Bienvenue dans l'Herbier de Poésies. Vers libres, prose poétique, expression libre des profondeurs de l’instant qui se dit sans rime ni métrique imposée. Mais aussi Haïku & famille favorisant le fond plutôt que la forme.
La forteresse au regard de sphinx dérive sur la
mer comme un iceberg arraché à la banquise. Tête d’homme marquée d’une croix,
raccommodée de bleu, d’acier. Cette cousine de la créature de Frankenstein
semble dubitative.
Sensibilité
ce que l’on croit des monstres
une absurdité
L’œil à l’écoute, l’oreille au aguets,
entend-elle la folie qui agite le monde ? Vomit-elle cette eau qui
ruisselle de sa bouche sur l’ardoise de son socle, comme on se libère d’un trop
plein de désespoir ?
Les brins de l'herbier sont très touchés de votre nouvelle participation à nos pages par le prêt de cette œuvre. Nos mots salueront encore une fois votre talent. Merci !
Ce
matin c’est cette idée qui flotte au-dessus de ma page blanche.
Qu’est-ce
que je fais chaque matin de si bonne heure devant ce cahier
journal ? En fait je ne fais presque rien, j’écoute mon âme. Je ferme les
yeux pour mieux l’entendre et je la vois. Ellipse dans le noir, faite de
hachures sombres et grises : pousse-pied agrippés au rocher et d’un point
lumineux blanc, qui semble vaciller telle une lumière dans ma
nuit ; j’entends qu’elle essaie de me donner une certaine idée
de la transparence. Je la vois nette et bien propre comme ma ville très tôt le
matin quand l’aube vient juste de pointer son nez et qu’il y a si peu
d’activité. Elle flotte mon âme et respire avec retenue de peur de
« s’empiager » (comme on dit dans ma langue en Dauphiné) sur des
éclats d’espoir d’une vie au pavage fragile où les éléphants roses avancent
sérieusement.
Lorsque naquit
au monde le peuple des hommes, durant des nuits et des nuits, Ils tremblèrent
sous le ciel d’été et pire encore sous le ciel d’hiver.
Terrifiés,
longtemps, ils y sentirent dangers et présences.
Longtemps, ils
n’y regardèrent l’ombre que comme une menace.
Ils avaient si
peur : une multitude d’yeux les regardaient vivre.
Une voix,
parmi eux, alors s’éleva :
Le ciel est
matrice.
Yeux d’hommes
hallucinés !
L’Été comme
l’Hiver !
La peur
dépassée, les regards s’osèrent imagination, et les nuées devinrent giron des
possibles.
Elles
entrèrent dans un ordre : celui de leurs rêves, celui de leurs désirs.
Les hommes
s’arrachaient entre eux les œillères.
La nuit serait
leur, ils la liraient selon leur cœur.
Elle ne serait
plus noire, ni bleue, elle leur devint scène, et théâtre.
Lion Petit
Renard,
Le peuple
céleste
Devenait
Bestiaire.
Siècles après
siècles, ils jouèrent le ballet, les pièces que nos pères y voyaient se
développer. Cassiopée y enfantait Andromède.
Le cygne y
convolait avec l’Aigle ; Eros s’y cacha souvent, et le Cocher y menait ses
Gémeaux.
Un penseur
sans âme naquit pourtant un jour, qui hurla :
Les cieux sont
froids.
Sans
dieux ! Habillés de vide !
Osez la
tristesse !
De trous noirs
en mystères dévoilés, ils apprirent des savants les chiffres et baptisèrent
l’infini de nombres à puissance.
La voute
céleste devint carte et raisons, elle perdait en magie.
Masse et
diamètre, rayon d’orbite et période de rotation tuèrent bien des regards.
La Voie Lactée
se fit lait froid.
Ne restèrent plus à rêver sous le ciel
que l’enfant et l’artiste, qui continuent par temps clair, d’y lire d’étranges
bonhommes verts faisant des folies salutaires.
De
l’aristochat au chat de gouttière toute barrières rompues, chacun des
deux, en un pas vers l’autre, oublie où il est né.
du
classique au jazz
sur
un registre endiablé
ils
foxtrottent
Est-ce
réalité ? Est-ce un rêve ? Dans le regard de l’autre se savoir
différent et pourtant aimé. Que va dire Madame ? Comment va réagir la
bande ? L’amour a de beaux yeux et le sort en est jeté.
danse
avec matou
au
bonheur des bambins
tout
valse
Au
risque du valet, à la force des amitiés, arriver à ses fins. Madame imaginait-elle que sa tendresse
câline lui permettrait, à elle aussi, quelques entrechats avec son notaire
préféré ?
Dans la
lumière chaude du spot de bureau, un moustique s'est mis à danser. La bestiole
suceuse de sang se réjouissait déjà de la douceur du temps et se frottait les
pattes de la bêtise des humains. Insoucieuse des sagesses orientales préservant
les animaux en laissant crever dans la rue les intouchables, la maîtresse des
lieux a tenté de l'occire. Sans succès faut-il le dire.
Et le
diable ricanait
de son
rire jaune et cruel
au
banquet des gueux.
A l'autre
bout du monde, un violent séisme sous-marin a déclenché quelques heures une
alerte au tsunami. Sans dommage mais non sans répliques. Un nouveau-né a vu le
jour au service des urgences de l'hôpital Du Blanc privé de sa maternité. Une
vieille dame de 95 ans, qui enchantait naguère encore de son talent d'actrice
les amateurs de cinéma, est morte au bout de longs mois de maladie et son fils
veut relancer le débat sur la fin de vie "parce que là, on est très loin
de la dignité et de l'humanité". Or, ailleurs encore, une femme a mis au
monde pour la première fois un bébé grâce à un utérus qui lui avait été greffé.
Apprentis
sorciers
démiurges
d'éternité
pour
survivre à quoi ?
Dans la
douceur du jardin, un chat ensauvagé danse en jouant avec sa proie. Il ne cherche
plus d'abri. Ses faibles miaulements plaintifs ne réveilleront le silence de la
nuit qu'au retour d'autres frimas. Est-il noir et blanc avec ce collier rouge,
souvenir d'un foyer plus ou moins accueillant ? Est-il jaune comme ceux de
cette portée qui prit longtemps ses quartiers dans les granges abandonnées ?
Ce
jour là *Elle était avec Jupiter tout là haut, dans son grand
terrier nuageux.
Elle
criait : « quand tout fou’l camp alors je danse sur place et
n’importe où. Elle déclamait du Prévert un verre de rouge à la main et
du jaune de partout.
Elle
n’avait pas oublié son chat, réincarnation Maya de ses espoirs de jeunesse.
Elle se
trémoussait tel un vieux singe plein de sagesse qui transforme ce qu’il
voit, ce qu’il entend, ce qu’il dit, en alizés nouveaux.
En face
d’elle, sans peur et sans reproche il y a Jupiter, le dieu du ciel et de la terre.
Il veut
danser lui aussi et lui serrer la main pour avoir accès au monde d’en
bas, là où les petites gens, les moins que rien étaient selon
lui atteint de « La flémingite aigue »
Le
Jupiter a comme à son habitude son sourire angélique mais dans ses propos
trop beaux, la belle ne sentait que sa fétide haleine.
Elle a
refusé sa main et ses pas de danse.
A la
place, dans la main tendue, elle a déposé un caillou brillant qu’il a cru
d’or ou d’argent.
En fait
ce n’était qu’un amalgame de grains de plomb à implanter dans sa cervelle.
Trop
lourd il tombera là où une vague de sable jaune pourra le submerger et
l’ensevelir.
Le Monde
sans Jupiter choisira le Chat Maya comme assistant ayant droit.
Ayant
assisté à la destruction de notre civilisation ce Chat saura regrouper nains et
géants ayant pris conscience de la nécessité d’un changement.
Cette
prise de conscience que le Nouveau Monde aura en son cœur. Ce ne sera pas une
boule de feu mais un grand geyser d’où émergera justement La Nouvelle
Conscience.
Ainsi
naitra le LNC avec à sa tête un chat qui pourra, parce qu’il a neuf
vies, apporter au monde un sang perpétuellement neuf.
Sans n’œuf, la poule ne serait pas née
Sans poule, l’œuf ne serait pas pondu
Alors
dans ce monde de la Nouvelle Conscience
Il y aura
beaucoup de poules.
Et ce
sera ainsi, je vous le dis.
* la photo et le début de cet article ont été volés
à Adamante en dépit de toutes les lois sur la protection du droit d’auteur.
Dans le
bleu sidéral, les invitations de la musique donnent des fourmis dans les
jambes bientôt debout ils tournent...
Langage gestuel
les corps libérés de la parole
dansent dans la nuit
Tournoiement
sans fin, cherchent-ils l'extase à l'exemple des derviches aux doigts montrant
le ciel d'une main et la terre de l'autre...
Pas improvisés
ou bien danse rituelle
- parade nuptiale
Quand la
batterie s'affole en roulement de caisse claire les danseurs se balancent à la
limite de la transe. Au centre de ce cercle ardent, agile et sage le matou
tourne le dos avec la vélocité du léopard, il fuit le rythme endiablé
battant en retraite pour son refuge favori.
Au
grenier dans les vieux placards, sous les échelles et les malles vides les
souris et les rats dorment encore, les matous veillent... Dansent les chats
sous
l'orange de la lampe
j'écoute
la nuit
Les
heures avancent, je ne dors pas
Ronde
colorée
la queue
en périscope
le chaton
gambade
Il est
trois heures, j'entends les sarabandes nocturnes, les rumeurs et tous les
charivaris se sont tus,
dans mes
oreilles Harvest Moon balance ses airs d'harmonica
Claquent
les sabots sur la terre battue. Ce soir, rituel : on danse la gigue de
l’éternelle jeunesse parfumée au granit. Adieu arthrite et lumbago ! C’est
la nuit, des « sans dents », des « plus d’âge », des « riens »,
des oubliés, des simples, au fond de leur cambrousse.
Dès
potron-minet
le
chat, griffes endiablées
« tricote-ronron »
le
fil « s’empapillonne »
et
la laine « s’ensouris »
L’éclat
du feu sur une boule de Noël a ensorcelé mes visions. Je rêve !