Bienvenue dans l'Herbier de Poésies. Vers libres, prose poétique, expression libre des profondeurs de l’instant qui se dit sans rime ni métrique imposée. Mais aussi Haïku & famille favorisant le fond plutôt que la forme.
Contraste
sur l'écran blanc de neige qui éclaire la nuit de flocons. Vais-je m'endormir
doucement en ces soirées douces-amères ? Où se protègent les mésanges bleues
picorant dans l'herbe mouillée ces jours derniers ?
Tant
d'effervescence
dans
le silence de la nuit
anime
les rêves
Les
sons ont déserté la neige muette. Dans ma tête se bousculent tant de propos
lus, et mes dix mille mots de douceur que je prononce en silence et en vain
dans la certitude de ne pas être entendue.
Propos
en fusion
dans
l'ardente incandescence
de
mon impuissance
Mon
téléphone éteint, je n'ai pas vérifié les derniers sms. J'éteins la lumière et
m'abandonne à Morphée. La radio en sourdine n'émet rien, enraillée sans doute
par le froid, son ronron ne me bercera pas pour m'endormir. Mon esprit vide
glisse doucement dans un autre monde.
Par Jamadrou, deux textes. Un qu'elle avait écrit avant la proposition et un à sa suite.
1. Il
y a bien du rouge du vert et du bleu nuit, des couleurs qui coulent et des
couleurs qui crient des couleurs qui toussent poussent moussent mouchent et une
petite touche de jaune comme une lumière au loin.
Quand arrive la nuit sur la pelouse bleu nuit de mon
syndrome bronchitique tic tac tic tac le temps s’étire il est interdit
d’interdire pourtant une pancarte indique : «interdit de s’allonger» et moi qui
aimerais tant dormir! Vous me croyez seule sur ma pelouse bleu nuit? Oh non je
ne suis pas seule il y a bien:
-une locomotive qui me suit
-un vieux tacot qui a du mal à démarrer
-des pas sur des herbes en automne ça sonne sec et
cassant
-un caillou lancé contre un paravent métallique
-un avion tournant et son bruit assommant
-un oiseau siffleur qui prend la relève
-au loin une vache meugle sa solitude
-j’entends aussi le grand vent du Nord
-un bébé qui pleure
-un ressort qui s’étire
-des portes qui grincent
-un feu qui fait claquer ses langues de flamme
-arrive alors un peu de calme avec juste des
bavardages tamisés au loin qui brouillent les pistes
-runes runes runes
-c’est alors qu’un plancher se met à craquer et fait
fuir le sommeil
-la pancarte rigole
-pas besoin de dresser de procès verbal le verbiage
je connais j’ai compris
-il ne me reste plus qu’à m’asseoir dos au mur et à
me faire mon cinéma de plein-air plein poumon pleine
nature peinturlure.
2. Je
regarde maintenant ce tableau, il est à jamais associé à mes maux
S’il arrivait qu’un jour il ait la cotte
En grimpant cette côte j’aurais la vraie valeur de
mon souffle époumoné et la température véritable de mon corps. Le bronchitique deviendrait alors artiste trébuchant
et quand des cliquetis pas trébuchants du tout circuleraient, tu entendras
peut-être la sonate d’une réponse sur la valeur du tableau donc du peintre.
Au
milieu de mes rêves, j’ai croisé un drôle d’artiste, ce n’était ni lui, ni
l’autre. Juste un funambule, jongleur de couleurs au pays de la lune.
Planètes
en palettes
en
son cirque noctambule
visiteur
des songes
Mon
sommeil m’aurait-il trompé ? Serais-je en présence d’un allumeur de
réverbères ? Petit Prince où es-tu ? Pourrais-tu éclairer ma
lanterne ?
Ni
d’ici ni d’ailleurs
voyageur
de mémoire
almanach
des rêves
À
l’aube, lentement, il s’éclipse, le soleil darde ses premiers rayons. Ma
pendule intérieure ordonne ses souvenirs. Seule la nuit permet de brouiller les
cartes de nos coups de cœur artistiques.
Je pense aux hommes volants de Folon : début de la vidéo
Le Petit Prince a pris de l'âge avec le
temps le voici quittant sa planète, prenant son chapeau et son manteau un peu
démodé il est parti voir ce qu'il se passait ici
Prince désabusé
ses cheveux d'or devenus gris
les roses ont fanées
Adieu les étoiles, les roses, les renards, il revient sur la planète bleue, il
revient sur celle qu'un jour il a appelé Terre des Hommes afin de constater
comment vous vous conduisez.
Avez vous encore la valeur de l'amitié,
votre vie a-t-elle un sens ou bien est - elle vaine de valeurs ?
Naguère
vous l'auriez rencontré dans les allées des baraques d'une foire ou à la sortie
de Mirapolis, faisant chanter son orgue de barbarie ou proposant pour quelques
sous un ballon de baudruche, ou encore près d'un cirque itinérant, promenant
les gosses sur le dos d'un poney ou d'un lama fatigué.
L'homme
au chapeau mou
déambule
dans les rues tristes
passant
invisible.
Hier
peut-être, à la foire du Trône ou sur un marché de Noël, vous auriez acheté pour votre petite fille
une énorme barbe à papa ou une pomme d'amour chatoyante. Mais les gosses le
frôlent sans le voir, écouteurs vissés aux oreilles, doigts experts dansant sur
leur clavier virtuel.
Il marche dans la vie, comme irait un somnambule. Cherchant
à la lumière des astres le sens qu’il pourrait donner à ses personnels
désastres, tandis que les lumières de la ville lui font des bulles de pensées.
Il avance : le chapeau melon
mou, la cravate en nœud serré
comme la corde d'un gibet et le
regard triste.
Mains serrées en poche
Mal rasé et front plissé
Chaque balle, un monde.
Chaque pensée est une planète où il s'égare, la nuit est devenue son habituel enfer. Elles
vont les sphères, colorées ou
transparentes, et lui dans leur ballet ne trouve plus ni sens, ni envie de rien
faire. Il va, perdu, épouvantail
immobile dans un tourbillon qui le fatigue et l’indiffère.
« Poète des sphères
Quêteur de mots, viens donc
Chez moi, prendre un verre ! »
L'homme a levé
le nez, souri un instant, il m'a fait un signe : de ceux que l'on
fait à son ami. Puis ses épaules sont tombées. Il poursuit sa route, traite ses
pas vers le Pont aux illusions :
où coulent noires les eaux lisses et calmes qui l'attirent. Bel endroit
pour les noyer. Je l'ai vu hésiter un moment sans rien savoir faire.
Témoin d'une mort
Je demeurai immobile,
Fol, l'esprit glacé
Chacun put entendre le baiser mouillé de l'eau du fleuve,
quand sur le malheureux il referma ses bras comme on le fait de ses lèvres. Un
seul aurait pu sauver l'homme au melon mou, victime
de ses pensées suicidaires. D'un
seul geste, d'un mot, j'eus pu le gagner à la vie. Je l'ai gâché le seul pas
décent que j'aurais dû faire. Je
déambule, depuis, chaque nuit par la ville, entouré de mystérieux halos
circulaires : appelé, appelé
bruyamment par la paix des rivières.
Je
rentrais tard ce soir-là, mains dans les poches, je marchais vite pour me
réchauffer tout en pensant au parfum de la soupe qui m’attendait. Soudain, en
levant les yeux, je l’aperçus.
Marchant
dans le ciel
comme
une ombre entre les astres
il
m’observait
J’oubliais
le froid, la soupe. Le nez en l’air, je restais là, subjuguée comme un chien de
chasse à l’arrêt. Qui pouvait être cet inconnu des nuages ? Le petit
gardien d’étoiles du livre qui berça mon enfance ?
Tout
ridé, barbu
comme
il paraissait vieux
-l’enfance
est loin
Le
temps de penser au temps, l’homme des étoiles avait disparu. Elles me l’avaient
repris.
Dans la rue froide, les lumières factices éblouissent l'homme fatigué, il erre en cherchant son petit compagnon...
Il n'y a personne pour le rassurer, l'aider, l'univers tourne là-haut et dans son cœur, à grande vitesse, comme une toupie, il en est étourdi, il songe avec tristesse qu'il y a bien longtemps il était beau et plaisait tant !
Merci de ces participations où la femme et la création sont à l'honneur dans toutes leurs dimensions d'Êtres en Yin.
Merci à notre amie Françoise la marmotte qui, attirée par le bleu est revenue vers nous en brins de mots tricotés façon "les alpages".
Merci à ceux qui nous lirons, ici ou sur nos blogs respectifs, et qui n'ont pas pu participer. À ceux-la je rappelle qu'il y a toujours un petit coin des retardataires.
Merci enfin, de notre part à tous, de vos petits mots laissés en commentaires.
Le bleu
s'insinue d'abord par traces, dans l'ombre de mots, de phrases insidieuses,
dans l'intonation ironique. Un regard qui contredit le compliment de la
première.
tu es en
beauté ce soir
tu as
cassé ta tir'lire ?
Les bleus
à l'âme se succèdent, juste des ombres bleutées, font leurs nids en silence.
Chaque mot, chaque petite phrase, même sans escalade, font de plus en plus mal.
Tu ne les
sens pas
enrubannés
des douceurs
de tes
illusions.
Parfois
viendront les coups. Les plus maladroits laissent des bleus. Les plus habiles
savent ce qui ne laisse pas de traces visibles.
*
Il faut écouter jusque vers la fin pour comprendre mon choix
Au-delà
du réel surgit l’émotion
Un
appel à des réminiscences
Et
au trouble vertigineux
Devant
un corps cabossé
Qui
émerge des abysses
Bleu
de froid recouvert de glace
Malgré
les convulsions de la matière
Une
étrange et angoissante immobilité le fixe
Épinglé
sur une planche d'entomologiste
Otage
de la vie
La
prisonnière de son corps
Cherche
à s'évader
Josette
https://bricbracdejosette.blogspot.com/
Comme
un oiseau englué
La
forme se cherche, tente de s’extirper du magma.
Lutte
perdue ?
Qu’importe,
le chemin est plus important que le but.
Comme
un oiseau englué se débat, l’expression condamnée à l’informel s’épuise. Un cri
peut-être, parcourant la vibration du bleu, s’évade un instant vers
l’improbable avant que de s’évanouir dans l’insondable néant.
Monstruosité
du chaos, la vie ne peut naître sans contractions et sans combat.
Ici
rien n’est totalement défini, tout se cherche.
Combien
faut-il de sursauts, d’ongles cassés, de reculs et d’avancées pour tenter
d’échapper au désespoir de ne pas réussir à être.
Car
la loi ici, c’est s’affirmer, s’extraire de la gangue pour devenir