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vendredi 26 mai 2017

Herbier 77 une goutte...



Image Adamante



Il pleut...

La pluie
Telle un chagrin d'enfant
Gros sur la pomme,
Larmes qui coulent
Sur la joue
Gouttes qui perlent
Sur la vitre,
Ni la mère ni les dieux
N'y font rien,
Il pleure
Il pleut...

Il pleut, averse
Ballet de pébroc
Sur le pavé flaqué...
La pluie dégringole
Sur la vitre,
Fait son cinéma...

J'y vois un bœuf
Qui rumine
Sa mauvaise humeur...

Ah il pleut, il pleut
En pomme d'arrosoir,
L'heure est au pépin...









Sur une feuille aux lignes pures
dessine quelque chose de joli
quelque chose de simple
ta vie.
Tu le sais
pour grandir et s’épanouir
le vivant a besoin de pluie.
Alors ton travail fini
pose ta feuille sous la pluie
Tu verras
des gouttes vont  illuminer ton dessin
véritables parures de diamants
véritables notes de musique
posées juste là
sur la portée de ta vie.

C’est ainsi que tu n’auras plus jamais besoin de parapluie.






 

Poisson de lune

Ombre fantomatique
De nageoires ailées
De bulles et de remous
De fluides zébrures
Le poisson-lune
Accompagne la musique
En lentes chorégraphies
Entre deux eaux
Poursuit son manège
Sa danse interrompue...

Peut-être une chimère
À tête d'éléphant
Surgira des abysses
Accusant l'homme
Sa prédation
Son aveuglement
Honte à ceux qui ont tout
Et qui prennent encore
La nature a des droits

Elle réclamera








 
Quelques gouttes


Quelques gouttes qui coulent sur ton visage
Gouttes de pluie ou larmes dans le paysage ?
Quelques gouttes qui brouillent le ciel de Baudelaire[1]
Larmes de pluie que j’essuie avec ma tendresse


Quelques gouttes de sang à donner aux autres
Un peu de soi, un peu de temps qui peut faire la différence
Quelques gouttes qui coulent de ton corps moins jeune
Mais qui peut encore servir, aimer, s’ouvrir à l’autre

 
Quelques gouttes de sperme qui lavent mon angoisse
Un peu de toi, de sexe qui régénère à chaque acte
L’amour  comme les mots et les lèvres qui disent
La douceur et la violence d’un désir qui excite et apaise


Quelques gouttes de sueur qui rafraîchissent la douleur
De vieillir, le corps qui étouffe ou respire la souffrance
Quelques gouttes de parfum pour réchauffer mon âme
D’un poème des « Fleurs du Mal[2] » au charme vénéneux.


Laura VANEL-COYTTE










Chants de vie

En gouttes d'ombre
lentement transcendées
par la lumière des aubes,
une vie se dessine:
l'image un peu floutée
aux formes imparfaites
où bat un coeur d'amour.
Le miroir d'eau frissonne
aux sons ténus
de ce chant prénatal.
Dans la quiétude
des matins silencieux
où somnole le rêve,
pas à pas,
mûrit le fruit.











Cette journée avait été ensoleillée et douce.
Un aller à Paris par le RER sans fausse note. Train à l'heure. A l'heure à mon rendez-vous. Déjeuner sympathique et savoureux.
Une visite au musée Guimet à la découverte de merveilleux kimonos.
Avec une interrogation restée sans réponse. Comment était-on dessous (nu ou avec d'autres vêtements et lesquels ?)
Au retour, le train s'est enfoncé dans le mauvais temps.
Aussi vaillant que le petit cheval de Paul Fort, il m'a mené à bon port.
Me laissant juste apercevoir entre les gouttes, le quotidien morose des millions de voyageurs qui subissent ces trajets tous les jours et par tous les temps.




Georges Brassens et Nana Mouskouri Complainte du petit cheval blanc - Paul Fort









 

Derrière la vitre
L’ombre d’un menhir
Le noir souriceau  s’abrite
Des larmes du jour
Les gouttes s’accumulent
En grise mine
Oserais-je encore
Rêver au soleil nouveau
D’un jour sans chagrin









Détestables fumées

Sur la vitre éclaboussée de pluie,
Des gouttes faisaient d’étranges bavures.
Dans l’air vicié de nos hallucinatoires effluves,
Sous un ciel noir, encore, de l’orage enfin  passé
Un dernier grêlon à demi fondu,
Libérait son jus sale et morveux.
Dans une soudaine éblouissante lumière,
Sur fond d’une prairie de hautes herbes,
Deux bêtes diaboliques prenaient chair,
Elles étaient  jetées sur un corps de femme,
L’embrassaient de leurs gueules affalées et voraces.
La pauvresse nue, déjà trépassée,
Levait au ciel un regard sans vouloir.
Alors que ses cheveux ondulés
Se mêlaient à la lande inondée.
Maudit déluge, maudite fumée !
Bad trip !
Pour nous, le cauchemar ne faisait que commencer.




La pluie avait essayé d'effacer sa trace,
Vainement.
L'ombre du chien veillait encore sur la maison vide.











Un conte de perles d’eau

Apparitions aquatiques sur le bord de l’évier. Un conte de perles d’eau.
Une femme élancée, sorte de rémanence d’une cité interdite, glisse doucement vers l’oubli ; tant oubliée déjà et pourtant si présente. Seule avec les fantômes à peine esquissés de sa solitude, un doigt sur le menton, elle semble méditer. Elle passe. Elle ne fait que passer, elle ne sait que passer.
Dans les plis de sa robe, quelques ébauches de silhouettes hésitent à se montrer, la crainte les contraint bien plus que la lumière, mais elles l’ignorent.
- « Tu ne seras point.»
Il en faut du courage pour bousculer un tel précepte ! C’est écrit si profondément en soi. Comment s’en départir sans perdre ses repères et risquer de se dissoudre dans un néant supposé pire que la prison dont on connaît chaque mur ?
Le profil d’un Moaï, dans la certitude de sa solidité, domine ces chimères. Le poids est sa puissance. Il méprise la force de l’eau, cette patience qui un jour le couchera irrémédiablement.
Ici, tout n’est que silence. Rien pour troubler la paix d’ombre de l’horizon incertain vers lequel les herbes, bercées par le courant, s’inclinent.
Tout se dessine dans l’instant, l’instant qui n’en finit pas d’être et de se transformer.



 


vendredi 19 mai 2017

Pour la page 77 de l'Herbier







À votre inspiration, belle fin de semaine et à vendredi prochain

ici pour la page de notre précieux livre
(notre anthologie)

ailleurs dans le  décors personnalisé de chacun
(ça change parfois beaucoup notre regard)

pour la découverte des textes
(une petite visite, un petit mot, ça fait toujours plaisir, non ?) 


N'oubliez pas, envoyez vos textes avant la dernière limite, le jeudi midi
herbierdepoesies@free.fr

AD 











jeudi 4 mai 2017

Herbier en pause



Je crois qu'une petite pause m'est indispensable, nous sommes déjà jeudi et je n'ai pas encore eu de temps pour chercher une image et la mettre en ligne. 
Je suggère la reprise dans la semaine du 15 au 21 mai.
Merci de votre compréhension.
Adamante







vendredi 28 avril 2017

L'enfance pour la page 76


Je pense qu'il est nécessaire sur cette page de rappeler que l'herbier est réservé à des textes libres, sans rimes, des textes épurés qui reflètent l'instant dans sa simplicité fondamentale et que nous devons tendre vers la plus grande sobriété.
Je vous remercie d'y être vigilants.
AD


La vendeuse de fleurs  Georgios Jakobides




La môme à Georgios...

De corvée
A chaque soleil
Que l'bon Dieu fait renaître...
Hier des allumettes
Aujourd'hui vendre des fleurs
Sur l'trottoir
Demain, ah demain...
Qui sait
De quoi est capable
Le père Georgios
Pour un franc six sous... !

Achetez mes pensées
M'sieur, dame
Un bouquet contre une pièce...
Les mêmes mots aux lèvres
Les mêmes maux
Matin après matin
Pour la môme rapiécée
Morte de fatigue...

C'est vrai
Qu'elle ferait
Une bien jolie morte...












               Simplicité, abandon et retenue. Elle porte un sarrau rapiécé aux couleurs de la forêt.
Paisible, elle s'est endormie,
Elle présente un moment les traits poupins de l'enfance qu'elle vient tout juste de quitter.
Son corps épouse les lignes du parvis et se réchauffe
aux derniers rayons du soleil qui reflètent sur son visage la chaleur de la pierre.
Elle dort.










Anouch, un bien joli prénom
Qui n'a pourtant pas bonne réputation.
Manouche, manouche, manouche…
Dans le village la petite pauvrette ne fait pas ripaille
Souvent en haillon et cheveux en bataille
Elle fait peur aux enfants, assise devant l'église
Ses fleurs et ses petits paniers ronds posés bien à leur guise.
On dit qu'elle est sorcière,  bohémienne de misère
Rares sont ceux qui la regardent, qui s'arrêtent.
Et des paniers qui en achètent?
Un jour un p'tit garçon tout mignon
Tire la main de son papa dans sa direction.
Le papa dit « bonjour Anouch »
« Je voudrais bien deux petits paniers ronds
pour aller aux champignons. »
Anouch sourit et donne deux petits paniers ronds.
Le papa du petit garçon bien mignon
lui tend des euros et une invitation.
Il a vu dans ses yeux la bonté
le sourire et la lumière.
Trois jours après,
c'était les 6 ans du petit garçon bien mignon
qui a vu arriver à son goûter d'anniversaire
la plus belle des petites fées !
A sa main gauche un joli panier rond
empli de bonbons
à sa main droite une baguette.

Elle était venue de loin à la recherche de l'Amitié
et voilà qu'elle l'avait trouvée.


jamadrou © 24 avril 2017  (A fleur de peau)





Puissants !  Oh ! Inutiles jouisseurs !

Enfant sacrifiée, en attente de fortune !
Porteuse de misères et de loques fanées.
Marchande du plus beau : de l’inutile…
Pourvoyeuse de l’éphémère, de la nature sans profit :
 Petite vendeuse de lavande, et d’autres plus humbles fleurettes.
Lasse, tu t’es assise,
Au seuil d’un palais :
Tombée là, épuisée,
Finalement, fermée aux tristesses du monde,
Tu dors, fillette, et tes rêves sont loin !
On ne t’a, dans nulle de leurs écoles, appris à penser le destin que tu vis :
Alors, d’un rayon de soleil, tu te fais un régal ;
D’une marche, d’un mur chaud, le plus doux des reposoirs,
Et d’une lourde chimère affamée,  le plus charmant des jeux-songes.
Libre, adossée à la pierre de l’histoire, tu imagines le goût d’un  autre monde.
Celui, où enfin règneraient pour tes semblables,
Le droit de vivre son âge, et celui de devenir.

Puissants !  Oh ! Inutiles jouisseurs !
A quoi bon le pouvoir qui est le vôtre, s’il n’est celui de protéger sa vie ?
A quoi bon vos opulences, si elles ne servent à rendre douce l’existence  des enfants,
Et puis la route des ventres creux, le sort des fragiles !

Serge De La Torre







Rien ne vaut son doux visage

Elle baisse les yeux
Ne passes pas ton chemin
Arrêtes là ta course
Aujourd'hui prends le temps
Regardes la
Donnes lui un sourire
Rien ne vaut son doux visage
Elle observe un monde hors de portée
Seul l'oiseau est son ami
Comme lui
Elle attend que le soleil la réchauffe
Si le vent se lève
Il fera  encore un peu plus froid

Ne passes pas ton chemin
Rien ne vaut son doux visage





 



Oubliée l'âpreté
de sa vie de mendigote
Caresse du soleil

Se connecter au grand tout
rêver aux illusions perdues

©Jeanne Fadosi





  


L’enfant des fleurs

Elle ferme les yeux
Elle a quitté le gris, le froid
Elle a quitté la misère, le poids qui plombe l’âme et la cantonne à l’ombre
Elle a quitté la rue, ses cris
Elle a oublié les affiches, les paroles adultes où tout est duel et peur
Elle a oublié ce monde où tout semble se résumer en deux forces opposées
Dans une autre vie, vendeuse d’allumettes
Dans cette vie, vendeuse de fleurs
La petite main des pavés qui propose ses fleurs
L’enfant pauvre, oubliée, vient de s’endormir
Le parfum des bouquets chatouille ses narines
Son cœur se réjouit
La petite princesse des fleurs
La démunie, la va sans rien
Danse sur le rire du rêve
Belle de cette liberté qu’offre le dénuement sans attente :
Savoir profiter de l’instant magique qui se donne à qui n’a rien
Dans son monde, sourde un rayon de lumière
Il traverse ses paupières
Et soudain les passants s’arrêtent
Là, sur les marches, un petit soleil vient de s’allumer
L’enfant
Sans défense
Leur montre le chemin
Le rire, nourriture essentielle de la vie, prend sa source dans l’abandon
Dans la confiance
La vie ne se résume pas à ce que l’on possède
On ne possède pas la vie, c’est elle qui nous possède
Certains amassent en un désir inextinguible
Piétinent, détruisent, manigancent, se goinfrent, affament et tuent
Ignorant qu’à ses richesses se lit la pauvreté du monde.
L’enfant des fleurs le sait
Un parfum, rien qu’un parfum
Et voilà qu’un sourire allume le feu de son cœur
Il s’embrase en un rire gigantesque
Et tout se métamorphose
Toi qui passes et qui la regarde
Ne sens-tu pas la nécessité de ce rire salvateur dont ton cœur a si faim ?
Que sont ces deux rides de désespérance qui barrent ton front ?
Ce sérieux qui te fige l’âme et te glace ?
La vie possède en elle tout ce qui te manque et pourtant vit en toi
L’enfant qui dort, le ventre creux, l’œil cerné de fatigue
Là, devant toi, le sait
Ce pourrait être toi
Toi, dans la pureté de l’Être
Toi, dans un élan d’amour.










Le coin des retardataires


Dans le coin de l'église réservé aux pauvres,
une fillette, assise  et tête renversée semble dormir...
Elle ne dort pas.
Un panier de fleurs en offrande sur les genoux, avec cette ferveur et cet abandon douloureux
que rien ne dérange, elle prie pour son petit frère
que les anges du ciel ont emporté au Paradis...

Chantal R. alias Tootsie



Enfance soie aux cernes bleutés
Petite âme en désespérance
Ni le froid de la pierre
Ni l'indifférence des passants
Ne sauront altérer la douceur du sourire
En attente du premier soleil
Caresse maternante sur voile de tristesse
Cette onde bienfaisante comme une mère aimante
Lentement glisse et réchauffe
Permet aux rêves de s' ouvrir
Comme la fleur s' épanouit
Moment privilégié où s' endort la misère
Quelques instants volés à l'innommable
Où l'espoir a soudain un goût de friandise

Balaline
 

lundi 24 avril 2017

Pour la page 76 G. Jakobides




La vendeuse de fleurs  Georgios Jakobides

J'ai choisi ce tableau qui m'évoque la rue, l'enfance confisquée et la petite vendeuse d'allumettes. 




 
       


11 janvier 1853-13 décembre 1932 
Peintre Grec (école de Smyrne  Beaux arts d'Athènes et Académie des beaux art de Munich)
Il a beaucoup peint l'enfance.










vendredi 21 avril 2017

Les secrets de la page 75

 
Suite aux écrits parus sur la splendide photo de Noushkace mouflon à regard humain, Jamadrou a pris son pinceau et, clin d’œil à Cocteau, nous a offert l’image de ces mouflons à tête d’homme. 
Ainsi, de fil en aiguille, l’image de Noushka a accouché de mots qui ont donné naissance à une image puis encore à des mots… D'où le titre de la page (rien de plus).

Collier de mots, collier d’images, nous pourrions à l’envi continuer cette création et moissonner encore longtemps les brins de nos rêveries.

En tout cas, un immense merci, à vous qui nous offrez des images, à vous qui consacrez du temps et affutez votre talent pour participer,  à vous qui venez lire ici les participations des autres sur ce blog dédié uniquement à l'Herbier de poésies, à vous qui visitez les liens et laissez quelques mots ici ou là, lorsque le temps vous le permet. 

Tout simplement, merci.
Adamante







Quand il ne reste...

Homme ou femme
Dos tourné
À l'avenir
Le fuir par peur
De ce qu'il sera
Se réfugier dans hier
Vécu, vaincu
Petite colline,
Demain
Le voir tel une montagne,
N'est pas mouflon
Qui veut...

Le courage manque
Parfois
Dans l'incurable
Voir se lever un autre soleil
Est une souffrance
Dame la mort
Comme un poison
Qui délivre
Est apostrophée
Quand il ne reste
Que le gris, le noir
De la vie...









Et, progressivement, d'une chose à l'autre, elle cousait,
puis, cuisinait, tissait, brodait,
elle allaitait,
jardinait, moissonnait, lessivait, repassait .......
et, de l'aube au coucher
ne cessait de veiller au bon fonctionnement de sa maisonnée

Elle causait, écoutait, soignait, guérissait
cassait, raccommodait, langeait, guettait, attendait
riait, pleurait, jouait, chantait, peignait, repeignait .... rangeait et dérangeait

Et puis, progressivement, d'une chose à l'autre
elle s'en est allée
visiter l'autre côté du miroir

De fil en aiguille, les conversations allèrent bon train
On dit qu'elle yoyotait de la touffe, perdait le Nord ou les pédales
On la dit folle, un peu, beaucoup fêlée
Quelle misère !
Allez savoir .....



©La Vieille Marmotte,  18 Avril 2017








Transhumance

Nostalgie des nuits de transhumance
regards perdus sous les étoiles
odeurs d'herbe et de suint
coulant dans le soir doux
Un chapelet laineux
comme leste couleuvre
se glisse vers l'alpage
La nuit s'étire en heures mystérieuses
eau vive enveloppée de chaud
quand la bélière souffle sur le silence
Seule cette ondulation de vie
sans paroles et sans cris
ouvre la voie de l'insaisissable














Photogénie d’une course à l’échalote vue par un colleur d’affiches


Regards incisifs, lignes aquilines et lèvres en esquisses,
Si semblables ;  jusqu’à devenir presque parallèles,
Binettes arrachées à quelques palettes de couleurs ordonnées
A une pauvre ribambelle de papiers kraft ou canson gommés,
Posées - au choix – en un illusoire et triste nuancier.
Où domine une femme, aux traits si sévères, au nez trop parfait,
Suivi de prétendants désinvoltes, de visages informels, d’ombres portées :
Profils glabres ou  traits burinés, ricochets de têtes, plus ou moins déformées.

Humanité de couleurs, peuple de cartes et de parchemins roulés :
Vous croyez vivre et n’êtes que des nombres floués.
Escargots illusoires, fous des reines, bouffons des rois :
« Secouez vos peines, rejetez vos jougs, courrez et fuyez !
Sortez des tapisseries, échappez aux murs où l’on vous cloue! »
Quel insensé de son choix mortel, oserait vous couronner ?

©Serge De La Torre le 18/04/2017






 




De fil en aiguille...

Le mouflon se fige
transmettant sa force vitale
à la tapisserie rouge et or.
Apparaît alors
le profil égyptien du dieu Amon
et celui de Knoum le procréateur.

Le fil se torsade en spirale et les cornes deviennent d'abondance.
Dans ce violent tumulte
l'Homme partira  à la recherche de la Toison d'or.

De fil en aiguille
la tapisserie se tisse.
Le bélier avance sans défaillance prêt à défoncer les murailles
droit devant sur de sa puissance.

©Josette








Quand je vois un œil prendre le pouvoir d'une image, un réflexe d'enfant active instantanément quelques neurones de mémoire qui me murmurent silencieusement
"l'oeil était dans la tombe et regardait Caïn"*
Et instantanément s'active une pensée qui interroge.
Quand ? pourquoi ? pour quoi ?
Ici l'œil quadruple n'est ni bien veillant ni mal veillant. 
L'un veille. L'autre s'étonne et l'étonnement prévaut. 
Le troisième doute un brin d'herbe suspendu à ses mots.
Le quatrième. Ah le quatrième !
Il a tiré la courte paille, un sommeil d'éternité semble déjà l'endormir.


*Dernier vers du poème de Victor Hugo, La conscience, évoquant dans la bible Caïn le premier fils d'Adam et Eve, chassé après qu'il ait tué son frère Abel.




Et une deuxième participation (j'avais oublié le titre donné à la page et cela a sans doute son importance)



De fil en aiguille
de Caïn à la conscience,
de l'homme à l'image de Dieu
à "tu aimeras ton prochain comme toi même".
Paradoxales injonctions qui poussent à se détester soi-même.
de Caïn à Narcisse.
des Livres à Freud
de L'œil de la tombe avec Victor Hugo
aux yeux des paons dans les fossés du château d'Angers.
Ne dit-on pas être fier comme un paon ?
Du château d'Angers à sa célèbre tenture.
De la genèse à l'apocalypse.
Du début à la fin.
Finir
Fa Do Si*
De la fin à un autre début.

*Fa Do Si, je l'ai appris bien après avoir inventé ce titre pour mon blog, signifie finir en langage solrésol, un autre langage à ambition universelle appelé encore du nom de son inventeur le langage de Sudre.









 
Tiré par les cheveux...

Entre un fer à friser et un fer à repasser
Enroules enroules mon ami
Coiffé de volutes
Et de circonvolutes
Tu arbores un curieux portrait
L'image que tu donnes
Me laisse perplexe
Il me faut choisir
Bel ami
Entre Isis et Osiris
En tout cas
Tu m'as fait rêver
Et voyager...











La paille du destin

Quand l’image enfante les mots, quand les mots enfantent à leur tour l’image,
on peut se dire que le cycle des transformations est un cercle parfait, une roue qui brasse les atomes de vie comme une tricoteuse assemble ses mailles, avec patience, l’une après l’autre, pour créer son ouvrage. Que de temps passé à tisser l’éphémère ! Que d’heures offertes à la poussière du temps. Que de vanité dans ce parcours de vie que l’on voudrait éternel.

Ici, l’histoire semble vouloir se transformer. Cléopâtre unie à Antoine chante sous le casque d’or des vainqueurs sur fond de drapeaux, arabesques et traits aquilins. Aucun Octave dans ce chant, à peine un bémol, un rien pour contrarier l’impossible.
À leurs pieds, quelques profils se cherchent, le désir s’exprime par la quête d’un baiser. Mais derrière eux, ceux du destin, une paille dans leur bouche obverse, insufflent en silence le souffle de la tragédie. Est-il possible d’échapper à son destin ? Peut-il être des amours heureux qui ne soient pas sans attache ? L’histoire nous dira que non, à condition de connaître l’histoire et je me demande d’où vient cette faculté d’oubli qui pousse l’humanité à reproduire sans cesse les mêmes erreurs au travers de ce chapelet génétique qui forme les vagues générationnelles de l’incarnation.

Un mouflon à visage humain exprimerait-il ici le regard du sphinx ?