On change de registre, mais c'est toujours la poésie du quotidien.
Prose poétique de l'instant ou haïbun au choix.
Belle semaine à tous.
Adamante
Ça sèche - photo Adamante D |
Bienvenue dans l'Herbier de Poésies. Vers libres, prose poétique, expression libre des profondeurs de l’instant qui se dit sans rime ni métrique imposée. Mais aussi Haïku & famille favorisant le fond plutôt que la forme.
Jamadrou |
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porte-t-il bonheur?
"
Qui es-tu, lecteur, toi qui, dans cent ans, liras mes vers ?
Je
ne puis t’envoyer une seule fleur de cette couronne printanière, ni un seul
rayon d’or de ce lointain nuage.
Ouvre
tes portes et regarde au loin.
Dans
ton jardin en fleurs, cueille les souvenirs parfumés des fleurs fanées d’il y
a cent ans.
Puisses-tu
sentir, dans la joie de ton cœur, la joie vivante qui, un matin de printemps,
chanta, lançant sa voix joyeuse par-delà cent années."
Rabindranath
Tagore
Qui
es-tu lecteur, "liseur" de mes tableaux?
Je
ne peux t'envoyer ni le parfum de mes fleurs, ni l'esprit du vent qui souffle
dans ma jachère fleurie? Pourtant tu reviens et à chaque fois tu laisses
trace de ton passage.
Viendras-tu
dans cent ans lire ce qui aujourd'hui remplit ma vie et m'emplit moi,
d'allégresse?
Peux-tu
dès aujourd'hui cueillir le parfum de mes roses et la triste
absence de mes autres fleurs?
Sais-tu
combien mon bonheur ne tient qu'au fil de mes pensées, ces petites fleurs
pleines de souvenirs, vivaces mais annuelles, cycliques et vivantes parce que
traversées par la pluie le vent et le soleil?
Sais-tu
tout cela lecteur , le perçois-tu, l'entends-tu à travers mes mots et mes
coups de crayon ?
Puisses-tu
ressentir dans ta joie d'être en vie, mon envie à moi de vivre mes émotions
au centuple à travers mes écrits.
Puisses-tu
ressentir combien est belle la lumière qui précède et qui suit le petit grain
qui arrose mes fleurs. Cette luminosité qui donne aux choses la clarté du
jamais vu . Cette lueur dans mon regard qui devient neuf et capable de saisir
cet instant fugace comme instant magique.
Oui
lecteur j'aimerais tant que ce partage ait le sens plein de ce mot magnifique
qui veut dire "répartition équitable d'un Tout".
Oui
puisses-tu un jour lire mes mots, regarder mes traits et comprendre qui je
suis, qui j'étais.
Un jour j'ai vu les
roses
j'ai pensé à mes
autres fleurs
pivoines
coquelicots
anémones
j'ai dessiné alors
le parfum du jour.
Qui
es-tu, lecteur ou lectrice de passage ?
Ami. e
du passé, esprit du présent, ou de toujours !
Lecteur.trice
du matin, lecteur.trice de demain ?
Oh !
Ami.e d’ailleurs ? Compagnon.e de lettres,
Es-tu libre ? Es-tu plus libre
que ne le fut le sage Tagore ?
Sinon
trouve ta voie, je te prie !
Bien
que nul, comme hier, ne puisse, aujourd’hui, libérer son prochain,
•
Ni
femme, ni homme, ni amant, ni ami.e - …..
Bien
que nul, même, ne puisse vraiment totalement se conduire à lui-même,
•
Bien
que tu ne puisses que t’y abandonner…
Je
veux te dire, au moins, qu’il existe, le sentier de lumière.
Et
y porter tes pas, assurément, tu le peux !
Et
parler ce jour, du chemin de poésie nous est un devoir, peut-être.
T’indiquer
que là, possiblement se trouve l’un des sentiers, vers un être plus libre !
Te
dire d’y courir, sans doute le faut-il !
Alors,
quel est-il ce chemin ?
Celui
du moindre brin d’herbe, de la moindre rose en bouton.
Celui
de la vie qui éclot jusqu’au bout, et qui grandit jusqu’à son terme …
Celui
de la mort qui vient un jour, au terme de l’orbe vitale,
Celui
de son non-refus, autant qu’il est possible ...
En
a-t-on jamais vu, au jardin, des plantes qui secouent le joug de leur devoir,
Le
déterminisme de leur essence ?
En
a-t-on jamais vu des vivants autres que les humains,
Qui
s’interdisent leur croissance, qui nient leur destin ?
L’esprit
de l’homme, l’esprit de la femme
Ont
parfois ce pouvoir - ou cette possible illusion - :
De
tenir loin d’eux, ce qui advient quoi qu’ils fassent.
Devenez
aujourd’hui ces fleurs libres qui ravirent le poète il y a cent ans,
Devenez
ces brins d’herbe où vous invite la Vie, ce matin.
Devenez
donc ces glorieux brins d’herbe où Rivet voit mourir des soleils.
©Serge De La Torre
http://instantsdecriture.blogspot.fr
http://decoeuretdencre.blogspot.fr
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Bonjour, poète,Le parfum de vos fleurs a traversé l’espace et le temps. Qui sait ce qui nous sépare, vous dans votre passé et moi dans mon présent ? Vos mots sont venus jusqu’ici pour embaumer le lieu où je lis. Au travers de vos phrases, je perçois ce printemps, pas totalement oublié, qui vous fit penser qu’un jour, si éloignés de vous alors, d’autres liraient vos vers. Je suis au rendez-vous, je respire votre joie, je la fais mienne, et mes mots à leur tour coulent vers l’inconnu.Quelques lettres, quelques phrases avalées par l’espace qu’il recrachera peut-être, qui sait, un jour plus qu’incertain, au regard d’un hypothétique lecteur. Qu’importe ! Les mots se donnent sans but, tant mieux si quelqu’un les lit, tant pis si ce n’est pas le cas, car tout cela n’est que passage. L’oubli, le vide sont au bout de ce chemin où tout converge et se retrouve.Nous voilà compagnons de route, poète, sur le sentier des pages qui se tournent et nous emportent loin, là où le temps s’efface pour laisser place au sentiment, à la couleur, à la pensée furtive, glissant sur un rayon de soleil ou s’envolant sur un parfum. Tout est à la fois fugace et intemporel.Vous êtes-là et ce n’est pas une illusion, certes un souffle nous sépare, mais, je n’en doute pas, ce même souffle nous unit.Vous êtes si proche dans l’invisible, poète, quand je vous lis à haute voix ces mots qui vous sont destinés, offerts en remerciement de cette cueillette parfumée.Vos fleurs, sachez-le, ne faneront jamais.Adamante DonsimoniEn réponse à un poème de Rabindranath Tagore
Tagore - Image BNF
" Qui es-tu, lecteur, toi qui, dans cent ans, liras mes vers ?Je ne puis t’envoyer une seule fleur de cette couronne printanière, ni un seul rayon d’or de ce lointain nuage.Ouvre tes portes et regarde au loin.Dans ton jardin en fleurs, cueille les souvenirs parfumés des fleurs fanées d’il y a cent ans.Puisses-tu sentir, dans la joie de ton cœur, la joie vivante qui, un matin de printemps, chanta, lançant sa voix joyeuse par-delà cent années." Rabindranath Tagore
Un clin d'œil à Jamadrou, texte retrouvé dans la Page 56 de l'herbier (sur un tableau de Françoise)
Chers abonnés de l'herbier.
Avec les nouvelles mesures pour la protection des données, j'ai reçu une information me disant que le gestionnaire du blog avertissait les lecteurs mais que je devais confirmer (où? je n'ai pas trouvé.) Je n'ai rien vu de tout cela alors, par sécurité, si vous désirez toujours recevoir les avis de parution, je vous conseille de renouveler votre abonnement. Est-ce en rapport avec cela ? je ne reçois plus l'avis de vos commentaires dans ma boite e-mail.
Un grand merci à tous de votre fidélité
Adamante
Pas d’image cette semaine, juste un message venu d’un autre temps où l’écrivain s’adressait à nous qui le lisons aujourd’hui.Je l’ai reçu en cherchant un autre poème et j’ai su que je devais le poster ici. Alors…Prose poétique ? Haïbun ? C’est comme vous le sentirez.Pour vendredi prochain si mon retard à vous faire cette proposition ne vous dérange pas.
« Qui es-tu, lecteur, toi qui, dans cent ans, liras mes vers ?Je ne puis t’envoyer une seule fleur de cette couronne printanière, ni un seul rayon d’or de ce lointain nuage.Ouvre tes portes et regarde au loin.Dans ton jardin en fleurs, cueille les souvenirs parfumés des fleurs fanées d’il y a cent ans.Puisses-tu sentir, dans la joie de ton cœur, la joie vivante qui, un matin de printemps, chanta, lançant sa voix joyeuse par-delà cent années. »Rabindranath Tagore« Le jardinier d’amour et la Jeune Lune » Gallimarddernier poème du jardinier d’amour.
Compositeur, écrivain, dramaturge, peintre et philosophe. Rabindranath Tagore est né le 7 mai 1861 et décédé le 7 août 1941 à Calcutta, Inde, il est le plus jeune d'une fratrie de 14 enfants.Issu de la caste des brahmanes pirali de Calcutta, Tagore compose ses premiers poèmes à l'âge de huit ans. À seize ans, il publie ses premières poésies substantielles sous le pseudonyme de Bhanushingho (« le lion du soleil »), et écrit ses premières nouvelles et drames dès 1877. Son instruction à domicile, sa vie à Shilaidaha (où son grand-père a construit une maison de campagne) ainsi que ses voyages font de Tagore un non-conformiste et un pragmatique. Il fait partie des voix qui se sont élevées contre le Raj britannique et il a soutenu comme Gandhi le mouvement pour l'indépendance de l'Inde. Sa vie est tragique - il perd quasiment toute sa famille et est profondément affligé par le déclin du Bengale - mais ses œuvres lui survivent, sous la forme de poésies, romans, pièces, essais et peintures ainsi que de l'institution qu'il a fondée à Shantiniketan, l'Université de Visva-Bharati. (source Wikipédia)Si vous souhaitez en savoir plushttps://fr.wikipedia.org/wiki/Rabindranath_Tagore
Dessin (non signé ), proposé par Jamadrou, couverture du livret de présentation de la 21 ème édition du festival de la correspondance de Grignan juillet 2016 ( lettres d’exils) |
À la rameParfois à la ramasseLes mots glissentLes mots s’enfuientRebellesSur l’onde du papierIls m’échappentJe tends ma voileJ’implore le ventVoyelles et consonnesSe jettent à l’eauUne de tropUne de moinsFaute ou étourderieMauvais hasardQuelques dents grincentDes sourcils se plissentJe verse une larmeL’orthographe résisteLuttant sans armeJe m’entêteMa plume m’imposeSes imperfectionsAu gré du courantÀ la rameComme à la ramasseSans compassionBlessures et doutesSolidement ancrésAu cœur de soiEn barque.Affaler les voilesSe laisser flotter paisiblement sur mer d’écumeSeules les vaguelettes de mots donnent le tempoNaviguer où les flots de mots portentDériver mais pas sombrerLa vie n’est qu’embarquement d’aventures mot à mot.Jama le 19 mai, à fleur d’image.
Sur une mer de mots, le poèteSur une mer de mots, une vie de recherchechemin d’humanité, d’errances, de découvertesde rencontres,Bonheur des escales partagées entre amisquand on lève son verre pour saluer la lunegommer, d’une lampée, les soucis, les tracas,et parlerParler, de ces riens qui rassurent en glissant sur les vaguesen oubliant la terre, la propriété, les contraintesuni à l’horizon qui absorbe le temps et vous libère l’âmeLiberté des tempêtes qui donnent brusquement sa valeur à la vieet parler aux sirènes depuis le bastingagelorsque le temps se fait serein et que le vin vous griseS’endormir enfin, se laisser dériver,aller où le vent portevoguer ainsi sans but et accomplir sa quêtealler là où soi-même on ne s’attend paspour se trouver et redevenirinfime étincelle d’espace.
D’abord une citation, un extrait qui concerne Li Po qui pourrait être mort sur l’eau, éventuellement un peu ivre, en accord avec notre thème hebdomadaire (Serge de la Torre)La lune, cette nuit-là, brillait comme en plein jour ;« Li-taï-pé (Li Po) soupait sur le fleuve, lorsque tout à coup, au sein des airs, retentit un concert de voix harmonieuses qui peu à peu s’approchèrent du bateau.Il s’éleva aussitôt un grand tourbillon au milieu des eaux : c’était des baleines qui se dressaient, en agitant leurs nageoires ; et deux jeunes immortels, portant à la main des étendards pour indiquer la route, arrivèrent en face de Li-taï-pé.Ils venaient, de la part du Maître des cieux, l’inviter à retourner prendre sa place dans les régions supérieures.Les gens de l’équipage virent le poète s’éloigner assis sur le dos d’une baleine ; les voix harmonieuses guidaient le cortège... bientôt tout disparut à la fois dans les nues »Contes et Nouvelles traduction. Th. PavieOù l’on voit que la légende, communiquée par Serge, prend racine dans un des derniers poèmes de Li Po.Li Po l’immortel banni, « buvant seul sous la lune » Ed. MoundarrenDe Chin Ling, Li Po remonte le Long Fleuve jusqu’à Tang tu. À la fin de l’hiver 761, il se rend à Tsai chi, les Récifs de couleur, au bord du Long Fleuve, chez Li Yang ping, gouverneur de Tang tu, un de ses cousins éloignés. Li Yang ping écrit :« … Li Po est affaibli. Ses manuscrits sont éparpillés en dix mille rouleaux, ils n’ont pas encore été rassemblés. Allongé, il me les tend et me charge d’écrire une préface… »C’est à Tsai chi que Li Po compose ses derniers poèmes.
Pensée d’une nuit calmeDevant le lit le clair de lunecomme du givre sur le solje lève la tête, contemple la lune sur la montagneje baisse la tête, songe au pays natal.
Nous sommes en l’an 762,une nuit de printemps, au bord du Long Fleuve,dans la crique de l’Îlot du Buffle, près des récifs de couleurla lune est claire, extraordinairement claireLi Po, seul sur une barque,ivre se penche pour boire la lune dans l’eauil tombe et disparaît dans le Long Fleuvele miroir des eaux, un instant troublé, redevient calmejuste au-dessus du fleuve, sous la voûte nocturne étoilée,scintille Tai po, l’étoile blanche.Son corps est alors inhumé à Tang tu. Quelques années plus tard (…/…) la dépouille de Li Po est transportée sur la Montagne verte où on l’ensevelit conformément à son vœu. Sa tombe s’y trouve encore aujourd’hui.Peu de temps avant d’apprendre la mort de Li Po, Tu Fu*, son cher ami, lui a dédié un dernier poème où il écrit :« son pinceau se pose, provoque vent et pluieson poème achevé, dieux et diables pleurent. »
Tu Fu (un autre grand poète chinois)
UN PETIT BATEAU BLANC
Il a suivi sa routeLe frêle bateau blancIl a marqué la vague
De folles intentionsJe suis sa traceJe suis le ventJe sens la vie qui nous bousculeComme une mer sans finNous le voyons voguerSur les crêtes mousseusesLorsque la terre s'effondreraSous un ciel d'opaleIl nous conduiraVaille que vailleVers ces contrées lointainesOù le soleil ne se couche jamaismarine Dhttp://emprises-de-brises.over-blog.com/