Pour vendredi 9 juin 2017
Bienvenue dans l'Herbier de Poésies. Vers libres, prose poétique, expression libre des profondeurs de l’instant qui se dit sans rime ni métrique imposée. Mais aussi Haïku & famille favorisant le fond plutôt que la forme.
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vendredi 2 juin 2017
vendredi 26 mai 2017
Herbier 77 une goutte...
Image Adamante |
Il pleut...
La pluie
Telle un chagrin
d'enfant
Gros sur la pomme,
Larmes qui coulent
Sur la joue
Gouttes qui perlent
Sur la vitre,
Ni la mère ni les
dieux
N'y font rien,
Il pleure
Il pleut...
Il pleut, averse
Ballet de pébroc
Sur le pavé flaqué...
La pluie dégringole
Sur la vitre,
Fait son cinéma...
J'y vois un bœuf
Qui rumine
Sa mauvaise humeur...
Ah il pleut, il pleut
En pomme d'arrosoir,
L'heure est au
pépin...
Sur une feuille aux lignes pures
dessine quelque chose de joli
quelque chose de simple
ta vie.
Tu le sais
pour grandir et s’épanouir
le vivant a besoin de pluie.
Alors ton travail fini
pose ta feuille sous la pluie
Tu verras
des gouttes vont illuminer
ton dessin
véritables parures de diamants
véritables notes de musique
posées juste là
sur la portée de ta vie.
C’est ainsi que tu n’auras plus
jamais besoin de parapluie.
Poisson de lune
Ombre fantomatique
De nageoires ailées
De bulles et de
remous
De fluides zébrures
Le poisson-lune
Accompagne la musique
En lentes
chorégraphies
Entre deux eaux
Poursuit son manège
Sa danse
interrompue...
Peut-être une chimère
À tête d'éléphant
Surgira des abysses
Accusant l'homme
Sa prédation
Son aveuglement
Honte à ceux qui ont
tout
Et qui prennent
encore
La nature a des
droits
Elle réclamera
Quelques gouttes
Quelques gouttes qui coulent sur
ton visage
Gouttes de pluie ou larmes dans
le paysage ?
Quelques gouttes qui brouillent
le ciel de Baudelaire[1]
Larmes de pluie que j’essuie avec
ma tendresse
Quelques gouttes de sang à donner
aux autres
Un peu de soi, un peu de temps
qui peut faire la différence
Quelques gouttes qui coulent de
ton corps moins jeune
Mais qui peut encore servir,
aimer, s’ouvrir à l’autre
Quelques gouttes de sperme qui
lavent mon angoisse
Un peu de toi, de sexe qui régénère
à chaque acte
L’amour comme les mots et
les lèvres qui disent
La douceur et la violence d’un
désir qui excite et apaise
Quelques gouttes de sueur qui
rafraîchissent la douleur
De vieillir, le corps qui étouffe
ou respire la souffrance
Quelques gouttes de parfum pour
réchauffer mon âme
D’un poème des « Fleurs du
Mal[2] » au charme vénéneux.
Laura VANEL-COYTTE
Chants de vie
En gouttes d'ombre
lentement
transcendées
par la lumière des
aubes,
une vie se dessine:
l'image un peu
floutée
aux formes
imparfaites
où bat un coeur
d'amour.
Le miroir d'eau
frissonne
aux sons ténus
de ce chant prénatal.
Dans la quiétude
des matins silencieux
où somnole le rêve,
pas à pas,
mûrit le fruit.
Cette journée avait été
ensoleillée et douce.
Un aller à Paris par le RER sans
fausse note. Train à l'heure. A l'heure à mon rendez-vous. Déjeuner sympathique
et savoureux.
Une visite au musée Guimet à la
découverte de merveilleux kimonos.
Avec une interrogation restée
sans réponse. Comment était-on dessous (nu ou avec d'autres vêtements et
lesquels ?)
Au retour, le train s'est enfoncé
dans le mauvais temps.
Aussi vaillant que le petit
cheval de Paul Fort, il m'a mené à bon port.
Me laissant juste apercevoir
entre les gouttes, le quotidien morose des millions de voyageurs qui subissent
ces trajets tous les jours et par tous les temps.
Georges Brassens et Nana
Mouskouri Complainte du petit cheval blanc - Paul Fort
Derrière la vitre
L’ombre d’un menhir
Le noir souriceau s’abrite
Des larmes du jour
Les gouttes s’accumulent
En grise mine
Oserais-je encore
Rêver au soleil nouveau
D’un jour sans chagrin
Détestables fumées
Sur la vitre éclaboussée de
pluie,
Des gouttes faisaient d’étranges
bavures.
Dans l’air vicié de nos
hallucinatoires effluves,
Sous un ciel noir, encore, de
l’orage enfin passé
Un dernier grêlon à demi fondu,
Libérait son jus sale et morveux.
Dans une soudaine éblouissante
lumière,
Sur fond d’une prairie de hautes
herbes,
Deux bêtes diaboliques prenaient
chair,
Elles étaient jetées sur un
corps de femme,
L’embrassaient de leurs gueules
affalées et voraces.
La pauvresse nue, déjà trépassée,
Levait au ciel un regard sans
vouloir.
Alors que ses cheveux ondulés
Se mêlaient à la lande inondée.
Maudit déluge, maudite
fumée !
Bad trip !
Pour nous, le cauchemar ne
faisait que commencer.
La pluie avait essayé d'effacer
sa trace,
Vainement.
L'ombre du chien veillait encore
sur la maison vide.
Un conte de perles d’eau
Apparitions aquatiques sur le
bord de l’évier. Un conte de perles d’eau.
Une femme élancée, sorte de
rémanence d’une cité interdite, glisse doucement vers l’oubli ; tant
oubliée déjà et pourtant si présente. Seule avec les fantômes à peine esquissés
de sa solitude, un doigt sur le menton, elle semble méditer. Elle passe. Elle
ne fait que passer, elle ne sait que passer.
Dans les plis de sa robe,
quelques ébauches de silhouettes hésitent à se montrer, la crainte les
contraint bien plus que la lumière, mais elles l’ignorent.
- « Tu ne seras point.»
Il en faut du courage pour
bousculer un tel précepte ! C’est écrit si profondément en soi. Comment s’en
départir sans perdre ses repères et risquer de se dissoudre dans un néant supposé
pire que la prison dont on connaît chaque mur ?
Le profil d’un Moaï, dans la
certitude de sa solidité, domine ces chimères. Le poids est sa puissance. Il
méprise la force de l’eau, cette patience qui un jour le couchera
irrémédiablement.
Ici, tout n’est que silence. Rien
pour troubler la paix d’ombre de l’horizon incertain vers lequel les herbes, bercées
par le courant, s’inclinent.
Tout se dessine dans l’instant,
l’instant qui n’en finit pas d’être et de se transformer.
vendredi 19 mai 2017
Pour la page 77 de l'Herbier
À votre inspiration, belle fin de semaine et à vendredi prochain
ici pour la page de notre précieux livre
(notre anthologie)
ailleurs dans le décors personnalisé de chacun
(ça change parfois beaucoup notre regard)
pour la découverte des textes
(une petite visite, un petit mot, ça fait toujours plaisir, non ?)
N'oubliez pas, envoyez vos textes avant la dernière limite, le jeudi midi
herbierdepoesies@free.fr
AD
jeudi 4 mai 2017
Herbier en pause
vendredi 28 avril 2017
L'enfance pour la page 76
Je pense qu'il est nécessaire sur cette page de rappeler que l'herbier est réservé à des textes libres, sans rimes, des textes épurés qui reflètent l'instant dans sa simplicité fondamentale et que nous devons tendre vers la plus grande sobriété.
Je vous remercie d'y être vigilants.
AD
La vendeuse de fleurs Georgios Jakobides
La môme à Georgios...
De corvée
A chaque soleil
Que l'bon Dieu fait
renaître...
Hier des allumettes
Aujourd'hui vendre
des fleurs
Sur l'trottoir
Demain, ah demain...
Qui sait
De quoi est capable
Le père Georgios
Pour un franc six
sous... !
Achetez mes pensées
M'sieur, dame
Un bouquet contre une
pièce...
Les mêmes mots aux
lèvres
Les mêmes maux
Matin après matin
Pour la môme rapiécée
Morte de fatigue...
C'est vrai
Qu'elle ferait
Une bien jolie
morte...
Simplicité, abandon et retenue.
Elle porte un sarrau rapiécé aux couleurs de la forêt.
Paisible, elle s'est endormie,
Elle présente un moment les
traits poupins de l'enfance qu'elle vient tout juste de quitter.
Son corps épouse les lignes du
parvis et se réchauffe
aux derniers rayons du soleil qui
reflètent sur son visage la chaleur de la pierre.
Elle dort.
Anouch, un bien joli
prénom
Qui n'a pourtant pas
bonne réputation.
Manouche, manouche,
manouche…
Dans le village la
petite pauvrette ne fait pas ripaille
Souvent en haillon et
cheveux en bataille
Elle fait peur aux
enfants, assise devant l'église
Ses fleurs et ses
petits paniers ronds posés bien à leur guise.
On dit qu'elle est
sorcière, bohémienne de misère
Rares sont ceux qui
la regardent, qui s'arrêtent.
Et des paniers qui en
achètent?
Un jour un p'tit
garçon tout mignon
Tire la main de son
papa dans sa direction.
Le papa dit
« bonjour Anouch »
« Je voudrais
bien deux petits paniers ronds
pour aller aux
champignons. »
Anouch sourit et
donne deux petits paniers ronds.
Le papa du petit
garçon bien mignon
lui tend des euros et
une invitation.
Il a vu dans ses yeux
la bonté
le sourire et la
lumière.
Trois jours après,
c'était les 6 ans du
petit garçon bien mignon
qui a vu arriver à
son goûter d'anniversaire
la plus belle des
petites fées !
A sa main gauche un
joli panier rond
empli de bonbons
à sa main droite une
baguette.
Elle était venue de
loin à la recherche de l'Amitié
et voilà qu'elle
l'avait trouvée.
jamadrou © 24 avril
2017 (A fleur de peau)
Puissants ! Oh !
Inutiles jouisseurs !
Enfant sacrifiée, en attente de
fortune !
Porteuse de misères et de loques
fanées.
Marchande du plus beau : de
l’inutile…
Pourvoyeuse de l’éphémère, de la
nature sans profit :
Petite vendeuse de lavande,
et d’autres plus humbles fleurettes.
Lasse, tu t’es assise,
Au seuil d’un palais :
Tombée là, épuisée,
Finalement, fermée aux tristesses
du monde,
Tu dors, fillette, et tes rêves
sont loin !
On ne t’a, dans nulle de leurs
écoles, appris à penser le destin que tu vis :
Alors, d’un rayon de soleil, tu
te fais un régal ;
D’une marche, d’un mur chaud, le
plus doux des reposoirs,
Et d’une lourde chimère
affamée, le plus charmant des jeux-songes.
Libre, adossée à la pierre de
l’histoire, tu imagines le goût d’un autre monde.
Celui, où enfin règneraient pour
tes semblables,
Le droit de vivre son âge, et
celui de devenir.
Puissants ! Oh !
Inutiles jouisseurs !
A quoi bon le pouvoir qui est le
vôtre, s’il n’est celui de protéger sa vie ?
A quoi bon vos opulences, si
elles ne servent à rendre douce l’existence des enfants,
Et puis la route des ventres
creux, le sort des fragiles !
Serge De La Torre
Rien ne vaut son doux
visage
Elle baisse les yeux
Ne passes pas ton
chemin
Arrêtes là ta course
Aujourd'hui prends le
temps
Regardes la
Donnes lui un sourire
Rien ne vaut son doux
visage
Elle observe un monde
hors de portée
Seul l'oiseau est son
ami
Comme lui
Elle attend que le
soleil la réchauffe
Si le vent se lève
Il fera encore
un peu plus froid
Ne passes pas ton
chemin
Rien ne vaut son doux
visage
Oubliée l'âpreté
de sa vie de mendigote
Caresse du soleil
Se connecter au grand tout
rêver aux illusions perdues
L’enfant des fleurs
Elle ferme les yeux
Elle a quitté le gris, le froid
Elle a quitté la misère, le poids
qui plombe l’âme et la cantonne à l’ombre
Elle a quitté la rue, ses cris
Elle a oublié les affiches, les
paroles adultes où tout est duel et peur
Elle a oublié ce monde où tout
semble se résumer en deux forces opposées
Dans une autre vie, vendeuse
d’allumettes
Dans cette vie, vendeuse de
fleurs
La petite main des pavés qui
propose ses fleurs
L’enfant pauvre, oubliée, vient
de s’endormir
Le parfum des bouquets chatouille
ses narines
Son cœur se réjouit
La petite princesse des fleurs
La démunie, la va sans rien
Danse sur le rire du rêve
Belle de cette liberté qu’offre
le dénuement sans attente :
Savoir profiter de l’instant
magique qui se donne à qui n’a rien
Dans son monde, sourde un rayon
de lumière
Il traverse ses paupières
Et soudain les passants
s’arrêtent
Là, sur les marches, un petit
soleil vient de s’allumer
L’enfant
Sans défense
Leur montre le chemin
Le rire, nourriture essentielle
de la vie, prend sa source dans l’abandon
Dans la confiance
La vie ne se résume pas à ce que
l’on possède
On ne possède pas la vie, c’est
elle qui nous possède
Certains amassent en un désir
inextinguible
Piétinent, détruisent,
manigancent, se goinfrent, affament et tuent
Ignorant qu’à ses richesses se
lit la pauvreté du monde.
L’enfant des fleurs le sait
Un parfum, rien qu’un parfum
Et voilà qu’un sourire allume le
feu de son cœur
Il s’embrase en un rire
gigantesque
Et tout se métamorphose
Toi qui passes et qui la regarde
Ne sens-tu pas la nécessité de ce
rire salvateur dont ton cœur a si faim ?
Que sont ces deux rides de
désespérance qui barrent ton front ?
Ce sérieux qui te fige l’âme et
te glace ?
La vie possède en elle tout ce
qui te manque et pourtant vit en toi
L’enfant qui dort, le ventre
creux, l’œil cerné de fatigue
Là, devant toi, le sait
Ce pourrait être toi
Toi, dans la pureté de l’Être
Toi, dans un élan d’amour.
Le coin des retardataires
Dans le coin de l'église réservé aux pauvres,
une fillette, assise et tête renversée semble dormir...
Elle ne dort pas.
Un panier de fleurs en offrande sur les genoux, avec cette ferveur et cet abandon douloureux
que rien ne dérange, elle prie pour son petit frère
que les anges du ciel ont emporté au Paradis...
Chantal R. alias Tootsie
Enfance soie aux cernes bleutés
Petite âme en désespérance
Ni le froid de la pierre
Ni l'indifférence des passants
Ne sauront altérer la douceur du sourire
En attente du premier soleil
Caresse maternante sur voile de tristesse
Cette onde bienfaisante comme une mère aimante
Lentement glisse et réchauffe
Permet aux rêves de s' ouvrir
Comme la fleur s' épanouit
Moment privilégié où s' endort la misère
Quelques instants volés à l'innommable
Où l'espoir a soudain un goût de friandise
Balaline
lundi 24 avril 2017
Pour la page 76 G. Jakobides
La vendeuse de fleurs Georgios Jakobides
J'ai choisi ce tableau qui m'évoque la rue, l'enfance confisquée et la petite vendeuse d'allumettes.
11 janvier 1853-13 décembre 1932
Peintre Grec (école de Smyrne Beaux arts d'Athènes et Académie des beaux art de Munich)
Il a beaucoup peint l'enfance.vendredi 21 avril 2017
Les secrets de la page 75
Suite aux écrits parus sur la
splendide photo de Noushka, ce mouflon à regard humain, Jamadrou a pris son
pinceau et, clin d’œil à Cocteau, nous a offert l’image de ces mouflons à tête
d’homme.
Ainsi, de fil en aiguille, l’image de Noushka a accouché de mots qui
ont donné naissance à une image puis encore à des mots… D'où le titre de la page (rien de plus).
Collier de mots, collier d’images,
nous pourrions à l’envi continuer cette création et moissonner encore longtemps
les brins de nos rêveries.
En tout cas, un immense merci, à vous qui nous offrez des images, à vous qui consacrez du temps et affutez votre talent pour participer, à vous qui venez lire ici les participations des autres sur ce blog dédié uniquement à l'Herbier de poésies, à vous qui visitez les liens et laissez quelques mots ici ou là, lorsque le temps vous le permet.
Tout simplement, merci.
Adamante
Quand il ne reste...
Homme ou femme
Dos tourné
À l'avenir
Le fuir par peur
De ce qu'il sera
Se réfugier dans hier
Vécu, vaincu
Petite colline,
Demain
Le voir tel une
montagne,
N'est pas mouflon
Qui veut...
Le courage manque
Parfois
Dans l'incurable
Voir se lever un
autre soleil
Est une souffrance
Dame la mort
Comme un poison
Qui délivre
Est apostrophée
Quand il ne reste
Que le gris, le noir
De la vie...
Et, progressivement, d'une chose
à l'autre, elle cousait,
puis, cuisinait, tissait,
brodait,
elle allaitait,
jardinait, moissonnait,
lessivait, repassait .......
et, de l'aube au coucher
ne cessait de veiller au bon
fonctionnement de sa maisonnée
Elle causait, écoutait, soignait,
guérissait
cassait, raccommodait, langeait,
guettait, attendait
riait, pleurait, jouait,
chantait, peignait, repeignait .... rangeait et dérangeait
Et puis, progressivement, d'une
chose à l'autre
elle s'en est allée
visiter l'autre côté du miroir
De fil en aiguille, les
conversations allèrent bon train
On dit qu'elle yoyotait de la
touffe, perdait le Nord ou les pédales
On la dit folle, un peu, beaucoup
fêlée
Quelle misère !
Allez savoir .....
©La Vieille Marmotte, 18
Avril 2017
Transhumance
Nostalgie des nuits
de transhumance
regards perdus sous
les étoiles
odeurs d'herbe et de
suint
coulant dans le soir
doux
Un chapelet laineux
comme leste couleuvre
se glisse vers
l'alpage
La nuit s'étire en
heures mystérieuses
eau vive enveloppée
de chaud
quand la bélière
souffle sur le silence
Seule cette
ondulation de vie
sans paroles et sans
cris
ouvre la voie de
l'insaisissable
Photogénie d’une course à
l’échalote vue par un colleur d’affiches
Regards incisifs, lignes
aquilines et lèvres en esquisses,
Si semblables ;
jusqu’à devenir presque parallèles,
Binettes arrachées à quelques
palettes de couleurs ordonnées
A une pauvre ribambelle de
papiers kraft ou canson gommés,
Posées - au choix – en un
illusoire et triste nuancier.
Où domine une femme, aux traits
si sévères, au nez trop parfait,
Suivi de prétendants désinvoltes,
de visages informels, d’ombres portées :
Profils glabres ou traits
burinés, ricochets de têtes, plus ou moins déformées.
Humanité de couleurs, peuple de
cartes et de parchemins roulés :
Vous croyez vivre et n’êtes que
des nombres floués.
Escargots illusoires, fous des
reines, bouffons des rois :
« Secouez vos peines,
rejetez vos jougs, courrez et fuyez !
Sortez des tapisseries, échappez
aux murs où l’on vous cloue! »
Quel insensé de son choix mortel,
oserait vous couronner ?
©Serge De La Torre le 18/04/2017
De fil en aiguille...
Le mouflon se fige
transmettant sa
force vitale
à la tapisserie rouge
et or.
Apparaît alors
le profil égyptien du
dieu Amon
et celui de Knoum le
procréateur.
Le fil se torsade en
spirale et les cornes deviennent d'abondance.
Dans ce
violent tumulte
l'Homme partira
à la recherche de la Toison d'or.
De fil en aiguille
la tapisserie se
tisse.
Le bélier avance sans
défaillance prêt à défoncer les murailles
droit devant sur de
sa puissance.
Quand je vois un œil prendre le
pouvoir d'une image, un réflexe d'enfant active instantanément quelques
neurones de mémoire qui me murmurent silencieusement
"l'oeil était dans la tombe
et regardait Caïn"*
Et instantanément s'active une
pensée qui interroge.
Quand ? pourquoi ? pour quoi ?
Ici l'œil quadruple n'est ni
bien veillant ni mal veillant.
L'un veille. L'autre s'étonne et
l'étonnement prévaut.
Le troisième doute un brin
d'herbe suspendu à ses mots.
Le quatrième. Ah le quatrième !
Il a tiré la courte paille, un
sommeil d'éternité semble déjà l'endormir.
*Dernier vers du poème de Victor
Hugo, La conscience, évoquant dans la bible Caïn le premier fils d'Adam et Eve,
chassé après qu'il ait tué son frère Abel.
Et une deuxième participation (j'avais
oublié le titre donné à la page et cela a sans doute son importance)
De fil en aiguille
de Caïn à la conscience,
de l'homme à l'image de Dieu
à "tu aimeras ton prochain
comme toi même".
Paradoxales injonctions qui
poussent à se détester soi-même.
de Caïn à Narcisse.
des Livres à Freud
de L'œil de la tombe avec
Victor Hugo
aux yeux des paons dans les
fossés du château d'Angers.
Ne dit-on pas être fier comme un
paon ?
Du château d'Angers à sa célèbre
tenture.
De la genèse à l'apocalypse.
Du début à la fin.
Finir
Fa Do Si*
De la fin à un autre début.
*Fa Do Si, je l'ai appris bien
après avoir inventé ce titre pour mon blog, signifie finir en langage solrésol,
un autre langage à ambition universelle appelé encore du nom de son inventeur
le langage de Sudre.
Tiré par les
cheveux...
Entre un fer à friser
et un fer à repasser
Enroules enroules mon
ami
Coiffé de volutes
Et de circonvolutes
Tu arbores un curieux
portrait
L'image que tu donnes
Me laisse perplexe
Il me faut choisir
Bel ami
Entre Isis et Osiris
En tout cas
Tu m'as fait rêver
Et voyager...
La paille du destin
Quand l’image enfante les mots, quand les mots
enfantent à leur tour l’image,
on peut se dire que le cycle des transformations est
un cercle parfait, une roue qui brasse les atomes de vie comme une tricoteuse
assemble ses mailles, avec patience, l’une après l’autre, pour créer son ouvrage.
Que de temps passé à tisser l’éphémère ! Que d’heures offertes à la
poussière du temps. Que de vanité dans ce parcours de vie que l’on voudrait
éternel.
Ici, l’histoire semble vouloir se transformer. Cléopâtre
unie à Antoine chante sous le casque d’or des vainqueurs sur fond de drapeaux, arabesques
et traits aquilins. Aucun Octave dans ce chant, à peine un bémol, un rien pour contrarier
l’impossible.
À leurs pieds, quelques profils se cherchent, le
désir s’exprime par la quête d’un baiser. Mais derrière eux, ceux du destin,
une paille dans leur bouche obverse, insufflent en silence le souffle de la tragédie.
Est-il possible d’échapper à son destin ? Peut-il être des amours heureux
qui ne soient pas sans attache ? L’histoire nous dira que non, à condition
de connaître l’histoire et je me demande d’où vient cette faculté d’oubli qui pousse
l’humanité à reproduire sans cesse les mêmes erreurs au travers de ce chapelet
génétique qui forme les vagues générationnelles de l’incarnation.
Un mouflon à visage humain exprimerait-il ici le
regard du sphinx ?
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