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vendredi 30 août 2019

L'herbier, de retour ?


Bonjour à tous et à toutes,

   L'herbier aurait-il séché sur pied durant la période estivale, tant le soleil était cuisant ? Oui et non, personne ne l'arrosait et la jardinière avait la tête ailleurs.
   Restriction d'eau en quelque sorte. J'aurais dû... Oui, j'aurais dû ! Mais quand tout vous arrive à la fois, quand tout se précipite pour vous doubler les heures, vous décidez alors que durant les vacances vous aurez le temps.
    Eh oui ! On peut rêver. Car ce n'était qu'un rêve.
   Il est des coins en France qui, au lieu de progresser en fonction du numéro G de votre téléphone portable, recule. Ce qui les années passées vous permettait de communiquer encore un peu, bien que lentement, avec le monde virtuel, se refuse. C'est à présent l'éloge de la lenteur, même un Shadok serait bloqué. Alors on décide de prendre les choses comme elles viennent et attendre de retrouver un véritable ordinateur (tant qu'il fonctionne), une liaison internet convenable pour vous dire : 
   "Je ne vous ai pas oubliés. J'ai même souvent pensé à vous en espérant que vous profitiez  pleinement de vos vacances."
   Alors, si vous décidez de me pardonner cette période plus blanche que blanche, ce manque d'information (politesse à minima), alors...
  Alors, je vous proposerai dès demain une image (que j'ai depuis déjà longtemps -le début des vacances-) pour avoir le bonheur de vous relire ici.
Mea culpa ! 
"Formule facile !"  me direz-vous, et vous aurez raison. J'espère simplement votre compréhension, un sourire à cette lecture. Nous avons partagé tant de joies depuis des années, je souhaite que le positif de nos échanges l'emporte sur le négatif et que vous me pardonnerez ce  trop long silence. 
   Grâce à vous j'ai beaucoup appris et je tiens aujourd'hui à vous le dire et à vous en remercier.
Adamante 

Pour vous, un souvenir de mon jardin creusois



 

vendredi 28 juin 2019

La page 147



Photo Carine Noushka


La barque glissait silencieuse sur les canaux des hortillonnages. Une kyrielle d'oiseaux s'accommodaient tant bien que mal des visiteurs. Un héron dérangé soudain s'envola tandis qu'un grèbe placide nourrissait une nichée au ras de l'eau, juste protégée par des herbes. Les cygnes se pavanaient non loin des colverts, les poules d'eau pêchaient. Nous aurions pu apercevoir cette spatule facétieuse.

Spatule élégante,
emmène-moi sur tes ailes
comme ce gosse suédois

visiter tous les pays
de tes parcours migrateurs.

Laisse-moi rêver
que le monde est paradis
glissant sur tes plumes.

Tant de beauté concentrée
sont l'avant-goût du bonheur.



illustration musicale
Eddy Constantine, L'homme et l'enfant









       



La Spatule qui ne laisse de bois...
La cigogne donne dans les bébés,
La Spatule se donne en cuisine
Marchandant son vert j'ai 
Chez un Bocuse
Point du beignet de Ducasse
Ou du repas de Carême
Avec Loiseau on Veyrat ce qu'on verra...

Hermé m'en la Spatule
De ton herbe des lagunes
 Ratatouille entre autres
Ne discute jamais écu,
Ton prix sera Lenôtre
Même si ça nous coûte un Bras !

Toujours tu tombes à Pic la Spatule
Dans nos Chapel de chef coq, toqué de cuisine,
Savoy bien une étoile
Que tu nous décrocheras là-haut
Toi qui tutoies le Ciel...

Elle est passée par ici, oh
Elle repassera par-là, ah...
Elle vole elle vole la Spatule
Au secours du maître queux
Qui a du plomb dans l'aile...

jill bill (sans lien)










Enquête saisonnière :

Ce jour-là, dans un grand cri, le printemps s’envola emportant sur son dos, les rameaux de sa tendresse. Aurait-il eu peur de l’été ?
Depuis ce jour, happées, par la pression des ardeurs humaines, les saisons, en émoi, se heurtent et se bousculent. Leur tension évolue au plus haut de la gamme. Un jour sans, un jour avec, leur moral, en porte à faux, s’enraye.
Sans la tendresse du printemps, point de chaleur de l’été, point de couleurs de l’automne, adieu le manteau blanc de l’hiver…
Le ciel, rancunier, s’embrume. La terre tantôt se dessèche, tantôt s’inonde, tandis que le baromètre du temps cherche sans relâche où le printemps a bien pu s’envoler ?
Si, au gré de vos promenades, vous le rencontriez, dites-lui combien, sans lui, le monde est déboussolé…


















La spatule joueuse
D'un long ruban feuillu
Fera son nid

Le ciel est à l'oiseau
Il est voyage


Un nuage de chaleur
Un souffle et le vent tombe
    Tout est silence

La mouche ne zonzonne plus
Le soleil écrase tout

Je volerai bien loin
    Tu viendras boire à la source

Quand le sable aura tout recouvert
Il neigera des cendres







            



La  grande Dame blanche


Où voles-tu grande Dame blanche avec ton étole de verdure ?
Est-ce ainsi qu’à présent tu te prépares pour ta danse nuptiale ?
À moins que ce ne soit fête autour de l’étang, une sorte de mardi-gras où les oiseaux, enclins à se divertir, viendraient grimés, sur le thème du végétal.
Peut-être es-tu tout simplement en route pour les îles où des ukulélés t’attendent, impatients de te voir danser avec leurs vahinés.
Je rêve de tout ce que je ne sais pas en te voyant.
Ta grâce enchante le quotidien du ciel, vision peu banale que celle d’un oiseau habillé de verdure.
Mais je sais que tu chantes belle Dame blanche. 
Annonces-tu le renouveau ?
Portes-tu sur ton épaule ce qui peut-être demain accueillera ta descendance ?
Comment savoir, moi qui ne sais pas ton chant, moi qui rêve dans la dimension rétrécie de mes pauvres idées d’espace et de liberté ?

Vole Spatule
porte loin ton étole
-le vert de l’espoir

À l’horizon, disparue,
s’arrêtera mon rêve.


    Mon livre Romano les lettres à Grand-père est sorti c'est ICI











dimanche 23 juin 2019

pour la page 147



Carine Noushka  & sur face book


"Un peu de légèreté ce matin avec une jeune Spatule joueuse"Le Teich, GirondeNikon: D500 + Nikkor 800 mm f/4

Merci Carine ! 


vendredi 21 juin 2019

Page 146 les deux routes



Angelica Kauffmann, Autoportrait hésitant entre la Musique et la Peinture, 1791, huile sur toile, 147 x 216 cm, Nostell Priory, Nostell


Choisir :

Chance et richesse
D’avoir plusieurs passions –
cordes à son arc

Au royaume des chances, elle possédait la richesse des passions, en gerbe de talents qu’elle rêvait d’assouvir. Le temps, la vie, les conseils devaient l’aider dans son choix.

Le temps lui dit d’être patiente.
La vie lui dit de suivre son chemin.
Le premier conseiller lui dit blanc.
Le second lui dit noir.
Le troisième préféra se taire…

En son cœur
chantaient les notes de musique
lyre en délire

Au bout de ses doigts
dansaient pinceaux et couleurs
en œuvres d’art

Trottant dans sa tête
joyeuse farandole de mots
richesse d’une plume

Chacun plaidant pour sa cause et la belle, ayant envie de tout, dut se décider entre tout ou rien. Privilégiant le pinceau, elle n’abandonna pas pour autant notes et mots qu’elle enfouit dans son jardin secret, le cultivant avec amour.

Loin d’Angelica
au creux de ses émois
elle se construit

Chaque corde trouvant sa place, elle trouva son style.

Le temps lui donna raison,
La vie traça sa route.
Le premier conseiller soupira.
Le second fronça les sourcils.
Le troisième garda le silence.

Pour s’épanouir
elle resta toujours elle-même
au risque de ses choix

Si par hasard, tu passes sous ses fenêtres à la tombée du jour, tu l’entendras chanter ses refrains aux étoiles éclairant ses états d’âme.







Ainsi vécut...
J'aime le pinceau et les notes
La peinture et la musique,
Suis tiraillée entre deux muses...
Diable dit mon père
Entre tableau et Opéra
Te faut l'avis d'un homme d'église, en plus,
Le mien, tu le connais !
Comment choisir entre deux amours, mon père,
Tout comme entre deux hommes
Que j'aimerais pareillement...
Le choix de la raison
Doit l'emporter sur celui du coeur, ma fille...
Portraitiste pour la Haute
Et dans toute la cour d'Europe
Fera ta fortune et renommée,
On parlera de toi en vers
 Tant tu impressionneras par ton talent,
Les musiciens, eux, sont traités en parias...
Que voilà bel avenir doré, mon père,
A votre musique des mots
J'en suis toute chose
Et n'ose vous désobéir,
Soit, je prendrai le chemin du chevalet
Non sans un soupir pour l'autre...
Ainsi vécut
 Angélica Kauffmann
 
jill bill (tjs sans lien)





« Est-ce Dieu ou le diable » ?
Cerbère ou Carabosse
aux portes des enfers ?
Toutes les fées d'Aurore ?
Enfant prodigieuse
préservée des sortilèges
d'un malin chanteur
enchanteur au ciel de lit
d'une dame restée au lac ?
Quoi ? Il faudrait donc choisir ?
De ses dons en sacrifier ?
Épineux dilemme
bien futile en vérité
à l’œil et l'oreille
de toutes ses sœurs reléguées
à la cuisine, au rouet
ces jeunes épousées
vouées à la maternité
de lignées fertiles
ou vie de prières
dès le milieu de la nuit
d'un cloître accueillant
riches veuves, pauvres orphelines
entre lumières et silence.
Belle enfant prodige
bénie des dieux et des fées
Peintre ET musicienne
Reconnue par ses pinceaux
quand  Musique fut son loisir.



Barbara Chapeau Bas  


Les deux routes


Le lys se morfond d’aimer deux fois. Entre deux muses, son cœur balance.

Deux routes, un seul choix
combat du bien et du mal
regard d’église

Qu’en aurait dit le prêtre si, pis que la musique, le lys avait aimé les planches ?

Filles perdues
que celles du théâtre
qui préfèrent le rouge au blanc

Sois peintre ma fille. Sagement dans ton atelier, brode du bout de ton pinceau, favorise le silence des couleurs à l’éloquence du spectacle.

Adieu musique
un jour, je dirai mon regret
sur la toile.





lundi 17 juin 2019

Pour la page 146, il faut choisir !


Angelica Kauffmann, Autoportrait hésitant entre la Musique et la Peinture, 1791, huile sur toile, 147 x 216 cm, Nostell Priory, Nostell



Nous sommes en 1760, Angélica Kauffmann a du mal à choisir entre la peinture et la musique.
Son père, peintre, lui conseille de prendre l'avis d'un prêtre.

Angelica Kauffmann, Portrait de Johann Joseph Kauffmann, 1761-1764, huile sur toile, 63 x 50 cm, Musée d'État du Tyrol, Innsbruck


Celui-ci lui déconseille le milieu sulfureux de l'Opéra, où les artistes sont souvent traités en parias.
Angélica suivra donc le chemin de la peinture, deviendra très en vogue dans la seconde moitié du XVIIIème siècle et devînt une portraitiste renommée en Europe.


Angelica Kauffmann, Autoportrait, vers 1770-1775, huile sur toile, 73 x 61 cm, National Portrait Gallery, Londres






vendredi 14 juin 2019

la page 145 Cyprès

Image Jeanne Fadosi



La verrue bleue

« De la verrue bleue
dans la cuisine de sorcière
Secret d'élixir »
Potion contre les maux
Maux de l'hiver,
On ne réveille pas le pharmacien
Dans une nuit de quintes
Il va au bois
Le bourg à l'ancienne 
En sabot frapper à la porte
De chez Esméralda...
« De la verrue bleue
et autre bouton à fièvre 
Sirop de sorcière »
Un toc toc toc
Sous la lune en blanc manteau
Contre un flacon guérisseur
Recette ancestrale
De sorcière de mère en fille
  Au vieux livre des baumes...
   « De la verrue bleue
    fruit du perlim'pin'pin
 Poudre ver'tueuse »

jill bill  (pas de lien)






Le nain devenu géant

Le grand jour est décidé. Ses yeux tristes lancent au cyprès mille lueurs comme autant de signaux. Si sa décision est ferme et définitive, elle n'en est pas moins un crève-cœur. Pourquoi n'a-t-il pas poussé le long d'une route de Provence ou en bordure d'un champ du plateau ?

D'où viennent ses ancêtres ?
Ont-ils servi de modèle
d'une nuit étoilée ?

Il avait vu la première lumière du jour dans une sorte de nurserie pour végétaux. Une main exercée à l'art du bonsaï l'avait taillé en gestes précis. Main de professionnel nourri davantage au suivi flatteur des tableaux et des courbes de rentabilité. Si du moins cette main mutilant sans pitié avait été guidé par quelque beauté !

Esthète de son art
se projetant dans son œuvre
en flattant son chien !

Jamais il n'ombrerait la tombe d'un cimetière. On l'avait replanté dans un jardinet, coincé entre un ancien muret de pierres sèches grossièrement jointoyé de mauvais ciment, le privant du soleil du matin et un pavillon le plongeant dans l'ombre de novembre au printemps. Entre le sapin de Noël et le vieux pommiers généreux des deux jardins voisins.

Ils avaient pris langue,
en réseaux fins d'entresol,
clôtures abolies.

Le vieux pommier à moitié mort avait fait place à un jeune pêcher malingre. L'arbre de Noël, griffant le toit sous les tempêtes, avait fini par être sacrifié. Le cyprès ébloui par le ciel en avait oublié son destin de bonsaï. Le nain voulait devenir géant, pour papoter avec les nuages.

D'une année à l'autre
toujours plus haut se hissait
l'ami des oiseaux.

Le grand jour est pour demain. Les esprits des arbres animent les fruits généreux, offerts en pâture aux colonies de volatiles. Tant bien que mal, le territoire s'organise au fil de la journée. Mais depuis le printemps les pies viennent y faire leur loi, depuis les branches hautes.

La lumière du soir
adoucit leur déchirure
dans les yeux mutins.



Illustration musicale
Maxime Le Forestier, Comme un arbre dans la ville







Poings gantés de bleu
petits boxeurs cyprès
tisseurs de dentelle

Même pas peur, chantait la cigale
De quoi aurais-tu peur ? Répondait le cyprès. Mes poings sont de velours, innocents, jamais ils ne frappent. Au creux de mes mains se tricote ma grandeur. Demain mon chapeau saluera les étoiles.

S’ouvrir au soleil
en camaïeu de verdure
toujours plus haut

Échelle vers le ciel, le cyprès, en bordure des tombes, élève le chant de la cigale, porteur de la complainte des hommes. Elle chante tout le jour, écoute toute la nuit. Les secrets dont elle se fait écho, unissent terre et firmament.

Silence au cimetière
respect des morts et des vivants
les cyprès veillent








Elle est allée si loin
Pour se mettre si près
et prendre une photo
pour nous dire combien
l'ombre et la lumière sont inséparables
Elle connaît leur mélodie 
trois fruits ronds
trois notes
fa do si 
Elle sait la musique
celle des mots
celle des photos
celle de la vie
Pour elle je monterai cueillir la lune
à la cime du cyprès.


















Petit peuple


Derrière la grange s'étale un grand cyprès de l'Atlas, il abrite un petit peuple de lutins bleus et ronds, qui nagent dans la verdure comme des bouchons sur l'eau
Ils s'agitent au moindre souffle, au moindre battement d'ailes, et quand croassent les corneilles ils se rassemblent face à cet oiseau de noir vêtu...



Un nid de tourterelles
dans un creux des branches
accueille un tourtereau


Le petit peuple au grand cœur , brusquement s'est rassemblé, les corneilles voulaient attaquer le nid, mais il se sont alors agités si fort que les oiseaux lugubres se sont envolés


Et voili-voilà
C'est l'histoire bien simple
que la nature m'a conté
  










Un jour, j’aurai des ailes


Les angelots du cyprès observent la prairie. Le feu allume les pistils sous les grésillements des élytres.

L’été s’installe
avec profusion de pluies
- bottes en caoutchouc

Les gens passent sans rien voir, qui regarde encore les arbres ? Ils sont bien trop occupés à courir, est-ce si important ce qu’ils ont à faire ?

Sous les œillères
le regard se tient fixe
la solitude

Une petite fille s’arrête, luxe de l’enfance que de rêver. Elle observe le cyprès et, touchant du doigts quelques épines, lui dit :

Tu sais Cyprès, moi
un jour j’aurai des ailes
comme tes anges

je m’envolerai vers toi
j’espère que tu m’attendras.