Bienvenue dans l'Herbier de Poésies. Vers libres, prose poétique, expression libre des profondeurs de l’instant qui se dit sans rime ni métrique imposée. Mais aussi Haïku & famille favorisant le fond plutôt que la forme.
"OUPS !" acrylique/papier - collection "émotions & sentiments" A. Donsimoni
Oups,
le visiteur des étoiles
Oups,
je suis le visiteur des étoiles, incognito sur votre terre depuis huit ans à la
noël. Les galaxiens n°xxx (codé) m'ont affectueusement surnommé ainsi tant je
l'utilisais dans mes notes.
Destination
Terre
ma
galaxie est codée
immersion
totale
Car
si je reste en contact avec eux, ma mission leur a appris qu'ici sur Gé,
existait les sentiments, bizarrerie que j'ai mis du temps à comprendre et
apprivoiser, à la fois délice et poison.
Tout
a changé rien ne change
ma
mission est impossible
Oups,
Je disais ce monde foutraque. J'étais loin d'imaginer qu'il le deviendrait bien
plus encore au fil de mes découvertes et de la marche de son histoire.
Mon
surnom est Oups
un
simple son qui dit tant
petit
mot valise
Oups,
ma galaxie me manque. J'ai été contaminé aux émotions des terriens. Des
émotions sur lesquels je ne mets toujours pas de mots quand surgissent de
nouvelles sensations, quand surgissent de nouvelles situations.
Avancer sur la pointe des pieds,
pour ne pas déranger. Peur de faire du bruit, de se faire remarquer, de heurter
un meuble, de faire tomber un verre, un vase, un quelque chose qui se brise et
ruine vos efforts pour passer inaperçu.
Surtout ne pas respirer trop
fort, se faire tout petit, se fondre dans le paysage, furtif comme une brise,
s’effacer, ne pas faire craquer le parquet, devenir plus invisible et plus
léger que l’air. Ne pas douter surtout, ne pas douter… être un félin, voilà !
Une ombre parmi les ombres.
Et bien évidemment, à force de
tant de précautions voici qu’arrive l’inévitable, la maladresse ultime qui
ruine l’entreprise. Patatras ! C’est trop tard, le bruit résonne comme le
glas.
Alors, quand la lumière
s’allume et vous révèle, on adopte le sourire de l’imbécile en déconfiture, la
posture cramoisie du pauv’gars pris en faute qui rêve de disparaître en terre.
L'Herbier s'est endormi. Trop de ronce autour du château, pas de princesse, pas de prince charmant pour venir la réveiller. Et puis un jour, une bonne fée, alertée par le si long silence, a passé le bout de son nez pour regarder par la porte entre baillée de la chambre du bel endormi.
- Eh l'Herbier, tu fais quoi ? Tu roupilles ou quoi ?
L'Herbier, tout enchifrené, l'air hagard lui répond :
- Rhooooo lala ! Quel jour sommes-nous ?
- Vendredi, mon prince. Je t'ai laissé un petit mot, mais je vois que tu t'es endormi dessus. Faudrait voir à ne pas faire n'importe quoi si tu veux que les textes fleurissent. Regarde ton jardin, sa terre se craquelle ! Tu es au dessous de tout !*
Alors, l'Herbier tout penaud a mis un pied au sol, puis l'autre, il s'est étiré, s'est levé, et bien avant d'enfiler une tenue décente, toujours dans son "petit-jama"** de nuit, il a farfouillé un peu dans sa bibliothèque (où il n'y a pas de lutin bleu pour faire régner l'ordre). Au bout d'un certain temps, voire d'un temps certain tant il lambine ces temps-ci, il a sorti une image. Ce n'était pas un bon point, ça il ne le méritait pas, on en sera toutes et tous d'accord, et il l'a posée ici pour tenter de se faire pardonner.
L'espoir fait vivre dit-on, qui sait, il en est peut-être pareil du rêve.
Alors à vendredi prochain ?
Didascalies
* Attention ! ce n'est pas du tout, du tout, ce qu'a dit la bonne fée, elle était plus que compréhensive, mais l'herbier pas très à l'aise avec lui-même, se l'est dit très fort... une plaisanterie pour chasser un malaise. Une fiction juste pour rire. Voilà.
** Un mot d'enfant ça ne s'invente pas plus que ça ne s'oublie.
Note pour le lutin bleu :en ce qui concerne cette page, je n'ai pas su quoi écrire, j'étais trop émue, j'ai pensé très fort une immense tendresse, et je suis passée, en silence.
"OUPS !" acrylique/papier - collection "émotions & sentiments" A. Donsimoni
Photo d'archives datant du 7 avril 2015 de la danseuse et chorégraphe cubaine Alicia Alonso, légende du ballet, qui est décédée le 17 octobre 2019 à l'âge de 98 ans
Le
grand hêtre n'est plus. La hache qu'il craignait tant a fait son œuvre, rognant
les boursouflures des marques immémoriales du temps. du moins le bûcheron lui a
laissé ses racines. Il pourra encore un temps dialoguer en réseaux souterrains
et transmettre les secrets à lui confiés.
L'enfant
épuisé
qui
lui confiait ses chagrins
qu'est-il
devenu ?
Toutes
les larmes du monde ne suffisent plus à abreuver les grands arbres de sagesse.
Les jardiniers dit-on se sont résignés à trancher. Trop fragiles, trop exposés
... D'autres épicéas sont tombés sous l'attaque des parasites mortifères, pour
limiter la contagion.
Aurait-il
suffi
d'en
protéger les prédateurs
en
fragile équilibre ?
Les
frondaisons du fayard, pleines des chants d'oiseaux nicheurs se contentaient de
menacer, lors des dernières tempêtes, la proximité d'une galerie.
Nous agissons comme si tout était
éternel. Notre regard survole plus qu’il ne voit et nous ignorons ces petits
messages de la vie quotidienne, transmis par les êtres que nous croisons. Ils
font partie du paysage, cela va de soi. Mais non, cela ne va pas de soi, bien
au contraire. L’habitude qui nous éteint nous fait ignorer la magie qui nous
baigne, et puis un jour, sans prévenir, un habitué disparaît.
Hier, ici, un arbre
géant bercé d’espace
aujourd’hui, le vide
Notre paysage bouleversé révèle
une déchirure, une béance de l’espace-temps. Tout nous parle, nous percevons
encore la vibration du disparu, son manque est plus prégnant que sa présence ne
l’était.
Le vent murmure :
« où sont donc tes
feuilles ? »
à une boîte à livres
L’amour blessé frémit dans notre
poitrine, nous prenons conscience de l’éphémère. Demain un autre, ici, à notre
place, habitué à son environnement, à son tour regardera sans voir ce qui reste
de lui.
Une fois n'est pas coutume, je fais remonter une page pour saluer un arbre. Nous en avions chanté le pied, nous allons en chanter sa nouvelle vocation d'abri pour les livres offerts en partage.
J'emprunte la photo de ce qu'il en est advenu sur le blog de notre Vieille Marmotte, et vous suivrez le lien pour tout savoir, tout découvrir de son histoire, et le voir lorsqu'il était arbre, tout simplement arbre.
Rendez-vous le 4 octobre prochain.
en haïkus, (un ou plusieurs) ou encore en haïbuns
Au Parc de La Tête d’Or, Mon grand bel Hêtre, le beau Fayard n’est plus .... Que lui est-il arrivé durant ces dernières vacances estivales ? Sur son tronc, un abri !