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jeudi 14 novembre 2019

Voici la page 153

Didier Larive "bestiaire sur le sable et autres photos prises au lofoten - Norvège-"


Un nuage
Sur la plage, alangui
Dans la torpeur
De la nuit
Sous l’œil de la lune
Affranchie
Enlace un mirage.
Course du temps
La marée efface les traces
Et sculpte l’espace.
Le ciel
A laissé son empreinte
Sur le sable
Et dans la mer
Dilué son teint.

Sylviane Méjean
(sans blog)





Le petit mirage...


Seule sur la plage,
Soudain...

Méduse ou sirène
Sirène ou méduse
A la fois l'une et l'autre
L'autre et l'une,
En rester médusée...

Difforme, informe, dix formes
Nuances de gris
De quelle pluie est-elle tombée
De la dernière... ?

Corps
Aspect coupe de bois
Vaguement femelle
Plus éléphant man
Que Vénus...

Martienne, peut-être,
Ou, quoi au juste... !?

Une vague a repris la chose
Cette chose, indéfinissable,
Intrigante, difforme, informe, dix formes...
Le sable mouillé
Offre ses petits mirages, à marée basse,
Voilà, c'est cela, s'en était un !

    Mirage à mes pieds    
méduse allures de sirène
Bestiaire de plage




















Méduses

Dans le secret du grand nord, au bord d’une plage déserte, réunion au sommet de la gente méduse.
Grand-mère préside, la famille s’agglutine. Les petits enfants se faufilent. Chacun cherche la meilleure place pour bien entendre les conseils d’une sage…

Auréolée de gloire
l’ancêtre a la parole
famille tout ouïe

Petites et grandes s’enracinent, sous le pâle soleil d’hiver. Plus l’ancêtre s’exprime plus son aura grandit. Le souffle du vent les berce lentement, en lévitation à ras du sable en son habit d’hiver. L’attention est palpable, les yeux s’écarquillent.

Grave et songeuse
grand-mère clôt son discours
place au festin

Chaque année, le rite est immuable, après de longues échappées individuelles, le repas de famille s’impose comme une tradition.

Chacun a sa place
sur l’arbre généalogique -
photo de famille

Curieuse, de loin, je les observe. La photo serait presque trop belle. 
Grand-mère en conteuse magicienne, parle de la vie comme elle fut, comme elle est, raconte les légendes et histoires de monstres marins, du froid d'ici, de la chaleur d'ailleurs.

Silence respectueux
petites et grandes écoutent
médusées
















Bonhomme


Sur le sable du rivage glacé
Suggéré par la vague
Un bonhomme enchevêtré, échevelé
Dissous et haletant
Clame son désarroi, ses regrets, sa frayeur,
Fissuré jusqu'à la moëlle
Il réclame de l'aide
Figure d'homme en perdition
Avant que la marée ne l'ait entièrement
Effacée









 Les tournesols sur le sable,


Du néant émergent parfois d’incroyables figures,
Un dais de sable en hiver vous révèle une merveille,
Sans dessein aucun, la nature organise ses possibles,
Et fait émerger de rien, quelqu’incroyable folie.
Comme si la beauté était un hasard nécessaire,
Une préfiguration signifiante d’un invisible sans forme :
Une donnée organisée qui se dévoile par surprise
Et qui s’offre au regard s’il en est un pour la saisir.
Chevelures de sirènes, algues flottantes,
Ronds sur la glace, plages lavées à grandes eaux :
Ainsi émergent sur les Iles Lofoten de Norvège,
Des tournesols que n’auraient pas reniés Van Gogh.








Effet Mère

Créature échevelée
au visage protéiforme *
née d’une mer encrée à la roche empruntée
Tu fus
Douloureuse Mère aux mille seins
Tu fus
Jusqu'au bord de la folie
Tu fus
ô Toi Terre-Neige !



* protéiforme : qui change de forme très fréquemment (selon Le Larousse)











La fille du grand Butull


Du fond des abysses, là où l’étrange est chose courante, est remontée la fille du grand Butull.  La fille de qui me direz-vous ? Butull, le seigneur de l’obscur butyreux.  Celui épais, crémeux, où l’on s’enfonce jusqu’aux mollets. Enfin, mollets,  façon de parler. Là en bas, règnent plutôt les nageoires, épines et autres tentacules.

Nuit bitumée-
Quelques étoiles brillent
Aux crocs d'un prédateur

Univers mystérieux, glauque à souhait,  qui ignore le romantisme, les amourettes roses et les sérénades au clair de lune.  La fille du grand Butull,  prénommée tout simplement Butullette, a vaguement écouté le chant d’une sirène. Acte caractérisé de désobéissance. Car, c’est bien connu, ces êtres enjolivent et trahissent la réalité. D’où le danger à boire leurs paroles.

Ténèbres déchirées
Au bal des poissons ogres
Valse des écailles

La curiosité étant la plus forte, Butulette décide d’abandonner son corail favori et de se laisser flotter au gré des courants froids ou chauds. L’esprit d’aventure lui tient lieu de bouée et le rêve de gouvernail.

Petite fleur de l’abîme
Vêtue d’algues et de sable
La princesse divague
Sur l’humeur océane

Peu à peu, au fil des heures ou des jours, Butulette s’approche de la lumière, affleure à la surface de la mer, jouet involontaire du jeu des vagues.  C’est amusant et  magnifique ! Le soleil, les oiseaux, les petits poissons qui bécotent et chatouillent, que de découvertes enthousiasmantes ! La fille du grand Butull, épuisée de bonheur, finit par s’échouer sur une plage inconnue.

Betty Boop marine
Sur la laisse de mer
S’abandonne, ravie
Aux caprices de l’eau

Sa beauté insolite est remarquée par un photographe de passage. Le temps d’un clic, et hop! Insaisissable, la voici repartie pour un nouveau voyage ….









Le doigt de Gaïa
ou le stylet d'Ouranos
a gravé la trace

en un unique visage
des dix mille âmes errantes*

Très loin vers le nord extrême, naguère préservé de trop d'humains, la laisse de mer dépose quelques bois flottés éparpillés dans l'écume. La lueur pâle de l'aube sauve encore pour un temps de rares parenthèses virginales. Les innombrables noyés forment un tout qui s'énivre à la douceur blême d'Hélios.

Dans la chevelure
par la vague ébouriffée
mille pensées folâtres

Vingt et cent millions de spectres
y pleurent un Graal impensable.


* allusion au poème Tous les morts sont ivres, d'Oscar Venceslas de Lubicz-Milosz
https://laremisedefadosi.blogspot.com/2012/03/tous-les-morts-sont-ivres-doscar.ht


Et aussi :

 








Sous la caresse du soleil
une mère offerte, un enfant avide.

le soleil déchire le voile
des brumes lactées des Lofoten
Dans l'aurore qui s’accroche au jour.

parenthèse virginale
d'une nuit sans fin.

La main d'une déesse nourricière
a offert au nouveau-né
ivre de vivre mille vies encore
cette douce vestale de sable.

Ses tétons généreux
sont des grelots de rires
loin de la fureur
d'un monde crépusculaire.








Ami, sais-tu ?


Quel mot
Lavera l’encre de ses oripeaux ?
Quelle audace
Libèrera Ondine de ses flots ?
Quel songe
Débordera de mes rêves ?
Ami, entends-tu les chants d’espérance ?
Quel est le murmure
Qui enfle en éclats d’aube
Sur nos pages de sable ?
Quel est cet élan
Au diapason du Monde ?
Dans quelle trame
Ourdir le silence ?
Ami, sais-tu l’émerveille 

Myriam Roux
(sans blog) 





Encre

J’ai agité ma plume
Au-dessus de la page blanche.
Un mot a perlé.
Puis un autre.
L’encre jaillie a dessiné
Sur le papier
Une phrase.
D’autres ont ruisselé.
Leurs méandres ont irrigué
La feuille,
Mon coeur.
Jouer de l’éphémère,
La vague recouvre le dessin.
Jouer de l’impermanence,
La vie recouvre le dessein.

Myriam Roux 
(sans blog)







La fille d'algues


Elle est là, alanguie, bercée de vagues, façonnée de courants. Fille d’algues et sable, princesse des tourbillons, elle s’abandonne.

Une vague s’en va
comme vie se retire
jeu de l’illusion

Est-elle pythie, oracle des profondeurs ou accident, cette déesse aux multiples seins révélée par l’océan ?

Elle est, c’est un fait
là, offerte à nos regards
l’instant du rêve

Elle porte en elle des visages, esquisses nées de ses pensées qui créent dans l’instant celui d’après.

Beauté fugace
que le vent ébouriffe
avec la vague

beauté sans lendemain
reine de l’éphémère.

©Adamante Donsimoni (sacem)




Merci à tous les brins, nombreux cette semaine 
un texte et parfois deux 
une belle inspiration. 


Alors, merci à Jeanne Fadosi qui nous a proposé cette si belle photo

&

 merci à Didier Larive de nous l'avoir prêtée.




Bonne fin de semaine et à vendredi prochain.
Adamante