Henri Haram Hairabédian |
Bienvenue dans l'Herbier de Poésies. Vers libres, prose poétique, expression libre des profondeurs de l’instant qui se dit sans rime ni métrique imposée. Mais aussi Haïku & famille favorisant le fond plutôt que la forme.
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dimanche 1 septembre 2019
vendredi 30 août 2019
L'herbier, de retour ?
Bonjour à tous et à toutes,
L'herbier aurait-il séché sur pied durant la période estivale, tant le soleil était cuisant ? Oui et non, personne ne l'arrosait et la jardinière avait la tête ailleurs.
Restriction d'eau en quelque sorte. J'aurais dû... Oui, j'aurais dû ! Mais quand tout vous arrive à la fois, quand tout se précipite pour vous doubler les heures, vous décidez alors que durant les vacances vous aurez le temps.
Eh oui ! On peut rêver. Car ce n'était qu'un rêve.
Il est des coins en France qui, au lieu de progresser en fonction du numéro G de votre téléphone portable, recule. Ce qui les années passées vous permettait de communiquer encore un peu, bien que lentement, avec le monde virtuel, se refuse. C'est à présent l'éloge de la lenteur, même un Shadok serait bloqué. Alors on décide de prendre les choses comme elles viennent et attendre de retrouver un véritable ordinateur (tant qu'il fonctionne), une liaison internet convenable pour vous dire :
"Je ne vous ai pas oubliés. J'ai même souvent pensé à vous en espérant que vous profitiez pleinement de vos vacances."
Alors, si vous décidez de me pardonner cette période plus blanche que blanche, ce manque d'information (politesse à minima), alors...
Alors, je vous proposerai dès demain une image (que j'ai depuis déjà longtemps -le début des vacances-) pour avoir le bonheur de vous relire ici.Mea culpa !"Formule facile !" me direz-vous, et vous aurez raison. J'espère simplement votre compréhension, un sourire à cette lecture. Nous avons partagé tant de joies depuis des années, je souhaite que le positif de nos échanges l'emporte sur le négatif et que vous me pardonnerez ce trop long silence.
Grâce à vous j'ai beaucoup appris et je tiens aujourd'hui à vous le dire et à vous en remercier.
Adamante
Pour vous, un souvenir de mon jardin creusois |
vendredi 28 juin 2019
La page 147
Photo Carine Noushka |
La barque glissait silencieuse sur les
canaux des hortillonnages. Une kyrielle d'oiseaux s'accommodaient tant bien que
mal des visiteurs. Un héron dérangé soudain s'envola tandis qu'un grèbe placide
nourrissait une nichée au ras de l'eau, juste protégée par des herbes. Les
cygnes se pavanaient non loin des colverts, les poules d'eau pêchaient. Nous
aurions pu apercevoir cette spatule facétieuse.
Spatule élégante,
emmène-moi sur tes ailes
comme ce gosse suédois
visiter tous les pays
de tes parcours migrateurs.
Laisse-moi rêver
que le monde est paradis
glissant sur tes plumes.
Tant de beauté concentrée
sont l'avant-goût du bonheur.
illustration musicale
Eddy Constantine, L'homme et
l'enfant
La
Spatule qui ne laisse de bois...
La
cigogne donne dans les bébés,
La
Spatule se donne en cuisine
Marchandant
son vert j'ai
Chez
un Bocuse
Point
du beignet de Ducasse
Ou du
repas de Carême
Avec
Loiseau on Veyrat ce qu'on verra...
Hermé
m'en la Spatule
De
ton herbe des lagunes
Ratatouille entre autres
Ne
discute jamais écu,
Ton
prix sera Lenôtre
Même
si ça nous coûte un Bras !
Toujours
tu tombes à Pic la Spatule
Dans
nos Chapel de chef coq, toqué de cuisine,
Savoy
bien une étoile
Que
tu nous décrocheras là-haut
Toi
qui tutoies le Ciel...
Elle
est passée par ici, oh
Elle
repassera par-là, ah...
Elle
vole elle vole la Spatule
Au
secours du maître queux
Qui a
du plomb dans l'aile...
jill
bill (sans lien)
Enquête saisonnière :
Ce jour-là, dans un grand cri, le printemps s’envola
emportant sur son dos, les rameaux de sa tendresse. Aurait-il eu peur de
l’été ?
Depuis ce jour, happées, par la pression des ardeurs
humaines, les saisons, en émoi, se heurtent et se bousculent. Leur tension
évolue au plus haut de la gamme. Un jour sans, un jour avec, leur moral, en
porte à faux, s’enraye.
Sans la tendresse du printemps, point de chaleur de
l’été, point de couleurs de l’automne, adieu le manteau blanc de l’hiver…
Le ciel, rancunier, s’embrume. La terre tantôt se
dessèche, tantôt s’inonde, tandis que le baromètre du temps cherche sans
relâche où le printemps a bien pu s’envoler ?
Si, au gré de vos promenades, vous le rencontriez,
dites-lui combien, sans lui, le monde est déboussolé…
La spatule joueuse
D'un long ruban feuillu
Fera son nid
Le ciel est à l'oiseau
Il est voyage
Un nuage de chaleur
Un souffle et le vent tombe
Tout est silence
La mouche ne zonzonne plus
Le soleil écrase tout
Je volerai bien loin
Tu viendras boire à la source
Quand le sable aura tout recouvert
Il neigera des cendres
La
grande Dame blanche
Où voles-tu grande Dame blanche avec ton
étole de verdure ?
Est-ce ainsi qu’à présent tu te prépares
pour ta danse nuptiale ?
À moins que ce ne soit fête autour de
l’étang, une sorte de mardi-gras où les oiseaux, enclins à se divertir,
viendraient grimés, sur le thème du végétal.
Peut-être es-tu tout simplement en route
pour les îles où des ukulélés t’attendent, impatients de te voir danser avec
leurs vahinés.
Je rêve de tout ce que je ne sais pas en
te voyant.
Ta grâce enchante le quotidien du ciel,
vision peu banale que celle d’un oiseau habillé de verdure.
Mais je sais que tu chantes belle Dame
blanche.
Annonces-tu le renouveau ?
Portes-tu sur ton épaule ce qui peut-être
demain accueillera ta descendance ?
Comment savoir, moi qui ne sais pas ton
chant, moi qui rêve dans la dimension rétrécie de mes pauvres idées d’espace et
de liberté ?
Vole Spatule
porte loin ton étole
-le vert de l’espoir
À l’horizon, disparue,
s’arrêtera mon rêve.
Mon livre Romano les lettres à Grand-père est sorti c'est ICI
dimanche 23 juin 2019
pour la page 147
Carine Noushka & sur face book |
"Un peu de légèreté ce matin avec une jeune Spatule joueuse"Le Teich, GirondeNikon: D500 + Nikkor 800 mm f/4
Merci Carine !
vendredi 21 juin 2019
Page 146 les deux routes
Angelica Kauffmann, Autoportrait hésitant entre la Musique et la Peinture, 1791, huile sur toile, 147 x 216 cm, Nostell Priory, Nostell |
Choisir :
Chance et richesse
D’avoir plusieurs passions –
cordes à son arc
Au royaume des chances, elle
possédait la richesse des passions, en gerbe de talents qu’elle rêvait
d’assouvir. Le temps, la vie, les conseils devaient l’aider dans son choix.
Le temps lui dit d’être patiente.
La vie lui dit de suivre son
chemin.
Le premier conseiller lui dit
blanc.
Le second lui dit noir.
Le troisième préféra se taire…
En son cœur
chantaient les notes de musique
lyre en délire
Au bout de ses doigts
dansaient pinceaux et couleurs
en œuvres d’art
Trottant dans sa tête
joyeuse farandole de mots
richesse d’une plume
Chacun plaidant pour sa cause et
la belle, ayant envie de tout, dut se décider entre tout ou rien. Privilégiant
le pinceau, elle n’abandonna pas pour autant notes et mots qu’elle enfouit dans
son jardin secret, le cultivant avec amour.
Loin d’Angelica
au creux de ses émois
elle se construit
Chaque corde trouvant sa place,
elle trouva son style.
Le temps lui donna raison,
La vie traça sa route.
Le premier conseiller soupira.
Le second fronça les sourcils.
Le troisième garda le silence.
Pour s’épanouir
elle resta toujours elle-même
au risque de ses choix
Si par hasard, tu passes sous ses
fenêtres à la tombée du jour, tu l’entendras chanter ses refrains aux étoiles
éclairant ses états d’âme.
Ainsi
vécut...
J'aime
le pinceau et les notes
La
peinture et la musique,
Suis
tiraillée entre deux muses...
Diable
dit mon père
Entre
tableau et Opéra
Te
faut l'avis d'un homme d'église, en plus,
Le
mien, tu le connais !
Comment
choisir entre deux amours, mon père,
Tout
comme entre deux hommes
Que
j'aimerais pareillement...
Le
choix de la raison
Doit
l'emporter sur celui du coeur, ma fille...
Portraitiste
pour la Haute
Et
dans toute la cour d'Europe
Fera
ta fortune et renommée,
On
parlera de toi en vers
Tant tu impressionneras par ton talent,
Les
musiciens, eux, sont traités en parias...
Que
voilà bel avenir doré, mon père,
A
votre musique des mots
J'en
suis toute chose
Et
n'ose vous désobéir,
Soit,
je prendrai le chemin du chevalet
Non
sans un soupir pour l'autre...
Ainsi
vécut
Angélica Kauffmann
jill
bill (tjs sans lien)
« Est-ce
Dieu ou le diable » ?
Cerbère
ou Carabosse
aux
portes des enfers ?
Toutes
les fées d'Aurore ?
Enfant
prodigieuse
préservée
des sortilèges
d'un
malin chanteur
enchanteur
au ciel de lit
d'une
dame restée au lac ?
Quoi
? Il faudrait donc choisir ?
De
ses dons en sacrifier ?
Épineux
dilemme
bien
futile en vérité
à
l’œil et l'oreille
de
toutes ses sœurs reléguées
à
la cuisine, au rouet
ces
jeunes épousées
vouées
à la maternité
de
lignées fertiles
ou
vie de prières
dès
le milieu de la nuit
d'un
cloître accueillant
riches
veuves, pauvres orphelines
entre
lumières et silence.
Belle
enfant prodige
bénie
des dieux et des fées
Peintre
ET musicienne
Reconnue
par ses pinceaux
quand Musique fut son loisir.
Barbara Chapeau Bas
Les deux routes
Le lys se morfond d’aimer deux
fois. Entre deux muses, son cœur balance.
Deux routes, un seul choix
combat du bien et du mal
regard d’église
Qu’en aurait dit le prêtre si,
pis que la musique, le lys avait aimé les planches ?
Filles perdues
que celles du théâtre
qui préfèrent le rouge au blanc
Sois peintre ma fille. Sagement
dans ton atelier, brode du bout de ton pinceau, favorise le silence des
couleurs à l’éloquence du spectacle.
Adieu musique
un jour, je dirai mon regret
sur la toile.
lundi 17 juin 2019
Pour la page 146, il faut choisir !
Angelica Kauffmann, Autoportrait hésitant entre la Musique et la Peinture, 1791, huile sur toile, 147 x 216 cm, Nostell Priory, Nostell
|
Nous sommes en 1760, Angélica Kauffmann a du mal à choisir entre la peinture et la musique.
Son père, peintre, lui conseille de prendre l'avis d'un prêtre.
Angelica Kauffmann, Portrait de Johann Joseph Kauffmann, 1761-1764, huile sur toile, 63 x 50 cm, Musée d'État du Tyrol, Innsbruck
|
Celui-ci lui déconseille le milieu sulfureux de l'Opéra, où les artistes sont souvent traités en parias.
Angélica suivra donc le chemin de la peinture, deviendra très en vogue dans la seconde moitié du XVIIIème siècle et devînt une portraitiste renommée en Europe.
Angelica Kauffmann, Autoportrait, vers 1770-1775, huile sur toile, 73 x 61 cm, National Portrait Gallery, Londres
|
vendredi 14 juin 2019
la page 145 Cyprès
Image Jeanne Fadosi |
La verrue bleue
« De la verrue bleue
dans la cuisine de sorcière
Secret d'élixir »
Potion contre les maux
Maux de l'hiver,
On ne réveille pas le pharmacien
Dans une nuit de quintes
Il va au bois
Le bourg à l'ancienne
En sabot frapper à la porte
De chez Esméralda...
« De la verrue bleue
et autre bouton à fièvre
Sirop de sorcière »
Un toc toc toc
Sous la lune en blanc manteau
Contre un flacon guérisseur
Recette ancestrale
De sorcière de mère en fille
Au vieux
livre des baumes...
« De la verrue bleue
fruit du perlim'pin'pin
Poudre
ver'tueuse »
jill bill
(pas de lien)
Le
nain devenu géant
Le
grand jour est décidé. Ses yeux tristes lancent au cyprès mille lueurs comme
autant de signaux. Si sa décision est ferme et définitive, elle n'en est pas
moins un crève-cœur. Pourquoi n'a-t-il pas poussé le long d'une route de
Provence ou en bordure d'un champ du plateau ?
D'où
viennent ses ancêtres ?
Ont-ils
servi de modèle
d'une
nuit étoilée ?
Il
avait vu la première lumière du jour dans une sorte de nurserie pour
végétaux. Une main exercée à l'art du bonsaï l'avait taillé en gestes précis.
Main de professionnel nourri davantage au suivi flatteur des tableaux et des
courbes de rentabilité. Si du moins cette main mutilant sans pitié avait été guidé
par quelque beauté !
Esthète
de son art
se
projetant dans son œuvre
en
flattant son chien !
Jamais
il n'ombrerait la tombe d'un cimetière. On l'avait replanté dans un jardinet,
coincé entre un ancien muret de pierres sèches grossièrement jointoyé de
mauvais ciment, le privant du soleil du matin et un pavillon le plongeant dans
l'ombre de novembre au printemps. Entre le sapin de Noël et le vieux pommiers
généreux des deux jardins voisins.
Ils
avaient pris langue,
en
réseaux fins d'entresol,
clôtures
abolies.
Le
vieux pommier à moitié mort avait fait place à un jeune pêcher malingre.
L'arbre de Noël, griffant le toit sous les tempêtes, avait fini par être
sacrifié. Le cyprès ébloui par le ciel en avait oublié son destin de bonsaï. Le
nain voulait devenir géant, pour papoter avec les nuages.
D'une
année à l'autre
toujours
plus haut se hissait
l'ami
des oiseaux.
Le
grand jour est pour demain. Les esprits des arbres animent les fruits généreux,
offerts en pâture aux colonies de volatiles. Tant bien que mal, le territoire
s'organise au fil de la journée. Mais depuis le printemps les pies viennent y
faire leur loi, depuis les branches hautes.
La
lumière du soir
adoucit
leur déchirure
dans
les yeux mutins.
Illustration
musicale
Maxime
Le Forestier, Comme un arbre dans la ville
Poings
gantés de bleu
petits
boxeurs cyprès
tisseurs
de dentelle
Même
pas peur, chantait la cigale
De
quoi aurais-tu peur ? Répondait le cyprès. Mes poings sont de velours,
innocents, jamais ils ne frappent. Au creux de mes mains se tricote ma
grandeur. Demain mon chapeau saluera les étoiles.
S’ouvrir
au soleil
en
camaïeu de verdure
toujours
plus haut
Échelle
vers le ciel, le cyprès, en bordure des tombes, élève le chant de la cigale,
porteur de la complainte des hommes. Elle chante tout le jour, écoute toute la
nuit. Les secrets dont elle se fait écho, unissent terre et firmament.
Silence
au cimetière
respect
des morts et des vivants
les
cyprès veillent
Elle
est allée si loin
Pour
se mettre si près
et
prendre une photo
pour
nous dire combien
l'ombre
et la lumière sont inséparables
Elle
connaît leur mélodie
trois
fruits ronds
trois
notes
fa
do si
Elle
sait la musique
celle
des mots
celle
des photos
celle
de la vie
Pour
elle je monterai cueillir la lune
à
la cime du cyprès.
Petit
peuple
Derrière
la grange s'étale un grand cyprès de l'Atlas, il abrite un petit peuple de
lutins bleus et ronds, qui nagent dans la verdure comme des bouchons sur l'eau
Ils
s'agitent au moindre souffle, au moindre battement d'ailes, et quand croassent
les corneilles ils se rassemblent face à cet oiseau de noir vêtu...
Un
nid de tourterelles
dans
un creux des branches
accueille
un tourtereau
Le
petit peuple au grand cœur , brusquement s'est rassemblé, les corneilles
voulaient attaquer le nid, mais il se sont alors agités si fort que les oiseaux
lugubres se sont envolés
Et
voili-voilà
C'est
l'histoire bien simple
que
la nature m'a conté
Un
jour, j’aurai des ailes
Les
angelots du cyprès observent la prairie. Le feu allume les pistils sous les
grésillements des élytres.
L’été
s’installe
avec
profusion de pluies
-
bottes en caoutchouc
Les
gens passent sans rien voir, qui regarde encore les arbres ? Ils sont bien
trop occupés à courir, est-ce si important ce qu’ils ont à faire ?
Sous
les œillères
le
regard se tient fixe
la
solitude
Une
petite fille s’arrête, luxe de l’enfance que de rêver. Elle observe le cyprès
et, touchant du doigts quelques épines, lui dit :
Tu
sais Cyprès, moi
un
jour j’aurai des ailes
comme
tes anges
je
m’envolerai vers toi
j’espère
que tu m’attendras.
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