alliance du photographe à
la maîtrise de son art et de l'outil merveille de technologie ; à la croisée
des arts optiques et mécaniques et des logiciels embarqués ...
Tout le talent, la patience et la minutie
d'Audubon* auraient-t-ils pu capter sans la figer cette chorégraphie aérienne
au-dessus de l'eau ?
Mais combien de temps encore les oiseaux
pourront-ils survivre dans le monde technologique que les humains ont inventé ?
* Jean-Jacques Audubon, 1785 - 1851,
ornithologue, naturaliste et peintre américain d'origine française naturalisé
en 1812 (fiche wikipedia (1)) et aussi poète, explorateur, aventurier,
précurseur de l'écologie (fiche Audubon pour l'exposition "Les oiseaux
d'Amérique de Jean-Jacques Audubon" en 2006 par l'Ecomusée de la Crau (2))
Jean Boucault et Johnny Rasse, Chanteurs
d'oiseaux
(~3 min)
Vol au-dessus des eaux
Au-dessus des eaux, on dirait qu’ils dansent,
mais quelle danse ? Celle d’oiseaux heureux de vivre, goûtant du bec
l’instant présent en le saluant d’un vol, une danse d’amour peut-être, comme
une offrande.
Quelques étourneaux
s’égaillent au petit
matin
le rire du soleil
Les hommes ont inventé la danse pour
s’accorder la protection des Dieux et s’attirer la faveur des Esprits. Danse de
la pluie, danse de la guerre, danse de la chasse… Tout est à eux, ils
croissent, se multiplient et portent la mort.
La poudre à canon
le fusil en
bandoulière
et l’odeur du sang
Les oiseaux n’ont que faire de la protection
des Dieux et de la faveur des Esprits, ils sont de ceux de la nature que
l’humain foudroie.
A-t-on jamais vu un oiseau chamane ? Ils
n’ont pas inventé la danse pour se protéger des maléfices de la nature humaine.
Doit-on le regretter ? Ils ont la force des petits, celle de l’abandon, en
confiance, à cette vie qui ne cesse de leur être disputée.
Pauvre
Eulecte ! Voilà que l’Herbier allait le retrouver en France avec des vers
comme seulement là on sait les faire, brandissant son croupion jaune comme un
bouclier face à l’adversité qui frappait la page.
« Le défi : on se lance en commençant
par « il était une fois » et en poursuivant par un blablaïbun digne
de Basho. »
« Ben voyons ! »
Un
calvaire pour de pauvres brins pris en otage ?
« Tu rigoles ! »
Ici
on a l’esprit rebelle, le goût de la liberté et de l’arrangement.
On
le revendique.
« On
est en France » comme le dirait mon maître de Qi Gong quand on lui demande
si l’on peut faire ci ou ça.
Un
peu qu’on est en France ! Non mais !
Allez
c’est parti pour une lecture garantie haïbounbadaboum.
Big sourire, je vous adore.
Donc, il était une
fois…
Enfin
presque… avec notre «Vieille marmotte»
« Transfuge et transgressive(juste en hommage aux œuvres de NOUSHKA que j'admire
beaucoup (ses oeuvres, pas Noushka que je n'ai jamais eu le bon heur de
rencontrer !) »
a-t-elle écrit, mais tellement bienvenue sur la page que, sans haïbun et sur une
autre photo de Noushka, elle a trouvé sa place ici.
Avec
Jama, on s’approche doucement, sur la pointe des pieds, sans faire de bruit
pour ne pas effrayer les oiseaux… et on fait un joli clin d’œil à la fable pour ponctuer en un haïku final plein de philosophie.
Il
était une fois au pays des oiseaux un chef qui se croyait mieux emplumé que les
autres et qui voulait recenser ses sujets.
Il
organisa le concours du plus beau croupion. L’heureux élu gagnerait la plume
d’or
Chacun
arriva pour montrer son arrière-train.
Rien
d’intéressant ; tous n’étaient que petit trou du cul.
Mais
un jour un discret au plumage simplement noir, au regard un peu perdu et
au bec court mais solide arriva pour se présenter.
Le
chef le trouva à la fois timide, benêt et laid: insignifiant.
« Tourne toi mon ami que je te regarde
de près. »
Petit
noir tremblait en pensant que ce chef devait être porté sur la chose.
Mais
le chef fut fort étonné et appela tout son monde
« Regardez comme son croupion est beau ! »
Ces
plumes jaunes sont merveille et font si bien ressortir son plumage
noir et moiré.
« Mon ami si ton ramage se
rapporte à ton plumage, tu es le gagnant du concours de ces bois. »
Euplecte
le petit noir n’avait pas pour habitude de piailler pour ne rien dire.
Il
ne chanta pas et demanda simplement un miroir.
C’est alors
qu’il vit, bien plantées sur son croupion, de magnifiques
plumes jaunes.
Il
comprit alors combien il était beau et combien il avait d’importance.
Il
ne réclama pas sa plume d’or, mais s’envola dans le firmament à la rencontre de
ses pairs.
Avec
Marine, l’Euplecte flirte avec une biche sur une musique Manouche.
La musique est à écouter en lisant.
La musique manouche c'est ici :
Haibun de l'Euplecte
Il était une fois un drôle d'oiseau noir
J'ai cru l'apercevoir posé sur une branche
basse, un oiseau bizarre tout noir ponctué de jaune,
je crois bien que j'ai imaginé sa présence
dans la fenêtre mouvante des feuilles du marronnier,
mais on m'a dit « tu as rêvé »
Il se nomme
l'Euplecte à croupion
il a un bec blanc
Une nuit d'été, il y a longtemps, j'avais vu
(l'avais-je imaginée ?) au milieu de la route bordant la Garonne, qui montait
vers les côteaux de Pech David, une biche qui me regardait
La guitare module
j'ai arrêté ma voiture
en pleine nuit
Nous avions fait la fête, j'écoutais des airs
manouche qui résonnaient dans l'habitacle, tout était noir autour de moi,
étais-je un peu grise ?
J'en ai parlé
personne ne m'a cru
mais je la vois encore
Cette apparition délicate aux yeux d'ambre ne
me quittera plus jamais...
À la manière d'Aimé Césaire*, vienne l'Euplecte** noir
d'ébène au fondement d'or ou de soleil chanter l'histoire se son continent.
Vienne l'oiseau chanter l'histoire du monde et pas seulement celle des humains.
Une
histoire du monde ?
Vraiment
?
Une
nuit du conte
pour
narrer l'histoire du monde
n'y
suffirait pas
Celle
de l'humanité est minuscule point-virgule à l'extrême fin de celle de la terre
qui dans l'univers ne représente guère qu'une saison d'enfer ou de paradis.
Les
herbes poudrées de rose, de violet m’avaient entraînée ce jour-là, jusqu’au
ravissement. J’avais perdu tout sens commun, je découvrais l’invisible.
Un elfe d’herbier
dansait pour un oiseau noir,
leçon de charme
L’oiseau
s’était arrêté comme s’arrêtent les oiseaux quand ils sont fatigués de voler,
sur la tige d’une plante sèche. Très concentré, il regardait l’elfe d’un œil attentif.
Dialogue muet
entre la terre et le ciel,
une vibration
Ces
deux-là me semblaient complices, comme peuvent être complices ceux qui
échappent à la menace humaine, du moins pour un instant.
Un instant, un seul
et le temps s’éternise,
tout est si léger.
Le
souffle chaud du vent que l’on devine balaye les certitudes. Il ne reste plus
rien que l’imaginaire en action, les profondeurs créatrices d’un cœur ouvert
sur l’oubli de soi.
Là, derrière l’oiseau,
une silhouette d’enfant,
une apparition.
C’est
le marionnettiste des hautes herbes. Penché vers le sol, il fait danser les
elfes du grand herbier de la Terre quand les oiseaux sont tristes. Quelle
nostalgie dans l’œil de ce petit oiseau marqué de jaune sur le dos.
Sur sa livrée noire
est inscrit le doigt du Soleil,
la distinction d’un Dieu.
Tout
en lui est tendresse. Il rayonne d’un amour dont l’unique et impérieux besoin
est de se donner, sans attente, sans espoir de retour, nécessité de célébrer la
vie tout simplement. Et, pensant à
la dérive humaine de ne donner d’importance qu’à l’économie et aux marchés
financiers, en le regardant, je me demande si pour la Terre l’espoir nous est
encore permis.
Il nous manquait Serge, arrivé tard ce jeudi ou tôt ce vendredi, mais...
bien français lui aussi,
disant :
« La consigne (le bel Euplecte à plastron
jaune de Nouchka) m'a inspiré un conte en « bonne et due forme » (et
donc sensiblement plus long que nos productions ordinaires): sans doute rien à
voir avec ce qui était attendu ».
Tiens ! Tiens ! Voyons donc !
Koissi, Ousmi et Bouna
Il était une fois, comme on dit
toujours quand on veut raconter les choses sans détours, quelque part sur
les terres assoiffées du Gabon, un couple de jeunes gens qui s’aimaient d’amour
pourtant véritable tant et si bien que leurs nuits d’amour leur paraissaient
toujours trop courtes.
Ils vivaient à l’écart du village, dans une
case fraichement bâtie de boue et de paille. Lui s’appelait Ousmi et elle,
Bouna.
Bien qu’ils n’aient pas encore tout à fait la
tête à cela, le griot avait, en effet, à peine eu le temps de ranger les
instruments de leur noce, Ousmi et Bouna cultivaient déjà leur petit lopin de
terre avec le soin requis et le souci de ne fâcher ni les Dieux, ni aucun
homme.
Tout de prévenance et de droiture, les mois
passaient. Vite, si vite.
ils s’attendaient tous les deux à ce que la
vie les gâte, et notamment de quelque enfant, et même pourquoi pas d’une
marmaille qu’il nourriraient du fruit de leur peine, de la pulpe de leur courage,
du pur jus de leur bonheur.
Ennemis intimes : Hommes,
Ce par quoi ils aiment,
Les fait aussi souffrir.
Sous les chaumes du toit de leur case, ou
dans quelque buisson voisin - ma pauvre mémoire l’a oublié ! -, un Euplecte à croupion jaune avait élu domicile.
Ousmi et Bouna le connaissaient bien,
l’avaient nommé, comme on fait d’un ami cher : Koissi serait son
nom !
Et ensemble, tous les soirs, ils observaient
son manège.
On entrait dans la saison des amours
volatiles de cette espèce.
L’oiseau en robe noir et pagne citron s’était
trouvé une moinelle au goût de son cœur, et comme Ousmi et Bouna il filait une
romance.
Vois-le ma douce Bouna
Koissi et sa dame
Sont comme toi, et puis moi.
Tout dévoué à sa femelle en robe alouette, Koissi
ne tarda pas à se trouver entouré de becs ouverts : qui criaient « à
nourrir, à nourrir », obligé de voler de ci, chargé de longues herbes, de
voleter de là, tout encombré de fils trouvés, pour enrichir le trousseau de sa
belle, garnir le bec des petits et consolider son nid en forme de coquille
ovale et dominée au sommet d’une discrète entrée.
Et que s’insinue l’envie,
Le paradis perd
Beauté, tendresse et douceur.
Alors, encore trop jeune et sans doute trop
fou, Ousmi, un de ces jours où sur la terre d’Afrique la sécheresse court en
brûlant tout, trouva à fâcher Bouna ; à moins que ce ne fut elle qui se mit en
courroux ?
Qui sait comment commence les disputes, sait
comme naissent les vents !
Comme on fait souvent, en pareil cas, ils se
dirent des mots, des mots qu’ils ne pensaient ni l’un ni l’autre, des mots
surtout qu’ils ne voulaient pas dire.
Ne reste pas à regarder le ciel, il n’en
tombera pas plus de pluie. La terre n’est jamais grosse que de ce que tu la
travailles.
Crois-tu, folle, que je sois comme Koissi et
que d’un simple fil ou d’une herbe tu puisses m’attacher à cette case.
Crois-tu qu’à cette terre, je ne donne pas
déjà tout mon sang et notre eau. Tu ne m’y attacheras pas même d’une autre
bouche à nourrir : oui, pas même d’un marmot !
Je m’en irais voir le grand monde, moi !
Je m’envolerai à l’aventure en quête d’une terre où il pleut du lait où coulent
des rivières d’or et de miel, crois-moi !
Par malheur, les mots des hommes font plus de
mal que les faibles 'siiiip''siiiip''siiiip' ou les petits 'tsip''tsip' des Euplectes.
Ils ne se dirent pas plus ce jour-là. Mais
hélas, quand le ver est au fruit, bien malin qui sait en chasser la bête, et
ôter à temps la pourriture qui y prospère. Eux ne surent, en tout cas, le
faire.
Nos deux amants voient l’oiseau
Leurs mots sont entre eux
En fait, ils ne voient plus rien.
Bouna regarda l’ouvrage de Koissi, le courage
de sa moinelle, les cris de leurs petits, becs ouverts à attendre que tous deux
les remplissent.
Ousmi, c’est sûr m’aime moins, Ousmi ne
m’aime plus. Ousmi m’a peut-être finalement jamais aimé, c’est cela, c’est même
certain. Ainsi va l’esprit de Bouna, ainsi vont nos folies !
Heureux Koissi, tu sais au moins pourquoi tu
vis. Moi, je ne sais pas. Bouna m’en veut, c’est sûr ! De ne pas lui donner les
enfants qu’elle attend. De ne pas savoir faire la pluie, de ce que la récolte
est mauvaise, je le sais ! Et le travail est si dur, et les plats de
millet si vide qu’ils n’en nourrissent plus personne, fussent-ils voleurs ou
gens de bien.
Elle n’attend sans doute rien de mieux que je
m’en aille, et trouve ailleurs ce que je ne peux lui donner en restant. Je
partirai donc et chercherai quelque pays de pluie, où goutte du ciel des perles
de lait et coulent des rivières de miel, où se trouve peut-être un homme
médecine qui me fasse aussi fécond que Koissi. Je téterai du lait du ciel, et
de l’or des rivières. Alors Bouna m’aimera, et je lui offrirai tous les boubous
qu’elle mérite.
Comme l’Euplecte à croupion
Quand finit, d’amours,
la saison, Ousmi s’en fut.
Un beau matin, en s’éveillant, Bouna trouva
vide sa couche et sa houe oubliée contre le mur, alors elle sut. Il était
parti.
Et, bête, attendant la bonne heure, elle ne
lui avait rien dit, rien dit de cet enfant à naitre. Inutile maintenant
l’enfant qui gonflait lentement ses flancs. Inutile, tout !Puisqu’Ousmi n’était plus là !
Sous les chaumes du toit, les petits sortis
du nid, Koissi lui aussi était parti. La moinelle seule était restée,
laborieuse comme toujours.
Que deviendraient-elles, toutes deux,
solitaires ? Que deviendrait-elle, Bouna ? Et Ousmi, vers où le
guideraient ses pas ?
Serge De La Torre
Pour lire la suite de ce conte, retrouvez dès
vendredi 4 Avril , Koissi, Ousmi et Bouna, en suivant le lien vers :
https://instantsdecriture.blogspot.fr/
Voulez-vous
que je vous dise ? J'ai adoré cette page, j'en zig zag encore entre
rire et tendresse, entre humour et sagesse (qui sont synonymes n'en
doutons pas).
On s'approche du Haïbun, non ? Et la prochaine fois vous allez voir ce que vous allez voir (lire).
Haï boun, boum ! splach ! wizzzzz !
Bon week-end
Il était une fois une Vieille
mot qui n'a rien de péjoratif dans ma langue, *
une
Vieille qui avait chopé un virus !
que buvait-elle de l'eau contaminée
d'abord ?
Ce matin-là, ça l'a démangé très fort ce truc en "ite", cette
terminaison des mots qui signifie la présence d'une inflammation aigüe.
Comme par exemple : gingivite, conjonctivite, flemmingite .. et coetera.
Clique donc Copine
Et sur ton ordinateur
Haïbun créeras
Elle
fit donc tout bien comme on le lui avait expliqué, regarda longuement
le petit passereau au croupion jaune. Certes, il ne s'agissait pas d'un
euplecte monseigneur, ni même d'un euplecte franciscain. Pas même d'un
euplecte longue queue ou bien celui des montagnes. Mais tant pis.
D'un petit moineau
Taché de jaune au croupion
jaillit un soleil